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La fabrique des débats publics, par Pierre Bourdieu

La fabrique des débats publics, par Pierre Bourdieu
Un homme officiel est un ventriloque qui parle au nom de l’Etat : il prend une posture officielle — il faudrait décrire la mise en scène de l’officiel —, il parle en faveur et à la place du groupe auquel il s’adresse, il parle pour et à la place de tous, il parle en tant que représentant de l’universel. On en vient ici à la notion moderne d’opinion publique. Qu’est-ce que cette opinion publique qu’invoquent les créateurs de droit des sociétés modernes, des sociétés dans lesquelles le droit existe ? La logique des commissions officielles est de créer un groupe ainsi constitué qu’il donne tous les signes extérieurs, socialement reconnus et reconnaissables, de la capacité d’exprimer l’opinion digne d’être exprimée, et dans les formes conformes. Le groupe dominant coopte des membres sur des indices minimes de comportement qui sont l’art de respecter la règle du jeu jusque dans les transgressions réglées de la règle du jeu : la bienséance, le maintien.

La fabrique de l’âme standard, par Eva Illouz «Un réveil sonne. Dans son appartement de New York, Michael Galpert, 28 ans, entrepreneur du Net, saute de son lit. Il retire le bandeau qui enregistre, pendant la nuit, ses ondes cérébrales et étudie la courbe des phases de son sommeil. La pensée prémoderne avait une autre conception de l’humain : elle postulait souvent l’existence de l’âme, « supérieure » au corps, insondable, éternelle, liée au divin ; ce qui sera exprimé avec une grande force par le christianisme. Ce glissement des passions de l’âme aux émotions définies comme une série d’éléments (...) Taille de l’article complet : 1 854 mots. Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises, accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours. (1) April Dembosky, « Invasion of the body hackers », Financial Times, Londres, 10 juin 2011. (3) Philip Roth, Indignation, Gallimard, Paris, 2010. (5) Annie Murphy Paul, The Cult of Personality, Free Press, New York, 2004.

La vérité sur la photo présumée truquée du présumé assassin de JFK Le laboratoire spécialisé en criminologie de l'université de Darmouth, aux Etats-Unis, vient de le prouver. Contrairement à ce qu'affirmait Lee Harvey Oswald, le cliché qui avait fait la Une de “Life Magazine” n'est pas un montage. L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963, à Dallas, n’en finit pas de hanter les Etats-Unis. C’est un faux, continuent de clamer ses défenseurs. Lui et son équipe ont démonté point par point les éléments considérés comme litigieux depuis un demi-siècle en reconstituant l’image en 3D. Restait l’épineux problème de la taille : les dénonciateurs d’un complot contre le bouc émissaire Oswald n’avaient-ils pas levé un sacré lièvre en affirmant que la longueur du fusil était trop grande par rapport à la stature d’Oswald ?

Quand les mots valent de l’or, par Frédéric Kaplan Le succès de Google tient en deux algorithmes : l’un, qui permet de trouver des pages répondant à certains mots, l’a rendu populaire ; l’autre, qui affecte à ces mots une valeur marchande, l’a rendu riche. La première de ces méthodes de calcul, élaborée par MM. Larry Page et Sergey Brin alors qu’ils étaient encore étudiants en thèse à l’université Stanford (Californie), consistait en une nouvelle définition de la pertinence d’une page Web en réponse à une requête donnée. En 1998, les moteurs de recherche étaient certes déjà capables de répertorier les pages contenant le ou les mots demandés. Mais le classement se faisait souvent de façon naïve, en comptabilisant le nombre d’occurrences de l’expression cherchée. Alors que bien des observateurs se demandaient comment la société californienne allait pouvoir monétiser ses services, c’est l’invention d’un second algorithme qui a fait d’elle l’une des entreprises les plus riches du monde. — L’enchère sur un mot-clé. — Le calcul du rang.

Pierre Larrouturou : "Pourquoi je porte plainte contre le pouvoir" Pour protester contre l'inaction contre le chômage de masse, Pierre Larrouturou, fondateur de Nouvelle Donne et conseiller régional d'Ile-de-France (membre du groupe socialiste), a décidé de porter plainte, jeudi, pour "non assistance à personnes en danger". La plainte vise dix personnalités au pouvoir : des conseillers de François Hollande, des ministres ou des leaders parlementaires. Un "coup" qui, espère-t-il réveillera le débat sur les responsabilités des gouvernants, qu'il accuse d'être restés inertes face à la crise sociale. Cette plainte, c’est un beau coup de com pour votre livre, "Non assistance à peuple en danger", mais avez-vous conscience que ses chances d’être jugée recevable sont quasi-nulles ? - C’est faux : le sens de l’Histoire est en train de tourner. L’Etat Français a été condamné par la justice pour discrimination (dans les contrôle de police…) ; aux Pays-Bas comme au Pakistan, les gouvernements ont été condamnés pour leur inaction concernant l’environnement…

Mesurer le bonheur ?, par Olivier Zajec En février 2008, la mise en place, à la demande du gouvernement français, de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social (CMPEPS), dite commission Stiglitz, a donné lieu à de nombreuses réactions. Au cœur du projet, une préoccupation partagée par tous les tenants d’un abandon de la religion de la croissance : comment déterminer les limites du produit intérieur brut (PIB) comme indicateur des performances économiques et du progrès social ? Parallèlement, des réseaux de la société civile créent, avec le même objectif, le Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR). Il y a longtemps que la pertinence du PIB en tant qu’indicateur hégémonique est remise en question par les économistes. Est particulièrement visée, dans ce « supplément de richesse » annuel produit et évalué de façon marchande et monétaire — qui fait donc le bilan de la valeur ajoutée produite par une économie —, son incapacité à prendre en compte l’inestimable des vies humaines.

Le complotisme est congénital au fanatisme | Gérard Haddad Le complotisme me semble congénital au fanatisme. Il voit le jour dans l'Empire romain au moment où apparaît la première forme de nationalisme. C'est parce qu'ils complotaient contre Rome, avec le projet de détruire l'empire, qu'il fallut persécuter les chrétiens. Avec l'universalisme chrétien, puis musulman, les juifs devinrent, et restent, la cible idéale des théories complotistes. Au début de l'ère moderne, ce fut la publication en Russie des Protocoles des Sages de Sion, selon lesquels les juifs fomentaient un complot universel pour la domination du monde. Le monde juif, et en particulier l'État d'Israël, a retourné cette théorie du complot pour en devenir la victime. Elles ne sont pas l'apanage du fanatisme religieux ou racial. Réduire l'Histoire à une série de complots est certainement une idée fascinante, voire exaltante. On doit là encore à Karl Popper, conscient de la gravité de cette vision complotiste, les critiques les plus aiguës. Close MusiquePlus 1.

Citations (Dossier « peut-on changer le monde ? ») Eléments de style Vertu « Un homme révolutionnaire est inflexible, mais il est sensé, il est frugal ; il est simple sans afficher le luxe de la fausse modestie ; il est l’irréconciliable ennemi de tout mensonge, de toute indulgence, de toute affectation. Comme son but est de voir triompher la révolution, il ne la censure jamais, mais il condamne ses ennemis sans l’envelopper avec eux ; il ne l’outrage point, mais il l’éclaire ; et, jaloux de sa pureté, il s’observe quand il en parle, par respect pour elle ; il prétend moins être l’égal de l’autorité qui est la loi, que l’égal des hommes, et surtout des malheureux. (…) Un homme révolutionnaire est un héros de bon sens et de probité. » Saint-Just au Comité de salut public, 15 avril 1794. Commun « Luiz Inácio da Silva,Ex-cireur de chaussures, ex-teinturier, ex-ouvrier tourneur, ex-syndicaliste.Un Brésilien comme vous. » Slogan de campagne de M. Rupture Marta Harnecker, Amérique latine. Vu de droite « Modernisation » ? « Nous avons changé.

L'ENA est-elle une école dangereuse ? Zéro réflexion critique, déconnexion de la réalité, frilosité... L'élite des fonctionnaires français ferait indirectement le jeu du FN. Un réquisitoire féroce que formule Adeline Baldacchino, une ex-élève auteure de l'essai “La Ferme des énarques”. Existe-t-il un lien entre la montée du Front national, les défaillances de l'Etat et la formation des hauts fonctionnaires assurée par l'ENA ? C'est la responsabilité du système politique, et plus particulièrement de sa couche administrative intermédiaire, l'Ecole nationale d'administration, dans la montée du vote FN qui a déclenché l'écriture de ce livre, dites-vous... Oui, car il faut prendre la montée du Front national au sérieux. « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » : cette maxime des trois singes, pour désigner les énarques, est sévère... Bien que rarement reprise publiquement, cette stratégie de l'évitement est partagée par beaucoup d'anciens élèves de l'ENA et par la sociologie politique depuis quarante ans. Que faire alors ?

Eloge du flou, par Gérard Mordillat Ce qui, dans le cinéma, dit le cinéma, c’est ce qui échappe à la dramaturgie, à la machinerie ; c’est l’imprévu, le vague, le flou. C’est ce que le cinéaste ne cherche pas à montrer ; ce qui déserte le cadre, le dépasse, le déborde. C’est le territoire inexploré de l’image, ce qu’elle saisit par inadvertance. Ce qui n’est ni au premier ni au deuxième plan, mais au loin : les fonds, les ciels, la figuration involontaire, la nature, le vide. Cette matière noire, impalpable, qui protège la part maudite des films, leur chair profonde, leur épaisseur. Pourtant, le flou demeure un des tabous les plus puissants du cinéma. Concrètement, c’est l’exemple même de la faute professionnelle grave. Malgré cela, devant une image floue de ma fille, je suis ému. Il existe un portrait médiocre d’Arthur Rimbaud, en Abyssinie, à Harar, en 1883. Taille de l’article complet : 1 784 mots. Vous êtes abonné(e) ? Connectez-vous pour accéder en ligne aux articles du journal. Vous n'êtes pas abonné(e) ?

[Tribune] « Lamentable » foire Saint-Romain, à Rouen. Marcel Campion règle ses comptes Après l’annulation de la foire Saint-Romain, à Rouen (Seine-Maritime), Marcel Campion règle ses comptes, dans une longue tribune, diffusée vendredi 30 octobre 2015. La voici, elle est sévère : « Je suis stupéfait du comportement des soi-disant responsables forains et de la triste fin, lamentable, de l’édition 2015 de cette foire Saint-Romain et de l’ensemble forain de Rouen. Il y a quelques temps, quelques responsables forains de diverses organisations foraines m’ont contacté pour les aider et trouver un chemin de défense dans cette affaire (tout en me cachant certaines vraies raisons). Je n’étais redevable de rien envers les forains de Rouen et a priori, je n’étais pas très chaud… (…) Il y a quatre ans, déjà, devant le danger de la fin de cette foire, nous avions négocié seuls – mon frère André et moi – la position des forains sur cette foire, avec Madame Fourneyron, maire de Rouen, avec succès. La foire s’était maintenue sur son lieu.

Dette publique, la conjuration des bonnes idées, par Laurent Cordonnier En s’accordant, lors du sommet européen du 9 décembre 2011, sur un nouveau pacte budgétaire intergouvernemental, les chefs d’Etat européens ne se sont pas seulement entendus sur une condamnation des peuples de l’Union aux fers et aux chaînes de la rigueur perpétuelle, ils ont aussi pactisé sur le renoncement à deux idées qui faisaient leur chemin : faire payer les banques, comme l’avait défendu l’Allemagne pour traiter du cas de la Grèce, et encourager la Banque centrale européenne (BCE) à racheter les titres de dette des pays attaqués, comme le souhaitait la France. Donnant-donnant : il fut convenu de ne plus embêter son voisin avec une idée qui le dérangeait. Sans doute aussi qu’en fermant à clé les issues de secours, les uns et les autres pensaient apaiser les flammes de l’incendie. Le plus étonnant est plutôt le refus obstiné d’envisager un rachat substantiel des titres de dettes publiques par la BCE. Dire que la BCE peut faire cela, c’est même oublier qu’elle l’a déjà fait.

Quand Christiane Taubira explose le sénateur Fn Rachline - Le KaC Vidéo de l'intervention au Sénat. En clôture de ces QAG, le sénateur FN s'est ainsi adressé à la ministre de la Justice. Le thème du jour est assez peu surprenant, l'élu frontiste fustigeant la politique pénale du gouvernement, accusant la garde des Sceaux de laxisme et d'avoir "donné un très fort sentiment d'impunité aux voyous de toutes sortes". La réponse de l'intéressée est *un peu* moins attendue car, après avoir moqué les "inexactitudes délibérées" de David Rachline et ses "raccourcis tels qu'ils font florès d'ailleurs sur les réseaux sociaux", elle a ajouté : «On me dit par ailleurs que votre page Facebook héberge avec grande complaisance des propos qui mériteraient un traitement pénal. Mais cela n'a rien de surprenant, cela n'a rien de surprenant !» La ministre fait ici référence aux commentaires d'internautes publiés en réponse aux publications du sénateur FN. Visiblement, les équipes de David Rachline n'ont pas vraiment fait le ménage...

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