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Affaissement des Etats, diffusion du djihadisme, par Philippe Rekacewicz (Le Monde diplomatique, octobre 2013)

Affaissement des Etats, diffusion du djihadisme, par Philippe Rekacewicz (Le Monde diplomatique, octobre 2013)
Déjà fragiles et rongés par les conflits où prospèrent des dictateurs corrompus, le Proche-Orient, le Maghreb et leurs marges ont connu, depuis le 11-Septembre et le lancement de la « guerre contre le terrorisme », quatre interventions occidentales majeures, auxquelles s’ajoutent les guerres israéliennes au Liban et à Gaza. Ces interventions ont contribué à l’affaiblissement des Etats et à l’extension des groupes djihadistes. Comme le montre la carte, des combattants traversent les frontières, exportant leurs idées, leurs méthodes d’action, leur savoir-faire. Les conflits attirent des volontaires venus de partout, y compris d’Europe. Afghanistan, septembre 2001. Irak, 2003. Libye, 2011. Mali, 2012. A ces quatre guerres, il faut ajouter celle menée par Israël contre le Liban en 2006, qui fragilise un peu plus les équilibres précaires dans ce pays et affaiblit l’Etat, incapable de résister, au profit du Hezbollah.

Vidéo : Daech expliqué en sept minutes - En bref Tandis que les récits des exactions perpétrées par l'organisation de l'Etat Islamique (Ei, ou Daech, son acronyme arabe) s'ajoutent les unes aux autres, jour après jour, peut-être avions nous besoin d'un peu de recontextualisation. LeMonde.fr a produit dans ce but une courte vidéo de sept minutes pour faire le point sur ce qu'est Daech, d'où vient cette organisation terroriste, où elle en est et quels sont les rapports de force dans la région. L'approche est aussi économique, religieuse et étayée par de nombreuses cartes. Pratique. Comprendre la domination de l'Etat islamique en sept minutes, par Le Monde :

Daech - Naissance d’un État terroriste L’État Islamique en Irak et au Levant, Daech en arabe, contrôle aujourd’hui un territoire grand comme la moitié de la France, à cheval sur deux pays, la Syrie et l’Irak. Sa fortune est comparable à celle d’un pays africain. L’organisation est devenue une sorte d’État hors la loi qui attire militants et combattants du monde entier. Inconnue il y a un an, cette start-up du terrorisme, née en Irak sous l’occupation américaine, est devenue une multinationale de la terreur. À l'image des cartels du crime À 60 km au sud de Bagdad, dans une région nommée Jurf al-Sakhr, reprise à Daech après de féroces combats à l’automne dernier, se dévoilent des paysages défigurés par la guerre : palmiers déchirés par les obus, carcasses de chars, maisons détruites ou désertées. Le film donne la parole à ceux qui, de gré ou de force, travaillent sous la domination de cette organisation et décrit le fonctionnement de cet État autoproclamé.

Le retour du boomerang Au-delà de la polémique électoralement intéressée, et assez indigne, sur les mesures de sécurité prises, ou mal prises, par le gouvernement, la classe politique, les médias, l’opinion elle-même devraient s’interroger sur leurs responsabilités de longue durée dans le désastre que nous vivons. Celui-ci est le fruit vénéneux d’un enchaînement d’erreurs que nous avons commises depuis au moins les années 1970, et que nous avons démocratiquement validées dans les urnes à intervalles réguliers. La démission de l’Europe sur la question palestinienne, dès lors que sa diplomatie commençait là où s’arrêtaient les intérêts israéliens, a installé le sentiment d’un «deux poids deux mesures», propice à l’instrumentalisation et à la radicalisation de la rancœur antioccidentale, voire antichrétienne et antisémite. Les situations inextricables de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de la Libye ne sont que la résultante de ces erreurs de calcul, ou de ces calculs à courte vue. Jean-François Bayart

De la terreur au terrorisme Renaud Ego : Le mot “terrorisme” désigne une action politique violente menée par des individus ou des organisations qui contestent aux Etats ce monopole de la violence légitime sur lequel ils fondent leur autorité. Mais existe-t-il une qualification juridique du terrorisme ? Antoine Garapon : Il en existe une, mais qui ne fait pas consensus. Le terrorisme est une action politique qui, pour consacrer ses revendications, utilise la terreur comme moyen de pression sur les populations civiles. Cette définition ne repose pas sur les moyens “directs”, comme on le dirait en droit (poser des bombes, tuer…), mais sur l’effet qui en est attendu – terroriser les populations civiles afin de modifier des comportements. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A. R. A.

DROIT PUBLIC NET, Pr. Pascal JAN Afin de "sécuriser" les prochaines échéances électorales de 2017, le Président a souhaité une nouvelle prorogation de l’état d’urgence en décembre 2016. C’est la cinquième prorogation compte tenu de l’existence d’un péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public au sens de la loi n°55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence. Le bilan établi par l’exposé des motifs du projet de loi s’établit comme suit depuis un an : Au " 10 novembre 2016, 543 perquisitions administratives ont été réalisées depuis le 21 juillet 2016. Depuis le 14 novembre 2015 et à la date du 14 novembre 2016, sur l’ensemble des perquisitions administratives pratiquées dans le cadre de l’état d’urgence, soit plus de 4000, 653 d’entre elles ont abouti à l’ouverture d’une procédure judiciaire, tous chefs infractionnels confondus. Article 2 À l’article 6 de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence, est ajouté l’alinéa suivant : Article 3 Avis du Conseil d’Etat La loi de 1955

Moyen-Orient. D’où viennent les armes de l’Etat islamique La découverte d’un fusil d’assaut de fabrication chinoise dans l’arsenal de l’organisation Etat islamique début 2015 avait relancé le débat sur le commerce des armes au Moyen-Orient. Les grands pays exportateurs d’armes, à commencer par les Etats-Unis, ne peuvent plus fermer les yeux sur cette question. Fin février, un chercheur de la société britannique Conflict Armament Research, spécialisée dans l’inventaire des armes de guerre, a fait une découverte étonnante. En mission à Kobané – ville du nord de la Syrie, théâtre des combats des forces kurdes contre l’organisation Etat islamique [(EI) ou son acronyme arabe Daech] pendant plusieurs mois –, il a mené une enquête à partir d’un fusil d’assaut ayant appartenu à un combattant de Daech. L’arme dont le numéro de série avait été effacé ressemblait en tout point à un M-16, le fameux fusil d’assaut de l’armée américaine en circulation dans la région. Lucie Geffroy

« Pour les désespérés, l’islamisme radical est un produit excitant » LE MONDE CULTURE ET IDEES | • Mis à jour le | Propos recueillis par Soren Seelow Cet entretien a été réalisé avant les attentats qui ont touché Paris et Saint-Denis vendredi 13 novembre. Professeur de psychopathologie à l’université Paris-Diderot, dont il dirige l’UFR Etudes ­psychanalytiques, Fethi Ben­slama s’intéresse au fait religieux depuis les années 1980. Son premier essai sur la fondation subjective de l’islam sort en 1988 (La Nuit brisée, Ramsay), quelques mois avant l’affaire Salman Rushdie, dont il prendra la défense à la suite de la fatwa le ­condamnant à mort. En quoi la psychanalyse aide-t-elle à ­penser le succès de l’islamisme auprès d’une partie de la jeunesse ? Le phénomène de la radicalité a pris une telle dimension qu’elle nécessite une intelligibilité au croisement du politique, de l’histoire et de la clinique. « La presse a rapporté le cas de djihadistes qui avaient commandé en ligne l’ouvrage L’Islam pour les nuls. » Quels sont les ressorts de cet ­embrigadement ?

La peur est notre ennemie - Page 1 Un vendredi soir d’automne, sous un temps clément. Fin de semaine, temps de sortie, moment de détente. Joies des retrouvailles amicales, des concerts musicaux, des matchs sportifs. Sociabilités populaires et juvéniles. Hommes et femmes mêlés, jeunesses sans frontières, plaisirs variés où l’on peut, selon les goûts ou les envies, boire, fumer, danser, se côtoyer, se mélanger, se séduire, s’aimer, bref aller à la rencontre des uns et des autres. Il suffit d’aligner ces mots simples, sans grandiloquence, pour partager ce que nous ressentons tous depuis hier : tout un chacun, nos enfants, nos parents, nos amis, nos voisins, nous-mêmes, étions dans le viseur des assassins. Parce qu’ils ne visaient pas des lieux manifestement symboliques comme lors des attentats de janvier, exprimant leur haine de la liberté (Charlie Hebdo) ou leur haine des juifs (l’HyperCacher), il s’est dit que les terroristes auteurs des carnages parisiens n’avaient pas de cible. Non, nous n’avons pas peur.

Le Devoir | Nouvelles, actualités, politique, culture et chroniques Deux suspects ont été inculpés lundi à Bruxelles pour terrorisme à la suite des attentats meurtriers de Paris, mais une vaste opération policière dans le quartier de Molenbeek n’a pas permis d’appréhender un suspect clé des attaques, Salah Abdeslam, visé par un mandat d’arrêt international. Les deux suspects ont été inculpés pour « attentat terroriste » et « participation aux activités d’un groupe terroriste » puis placés en détention provisoire. Leur identité n’a pas été confirmée. Selon la presse belge, ces deux hommes se trouvaient dans une voiture remontant de Paris, contrôlée samedi matin à Cambrai (Nord de la France) puis interceptée dans la commune bruxelloise de Molenbeek. Un troisième homme contrôlé à Cambrai, qui avait présenté des papiers au nom de Salah Abdeslam, semble avoir échappé de justesse aux gendarmes français samedi matin lors d’un contrôle routier à Cambrai. « L’opération est terminée et le résultat est négatif [...] Suspects relâchés

« Attentifs ensemble » Un effort est indispensable pour que se constitue un rempart intellectuel, militant, citoyen et unitaire contre le terrorisme. Une gauche lucide et déterminée apportant sa pierre, sans rien renier de ses valeurs mais au contraire les défendant contre ce qui les attaque, est indispensable à son édification. Il faut faire face. Les derniers sondages ont montré une hausse significative du nombre des partisans de la peine de mort en France. Le facteur essentiel de ce retournement de tendance spectaculaire à propos de la peine de mort, vu sa chronologie, [2] est probablement celui-ci : les dégâts multiples et complexes d’un terrorisme qui, depuis plusieurs années, frappe au cœur des démocraties capitalistes. Rappel sur la dernière période, des années soixante-dix à aujourd’hui. Est-ce inévitable ? Mais alors, si « c’est la vie », la gauche est-elle condamnée à reculer, de défaites en défaites, tant que ce terrorisme durera et se manifestera ? Un terrorisme durable Antitotalitaire ? Résumons.

Pourquoi ça ira moins bien demain L’unité nationale n’aura pas duré longtemps. Sur les questions essentielles, les oppositions qui s’expriment sont tranchées et il va falloir faire des choix sur trois points. Et sur ces trois points, il est probable que la France va faire les mauvais choix. Comme le répète en boucle le juge Trévidic, la France dispose d’un arsenal législatif largement suffisant. Ce qui manque, ce sont les moyens humains et matériels pour surveiller, contrôler, neutraliser. Il n’empêche que les politiques sont persuadés que l’opinion a besoin d’être rassurée et que la prime ira au plus répressif. Les responsables de Les Républicains et du FN ont commencé à réclamer un durcissement, y compris par des mesures parfaitement contraires à la Constitution ou aux traités internationaux, et il est probable que le gouvernement suivra. Clairement, la testostérone remplace les cellules grises. Il y a toutes les chances. Par conséquent, les terroristes ont gagné.

D’où viennent les milliards de dollars de l’« État islamique » ? Comment l’« État islamique » (« EI »), qui administre un territoire de plus de 200 000 km² à cheval sur la Syrie et l’Irak sur lequel vit une population estimée à une dizaine de millions de personnes, fait-il pour faire marcher sa machine administrative, policière et répressive et faire fonctionner les services publics servant ses objectifs d’« État idéal et pur » ? Des spécialistes du renseignement et autres experts estiment les besoins de financement de l’« EI »à quelque 3 millions de dollars par jour, peut-être plus. En effet, cet « État » ou prétendument tel, qui ne ressemble à nul autre, pas même à l’Arabie saoudite qui lui a sans doute servi de modèle et qu’il veut dépasser, doit assurer les salaires mensuels, entre 400 et 600 dollars, de ses dizaines de milliers de combattants et la logistique qui va avec, dont ses services de renseignements. Les djihadistes se bornent à assurer le strict minimum aux populations En résumé, l’« EI » a donc besoin de beaucoup d’argent.

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