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Mixité, contrôle social et gentrification

Mixité, contrôle social et gentrification
« Travestir la gentrification en “ mixité sociale ” est un très bon exemple de la manière dont la réalité du processus s’est effacée au profit d’une rhétorique discursive, théorique et politique qui évince systématiquement toute forme de critique et de résistance [1] » : voici les termes employés par le géographe britannique Tom Slater pour évoquer comment le succès politique et médiatique du mot d’ordre de la mixité sociale contribue à détourner les chercheurs en sciences sociales de l’étude des effets sociaux de la gentrification, notamment des mécanismes d’éviction des populations les plus fragilisées. Rares seraient ainsi ceux qui ambitionnent de dénoncer la dissimulation de politiques de gentrification dans la mise en œuvre de mesures visant à créer les conditions de maintien, d’installation ou de fréquentation des classes moyennes et supérieures dans des quartiers populaires diagnostiqués « en crise ». Remettre les quartiers populaires centraux aux normes des classes moyennes Related:  Concepts et idées

Ceci est leur corps Livre recensé : Dominique Memmi, La revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l’identité, Paris, Le Seuil, 2014. 288 p., 22 €. Que disent les corps de notre temps ? Avec La revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l’identité, Dominique Memmi prolonge la réflexion ambitieuse qu’elle conduit depuis de nombreuses années sur « le corps, en entier ou en morceaux » (p. 8). Un travail d’incarnation À la différence de nombreux travaux sur l’identité – notion aux contours floues et d’usage délicat en sciences sociales – l’ouvrage se concentre « moins sur ceux qui sont porteurs de ces identités (c’est-à-dire virtuellement sur chacun d’entre nous) que sur ceux qui se livrent à cette identification par l’incarnation » (p. 15). D. Ces propos auraient pu faire l’objet d’une analyse en soi, afin d’étudier l’émergence des formes contemporaines d’expression du chagrin ou les interventions professionnelles qui rendent la prise en charge psychologique nécessaire.

Clichés : Paris et ses arrondissements ! Clichés, le retour ! Et si on continuait de démanteler la capitale en suivant tous les ragots ? Car après tout, ceux qui parlent le mieux plus de Paris… Ce sont ceux qui n’y habitent pas ! Alors, Monsieur, Madame, partons à la découverte de ces clichés si chers au cœur des anti-Paris. 1er | Le quartier chic Bienvenue dans le 1er arrondissement ! 2eme | Entre Réaumur et Saint-Denis… Qui n’a jamais entendu parler des filles de joie de la rue Saint-Denis ? 3eme et 4eme | Le Marais et ses clichés Alors, je vous dis Marais, vous me répondez quoi ? 5eme | Les lieux des études Le 5eme réunit la fameuse Sorbonne, éclatée depuis en trois branches: Paris 1, Paris 3 et Paris 4. 6eme | L’arrondissement le plus cher de Paris Qui ne s’est jamais baladé dans le 6eme en rêvant de pouvoir y habiter ? 7eme | Le coin le plus mort de Paris Êtes-vous déjà allé dans le 7eme ? 8eme | Le rendez-vous des banlieusards Le 8ème est surtout connu pour l’avenue des Champs-Elysées principalement. 9eme | Pigalle et ses bars

La ville vécue Recensé : Michel Agier, Anthropologie de la ville, Paris, Puf, 2015, 248 p., 19€. Alors que les formes urbaines ne cessent de se transformer, de se défaire et de se créer, à l’instar des campements et favelas installés aux limites des métropoles ou des camps de réfugiés gérés par des organisations internationales, Michel Agier propose dans son livre Anthropologie de la ville une réflexion sur ce qui « fait ville », réflexion menée partir de ces espaces « à la marge » des villes. Des espaces qu’il connaît bien pour les observer depuis plusieurs décennies en Afrique, en Amérique Latine, en Europe et au Moyen-Orient. De l’anthropologie de la ville à l’anthropologie des « sujets en ville » Le livre est organisé en trois temps. Dans la deuxième partie, « La ville à l’œuvre », l’auteur revient sur le projet au cœur de ses recherches. Dans la dernière partie, « La ville en mouvement », Michel Agier s’attache à considérer la ville « comme dispositif culturel » (p. 159).

Paris s’embourgeoise-t-elle à outrance Ce refus d’accueillir de nouveau un événement pourtant très attractif, mais dont les produits artisanaux ne sont pas à la hauteur du prestige des Champs ne serait-il pas un indice supplémentaire de la gentrification progressive de Paris ? Le phénomène, déjà décrit de manière plus locale dans certains arrondissements de la capitale, ne serait-il pas aujourd’hui en train de s’étendre de manière plus importante à l’échelle de la ville entière ? Comment cela pourrait-il se traduire dans l’usage des espaces urbains, et quelles en seraient les conséquences ? Mais au fait, c’est quoi la gentrification ? La gentrification est un phénomène qui se caractérise par une évolution sociale des habitants des quartiers populaires. Caricaturalement, ces jeunes créatifs sont aujourd’hui ce que l’on appelle les « hipsters ». Quand la « brooklynisation » se répercute à Paris Aujourd’hui, l’étude de ces classes sociales démontre une véritable expansion de la gentrification vers le quart Nord-Est de Paris.

La communauté, cette vieille lune Recensé : Daniel Immerwahr, Thinking Small : The United States and the Lure of Community Development, Cambridge, Harvard University Press, 2015, 272 p. €31.50. Le philosophe gallois Raymond Williams notait dans son petit dictionnaire raisonné des concepts modernes, Keywords, que le concept de community était presque unique en anglais à avoir une dimension consensuelle bien qu’ambiguë : Community can be the warmly persuasive word to describe an existing set of relationships, or the warmly persuasive word to describe an alternative set of relationships. What is most important, perhaps, is that unlike all other terms of social organization (state, nation, society, etc.) it seems never to be used unfavourably’ – community peut décrire chaleureusement un réseau de relations existantes ou être un terme persuasif pour décrire son alternative. L’échelle humaine Le boomerang du développement communautaire La communauté des pauvres

Les dynamiques spatiales de la gentrification à Paris 1La notion de gentrification présente l’intérêt de mettre l’accent à la fois sur la dynamique des divisions sociales de l’espace et sur la complexité de leur agencement, entre changement social et changement urbain. Elle désigne une forme particulière d’embourgeoisement des quartiers populaires qui passe par la transformation de l’habitat, voire de l’espace public et des commerces. Analysée dès les années 1970 en Angleterre et en Amérique du Nord, cette notion a donné lieu à une abondante littérature internationale et commence à être étudiée en France (Bidou-Zachariasen, 2003 ; Fijalkow et Préteceille, 2006 ; Authier et Bidou-Zachariasen, 2008). Processus de conquête des quartiers populaires par les classes moyennes et supérieures, la gentrification peut être vue comme l’adaptation de l’espace urbain ancien à l’état actuel des rapports sociaux. Issu de facteurs structurels, ce processus n’en est pas moins conflictuel et suppose l’action volontaire d’acteurs variés (Clerval, 2008).

La sociologie sans excuses Recensé : Bernard Lahire, Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue « culture de l’excuse », Paris, La Découverte, 2016. 182 p., 13,50 €. En finir avec les raisonnements viciés, trompeurs voire tout simplement stupides de l’anti-sociologie ordinaire, voilà un programme qui est à la fois nécessaire et infaisable. Mais, quand bien même cette lutte est sisyphéenne, rien n’interdit de gravir encore la montagne des préjugés. En finir (encore) avec l’« ère des généralités » À l’origine de Pour la sociologie, une exaspération, une indignation : la prolifération de discours hâbleurs et demi-habiles sur le « sociologisme », et plus simplement une haine de la sociologie. B. Faut-il accorder du temps à ce livre d’idéologue conçu à la va-vite ? Le livre paraît en ce début d’année 2016. Conditions d’émergence d’une accusation Dans les premiers chapitres, B. « Vous ne m’enlèverez pas ma liberté de penser », qu’ils disent La partie est loin d’être gagnée. Mais voilà, dans la conclusion, B.

Cette « gentrification » qui chasse les classes populaires de Paris La maire de Paris Anne Hidalgo est fréquemment accusée de poursuivre l’œuvre entreprise par Bertrand Delanoë, à savoir « chasser les classes populaires parisiennes vers les communes de banlieue ». Et le fait est que ces deux-là n’en ont pas fait suffisamment pour freiner l’exode des plus modestes vers la périphérie. Anne Hidalgo et son prédécesseur ne sont pourtant pas responsables du processsus de « gentrification » de Paris... Carte réalisée par Anne Clerval Accuser les maires de « provoquer le départ des habitants des quartiers populaires » dans les villes dont ils ont la charge pour faciliter l’implantation des classes aisées – et notamment de ceux que l’on nomme les « bobos » – est un classique du web et des réseaux sociaux qui dépasse très largement nos frontières. Les principales causes de la gentrification (qu’en bon français l’on devrait plutôt qualifier d’« embourgeoisement ») sont effectivement à chercher ailleurs que dans la volonté des élus. L’émergence des « bobos »

L’argent et la valeur Viviana Zelizer Dans l’ouvrage The Social Meaning of Money, paru en anglais en 1994, Viviana Zelizer a proposé une analyse séminale des caractéristiques sociales et morales de l’argent. Aux États-Unis, les travaux de Zelizer ont largement contribué au renouveau de la sociologie économique. Une nouvelle génération de chercheurs inspirés par Zelizer a redéfini les frontières du champ disciplinaire, incluant dans l’analyse des sujets qui jusque-là n’étaient pas considérés comme faisant partie de la vie économique « sérieuse » (et largement masculine). Au-delà des entreprises, des réseaux et des marchés, l’attention s’est déplacée vers la production économique des ménages, les échanges monétaires au quotidien, l’économie des organes humains, le travail de soin, ou encore l’art. L’influence de Zelizer dépasse largement le contexte nord-américain. Ce dossier de La vie des idées présente un tour d’horizon des questions et débats qui ont structuré le colloque. Pour citer cet article : Nota bene :

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