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Facebook, société de l’égo

Facebook, société de l’égo
ego en abîme Le besoin de se différencier dans nos univers urbains socialement homogènes et foisonnants accentue cette société du narcissisme. Les réseaux sociaux reflètent cette compétition en vue de capter l’attention, nouvelle richesse issue de la pénurie. EMERGER DE LA MULTITUDE UN BESOIN NATUREL Sans tomber dans les théories sociobiologistes radicales, on peut raisonnablement postuler que l’égo, la vanité, l’exaltation de soi sont en partie au moins le résultat d’une stratégie adaptative de l’espèce humaine. A l’époque préhistorique, la survie du groupe se joue sur des critères de force et de résistance physique individuelle en des temps d’insécurité où l’Homme est démuni face à la nature. Autre critère déterminant en termes de survie : la cohésion, la solidarité du groupe qui permet de lutter contre les animaux sauvages ou encore d’organiser des chasses collectives permettant d’abattre de plus gros animaux. standardisation modes de vie bonheur pour tous Related:  Cyrille Franck : sociologie web

Tout est prêt pour le changement Peu d'entre nous arrivent à y mettre les mots, mais beaucoup le ressentent: le monde change. Les technologies sont là, les rapports de force évoluent... mais sommes nous prêts nous-mêmes à entrer dans une nouvelle ère? Depuis que je suis rentré de la conférence Lift qui a eu lieu à Genève début février, ça cogite sérieux. Des intuitions ou des remarques que je pensais réservées aux quelques piliers de Minorités se sont révélées partagées par de nombreuses personnes de différents horizons et nationalités. Les révolutions en Tunisie et en Égypte venaient juste de commencer. Avec les révolutions arabes en cours et la présence toujours plus importante d’Internet dans nos vies, la question de la réalité de la démocratie se pose avec acuité. Mais voilà. En plus, on n’est plus au temps de l’ORTF. Même si je trouve qu’ils exagèrent parfois un petit peu, Don Tapscott et Anthony Williams ont bien saisi le changement majeur que représente Internet. L’apprentissage, mais massif

"L’hypersocialisation accentuée par les réseaux Sans smartphone ni facebook Avez-vous été tenté un jour de déconnecter ? D'étouffer sous un oreiller smartphone ou iPad pour ne plus vérifier vos mails ni au coucher ni au lever ? Si cette envie vous effleure, sachez…que vous n'êtes pas seul. 53 % des Français ont répondu par l'affirmative à la question : "Avez-vous eu envie de ne pas vous connecter à Internet pendant plusieurs jours ?" posée par l'Ifop fin 2010. Un comble alors que les smartphones, qui permettent de naviguer sur Internet en tout lieu devraient équiper un Français sur deux d'ici à la fin de l'année selon la société d'études GFK. Ce paradoxe n'est pas uniquement français. Dans la même veine a été organisée aux Etats-Unis, les 4 et 5 mars, le second "national day of unplugging" ( "la journée nationale où l'on se débranche") imaginée par l'association Sabbath manifesto. Le Monde.fr a lancé un appel à témoignages sous la formule : "Et vous, vous faites quoi pour déconnecter ?". Mon taux de stress a rapidement diminué, par Fernand Le Monde

- Le plaisir, valeur refuge de nos sociétés en repli La part croissante des loisirs, du divertissement, de la consommation dans nos vies est un exutoire à notre angoisse, nos craintes face au monde qui se complexifie. Celui-ci semble en effet plus insaisissable et dangereux que jamais, notamment en raison d’une couverture médiatique plus forte, voire exagérée. L’évolution économique, politique, sociétale, technologique de ces 20 dernières années tend à plonger nos pays développés modernes dans un “spleen” très prosaïque. Au plan individuel ou collectif nous avons peur de perdre nos positions acquises, notre statut social, notre rang. – Professionnelle : chômage, précarité (CDD, temps partiels, interim) se développent. Il est quasiment impossible de faire carrière toute sa vie dans la même entreprise. Les classes moyennes et supérieures ont la trouille d’être déclassées, en raison de l’insécurité professionnelle évoquée ci-dessous. peur du déclin – Sur le plan géopolitique. D’autant que les médias déforment nécessairement la réalité.

Les Citoyens Constituants - Quantified self, Big Data… l’obsession de la maîtrise L’obsession du contrôle – Mediaculture / ©David Jones via Flickr.com Les données vont nous permettre d’être plus malins, plus cultivés, plus en forme. Ce sont les promesses affichées de ces nouvelles tendances du “quantified self” et du Big data. Une étape de plus du progrès humain qui traduit aussi l’infusion de l’idéologie libérale. Un tableau de bord intelligent de sa propre vie , sa santé, son humeur, sa culture générale… voilà ce que proposent les gadgets de l’Internet des choses. On retrouve là un thème classique de la science-fiction, rendu possible aujourd’hui par la technologie : celui du transhumain . Les progrès de la génétique, de la nano-médecine et aujourd’hui des capteurs personnels nous invitent à répondre par l’affirmative, à échéance proche. Le quantified self , comme son nom l’indique, propose à chaque individu de mieux gérer sa vie, dans une optique productiviste . C’est surtout une vision inspirée de l’idéologie scientiste du XIXe s . Cyrille Frank

- Comment sommes-nous devenus accros à l’information ? L’information s’est beaucoup accélérée ces dix dernières années, via l’évolution des outils de communication et de la demande du public. Cet engouement pour l’actualité est lié à notre besoin de socialisation mais aussi à notre demande de divertissement. Sur le plan quantitatif la fréquence des interactions entre individus s’est accrue, à mesure que les distances se sont raccourcies via l’urbanisation croissante. Naturellement, la principale raison de l’augmentation des échanges sociaux entre individus est la modernisation des moyens de communication à distance. L’augmentation de ces contacts explique partiellement notre besoin d’alimenter davantage la machine informationnelle, histoire d’avoir du “grain à moudre”. L’explication doit aussi être à envisagée à l’envers : c’est l’augmentation de l’offre d’informations, liée aux nouvelles technologies décrites plus haut qui a conduit à l’explosion de la consommation d’informations. En réalité, l’actualité c’est du divertissement.

- La socialisation contre l’information ? La socialisation excessive, société de Bisounours ? La société hyper-socialisée vers laquelle on se dirige présente des risques sur l’information. Elle nous conduit à des contenus édulcorés, aseptisés, politiquement corrects. Et le responsable, c’est désormais nous-mêmes. Les médias de masse, la télévision en particulier, sont régulièrement dénoncés pour leur rôle d’anesthésiant social. Les fictions, les jeux, le divertissement en général seraient un instrument de contrôle politique, le nouvel opium des peuples, ou le cirque romain moderne. De fait, certaines chaînes, comme Fox News pratiquent la désinformation à des fins politiques, tout comme certains patrons de journaux français Mais voilà que grâce à Internet et aux réseaux, la vérité peut enfin échapper au contrôle centralisateur. Sauf, qu’en réalité, ces derniers semblent avoir inventé, grâce aux médias sociaux, une nouvelle technique bien plus redoutable que la précédente : l’auto-lavage de cerveau.

- Pourquoi “l’info-socialisation” nous éloigne du bonheur L’important, c’est le chemin ©rawhead sur Flickr.com Dans la vie, ce qui compte, c’est le chemin, pas la destination. A ne pas saisir cela, nous gâchons notre bonheur. Notre existence est tragique car nous sommes condamnés à ne pas savoir ni d’où nous venons, ni où nous allons, ni à quelle fin. Or, nous passons notre temps à nous projeter dans l’instant d’après : “quand ce cours de maths sera fini, je me précipiterai à la cantine; quand nous aurons franchi ce bosquet, nous pourrons nous reposer; quand mes enfants seront grands, nous voyagerons; quand je serai à la retraite, je me mettrai à la photo…”. Pascal déplorait lui-même que l’homme en soit incapable : “nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais”. Le poète Horace ne disait pas autre chose avec sa fameuse (et tronquée) maxime : “Carpe diem quam minimumcredula postero”. Jean-Paul Sartre le remarquait déjà dans L’Être et le Néant:

- Nouvelles technos : la tentation totalitaire Les nouveaux outils de socialisation ont changé l’échelle et la vitesse de diffusion des échanges. On est désormais bel et bien dans le “village planétaire” prophétisé par Marshall McLuhan. Pour le meilleur et pour le pire. L’ère industrielle a inventé la solitude urbaine, la souffrance des individus perdus dans la foule anonyme et sourde. Cela a été de nombreuses fois mis en scène au cinéma par des films comme “Buffet froid”, “Chacun cherche son chat”, “Lost in translation”… Dans les années 80 et 90, que ne rêvions-nous alors de proximité, de communication, de chaleur humaine dans nos cités déshumanisées? Mais c’est oublier que la proximité porte en elle les germes de la promiscuité. Grâce à la magie des réseaux web, à la progression des taux d’équipements et des outils de communication, la vie urbaine s’est réconciliée avec la socialisation. Le défouloir des commentaires. La rumeur. Le bashing planétaire. La dictature de la norme sociale. Cyrille Frank aka Cyceron

"ils ne veulent plus perdre leur vie à la gagner" Mais la grande nouveauté aujourd’hui est que

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