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Sommes-nous encore autonomes

Sommes-nous encore autonomes
A l’heure où l’électronique s’intègre dans presque n’importe quel objet (des voitures aux appareils électroménagers, aux vêtements que nous portons…) et se connectent sans fil sur le web, nous entrons dans l’ère de l’internet des objets, explique l’éditorialiste Christine Rosen pour The New Republic. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets du quotidien laissent une trace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. « Avec l’internet des objets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à l’internet, ce qui apporte des avantages évidents en terme d’efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde également aux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporter de certaines façons. » A qui devons-nous attribuer la responsabilité de nos actions ? Les technologies peuvent ne pas avoir d’esprit ou de conscience, affirme Verbeek, mais elles sont loin d’être neutres. Hubert Guillaud

Les téléphones portables, outils du dédoublement et de la densification du temps : un diagnostic confirmé 1 « De l’usage des téléphones portatifs comme expérience du dédoublement et de l’accélération du tem (...) 2 « J’ajoute, mais je ne corrige pas. Premièrement parce que celui qui a hypothéqué au monde son ouv (...) 3 Les citations du texte de 1996 apparaissent en alinéa. 1La revue tic&société qui prend le relais de TIS, dix ans après — et il faut en féliciter ses nouveaux promoteurs — me demande de revenir sur un article paru dans cette même revue il y a plus de dix ans de cela1. Revisiter un de ses textes est toujours délicat. Quiconque écrit connaît le plaisir d’abandonner un texte et aussi… la difficulté à revenir dessus. Aussi, et comme nous y invite Montaigne2, je ne corrigerai rien de ce texte mais me contenterai d’ajouter quelques remarques nées de plusieurs enquêtes et observations ultérieures3. 2Un des premiers constats de l’article de 1996 montrait que les portables étaient un outil de réaménagement du temps vers sa plus grande rentabilisation.

Comprendre les signes de la confiance Comment décidons-nous de faire confiance à quelqu’un ? Des chercheurs des universités de Northeastern, du MIT et de Cornell ont mené plusieurs expériences pour chercher à le comprendre rapporte Tara Parker-Pope pour le New York Times en se basant sur une étude à paraître du Journal of Psychological Science. Dans la première expérience, les chercheurs ont rassemblé 86 étudiants de l’université deux par deux en leur donnant 5 minutes pour faire connaissance. La moitié des binômes se sont rencontrés en face à face, l’autre moitié a interagi en ligne par messagerie instantanée. Les chercheurs ont ensuite mené une expérience similaire avec Nexi, le robot développé par Cynthia Breazeal qui dirige le groupe de travail sur la robotique personnelle du MIT. Image : Attention, Nexi croise les bras ! « Cela n’a aucun sens d’attribuer des intentions à un robot », a déclaré le professeur d’économie de Cornell, Robert H.

Body Hacking : “Je me modifie, donc je suis” Cyril Fiévet (@cfievet) ne nous est pas inconnu. Ancien journaliste pour InternetActu de 2003 à 2006, il fut l’un des blogueurs français les plus prolixes du début des années 2000 avec son blog, Pointblog, son livre BlogStory et son magazine, Netizen, qui avaient tout trois l’ambition de montrer au grand public ce qu’était ce phénomène alors naissant. Cyril Fiévet s’intéresse depuis des années aux technologies. Editeur et traducteur pour Fyp éditions, il vient de signer Body Hacking, un livre très documenté sur la démarche volontaire de modifier son propre corps, “notamment en lui adjoignant des composants artificiels, dans le but de transformer son comportement naturel”. En nous amenant à la rencontre de ces premiers pirates d’eux-mêmes, Fiévet ouvre une boîte de pandore, esquissée philosophiquement par les transhumanistes, qui nous fait passer concrètement de la science-fiction à la plus concrète réalité. Qu’est-ce qui change quand les gens se mettent à s’opérer dans leur cuisine ?

La technique est-elle responsable de l’accélération du monde Le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa a été remarqué en France depuis la traduction en 2010 d’Accélération : une critique sociale du temps, complété depuis par une synthèse et mise à jour de ce livre dans Accélération et aliénation… Pour Hartmut Rosa, le temps a longtemps été négligé dans les analyses des sciences sociales sur la modernité au profit des processus de rationalisation ou d’individualisation. Pourtant, selon lui, l’accélération est la caractéristique de la société moderne. « Mon livre explique que l’essence et la nature de la modernité reposent sur l’accélération », attaque Hartmut Rosa. Pour lui, notre monde contemporain repose sur son dynamisme, qui n’a d’autre but que de mettre en mouvement le monde matériel, social et idéel. Pour comprendre ce qu’est l’accélération du monde, il faut comprendre ce que signifie la lenteur, estime Rosa. « Le rêve de la modernité c’est que la technique nous permette d’acquérir la richesse temporelle. Comment expliquer cela ?

Note de service Il existe un pays magique. Un pays fabuleux qui sent le sucre et le miel ; un pays où les rivières sont de lait et les arbres en chocolat. Un pays qui jamais ne connait de problème auquel il n’existe de solution simple. Ce pays, mes amis, c’est le monde magique des théoriciens de l’éducation. En effet, après nous avoir pondu des séries de rapports expliquant que "les corrections au stylo rouge pouvaient traumatiser l’enfant", que "les dictées, c’était trop dur" ou que "priver un enfant de récréation était un châtiment trop cruel", voici, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, la dernière création des industries éducatives : L’appel pour la suppression des notes à l’école élémentaire ! Jouez hautbois, résonnez musettes. La culture de la note est encore très présente dans l’école française, une institution historiquement tournée vers la sélection. Oui, sachez le jeunes gens : la note n’est pas un outil, non, c’est une culture, au même titre que le rock’n’roll, les hippies ou Twilight. Ho oui !

Flippant et fascinant : des portraits à partir d’ADN trouvé dans la rue Heather Dewey-Hagborg est artiste. Plus précisément, elle prépare un doctorat en arts électroniques à New York. Elle a aussi étudié la biologie moléculaire. Et en quelques années, elle a ramassé toutes sortes d’objets et de résidus humains trouvés dans la rue ou des lieux publics. Ensuite, elle a fait analyser ses trouvailles en laboratoire et à partir de l’ADN trouvé dessus, a pu en savoir plus sur leurs propriétaires : leur origine ; la couleur de leurs yeux ; leur sexe ; leur poids approximatif. On ne sait pas si les intéressés ont apprécié, mais elle a ensuite reconstitué leur portrait grâce à une imprimante 3D – une imprimante qui « lit » un fichier informatique et additionne le plastique couche par couche jusqu’à former un vrai objet. Enfin, pour finir son projet, elle a exposé ces visages en galerie, au-dessus de boîtes dans lesquelles le visiteur pouvait retrouver : Sur son site, elle explique (à propos d’un autre de ses projets) : Technique de « brouillage d’ADN »

Avec Internet et les écrans, mon cerveau a-t-il muté ? - L'actu Médias / Net Lecture en diagonale, perte de concentration... le Net et les technologies numériques bousculent nos façons de penser. Faut-il s'en inquiéter ? Pas forcément. On vous explique pourquoi. Sur le mur d'une galerie d'art de Toronto, ce slogan : « Mon cerveau d'avant Internet me manque » (1). « Mon cerveau d'avant Internet me manque » ? Les pupilles baladeuses Au Lutin (Laboratoire des usages en technologies de l'information numérique), à Paris, des chercheurs observent au plus près le lecteur du XXIe siècle en activité. Ainsi, sur écran, nous avons les pupilles baladeuses. Sur la Toile, le cheminement de la pensée n'est pas contrôlé par l'auteur, mais par le lecteur. Comme le résume l'essayiste américain Nicholas Carr dans un livre remarquable (meilleur que son titre : Internet rend-il bête ? Mon cerveau fait du jet-ski « En échange des richesses du Net, nous renonçons à notre bon vieux processus de pensée linéaire. » Nicholas Carr, essayiste J'apprends, donc je me reconfigure N'empêche.

FUTUR ANTÉRIEUR – Quand l’an 2000 était encore de la science-fiction Carte postale de la France en l'an 2000 : "L'agent aviateur", de J. Villemard. (Wikimedia commons) Comment imaginait-on l'an 2000 au tournant du XIXe et du XXe siècle ? On y note une certaine obsession pour un vieux rêve, celui de voler. Même idée fixe en ce qui concerne l'exploration des fonds marins, qu'on se met, croyait-on, à maîtriser de manière étonnamment récréative : courses à dos de poisson, balade (mouvementée) en scaphandre, ou encore partie de croquet sous-marine. Les temps, donc, n'ont pas forcément évolués comme escompté... Une autre tendance, qui apparaît dans plusieurs dessins, ne saura être contredite par "les temps modernes" : celle du remplacement de la main de l'homme par des robots divers et variés (exemples ici et là). Carte postale de 1899, "La station aéro-cab" - la cab étant une voiture hippomobile à deux roues ancêtre du taxi - de Jean-Marc Côté (Wikimédia commons) Carte postale de la France en l'an 2000, "Ménage électrique", de Jean-Marc Côté.

“Mais en révélant comment fonctionne la machine humaine, ces technologies sapent une qualité humaine cruciale (même si elle est souvent décriée) : la tromperie de soi”, estime Christine Rosen. “Bien sûr, la tromperie de soi est inefficace. Elle pose des problèmes – ce qui explique pourquoi les technologues voudraient la remplacer par l’apparente honnêteté des données, qui, une fois traitées, promettent de nous connaître mieux que nous-mêmes. Mais être humain est une affaire compliquée.
Faire preuve de jugement et de maîtrise de soi, apprendre les normes sociales complexes qui signalent un comportement acceptable sont aussi les choses qui nous rendent humains. Nous ne devrions pas avoir besoin ou envie de compter sur un capteur pour le faire pour nous. Les hypocrisies quotidiennes et les compromis qui rendent la vie supportable (même s’ils ne sont pas toujours honnêtes) sont précisément ce que l’intelligence ambiante et les technologies persuasives espèrent éliminer. Le droit de ne pas by ryslainemly May 22

“Les technologies persuasives et l’intelligence ambiante promettent un monde où le contrôle sera plus efficacement externalisé. Ginger.io est une application pour smartphone qui déclenche une alerte quand il remarque que vous êtes restés à la maison plusieurs jours d’affilés où que votre activité d’échange en ligne a baissé, en envoyant à votre médecin, à des proches ou à vous mêmes un message pour vous prévenir des premiers signes de la dépression.” by ryslainemly May 22

Comme Ulysse lui-même s’arrimant au mât de son navire pour éviter le chant des sirènes, ces nouveaux programmes et dispositifs visent à contrecarrer nos désirs turbulents by ryslainemly May 22

“En fait, ces nouvelles technologies séduisent souvent en invoquant quelque chose de beaucoup plus banal : le langage de l’auto-amélioration. by ryslainemly May 22

Christine Rosen. “On nous dit que nos gènes nous déterminent, que notre cerveau nous contrôle, que les vestiges de notre biologie évolutionniste nous induisent en erreur. “Comment définissons-nous la responsabilité morale quand les neuroscientifiques affirment que notre inconscient est le principal moteur de notre comportement et que les ingénieurs en logiciel nous rappellent que leurs algorithmes sont supérieurs à notre intuition ?”" by ryslainemly May 22

“Pour comprendre ces défis, Verbeek nous invite à nous tourner vers la conception et l’ingénierie des objets technologiques eux-mêmes. Comme l’architecture du code a joué dans la création d’internet pour Lawrence Lessig, Verbeek estime que tous les utilisateurs doivent être plus engagés dans la lutte contre la façon dont ces technologies sont conçues et utilisées.” by ryslainemly May 22

L’échographie par exemple, explique Christine Rosen, a transformé notre expérience de l’enfant à naître. Conçue pour améliorer notre connaissance médicale, l’échographie a généré involontairement de graves dilemmes moraux. “”Cette technologie n’est pas simplement un moyen fonctionnel pour rendre visible un enfant à naître”, affirme Verbeek, “elle contribue activement à façonner la manière dont l’enfant à naître nous est humainement connu.” Cette expérience est à la fois d’une grande transparence et d’une grande abstraction. Nous voyons l’enfant comme quelque chose de distinct de sa mère : le ventre devient un “environnement”.” by ryslainemly May 22

S’appuyant sur les théoriciens de la technologie comme Don Ihde (Wikipédia) et Bruno Latour, ainsi que sur les travaux de Michel Foucault, Verbeek propose une approche “postphénoménologique” qui reconnaît que nos actions morales et nos décisions sont devenues une affaire conjointe entre les humains et les technologies by ryslainemly May 22

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