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Imaginer un revenu garanti pour tous, par Mona Chollet

Imaginer un revenu garanti pour tous, par Mona Chollet
On travaille, et, grâce à ce travail, on perçoit de l’argent. Une telle logique est si bien ancrée dans les esprits que la perspective d’instaurer un revenu inconditionnel, c’est-à-dire de verser à chacun une somme mensuelle suffisante pour lui permettre de vivre, indépendamment de son activité rémunérée, apparaît comme une aberration. Nous sommes encore persuadés de devoir arracher à une nature aride et ingrate les moyens de notre subsistance individuelle ; or la réalité est bien différente. Bourses étudiantes, congés parentaux, pensions de retraite, allocations familiales, indemnités de chômage, régime français des intermittents du spectacle, minima sociaux : autant de prestations qui ont en commun de découpler revenu et travail. Mais précisons bien de quoi l’on parle exactement. Ainsi, chacun pourrait choisir ce qu’il souhaite faire de sa vie : soit continuer à travailler, soit conserver la jouissance de son temps en se contentant d’un niveau de consommation modeste, soit alterner.

Sidérurgie lorraine -Des de Wendel à Mittal : l’enrichissement ininterrompu des grandes familles bourgeoises Sidérurgie lorraine -Des de Wendel à Mittal : l’enrichissement ininterrompu des grandes familles bourgeoises L’annonce de la fermeture des hauts-fourneaux de Florange a refait parler de la sidérurgie lorraine et ce qui se passe dans cette vallée de la Fensch est assez représentatif de l’évolution de cette industrie. Le site de Florange s’étend sur plusieurs kilomètres et plusieurs communes. Dans le cadre du plan Monnet de 1946, le gouvernement prévoyait une importante augmentation de la demande d’acier, notamment des aciers plats pour l’industrie automobile et l’électroménager. C’est ainsi que plusieurs groupes de l’acier, dont les de Wendel, créèrent la Sollac (Société lorraine de laminage continu), une usine géante alimentée par les hauts-fourneaux de la vallée de la Fensch. À défaut de faire la fortune de la région lorraine, dévastée par les fermetures d’usines, la sidérurgie a fait la fortune de ses propriétaires successifs. Les de Wendel : une famille en or Et ce n’est pas nouveau.

Géographie du capitalisme Inventeur de la « géographie radicale », David Harvey tente de concilier marxisme et géographie pour montrer que villes et terroirs s’efforcent de constituer des rentes de monopole. Car les injustices de la mondialisation s’incarnent dans des espaces : les pays du Sud victimes d’un développement inégal et, à l’inverse, les lieux où se développe une vision alternative du monde, comme Porto Alegre. Recensé : David Harvey, Géographie de la domination, Les Prairies Ordinaires, 2008, 118 p., 12 €. En mars 2008, un colloque international de géographie a réuni à l’université de Nanterre des chercheurs en sciences sociales autour du thème « Justice et injustice spatiale ». David Harvey est un géographe d’origine britannique qui a effectué l’essentiel de sa carrière aux États-Unis, où il enseigne encore à l’université de New York. Un espace propice à la pensée politique et à l’action, un espace au sein duquel peuvent se concevoir et se poursuivre des alternatives […]. Marxisme et géographie

Thomas Piketty ou le pari d’un capitalisme à visage humain, par Russell Jacoby (Le Monde diplomatique, août 2014) L’ouvrage de Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013) est un phénomène sociologique autant qu’intellectuel. Il cristallise l’esprit de notre époque comme, en son temps, The Closing of the American Mind, d’Allan Bloom (1). Ce livre, qui dénonçait les études sur les femmes, le genre et les minorités dans les universités américaines, opposait la « médiocrité » du relativisme culturel à la « recherche de l’excellence » associée, dans l’esprit de Bloom, aux classiques grecs et romains. Même s’il eut peu de lecteurs (il était particulièrement pompeux), il alimentait le sentiment d’une destruction du système éducatif américain, voire de l’Amérique elle-même, par la faute des progressistes et de la gauche. L’ouvrage vient ainsi traduire une inquiétude palpable : la société américaine, comme l’ensemble des sociétés du monde, serait de plus en plus inique. Il serait stérile de critiquer Piketty pour son échec à remplir des objectifs qui n’étaient pas les siens.

Avec Thomas Piketty, pas de danger pour le capital au XXIe siècle, par Frédéric Lordon (Le Monde diplomatique, avril 2015) Une notoriété mondiale comme celle de Thomas Piketty ne devrait pas suffire en principe à empêcher que lui soient posées quelques questions politiques. Disons même plus précisément quelques questions relatives à une tromperie inséparablement intellectuelle et politique, dont le plus sûr indice est donné, en creux, par une unanimité médiatique sans précédent, gage en soi de totale innocuité, comme pour tout ce qu’elle choisit de célébrer passionnément. Il faudrait vraiment que « le monde ait changé de base » pour que Libération, L’Obs, Le Monde, L’Expansion et aussi le New York Times, le Washington Post, etc., communient à ce degré de pâmoison en quoi que ce soit de sérieusement dérangeant. La célébration aveugle ne doit pas non plus conduire, symétriquement, à ignorer tout ce que l’ouvrage a de mérites. Il n’est pas un commentateur qui n’ait été impressionné par l’énormité et la qualité du travail statistique. On l’est avec eux. Or qu’est-ce que le capital ? Stratégie de l’escamotage

L'idée choc étudiée en Islande : et si on retirait aux banques la capacité de créer de la monnaie ? Décidément, l'Islande est le pays de la créativité financière. Après avoir montré, en 2009, qu'il existait bien une alternative au transfert de la dette bancaire vers la dette publique, l'île nordique pourrait s'apprêter à réaliser une grande expérience monétaire. Le 31 mars dernier, en effet, le président du comité des affaires économiques de l'Althingi, le parlement islandais, Frosti Sigurdjonsson, a remis un rapport au premier ministre, Sigmundur Gunnlaugsson, sur la réforme du système monétaire islandais. L'absence de maîtrise de la banque centrale sur le système monétaire Le rapport cherche en effet à réduire le risque de bulles et de crises dans le pays. Ni l'Etat, ni la Banque centrale islandaise (Sedlabanki) n'ont pu stopper cette frénésie. « Entre 2003 et 2006, rappelle Frosti Sigurdjonsson, la Sedlabanki a relevé son taux d'intérêt et mis en garde contre une surchauffe, ce qui n'a pas empêché les banques d'accroître encore la masse monétaire. » Une idée ancienne Quel est-il ?

L'Islande a laissé ses banques faire faillite, et jeté des banquiers en prison. Et voici ce qui s'est produit L’Islande, l’une des nations les plus touchées par la crise bancaire, semble avoir complètement surmonté ses problèmes, et cette année, elle devrait être le premier pays du monde frappé par la crise de 2008 à dépasser le PIB le plus élevé qu’il avait atteint avant cette crise, rapporte ZeroHedge. Le pays est parvenu à ce résultat sans sacrifier son système social et les dépenses du gouvernement. Il y a encore quelques années, l’Islande est arrivée au bord de la faillite lorsque ses banques, qui au fil des ans s’étaient montrées bien trop audacieuses, se sont trouvées en situation de quasi-effondrement. Selon le Fonds monétaire international (FMI) l’Islande a réussi à se remettre totalement de la crise, sans avoir compromis son modèle social qui prévoit la gratuité des frais de santé et d’éducation. A la différence des autres pays heurtés par la crise, l’Islande a laissé ses banques faire faillite, ne préservant que les comptes des ménages résidents.

Philippe Estèbe : «Les grandes villes sont en train de prendre le pouvoir sur le territoire» L’égalité des territoires, une évidence ? Au moment où la République s’est dotée pour la première fois d’un ministère de l’Egalité des territoires, Philippe Estèbe, géographe, directeur de l’Institut des Hautes études d’aménagement des territoires en Europe, démonte le dogme. A l’heure de la métropolisation, tandis que la croissance a lieu dans les villes, que la mobilité et les réseaux deviennent dominants, nous sommes encore englués dans le «récit enchanté du village». Les réformes territoriales avancent, la réalité évolue, mais le mythe demeure. Comment expliquer cette «passion française» de l’égalité des territoires ? Par une mythologie rurale qui, depuis 1870, décrit la République comme un assemblage de villages. Vivons-nous encore dans ces traces-là ? Avec un siècle de retard sur les pays voisins, les grandes villes sont en train de prendre le pouvoir sur le territoire. La révolution industrielle a-t-elle ébranlé cette construction ? Contraints et forcés. Lesquels ? Exactement.

Un nouvel élan, mais pour quelle Europe ?, par Etienne Balibar (Le Monde diplomatique, mars 2014) L’Europe est morte, vive l’Europe ? Depuis le début de cette année, qui verra les élections au Parlement européen, les paradoxes et les incertitudes de la construction communautaire n’ont guère quitté l’actualité. D’un côté, les cassandres annoncent que la paralysie et la dissolution menacent toujours, puisque aucune des recettes appliquées n’a résolu la contradiction inhérente à une construction politique dont le principe directeur implique l’antagonisme des intérêts de ses membres. Elles ont pérennisé la récession, accentué les inégalités entre nations, générations et classes sociales, bloqué les systèmes politiques et engendré une défiance radicale des populations envers les institutions et la construction européenne en tant que telle. De l’autre, les tenants de la méthode Coué s’emparent de chaque signe « non négatif » pour annoncer qu’une fois de plus le projet européen profite de ses crises pour se relancer, en faisant prévaloir l’intérêt général sur les divergences.

Edition d'Epinal | Un peu moins de pubs aux entrées de ville : le cas d’Epinal - Vosges Matin Les panneaux publicitaires devront disparaître des entrées de ville à partir de demain lundi. (Photo Jean-Charles OLÉ) Votée en 2010, la loi Grenelle II entre en vigueur ce lundi 13 juillet, soit 5 ans après son passage devant l’Assemblée nationale et 3 ans après la parution de son décret d’application. Les panneaux publicitaires hors agglomération devront faire place nette dès demain. Cette réforme apporte un cadre plus restrictif aux dispositifs publicitaires (emplacement, densité, format…) tout en permettant le développement de nouveaux supports (écrans numériques). Tous les panneaux visés par cette réglementation qui resteront en place seront donc illégaux. « Nous allons laisser quelques mois afin que les publicitaires se mettent en règle. Règlement local Lorsqu’il y a un règlement local de publicité (RLP) comme c’est le cas à Epinal, c’est la municipalité qui a compétence en matière d’autorisation administrative, de contrôle ainsi que de mise en demeure. Céline DUCHEMIN

Les anciens de Fralib et leur coopérative lancent le thé de la transformation sociale et écologique Rien que le bureau de la direction a de quoi provoquer des sueurs froides chez un adhérent du Medef. Il y a la plaque déjà. En la lisant, un représentant patronal manquerait probablement de s’étouffer en ces temps de remise en cause du dialogue social : « Direction. Comité d’entreprise. Syndicat ». Puis la décoration du bureau de la direction, où trône un portrait du Che, et où traine non pas un audit pour réduire le coût du travail mais une attestation syndicale reçue lors d’un récent voyage à Cuba. Nous ne sommes pas, justement, dans une entreprise traditionnelle. La coopérative ouvrière provençale est désormais dirigée par un trio de syndicalistes, désignés par le Conseil d’administration issu de l’assemblée générale des coopérateurs. 1336 jours de lutte et une année de transition Quelques jours avant l’annonce, à l’extérieur, le parfum de lutte s’est estompé. Après, donc, 1336 jours de lutte et une année de transition, les sept premiers contrats de travail ont été signés le 11 mai.

Sortir de l’euro ?, par Frédéric Lordon (Le Monde diplomatique, août 2013) Beaucoup, notamment à gauche, continuent de croire qu’on va changer l’euro. Qu’on va passer de l’euro austéritaire présent à un euro enfin rénové, progressiste et social. Cela n’arrivera pas. Il suffirait d’évoquer l’absence de tout levier politique en l’état d’incrustation institutionnelle de l’actuelle union monétaire européenne pour s’en faire une première idée. Mais cette impossibilité tient surtout à un argument beaucoup plus fort, qui s’exprime à la manière d’un syllogisme. Majeure : l’euro actuel procède d’une construction qui a eu pour effet, et même pour intention, de donner toute satisfaction aux marchés de capitaux et d’organiser leur emprise sur les politiques économiques européennes (1). La gauche-qui-continue-d’y-croire n’a donc le choix qu’entre l’impuissance indéfinie… ou bien l’advenue de cela même qu’elle prétend vouloir éviter (le retour aux monnaies nationales), sitôt que son projet de transformation de l’euro commencerait à être pris au sérieux !

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