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Financer l’allocation universelle, par Baptiste Mylondo

Financer l’allocation universelle, par Baptiste Mylondo
«Mais ce serait impossible à financer ! » Voilà, d’ordinaire, la première objection faite aux promoteurs d’un revenu universel déconnecté de l’emploi. La première, mais sans doute aussi la plus faible. Si l’on se fie à son produit intérieur brut (PIB), la France est aujourd’hui le cinquième pays le plus riche du monde. Toutefois, si le financement est un faux problème, ses modalités, quant à elles, posent de vraies questions, car elles ne sont pas neutres et déterminent pour partie la portée d’un revenu inconditionnel en termes de transformation sociale et de partage des richesses. En plus de participer d’une logique de réduction des inégalités, les modalités de financement doivent aussi respecter des principes de prudence, de pérennité, d’adéquation, de cohérence et de pertinence. La question se pose surtout lorsqu’on envisage son autofinancement. Mais il faut encore trouver d’autres ressources. Popularisé par le documentaire suisse Le Revenu de base.

Revenu garanti, une utopie à portée de main Assurer à chacun, sans conditions, de la naissance à la mort, une somme mensuelle suffisante pour vivre ? Impossible de balayer la proposition en arguant de son infaisabilité économique : il serait tout à fait envisageable de la mettre en œuvre, même si cela nécessite une réflexion politique approfondie (« Financer l’allocation universelle »). C’est surtout sur le plan philosophique que le revenu garanti pose des questions épineuses, puisqu’il implique de renoncer à l’objectif du plein-emploi et d’admettre que l’on puisse subsister sans exercer une activité rémunérée (« Imaginer un revenu garanti pour tous »). Promu ces dernières années par des penseurs progressistes comme André Gorz (« A reculons »), mais aussi par des libéraux, qui en défendent une conception très différente (« Michel Foucault, l’Etat et les bons pauvres »), il a fait l’objet d’expériences au Nord comme au Sud, par exemple tout récemment en Inde (« En Inde, l’expérience revitalise les villages »).

En Inde, l’expérience du revenu garanti revitalise les villages, par Benjamin Fernandez A trente kilomètres au sud de la ville d’Indore, dans l’Etat central du Madhya Pradesh, la route rocailleuse fend en deux le village de Panthbadodiya et le plonge dans un constant halo de poussière. C’est dans cet immense « cœur de l’Inde », qui abrite dans ses paysages arides la plus grande population dite « tribale » du pays, que la malnutrition frappe le plus durement. Sur un versant de la route, à l’écart des autres habitations, les femmes de l’ethnie bhil se rassemblent sur une natte posée au sol, devant les maisons faites de terre et de paille séchées. Mme Mamatabai Punjraj rajuste son foulard violet et ocre, qui la protège du soleil et de la poussière, ainsi que du regard des hommes. Le temps de présencedes enfants à l’école a triplé Héritier des terres et de haute caste, comme dans de nombreux villages, le landlord est l’unique employeur et créancier du village. « Avec cet argent, nous pouvons acheter davantage de provisions, confirme Mme Punjraj.

Revenu garanti, une utopie à portée de main : bibliographie et sites Internet Bibliographie • Jérôme Akinora, Les Aventuriers du RMI, L’Insomniaque, Montreuil, 2004. • Collectif, Manifeste des chômeurs heureux, préface de Nicolas Arraitz, postface de Guillaume Paoli, Le Chien rouge, Marseille, 2006. • Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato (sous la direction de), Intermittents et précaires, éd. • « Ecologie, travail et revenu », EcoRev’, n° 7, Paris, hiver 2001-2002. • « Intermittents, jeunes, précarité, banlieue... le revenu social garanti en ligne de mire », EcoRev’, n° 23, été 2006. • Bernard Friot, L’Enjeu du salaire, La Dispute, Paris, 2012. • Laurent Geffroy, Garantir le revenu. • André Gorz, Misères du présent, richesse du possible, Galilée, Paris, 1997. • André Gorz, L’Immatériel, Galilée, Paris, 2003. • Lionel-Henri Groulx, Revenu minimum garanti. • Claude Guillon, Economie de la misère, La Digitale, Quimperlé, 1999. • Paul Lafargue, Le Droit à la paresse, Allia, Paris, 1999 [1880]. • Yann Moulier-Boutang, L’Abeille et l’Economiste, Carnets Nord, Paris, 2010.

Un revenu de base pour tous? Pas si utopique que cela! SUISSE - Un ouvrage collectif de l'association BIEN-Suisse dévoile plusieurs modèles de financement pour mettre en oeuvre un revenu garanti inconditionnel en Suisse. Décryptage. Garantir à tous un revenu de base d'un bout à l'autre de l'existence, c'est l'idée promue depuis trente ans par le Basic Income Earth Network (BIEN), un réseau associatif actif au plan mondial. «Le revenu de base est une sorte de rente à vie, payée à chaque individu, sans condition ni contrepartie, d'un montant suffisant pour vivre dignement», résume Albert Jörimann, président de la section suisse. L'ambition de cette association, qui se veut apolitique, est de proposer un modèle adapté aux conditions de l'économie globalisée, caractérisée, entre autres, par une flexibilité et une fragilité accrues des conditions de travail. Ce «droit civique économique» que constituerait le revenu de base doit cependant être pensé en fonction des réalités propres à chaque pays. Le modèle de compensation Le «modèle bâlois»

Revenu garanti, « la première vision positive du XXIe siècle » Susanne Wiest, Enno Schmidt et Daniel Häni Après avoir vécu douze ans dans une roulotte de cirque, pour être libre et pour économiser un loyer, Susanne Wiest s’est installée à Greifswald, dans le nord de l’Allemagne. Elle travaille comme maman de jour, sans gagner suffisamment pour joindre les deux bouts : elle doit accepter l’aide de ses parents. Une réforme fiscale, qui l’appauvrit en intégrant les allocations de ses enfants à son revenu imposable, augmente encore son exaspération et son sentiment d’absurdité. Et puis, un jour, elle tombe sur une carte postale. Une carte postale dorée, avec, en lettres blanches, cette simple question : « Quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ? L’audition de Susanne Wiest au Bundestag, le 8 novembre 2010 En décembre 2008, usant d’un droit accordé depuis 2005 à tout citoyen allemand, elle lance une pétition en ligne demandant au Bundestag de se pencher sur la question du revenu de base. 1. Marie-Paule Perrin et Oliver Seeger Un jardin ?

Plafonner les revenus, une idée américaine, par Sam Pizzigati Au nombre des revendications portées par les militants du mouvement Occuper Wall Street, il en est une qui plonge profondément ses racines dans l’histoire des Etats-Unis : l’instauration d’un plafond pour les hauts revenus. Depuis l’époque dorée de l’après-guerre civile américaine, les grandes mobilisations en faveur de la justice économique ont toujours énoncé cette demande, aujourd’hui appelée « salaire maximum ». Cette formule n’englobe pas seulement le salaire, mais la totalité des revenus annuels ; elle permet de créer un lien de familiarité avec la notion de « salaire minimum ». C’est le philosophe Felix Adler — surtout connu pour avoir fondé et présidé, au début du XXe siècle, le National Child Labor Committee — qui, le premier, a porté cette revendication. Si le New York Times a donné à l’appel d’Adler une large audience, la notion de « salaire maximum » n’a pas connu de traduction législative avant le premier conflit mondial. En juin 1935, le président Franklin D.

N° 23 (été 06) / intermittents, jeunes, précarité, banlieue... le revenu social garanti en ligne de mire Le revenu social garanti en ligne... EcoRev’ n° 23 est en ligne ici, intégralement et gratuitement, avec son dossier sur le revenu social garanti (textes de Gorz, Keynes, Corsani, Canfin, entretien avec Toni Negri...), ses pistes (Qu’est ce que la richesse aujourd’hui ? ; éducation et mondialisation), son kit (...) mardi 11 juillet 2006 Agenda juillet-novembre 2006 Juillet 2 juillet - Triel sur Seine (Yvelines) Festival "Changeons d’air !" E23 : Le revenu social garanti en ligne de mire EcoRev’ n° 23 vient de paraître avec son dossier le revenu social garanti en ligne de mire, ses pistes, son kit, ses lectures... revenu garanti pour tous avec ou sans emploi, trois arguments Les luttes des chômeurs et précaires de l’hiver 1997-1998 ont placé au cœur du débat public la revendication d’un revenu garanti. L’augmentation massive (1500 FF) des minimasociaux, l’ouverture d’un droit au revenu pour les jeunes, l’exigence de l’attribution d’aides financières d’urgence (la "prime de Noël" des chômeurs marseillais), ont été les formes prises par cette revendication. Résultats du conflit, 600 000 aides d’urgence versées, l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique), l’AI (Allocation d’Insertion) et le RMI indexés sur l’inflation, et... une loi sur l’exclusion qui ouvre de nouvelles modalités d’articulation entre salaire de l’emploi précaire et minima sociaux. Les limites d’une action qui n’a que très partiellement atteint ses objectifs sont évidentes. La revendication centrale d’un revenu garanti a été le second élément de portée générale de ce conflit. Seul un revenu au moins égal au SMIC peut permettre de résister à cette gestion organisée de la misère.

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