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Au Québec, même les alouettes sont en colère

Au Québec, même les alouettes sont en colère
Un. Les mains dans les poches, l’homme fredonne en marchant L’Alouette en colère de Félix Leclerc. Une femme sort sur son perron avec sa casserole, une spatule et une cuillère dans une main, un bambin dans l’autre. Trois collégiens arborant des carrés rouges haranguent les gens qui s’avancent sur leur balcon. Sept. Neuf. Onze. Quinze. Vingt-cinq. Deux cents. Cinq cents.500 ! Nous sommes à Montréal, sur le Plateau Mont-Royal, le 26 mai 2012. Venu du Chili, le « tintamarre », comme on dit en Acadie, est devenu un phénomène. Un phénomène institutionnalisé par les médias sociaux contre la loi spéciale 78 (PDF) adoptée par le Parlement québécois en urgence pour tenter de résoudre par la force une crise qui lui échappe. Depuis, le « tintamarre » gagne le reste du Québec. Tout a commencé durant l’hiver avec la hausse programmée des frais de scolarité. 75 % sur cinq ans. « Une hausse inéluctable », clame le gouvernement. 50 centimes par jour, ânonnent les ministres. Montréal Vue d’en haut... Loi 78

Mobilisation sociale et critique des médias au Québec Un rapide survol du paysage médiatique québécois et des instruments de cette vigilance permet de comprendre cette dernière. Concentration des médias, observations des médias Un blogueur proposait, le 9 mai, sous le titre « Pourquoi pas, enfin, une manif contre nos deux empires médiatiques ? » d’organiser une manifestation devant le siège des deux grands groupes qui se partagent les médias au Québec : Québécor et Gesca. Le premier, Québécor, que nous avons déjà largement évoqué ici détient notamment Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec [1] ainsi que la chaîne de télévision TVA, qui a la plus forte audience au Québec. Le mastodonte concurrent, Gesca, est une filiale de la Power Corporation du Canada, présidée par Paul Desmarais, cinquième fortune du pays et soutien actif de l’ex-président français Nicolas Sarkozy (il était au Fouquet’s). Parce qu’il n’est pas un média lui-même, le Conseil de presse du Québec joue un rôle plus important. Vigilance (2) : médias et police

Le conflit des droits de scolarité en 17 tableaux | Visuel L'échec de la rencontre des partenaires en éducation, le 6 décembre 2010, sème le germe du conflit étudiant à venir. Syndicats et étudiants claquent la porte devant l'insistance de Québec à recourir, entre autres, à une hausse des frais de scolarité pour améliorer le financement des universités. Tandis que des dizaines de milliers de personnes manifestent devant le parlement, le ministre des Finances déplore devant ses interlocuteurs restants, milieux d'affaires, collégiaux, universitaires, l'attitude de ses détracteurs qu'il qualifie de « pas dans ma cour ». Raymond Bachand affirme qu'entre 1968 et 2010, la part du financement des universités assumé par les étudiants est passée de 36 % à 13 % et que le débat qu'il souhaite engager est un débat de justice sociale. L'année qui suit sera ponctuée de journées de grèves éparses des associations étudiantes, avant que ne lève la vague de fond de la contestation, en février 2012. Syndicats et étudiants claquent la porte

Québec : la démocratie en crise Après l’échec des négociations, la crise sociale s’enlise et s’envenime au Québec. Selon Christian Nadeau, professeur à l’Université de Montréal, le conflit dépasse le champ universitaire : il met en jeu un véritable choix de société et bouleverse en profondeur la vie politique québécoise. Les mesures d’exception promulguées par le gouvernement révèlent les pressions qui pèsent aujourd’hui sur la social-démocratie et la nécessité de la défendre. Christian Nadeau rappelle ce que le mouvement social actuel au Québec doit à la lutte des étudiants, dont il ne faut pas perdre de vue les objectifs précis. Les étudiants québécois sont entrés en grève à la fin du mois de février pour protester contre une hausse sans précédent des frais de scolarité (une augmentation de 75% sur 5 ans). Christian Nadeau , professeur au département de philosophie de l’Université de Montréal, revient sur l’origine de ce conflit et analyse ses conséquences sur la vie politique québécoise.

24 juin 2012: journée mondiale de soutien aux étudiants québécois Dimanche 24 juin 2012, Journée mondiale de Résistance en solidarité aux Québécois Communiqué du Soutien mondial aux Québécois en lutte À Paris: 14h - Rendez-vous Porte Dauphine Marche jusqu’au Trocadéro 15h30 - Rassemblement au Trocadéro, Parvis des droits de l’homme 17h00 - Fin Parcours / déroulement : 24 juin 2012 - Journée mondiale de Résistance en solidarité aux Québécois "Depuis plus de 100 jours maintenant, les étudiants québecois se soulèvent contre la hausse des frais de scolarité. Malgré cette atteinte à une des libertés fondamentales, le Québec continue de se soulever tous les jours par des actions artistiques et diverses manifestations au gré d’arrestations collectives arbitraires... Ce n’est pas la seule région du monde gagnée par la révolte. Très rapidement, un élan de solidarité s’est constitué autour de la lutte québecoise grâce aux réseaux sociaux et plus largement avec Internet.

Un an après le 22 mars - Mémoire d’un printemps qui chauffe la couenne Il y a un an pile, 200 000 personnes arpentaient les rues pour protester contre la hausse des droits de scolarité. L’histoire ne retiendra-t-elle de ce conflit que quelques dates éparses, alors que sa mémoire est tellement plus riche, comme le montre Le printemps québécois. Une anthologie, en librairie aujourd’hui ? Dans le disque dur du printemps étudiant, le carré rouge est en bonne compagnie. À côté des jalons incontournables — des manifs monstres ici et là, les moments forts d’un bras de fer entre le gouvernement et les étudiants, l’aridité d’une loi spéciale — se côtoient des archives singulières qui témoignent de l’élan de création unique insufflé par la jeunesse en plein conflit. Voilà ce dont témoigne avec éclat un livre publié ce 22 mars, et dont l’existence tient précisément autour de ceci : documenter, avant que des fragments ne s’envolent, l’abondance et la diversité du conflit étudiant. L’expression artistique a admirablement servi le propos étudiant.

Retour sur cent-vingt jours de grève étudiante | Courant Communiste Revolutionnaire - NPA Pouvez-vous nous dire ce qu’est la CLASSE, l’organisation la plus radicale qui est à la pointe du mouvement étudiant aujourd’hui ? La CLASSE est une coalition qui est née autour de l’ASSÉ, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante. Elle a vue le jour pour permettre la création d’un mouvement large contre la hausse des frais de scolarité. L’ASSÉ a été fondée en février 2001. Elle faisait suite à la volonté du mouvement étudiant de disposer d’une association nationale plus combative. 2001, c’était aussi l’année des manifestations anti-globalisation contre le Sommet des Amériques à Québec et la mise en place de la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA), qui a fait long feu d’ailleurs. Au cours des années suivantes, plusieurs associations facultaires ont remis en question le rôle de la FEUQ, la Fédération étudiante universitaire du Québec, pour promouvoir la nécessité de s’organiser sans elle. Depuis lors, l’ASSÉ s’est renforcée.

Carrés rouges, vos papiers! Sont-ils réels, ces contrôles d’identité dans le métro pour les porteurs de carrés rouges, dont on entend parler depuis le début du Grand Prix de Montréal? Ceux qui affichent être contre la hausse des frais de scolarité se font-ils désormais fouiller, inviter au poste de police le plus près, comme on le raconte sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures? Samedi, deux journalistes du Devoir ont entrepris de tirer l’affaire au clair en épinglant sur leur poitrine des carrés rouges avant de s’engouffrer dans la gueule du métro. Résultat? Samedi, 13h50: Sous le plein soleil, les journalistes Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde se retrouvent Place Émilie-Gamelin. Dans le métro, avant d’accéder au quai, Raphaël se fait interpeller. Sur les quais du métro, quelques minutes plus tard, nos journalistes, toujours non identifiés, demandent à une demi-douzaine de personnes, de tous âges, portant des sacs plus gros que les leurs, s’ils se sont fait fouiller. Attente.

Grand tintamarre contre la loi 78 - Les casseroles s’en mêlent «Ting ! Ting ! Ting ! « On ne le prend pas, ce n’est pas compliqué ! À 20 h tapantes, des milliers de personnes, comme Linda Jolicoeur, sont sorties à l’extérieur tenant fermement une casserole et une cuiller n’attendant qu’un voisin fasse résonner les premières notes pour à leur tour entrechoquer leurs ustensiles. Du haut de ses six ans, Théo Pelletier et sa soeur cadette, Ève - surnommée affectueusement « Eille » pour sa personnalité affirmée -, ont aussi fait entendre leur mécontentement donnant consciencieusement des coups de cuiller sur leur bol. Le mouvement, né vendredi dernier dans les arrondissements Villeray - Saint-Michel - Parc-Extension, Rosemont - La Petite-Patrie, Mercier - Hochelaga-Maisonneuve et Le Plateau-Mont-Royal, embrassait hier soir Ahuntsic-Cartierville, Le Sud-Ouest, Verdun et… Outremont, en plus de la Ville de Québec. « Tapez dessus avec toute la rage que cette loi spéciale fait naître en vous ! M. « Cacerolazos » Manifestation nocturne

Chaînes d'information sous haute surveillance | Richard Therrien | Télévision et radio Qui a raison dans ce débat qui touche finalement tous les médias, débat inévitable en cette période de crise, qui polarise comme jamais les opinions des citoyens? Chose certaine, les auditoires des chaînes d'info continue ont explosé depuis les dernières semaines, RDI prenant le dessus sur LCN dans les sondages. Les gens chialent plus, mais regardent plus aussi. La directrice de RDI, Luce Julien, reconnaît avoir reçu un nombre anormalement élevé de plaintes dans les dernières semaines. Toutefois, elle n'en démord pas: RDI offre selon elle une couverture juste et équitable de cette crise. Véritable révélation de ce conflit chez les mordus d'images en direct, et solution de rechange aux chaînes traditionnelles, la chaîne Web militante CUTVmontreal.ca de l'Université Concordia, fondée il y a deux ans, attirerait jusqu'à 100 000 internautes chaque jour, selon sa directrice générale, Laura Kneale. L'équipe de CUTV travaille pourtant avec des moyens rudimentaires.

Canada : nouvelles manifestations en marge du Grand Prix de F1 - Canada Le Grand Prix du Canada de Formule 1 s'est bien déroulé dimanche 10 juin, malgré les menaces de coups d'éclat qui planaient à cause du conflit étudiant que connaît le Québec depuis la mi-février. Mais des échauffourées ont eu lieu samedi et dimanche soir. Les manifestants ont pris la rue et se sont retrouvés au milieu de personnes venues pour les festivités du Grand Prix et pour divers festivals. Avec notre correspondante à Montréal, Marie-Laure Josselin Finalement, Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) a roulé jusqu’à la victoire sans problème pour ce Grand Prix de Formule 1. Des menaces de perturbations pesaient sur la course. Mais c’est en marge du Grand Prix que ce sont déroulées les actions. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (la CLASSE), l’association étudiante la plus radicale et la plus importante, y voit là du « profilage politique ». Dimanche soir, la tension était encore forte.

Manifestations étudiantes - Près de 700 arrestations Un total de près de 700 personnes ont été arrêtées cette nuit à Montréal (518) et Québec (176) au terme de manifestations jugées illégales par les services policiers. Dans la métropole, plusieurs ont dénoncé avoir été pris en souricière sans possibilité d'obtempérer aux ordres de la police. À Montréal, le service de police a donc procédé à 518 arrestations dans le cadre de la 30e manifestation nocturne consécutive. On compte 506 arrestations de groupe et 12 arrestations isolées (dont une pour avoir porté un masque). La plupart des arrestations réfèrent à une infraction au règlement municipal sur les attroupements illégaux. Les manifestations d'hier se sont pourtant bien déroulées, de l'avis général. Les policiers ont toutefois toléré la manifestation (environ 3000 personnes) pendant les premières heures parce qu'elle se déroulait sans anicroche (un peu comme la manifestation monstre de mardi, en partie illégale, mais tolérée d'un bout à l'autre). Méthodes contestées

Hausse des droits de scolarité - John Rawls contre la conception entrepreneuriale de l’université Selon le philosophe américain John Rawls (1921-2002), la justice distributive requiert que les avantages soient attachés à des positions sociales auxquelles tous peuvent parvenir s’ils ont les talents requis. Chaque personne qui a un talent et qui veut le développer doit être en mesure de le faire. C’est le principe de la juste égalité des chances (equality of fair opportunity). Dans son maître livre Théorie de la justice, John Rawls écrit qu’« une juste égalité des chances […] signifie que le gouvernement […] essaie de procurer des chances égales d’éducation et de culture à ceux qui ont des dons et des motivations semblables, soit en subventionnant des écoles privées, soit en créant un système scolaire public ». Il faut préciser que, selon Rawls, le système d’éducation incarne le principe d’égalité des chances. La pointe de l’iceberg Ce débat sur l’accessibilité n’est pourtant que la pointe de l’iceberg. Un rouage de l’économie du savoir 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

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