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Couvrez ce voile que je ne saurais voir

Couvrez ce voile que je ne saurais voir
Merci à Mouise Bourgeois qui m'a inspiré ce billet.

« Oui mais quand même, la religion, c’est mal » Relayer l’information de la énième agression d’une femme voilée, ou les propos haineux tenus sur l’islam par la représentante d’une organisation pseudo-féministe, revient immanquablement à emboucher l’appeau à trolls religiophobes. Que des femmes soient insultées et tabassées, que le féminisme serve de leurre pour répandre et banaliser le racisme le plus crasse, tout cela, le/la religiophobe s’en moque : dans un pays où médias et politiques, de façon plus ou moins insidieuse, désignent à longueur de temps les musulmans comme la cause de tous les maux de la société, son seul sujet d’anxiété est que son droit à « critiquer la religion » soit garanti. Pour l’exprimer, il usera de subtiles gradations dans la virulence, de la simple protestation à l’éructation scatologique probablement censée traduire la hauteur à laquelle il plane dans l’éther philosophique inaccessible aux benêts qui voient du racisme partout : « Moi, je chie sur toutes les religions. » Bon, d’accord. Parlons-en, alors.

Les filles voilées parlent, d'Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian « Les filles voilées parlent » ? On en voit d’ici qui, au seul énoncé de ce titre, brandissent le crucifix et agitent la gousse d’ail. Autant dire « Belzébuth parle », ou « l’Etrangleur du Yorkshire parle » ! Au cours des mois qui ont précédé le vote de la loi du 15 mars 2004 interdisant le voile à l’école (hypocritement baptisée « loi sur la laïcité à l’école »), l’hystérie médiatique autour de cette question a persuadé la population entière que ces jeunes filles qui choisissaient de ne pas montrer leurs cheveux ou leurs oreilles, sorte de démons femelles, étaient la source de tous ses maux, et constituaient le principal problème auquel le pays était confronté - « c’est à cause de vous que tout va mal en France » revient souvent parmi les invectives qu’elles rapportent. A quoi bon discuter avec elles, en effet, puisqu’elles sont « aliénées », « conditionnées », « manipulées » par les intégristes ? « Retourne à Téhéran ! Le fantasme de la « colonisation à rebours » Mona Chollet

De l’usage de la colère : la réponse des femmes au racisme Le racisme. Croyance en la supériorité intrinsèque d’une race sur toutes les autres, et ainsi en son droit à dominer, manifeste et implicite.Les femmes répondent au racisme. Ma réponse au racisme est la colère. La réponse des femmes au racisme signifie qu’elles répondent à la colère ; colère de l’exclusion, des privilèges immuables, des préjugés raciaux, du silence, des mauvais traitements, des stéréotypes, des réactions défensives, des injures, de la trahison, et de la récupération. Ma colère est une réponse aux attitudes racistes, aux actes et aux présomptions engendrés par de telles attitudes. Comme je ne veux pas que ceci devienne une discussion théorique, je vais illustrer ces points en donnant quelques exemples d’échanges entre femmes. Par exemple : Le programme des études femmes d’une université du Sud invite une femme Noire à intervenir après une conférence d’une semaine sur le thème des femmes Noires et des femmes blanches. La colère est chargée d’informations et d’énergie.

Antisexisme ou antiracisme ? Un faux dilemme [13] Bibliographie. Textes cites dans cet article Ahmed, Leila (1992). Women and Gender in Islam : Historical Roots of a Modern Debate. Yale : Yale University Press. Becker, Howard S. (1985). Brion, Fabienne (2005). « L’inscription du débat français en Belgique : pudeurs laïques et monnaie de singe », in Lorcerie (dir.). 2005. Bouamama, Saïd (2004a). Bouamama, Saïd (2004b). « L’ethnicisation des jeunes issus de l’immigration : persistance d’un imaginaire colonial », Zaama, Actes du colloque « Modes d’émigration et mondes de l’immigration, hommage à Abdelmalek Sayad ». Badinter, Elisabeth (2003). « La victimisation est aujourd’hui un outil politique et idéologique ». Bellil, Samira (2002). Delphy, Christine (2004a). « Une affaire française », In Nordmann 2004 : 64-72. Delphy, Christine (2004b). « Retrouver l’élan du féminisme », Monde Diplomatique, Mai. Delphy, Christine (2005). « Race, caste et genre en France ». Deltombe, Thomas ( 2005). Enquête ENVEFF, Maryse Jaspard et al. (2003).

Cette étrange obsession française pour le voile La crispation du gouvernement français sur « le voile » est sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux. Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. Une phrase du poète américain Walt Whitman résume à peu près la manière dont la diversité est conçue : « Je suis grand, je contiens des multitudes ». Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de problèmes de discrimination terribles et persistants basés sur les différences (raciales en particulier) aux États-Unis ; simplement ces différences sont reconnues comme partie intégrante de l’héritage national. Une « hystérie politique » Pour toutes ces raisons, l’obsession française du voile islamique nous semble correspondre à ce qu’Emmanuel Terray nommait en 2004 une « hystérie politique ».

« On s’est battues pour qu’elles l’enlèvent » – Lallab Pour revendiquer leur libération, les féministes soixante-huitardes ont cherché à définir LA liberté. À s’accorder sur une image commune à suivre, et créer un mouvement dont la puissance a pu faire exploser le cadre établi. Mais après tout, un corps libre, qu’est-ce que c’est ? À ceci, elles répondent : un corps de femme libre est un corps en action, et pas en réaction. Le fantasme du corps pur « Mon corps m’appartient. » Malgré l’indéniable nécessité d’une telle affirmation, elle peut, comme tant de textes fondateurs, être interprétée pour servir son paradoxe. Crédit photo : Publicité Princesse Tam-Tam (mai 2008) M’imaginer comme un être animé par ma seule volonté est tentant, mais c’est me conforter dans une sensation de toute-puissance et passer à côté des structures qui m'influencent. « Mon corps m’appartient » peut suggérer que la relation entretenue avec son propre corps est dénuée de l’histoire qui le forge. Crédit photo : Metropolis, Fritz Lang Et dis merci à la Blanche

"Ne nous libérez pas, on s'en charge" - Vers un féminisme post-colonial Vers un féminisme post-colonial. « Mon voile est éminemment féministe. » Nargesse « Etre afroféministe c'est dire que je n'ai pas à choisir entre mes différentes identités. » Amandine Conceptualisée en 1989 par l'universitaire féministe américaine Kimberlé Crenshaw, l'intersectionnalité étudie les formes de domination et de discrimination dans les liens qui se nouent entre elles. En France, aujourd'hui, cette question fait débat entre féministes universalistes et féministes post-coloniales. En effet, depuis quelques années, une forte communauté de jeunes féministes afrodescendantes, noires ou maghrébines, s'est constitué sur Tweeter et Facebook. Alors, faut-il repenser le « Nous », de « nous les femmes » ? -Amandine, Many et Sharone, afroféministes -Nargesse et Hawa, féministes musulmanes -Le collectif Féministes contre le cyberharcèlement (sur Twitter @VsCyberH) -Maboula Soumahoro,maître de conférence à l'université de Tours. Texte d'introduction : Audre LordeSister Outsider, 1984 Écouter

Eléments d'un futur « Livre noir » Les chiffres ne parlent pas toujours d’eux-mêmes. Ainsi, lorsque le bilan officiel de la loi anti-foulard est qu’elle a abouti à quarante cinq exclusions de filles musulmanes et trois exclusions de garçons sikhs, il est fréquent d’en conclure que tout va pour le mieux, que la loi a produit un effet dissuasif suffisant pour que le nombre de « problèmes » liés à son application apparaisse anecdotique, au regard du nombre d’élèves des lycées et collèges. On pourrait bien sûr contester ce triomphalisme par la simple observation que même une seule déscolarisation, qui priverait une seule adolescente ou un seul adolescent des bienfaits de l’école serait une déscolarisation de trop. Tel n’est pas ici notre souci : il est d’y regarder d’un peu plus prés. Il n’existe aucun moyen de déterminer combien de ces adolescentes qui auraient souhaité porter le foulard, ou qui le portent en dehors de l’école, ont choisi du fait de la loi de se présenter tête nue à la rentrée. Et les autres élèves ?

Kimberlé Crenshaw : « La lutte contre le racisme doit inclure le combat contre le sexisme » Entretien. Elle est la première à avoir employé le terme d’« intersectionnalité ». Dans un article universitaire publié en 1989, la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw inventait ce mot pour évoquer le sort des femmes noires, victimes de discriminations à la fois raciales et sexistes. Comment en êtes-vous venue à élaborer le concept d’intersectionnalité ? Je suis partie de l’histoire d’Emma DeGraffenreid. Ceux qui affirment que l’intersectionnalité est une politique fondée sur l’identité sont des hétérosexuels, souvent des hommes blancs Emma DeGraffenreid a malheureusement été déboutée au motif qu’elle ne pouvait pas plaider à la fois la discrimination raciale et sexiste : la loi ne prévoyait pas le cas des femmes noires, qui subissent plusieurs formes d’oppression. Y a-t-il une part de votre histoire personnelle derrière l’élaboration du concept ? Mes parents étaient professeurs et j’ai grandi dans un quartier blanc.

bell hooks, féministe visionnaire En hommage – ou plutôt femmage [1] – à bell hooks, nous proposons un portrait publié de son vivant dans la revue Axelle par la sociologue Nassira Hedjerassi, professeure en sciences de l’éducation, qui a notamment rédigé la préface de la traduction française de Théorie féministe. De la marge au centre, un essai de bell hooks consacré à l’analyse des mouvements féministes du vingtième siècle. Féministe afro-américaine, bell hooks a beaucoup réfléchi à la manière dont le racisme, le sexisme et d’autres oppressions s’articulent. Elle a également pensé la solidarité en s’appuyant sur ses propres expériences, sur celles de son entourage et sur l’histoire des femmes noires aux États-Unis. Pourquoi la pédagogie est-elle essentielle dans le parcours et les réflexions de bell hooks ? Pour bell hooks, la transformation de la société passe par un certain nombre de désapprentissages et d’apprentissages. Nous avons tous·tes à apprendre et à désapprendre ?

Black Feminism A lire sur TERRA, l’article introductif d’Elsa Dorlin "Introduction : Black feminism Revolution ! La Révolution du féminisme Noir ! ", pp. 9 à 45.Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur. Pour commander le livre, en version papier ou en version numérique téléchargeable sur le site de l’éditeur :CLIQUEZ ICI Pour imprimer un bon de commander à envoyer à l’éditeur : CLIQUEZ ICI « Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont hommes, mais nous sommes quelques unes à être courageuses ». Les textes présentés dans ce recueil du Black feminism – le premier en France – explorent sur une période de trente ans les thèmes de l’identité, de l’expérience singulière, de la sororité, de la sexualité, comme la place dans les institutions, les coalitions nécessaires et les alliances possibles, les formes culturelles de rébellion et de lutte, le passage de témoin entre générations. Pourquoi, en France, ex-puissance coloniale, l’équivalent d’un féminisme noir n’a-t-il pas existé ? [1] .

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