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Evaluations. Enfin !

Evaluations. Enfin !
Le ministre a enfin décidé de libérer les enseignants, et les élèves, et les parents, du syndrome de l’évaluationnite aigue. Il y a bien longtemps que je plaide pour une remise à plat de cette question complexe. Non pas qu’il ne faille pas évaluer comme m’en accusent mes détracteurs les plus obtus. Mais il faut, de l’avis de tous les pédagogues sérieux non conquis par le stupide pilotage par les résultats, Mettre les pratiques en concordance avec les finalités du système, pas seulement avec les programmes disciplinaires juxtaposée, à court terme Faire une véritable évaluation et la distinguer clairement du contrôle. La remise à plat est à faire d’urgence car l’évaluationnite liée au pilotage par les résultats est un des facteurs majeurs de la destruction de l’école, bien engagée depuis une dizaine d’années au moins, et considérablement accélérée en 2007. Aujourd’hui, la continuité sera plus difficile à imposer. Pierre Frackowiak Crédit photo : Jacques Risso

Une suppression des notes a déjà eu lieu Cela a été réclamé lors de l’examen du projet de loi sur la refondation de l’Ecole à l’Assemblée nationale. En vain. Mais cela a déjà été décidé en 1968, en vain également. Barbara Pompili ( co-présidente du groupe écologique à l’Assemblée nationale ) a déposé un amendement en vue de «sortir complètement du système de notation dans l’enseignement primaire en accompagnant les équipes pédagogiques pour les former à d’autres systèmes d’évaluation positive de la progressivité des élèves». Le rapporteur du projet de loi, Yves Durand (PS), a fait valoir aux écologistes qu’un «tel bouleversement» en si peu de temps alors que la Finlande par exemple a mis dix ans à le réaliser pourrait «provoquer des blocages qui rendraient cette évolution intéressante impossible». En mars 1968 ( on le sait, cf mon billet précédent ) s’est tenu à Amiens un colloque des plus surprenants avec la participation de la fine fleur des hauts fonctionnaires de l’éducation nationale et des chercheurs en éducation.

Évaluer différemment les élèves : l’exemple danois Pas de notes avant 15 ans, pas de palmarès des établissements, des examens qui privilégient les projets ou les travaux inédits, l’utilisation généralisé des TIC dans l’évaluation : le Danemark présente une série de caractéristiques susceptible de faire réfléchir sur les relations entre l’apprentissage et les évaluations scolaires. Ce n’est certainement pas un modèle à recopier (les écoles était d’ailleurs ces derniers jours bloquées par un conflit entre les enseignants et les municipalités) mais il a le mérite d’aider à faire bouger les lignes et de considérer différemment des traits de notre système considérés comme naturels voire inhérents à toute situation scolaire. En France, toute réforme des modalités du Bac semble porter atteinte à la civilisation (universelle, cela va de soi), dévaluer les diplômes ou menacer l’équilibre des savoirs. Une école qui n’était pas obsédée par l’évaluation Les résultats restent confidentiels.

« Avec ou sans note » : telle n’est pas la question ! Spécialiste de l’accompagnement du changement et du développement professionnel, François Muller est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « École : la grande transformation ? Les clés de la réussite » (avec Romuald Normand, ESF 2013). François Muller, spécialiste de l’accompagnement du changement et du développement professionnel, concepteur de RESPIRE, réseau social de l’éducation, répond à l’Ajéduc sur la question de la notation. À l’heure où le jury de la Conférence nationale sur l’évaluation auditionne et délibère afin de rendre ses recommandations, lors des journées de l’évaluation des 11 au 13 décembre 2014, la problématique de l’évaluation semble se concentrer sur la question de la notation. On s’arc-boute sur le visible alors que les processus en jeu sont invisibles. « Avec ou sans note » n’est pas la question. La note signifie peu pour l’élève sur sa progression et la manière de s’améliorer. Il faut armer conceptuellement et pratiquement les enseignants.

Oui aux compétences à l’école, mais pas n’importe comment ! Ce texte de Jean-Michel Zakhartchouk est une réponse au journal Libération qui a publié le 31 octobre 2012 un article sur le Livret Personnel de Compétences, en donnant la parole à quatre collègues. Il est trop facile de se moquer du livret de compétences utilisé dans les écoles et collèges et qui va être « simplifié », comme le font les enseignants interrogés dans le numéro de mercredi 31 octobre de Libération, pages 14 et 15 « un livret de compétences qui perd des cases ». Oui, on peut toujours se gausser de telle formulation, en reprochant d’ailleurs aux compétences énoncées dans ce livret à la fois d’être trop générales et floues, et trop détaillées et relevant d’une « bureaucratisation du savoir ». Oui, on peut dénoncer l’ « usine à cases », une expression d’ailleurs due à quelques-uns dont je suis qui sont en réalité des défenseurs d’un vrai livret de suivi des compétences, fonctionnel et d’usage simple. Like this: J'aime chargement… À propos de Anthony Lozac'h

Supprimer les notes et « gamifier » sa classe : success story dans les facs américaines Seann Dikkers, professeur assistant en technologies éducatives à l'université de l'Ohio, utilise un système d'évaluation par niveau d'expérience, inspiré par les jeux vidéo. Une forme de notation plus motivante pour les élèves. Depuis combien de temps utilisez-vous un système de points d’expérience au lieu des notes ? Auparavant, j’ai pratiqué l’évaluation de portfolio et la pédagogie différenciée pendant dix années d’enseignement. Le vocabulaire du jeu est juste une meilleure façon de véhiculer l’idée que l’apprentissage est réel, personnel, et ancré dans une expérience contextualisée (comme le théorise Piaget). Points d’expérience, késako ? Lee Sheldon, pionner de la classe-jeu vidéo En septembre 2009, le professeur d’université Lee Sheldon commence à organiser un de ses cours comme un jeu vidéo, avec des avatars, des guildes, des missions… et bien sûr, des points d’expérience. Pourquoi les points d’expérience sont-ils plus motivants que les notes habituelles ? Bonne question !

Notes et compétences, quelle équation ? C'est une question qui agite la salle des profs, à l'heure de la mise en oeuvre du socle commun. J'émets l'hypothèse de l'incompatibilité. La note sur 20 permet, à travers l'exemple de la dictée, de sanctionner les fautes. On peut rétorquer que dans les multiples évaluations notées, les points sont comptés en positif : on pointe les réussites des élèves par un point, qu'on pourra d'ailleurs décliner jusqu'au quart de point selon le degré d'approximation de la formulation de l'élève. Si l'on se penche sur les moyennes (obtenues par de savants calculs coefficientés), ce "réel" est biaisé. Ces constantes s'expliquent par des mécanismes protecteurs de la part du professeur, obnubilés tant par la réussite des élèves, que par la moyenne que l'on présente en conseil de classe. La moyenne d'un élève n'a de valeur que mise en rapport aux autres élèves de la classe. La norme "réelle" instituée est en soit un renoncement. Ce système pervertit les apprentissages, notre coeur de métier.

L'évaluation des apprentissages dans une approche par compétences - Gérard Scallon Faut-il encore noter les élèves ? Le ser­pent de mer de l'école sans notes resur­git ! Tandis que le rap­port issu de la concer­ta­tion sur l'école prône « une évalua­tion posi­tive simple et lisible, valo­ri­sant les pro­grès » plu­tôt qu'une « notation-sanction », François Hollande pré­co­nise d'« indiquer un niveau » plu­tôt que de « sanctionner ». Les syn­di­cats d'enseignants s'étonnent du terme sanc­tion : « il est déjà inter­dit de mettre un zéro pour des pro­blèmes de com­por­te­ment », rap­pelle Frédérique Rolet, co-secrétaire géné­rale du SNES–FSU, « et, en géné­ral, les ensei­gnants expli­citent leur évalua­tion ». Albert-Jean Mougin, vice-président natio­nal du SNALC, conteste aussi l'expression car elle « sous-entend qu'il y a une volonté de faire tom­ber les élèves alors que la nota­tion posi­tive est déjà pra­ti­quée ! « Les notes ne sont pas là pour punir » La solu­tion ? « A l'école pri­maire, les notes donnent un reflet faussé » Charles Centofanti

Classes sans notes : Bilan mitigé Quel bilan dresser des classes sans notes ? C'est ce qu'a tenté l'académie de Poitiers à travers une enquête officielle auprès des enseignants et des collégiens. L'enquête montre que l'impact de cette révolution pédagogique est moins important que prévu. Du coté des enseignants, " en termes d’apprentissage, 57% pensent que les effets sont négligeables", écrit l'académie. "74% pensent qu’en termes de comportements cette nouvelle modalité d’évaluation a eu des effets positifs : les élèves se montrent plus calmes, moins angoissés, font preuve de plus de civisme et ont une meilleure estime d’eux mêmes. D’ailleurs 66% pensent que cette nouvelle modalité d’évaluation a entraîné des effets en termes de développement de l’estime que les élèves ont d’eux-mêmes". Du coté des élèves, "si la majorité des élèves ne discerne pas de changement (sur l'atmosphère de classe) avec ou sans notes, ceux qui le perçoivent notent une amélioration de tout cela. L'enquête L'enquête du Café dans la même académie

Les pré-requis à la suppression des notes Les expériences de suppression des notes dans des classes de collège ont tendance à se multiplier ces dernières années. Il me semble qu'au delà d'un travail militant, effectué sur le terrain par des personnels de direction et des enseignants conscients des enjeux de la question, cette tendance ait été renforcée par la mise en place en 2005 d'un droit à l'expérimentation dans le cadre de l'article 34 de la loi d'orientation. Sur la question de la suppression des notes, l'innovation "institutionnelle" et l'innovation "de terrain" peuvent donc se rencontrer, et cette double paternité est souvent un gage de réussite. Mais la volonté ne suffit pas toujours. J'ai moi même accompagné, à la direction d'un collège d'Indre-et-Loire, une expérimentation de suppression de notes dans un cours de mathématiques de 4e. - Un chef d'établissement qui impulse, ou qui aide à la mise en oeuvre si l'impulsion vient d'un enseignant ou d'une équipe. - Une progressivité dans la mise en oeuvre.

Pour en finir (ou presque) avec les notes - Évaluer par les compétences Devant les inconvénients maintes fois montrés des évaluations par la note, certains pays comme la Belgique tentent de passer à l’évaluation par les compétences.En France, à côté des livrets de maternelle et des évaluations nationales en CE2, 6e, 5e et seconde, des professeurs tentent de sortir un peu de notre système traditionnel dans une perspective d’évaluation formative. Un témoignage concret au collège en français, en sixième et cinquième. « - M’dame, c’est noté ? - Non, ce n’est pas noté, c’est évalué ! » Beaucoup d’élèves et leurs parents se comportent en consommateurs attendant une note comme on attend une rétribution : « tout travail mérite salaire »... L’institution néanmoins s’inquiète de la violence scolaire, nous apprend, à nous enseignants, qu’il faut combattre l’échec scolaire (comme on réduirait la « fracture sociale » ?) De quelques conséquences de l’abus des notes L’utilisation des notes chiffrées engendre des effets négatifs non négligeables. Une évaluation différenciée

L'évaluation par compétences est-elle juste ? Par François Jarraud L'évaluation des compétences par les enseignants est-elle juste ? La question est posée par la Direction des études et prospectives (DEPP) du ministère de l'éducation nationale dans un petit ouvrage sur "les élèves, connaissances, compétences et parcours". La Depp ne fait pas que poser la question de la qualité de l'évaluation. "L'attestation de la maîtrise du socle commun est-elle soluble dans le jugement des enseignants" demandent Jeanne-Marie Daussin, Thierry Rocher et Bruno Trosseille, tous trois de la Depp. Qui est désavantagé dans l'évaluation par compétences ? Une surprise ? On évalue quoi ? Ces travaux ne diminuent pas l'intérêt d'une approche par compétences. François Jarraud Michel Quéré (dir.), Les élèves : connaissances, compétences et parcours, La documentation française. Liens : L'ouvrage Les notes sont-elles justes ?

Puisqu’on vous dit que la note, ce n’est pas le problème ! L’apparition du socle commun de connaissances et de compétences a introduit, avec le livret personnel de compétences, une « nouvelle » façon d’évaluer au collège, qui, si elle a pu jeter le trouble, a alimenté le débat sur l’évaluation des élèves. La refondation de l’école s’est donnée pour objectif de renouveler le socle commun et d’aller vers une évaluation positive des élèves. Le Conseil Supérieur des programmes travaille à cette rénovation, où la question de l’évaluation est capitale. Noyer le poisson Les opposants à l’évaluation des compétences, comme les syndicats du SNALC et du SNES, présentent constamment des arguments qui jouent du même registre : Des notes dont on fait… des moyennes Mais bizarrement sur ce point, les partisans de la note négligent systématiquement la question des moyennes trimestrielles. La consultation de l’ensemble des bulletins trimestriels (traditionnels) d’une classe sur une année est à ce titre éloquente. Pourquoi revoir l’évaluation des élèves ? Like this:

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