Beauté fatale La série brosse en particulier un tableau saisissant de la condition des femmes. Betty Draper, la mère au foyer, élevée dans le souci exclusif de son apparence et de sa beauté, qui a tout pour être heureuse selon les critères de son milieu, mais qui crève de solitude et d’ennui ; Peggy Olson, la jeune rédactrice volontaire – seule femme à occuper ce poste –, aux prises avec le dragon ultra-catholique qui lui sert de mère, furieuse à la fois de subir les mains baladeuses de ses collègues et d’être jugée trop menaçante pour correspondre à leur idéal amoureux ; Joan Holloway, la plantureuse secrétaire rousse, qui tente de faire une force de son statut d’objet sexuel, sans que cela la mette à l’abri de la frustration et de la déception : toutes, si différentes soient-elles, se débattent dans les limites que leur assigne la société américaine de cette époque. Et, pourtant, on peut se demander si ce n’est pas cela, précisément, qui est en train de changer dans les mentalités.
La volonté de parler à tout prix de race Quand les adversaires d'un ensemble de travaux scientifiques portent leur polémique en dehors du monde scientifique, il y a toujours de quoi s'inquiéter. Pas d'exception pour les travaux sur le genre, avec un nouvel exemple avec . Sans surprise, il apparaît clairement que les auteurs ont d'autres choses en tête que le simple questionnement scientifique qu'ils prétendent affirmer. Si vous affirmez l'existence chez les humains de deux sexes, plutôt que d'un seul ou de toute une kyrielle, vous êtes aussitôt taxé d'"essentialisme". Des faits donc, qu'on vous dit, des faits ! Commençons par le critère le plus mal choisi : "les hommes ont en moyenne un niveau de testostérone plus élevé que les femmes". Le problème est le suivant : une différence moyenne ne permet pas de constituer des classes logiques différentes mais seulement un continuum de position. Prenons un exemple pour être plus clair. Reste le deuxième critère cité : le fait d'avoir ou non un utérus.
Le genre n'est pas une théorie, c'est un fait Le genre n'est pas une théorie : c'est un fait. Cette formule, j'ai eu l'occasion de l'utiliser dans des billets précédents. Et j'ai dû souvent la marteler à nouveau contre les néo-réactionnaires qui se sont fait un devoir de continuer leur lutte contre l'égalité en la rhabillant "lutte contre la théorie du djendeur". Je me suis dit qu'il était temps que j'explicite complètement cette formule. Pas tellement pour convaincre les personnes en question, qui n'ont de toutes façons rien à faire d'une discussion un tant soit peu rationnelle, mais plutôt pour fournir à ceux qui ont un peu de curiosité intellectuelle et qui ne sont pas familier avec les sciences sociales une clarification du raisonnement. Il n'est pas forcément facile de le montrer : un fait ne se donne pas à voir immédiatement. Considérons maintenant un autre point : puisque je sais que la Terre est ronde, je peux avoir envie de savoir pourquoi. Je peux montrer que les corps chutent dans certains contextes.
Arguments anti-féministes (2) "Tu es trop agressive, cela nuit à ton message" Agressive: se dit en particulier d’une féministe avec laquelle on est en désaccord. Étrangement, c’est l’un des arguments les plus difficiles à contrer. Pourquoi? Parce que ce n’en est pas vraiment un. Dans les milieux féministes en ligne, ce phénomène est connu comme le « tone argument » (argument de/du ton). [C’est] un argument utilisé dans des discussions, […] suggérant que les féministes auraient plus de succès si elles (ils) s’exprimaient sur un ton plus agréable. L’argument de ton est une forme de détournement de la conversation [derailment], ou un leurre, car le ton d’une affirmation est indépendant du contenu de l’affirmation en question, et le fait d’attirer l’attention sur le ton détourne du problème dont il est question. L’emploi de l’argument de ton empêche la (le) féministe accusé-e de développer son propre argument et vise in fine à la (le) faire taire. C’est sûrement l’un des arguments les plus entendus et les plus stéréotypés. Et deux jours avant l’élection: AC Husson
« Sexes et races, deux réalités » 2 réalités socialement construites. Le monde a publié un article de Nancy Huston et Michel Raymond intitulé "Sexes et races, deux réalités". Sexes et races sont des constructions sociales. C'est à dire que sur des données immédiatement observables MAIS arbitraires on a catégorisé des humains. La division de l'espèce humaine en races varie ainsi selon les mentalités et la politique à une époque donnée. Lombroso divise l'Italie en deux races pour mieux déterminer que la "race du sud" est plus criminelle. La division en races selon des critères morphologiques date du XVIIIeme siècle où s'opère la mystification suivante ; l'on définit a priori les groupes sociaux et surtout les devoirs des uns face aux autres et l'on justifie cette division par des critères naturels, morphologiques. La division de l'humanité en races n'a donc strictement rien de "biologiquement logique" mais constitue une construction sociale. On l'aura compris, toutes les justifications sont bonnes pour justifier un rapport de classe par la nature.
airagorncharda: This hit me like a ton of... Arguments anti-féministes (4) "On devrait se débarrasser du terme ‘féminisme’" Arguments précédemment traités:Les féministes d’aujourd’hui… Tu es trop agressive, cela nuit à ton message. Tu donnes une mauvaise image des féministes. Je précise d’abord que cet argument n’est pas seulement utilisé par des personnes hostiles aux arguments féministes; je voudrais néanmoins montrer en quoi il pose problème et contribue, in fine, à l’anti-féminisme. Pas besoin d’aller loin pour retrouver cet argument, il suffit de lire les commentaires de mon précédent billet: Ce terme féminisme est bizarre, je trouve. Il porte à confusion, et comme bien expliqué dans cet article, il a tellement été trainé dans la boue qu’il est usant et fatiguant de devoir réexpliquer pendant des heures ce que féminisme veut réellement dire. Généralement, les termes proposés à la place sont « humanisme » ou « égalitarisme ». Pour réfléchir sur le terme « féminisme » il faut en connaître l’histoire. Le terme féministe désigne à l’origine un homme aux caractères physiologiques efféminés. AC Husson J'aime :
Les "anti-genre" remportent la bataille parlementaire Les députés, après les sénateurs, enterrent la notion « d'égalité de genre », remplacée par « égalité entre les femmes et les hommes ». Le terme était trop polémique. Les députés, comme les sénateurs avant eux, ont renoncé mardi 4 juin à inclure une référence à « l'égalité de genre » dans le projet de loi sur la refondation de l'école. A la place, le texte prévoit que l'école « assure l'acquisition et la compréhension » de « l'égalité entre les femmes et les hommes ». Le très droitier syndicat UNI a donc remporté la bataille contre la notion de genre qu'il avait lancée au mois de mars (Voir : Ils voient "l'idéologie du genre" partout ) . Nouveau combat de la « manif pour tous » La députée EELV Barbara Pompili, qui entendait, via un amendement, défendre le terme de genre, y a finalement renoncé, pour éviter, a-t-elle expliqué, que le débat soit « instrumentalisé ». Peillon sort les rames Il est vrai que cette opposition à la « théorie du genre » marque des points jusque dans la presse.
Boris Cyrulnik : stop ou encore ? (1ère partie) Dans une récente pastille radiophonique, la distorsion de la réalité opérée par le célèbre médecin a atteint des proportions record. Cette nouvelle prouesse amène à lever le voile sur un trompe-l’œil dont l’étendue et la persistance ne laissent pas d’étonner. Les implications politiques de ses opinions, massivement diffusées sous les atours d’une parole de sagesse pétrie de science et d’humanisme, sont suffisamment sérieuses pour qu’on s’y penche. Depuis plusieurs années, Boris Cyrulnik dispose d’une carte blanche dominicale bimensuelle sur une radio du service public, via la pastille radiophonique « Histoire d’Homme » de France Info. Dans l’émission du 3 mars 2013, il traitait à sa demande (aux dires de la journaliste) la question de savoir si le cerveau a un sexe. « Le cerveau a-t-il un sexe ? « Récemment, Doreen Kimura, une Canadienne, a dit qu’il y avait de très grandes différences entre le cerveau des hommes et le cerveau des femmes. Camions, poupées, bac à légumes et ratatouille
Fausses amies Il est devenu difficile pour cette frange de la population qui a toujours vécu grâce à l’exploitation par l’homme de l’homme, et donc beaucoup de la femme, de nier le bonheur, la liberté, le soulagement que le féminisme a permis d’apporter dans nos vies. Personne de sensé de nos jours ne peut prétendre revenir sur le droit à l’avortement, sur la possibilité d’avoir un compte bancaire à son nom, sur le droit de vote, etc. Pour attaquer les droits des femmes, la meilleure méthode finalement, c’est de se dire féministe ! Seule une féministe estampillée comme telle par les médias peut se permettre de dire « bon, les femmes, vous êtes gentilles, ça commence à aller, faut pas non plus faire chier trop… » On trouve deux exemples de ces figures patentées du féminisme « jaune ». La première est Élisabeth Badinter.
L'Australie reconnaît le "sexe neutre", ni homme ni femme : la France est en retard Norrie May-Welby, date et lieu inconnu (NORRIE MAY-WELBY/AFP) Il aura fallu trois ans de procédures à l’Australien-ne Norrie May Welby (qui préfère qu’on l’appelle Norrie) pour pouvoir neutraliser son genre à l’état civil. En dé-corrélant sexe anatomique et sexe juridique, l’Australie fait un pas significatif vers la reconnaissance des personnes trans et intersexes. "Dégénitaliser" le sexe civil Par une décision de justice rendue le 31 mai 2013, la cours d’appel de la Nouvelle-Galles du sud a permis à Norrie May Welby d’obtenir un état civil a-genré. Dans une interview de 2012, Norrie revient sur sa démarche. Ainsi, "dégénitaliser" la mention de sexe sur l’état civil permet de rendre vivables des vies qui ne se situent pas dans la binarité "homme / femme". Des précédents juridiques Sous des formes différentes, d’autres pays ont tenté d’assouplir les assignations de sexe et leurs mentions sur l’état civil. Et en France ?
L'invention de l'hétérosexualité La culture hétérosexuelle n’est qu’une construction parmi d’autres. Si elle domine dans les représentations des sociétés occidentales, elle n’est ni forcément naturelle ni universelle. Depuis des siècles, des milliers d’ouvrages ont été consacrés au mariage, à la famille, à l’amour ou à la sexualité des hétérosexuels. En fait, l’hétérosexualité en tant que telle n’apparaissait guère dans ces écrits, en général point de vue, donc point aveugle de toute vision. Dès lors, l’absence de réflexion sur l’hétérosexualité est en elle-même un fait remarquable, quoique rarement remarqué. Pourtant, le monde qui nous entoure est tout entier obsédé par l’imaginaire du couple hétérosexuel : les contes de l’enfance, les romans des adultes, le cinéma, les médias et les chansons populaires, tout célèbre à l’envi le couple de l’homme et de la femme. Sur l’hétérosexualité, les questions les plus simples n’ont guère été posées. L’hétérosexualité est-elle naturelle ? L’hétérosexualité est-elle universelle ? J.