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Le lavage de cerveaux en liberté, par Noam Chomsky

Le lavage de cerveaux en liberté, par Noam Chomsky
Commençons par la question des médias. En France, en mai 2005, lors du référendum sur le traité de Constitution européenne, la plupart des organes de presse étaient partisans du « oui », et cependant 55 % des Français ont voté « non ». La puissance de manipulation des médias ne semble donc pas absolue. Ce vote des citoyens représentait-il aussi un « non » aux médias ? Le travail sur la manipulation médiatique ou la fabrique du consentement fait par Edward Herman et moi n’aborde pas la question des effets des médias sur le public (1). C’est un sujet compliqué, mais les quelques recherches en profondeur menées sur ce thème suggèrent que, en réalité, l’influence des médias est plus importante sur la fraction de la population la plus éduquée. Prenons, par exemple, l’éventualité d’une guerre contre l’Iran : 75 % des Américains estiment que les Etats-Unis devraient mettre un terme à leurs menaces militaires et privilégier la recherche d’un accord par voie diplomatique. Est-ce les soviets ?

« Bienvenue chez les puissants » : C’est Le Monde qui se charge de l’accueil Pendant le mois d’août, donc, Le Monde a publié une série d’articles intitulée « Lieux de pouvoir, Bienvenue chez les puissants ». Les lieux investis étaient le premier vol CityJet du lundi matin entre Paris et Londres, l’hôpital militaire des Armées du Val de Grâce, une fête luxueuse entre riches vignerons du bordelais, le club le Siècle, le cabinet d’une acupunctrice couru par le Tout-Paris, l’aéroport du Bourget et ses jets privés à l’heure de pointe des départs en week-ends, le dernier étage du siège de TF1, le golf de Spérone en Corse, haut lieu de villégiature chic, et, enfin, une réunion de l’EBG 500, sorte de Rotary pour affairistes de la net économie [1]. Le titre (trompeur) de la série - « Lieux de pouvoir » - pourrait laisser penser qu’elle propose une enquête qui investit les endroits propices à l’exercice effectif du pouvoir et tente d’expliquer la convergence concrète entre le lieu cité et l’expression d’une puissance économique, politique ou médiatique. Mathias Roux

Médias en crise, par Ignacio Ramonet Rien ne symbolise mieux le désarroi de la presse en France, confrontée à une baisse alarmante de sa diffusion, que la récente disposition du quotidien Libération, jadis maoïste, à favoriser la prise de contrôle de 37 % de son capital par le banquier Edouard de Rothschild... Il y a peu, le groupe Socpresse, qui édite quelque 70 titres dont Le Figaro, L’Express, L’Expansion et des dizaines de journaux régionaux, a lui-même été acquis par un fabricant d’armes, M. Serge Dassault. Et l’on sait qu’un autre industriel de l’armement, M. Arnaud Lagardère, possède déjà le groupe Hachette (1), qui détient quelque 47 magazines (dont Elle, Parents, Première) et des quotidiens comme La Provence, Nice-Matin ou Corse-Presse. Le principal groupe indépendant de presse écrite, La Vie-Le Monde, a lui-même connu récemment d’importants soubresauts, et en particulier la démission du directeur de la rédaction du Monde. La chute touche désormais la presse de référence. Ici et là, des titres disparaissent.

Scanner les cerveaux pour mieux vendre, par Marie Bénilde En octobre 1919, la légende raconte que Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, aurait rendu visite au physiologiste Ivan Pavlov pour savoir en quoi ses travaux sur les réflexes conditionnés pouvaient contribuer à la conception de l’« homme nouveau » que les bolcheviks s’employaient alors à façonner. Le savant aurait pu servir la propagande du régime en associant, par voie de stimuli extérieurs, des pulsions instinctives à des automatismes de transformation collective. Pavlov ne fut en réalité d’aucun secours aux bolcheviks, mais cette anecdote, vraie ou fausse, illustre un fantasme qui a habité le XXe siècle : celui d’une prise de possession des esprits par la manipulation de l’inconscient. Les sociétés démocratiques ont banni de leur langue commune ce mot de « propagande », assigné aux seuls régimes totalitaires. Taille de l’article complet : 2 338 mots. Vous êtes abonné(e) ? Connectez-vous pour accéder en ligne aux articles du journal. Vous n'êtes pas abonné(e) ? Accès sans abonnement

Les dix stratégies de manipulation de masses Les dix stratégies de manipulation de masses PRESSENZA Boston, 21/09/10 Noam Chomsky Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l’éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu’à maintenir le public dans l’ignorance et la médiocrité. 1/ La stratégie de la distraction Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. 2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». 3/ La stratégie de la dégradation Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. J'aime :

Le groupe News Corp. (Rupert Murdoch) : évolution depuis 2004 En novembre 2007, le magazine Forbes a publié la liste des 25 hommes d’affaires les plus puissants de la planète : Rupert Murdoch est classé en deuxième position. Pas d’inquiétude donc pour notre nouveau « Citizen Kane » qui se définit lui-même comme « un tyran milliardaire » [1]. Son groupe reste un géant mondial des médias, le 3ème après Time Warner et Disney, il est évalué à plus de 70 milliards de dollars (48 milliards d’euros) ; son chiffre d’affaires est de 23,8 milliards de dollars dont 22,4% proviennent de la télévision (câble 11,3%, satellite 9,7%), magazines 4,5%, journaux 17%, édition 5,5%, My Space et Scout.com 4,7%, films 24,9%. Bénéfices : 3,4 milliards de dollars [2]. L’empire en 2002 était déjà florissant, comme on peut le vérifier en lisant ici même « Le Groupe News Corp. en 2002 ». On peut reconnaître cette qualité à Murdoch : il a du flair et une capacité certaine à repérer les affaires juteuses. 2005. 2007. 2007. Dans la famille Murdoch, demandez le fils !

Vivre en troupeau en se pensant libres, par Dany-Robert Dufour L’individualisme n’est pas la maladie de notre époque, c’est l’égoïsme, ce self love, cher à Adam Smith, chanté par toute la pensée libérale. L’époque est à la promotion de l’égoïsme, la production d’ego d’autant plus aveugles ou aveuglés qu’ils ne s’aperçoivent pas combien ils peuvent être enrôlés dans des ensembles massifiés. Et c’est bien d’ego qu’il s’agit, puisque les gens se croient égaux alors qu’en réalité ils sont passés sous le contrôle de ce qu’il faut bien appeler le « troupeau ». Celui des consommateurs, en l’occurrence. Vivre en troupeau en affectant d’être libre ne témoigne de rien d’autre que d’un rapport à soi catastrophiquement aliéné, dans la mesure où cela suppose d’avoir érigé en règle de vie un rapport mensonger à soi-même. Mais quelle est la nécessité de ce mensonge ? Notre société est en train d’inventer un nouveau type d’agrégat social mettant en jeu une étrange combinaison d’égoïsme et de grégarité que j’épinglerai du nom d’« égo-grégaire ».

Médias français, une affaire de familles, par Marie Bénilde En 1936, le Front Populaire a libéré la Banque de France de la tutelle des 200 familles qui dominaient son assemblée générale. Une sorte de démocratie capitalistique fut instaurée en donnant le droit de vote aux 40 000 porteurs d’actions que comptait alors la France. Soixante-sept ans plus tard, faut-il espérer un nouveau Front populaire pour affranchir l’économie française de l’emprise de fortunes familiales singulièrement présentes dans les médias ? De fait, loin du nouvel âge du capitalisme qu’était censée produire la mondialisation des marchés financiers, ce début de XXIe siècle est marqué par la perpétuation de positions patrimoniales bien assises dans la presse, la télévision ou la radio. L’économie française se caractérise par l’importance de son capitalisme familial. La plupart de ces grands noms, qui ont recours à la Bourse pour valoriser (...) Taille de l’article complet : 2 304 mots. Vous êtes abonné(e) ? Connectez-vous pour accéder en ligne aux articles du journal.

Face à l'ordre médiatique, par Henri Maler La contestation de l’ordre médiatique gagne un nombre croissant de pays. Elle prend pour cibles la concentration des médias, la prostitution de l’information et de la culture aux marchés financiers. En France même, depuis plusieurs années, les réunions publiques se multiplient. Simultanément, les actions contre la pollution publicitaire de l’espace public mettent en question l’emprise des annonceurs sur l’espace médiatique (lire L’« antipub », un marché porteur). De cette contestation multiforme, les médias dominants préfèrent ne rien savoir. Et force est de constater qu’ils bénéficient de silences complaisants. Taille de l’article complet : 1 176 mots. Vous êtes abonné(e) ? Connectez-vous pour accéder en ligne aux articles du journal. Vous n'êtes pas abonné(e) ? Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout le site. Accès sans abonnement

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