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La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

La bien triste Europe de monsieur Leparmentier
Il fut un temps béni où les grands écrivains français faisaient de leur philhellénisme une vertu et un courage. Il fut un temps où Chateaubriand pouvait s'enorgueillir de placer dans ses Mémoires d'Outre-Tombe cette réaction des Grecs à sa sortie du Ministère : « Leurs espérances les plus fondées étant dans la générosité de la France, ils se demandent avec inquiétude ce que présage l'éloignement d'un homme dont le caractère leur promettait un appui. » Les temps ont bien changé et, désormais, l'heure est davantage au mishellénisme d'un Pierre Loti qui n'avait à la fin de sa vie pas de mots assez durs pour la « Grécaille. » Aussi la grande presse ne se lasse-t-elle pas de nous décrire les Grecs comme seuls responsables de leurs malheurs actuels. Et pire, comme travestissant à dessein cette vérité éclatante pour faire payer aux autres leur propre gabegie. Le conte de fées balte Car à lire Arnaud Leparmentier, on a l'impression que les Baltes ont agi, tandis que les Grecs n'ont rien fait.

La BCE accorde un mois et demi de répit à la Grèce Selon le quotidien allemand Die Welt, la BCE accorderait un volant de 60 milliards d'euros aux banques grecques au titre du programme d'assistance à la liquidité d'urgence (ELA). Cette somme viendra en grande partie remplacer le mode de refinancement direct des banques grecques au guichet de la BCE. Rappelons que pour réaliser ces opérations normales, les banques doivent déposer des « garanties » ou « collatéraux » à Francfort. 56 milliards d'euros de refinancement en décembre Que représentent, en temps, ces 60 milliards d'euros pour les banques grecques ? Conjectures comptables A ces chiffres déjà conjecturaux (ils changent chaque mois de quelques milliards d'euros), s'ajoute l'incertitude de l'utilisation actuelle de l'ELA par les banques grecques. Moins de deux mois pour trouver une solution Chère ELA Dernier point : l'ELA n'est pas un don.

La longue histoire des obligations perpétuelles Si la proposition grecque de convertir une partie de la dette en obligations perpétuelles se concrétise, ce sera le grand retour d'un instrument financier jadis dominant et progressivement tombé en désuétude. Rappelons son fonctionnement très simple. L'investisseur verse un capital à un débiteur. Ce dernier n'a pas à rembourser ce capital, le prêt est perpétuel. En revanche, il doit verser chaque année un intérêt calculé sur le principal (devenu fictif). L'invention de la rente perpétuelle L'ancien régime avait largement recours à ce type d'emprunts, auquel il fallait cependant ajouter des rentes viagères (où les intérêts étaient versés à vie) et les emprunts à très court terme (la « dette flottante). Rapidement, les « rentes de l'hôtel de ville » devinrent un pilier du financement de la monarchie. « L'âge d'or de la rente » Le 19ème siècle est l'âge d'or de la « rente. » C'est le placement le plus recherchée par la bourgeoisie triomphante. Coûteuses La « conversion des dettes »

Ce que coûterait vraiment aux contribuables l'annulation de la dette grecque Des chiffres ont circulé : si les Grecs annulaient leur dette, il en coûterait 650 euros par contribuable français, ont avancé certains. D'autres medias ont avancé le chiffre de 731 euros. Des montants évidemment considérables, qui ont de quoi alimenter la grogne contre ces "Grecs irresponsables". Mais ces chiffres sont erronés. Cette idée que les ménages français devraient rembourser ces 40 milliards à la place de la Grèce repose sur une méconnaissance du circuit de financement de l'État. L'État a une durée de vie infinie Cette différence avec la situation d'un particulier, qui, lui, rembourse bien sûr les emprunts qu'il a contractés auprès de sa banque, s'explique simplement : l'État est réputé avoir une durée de vie infinie. L'État grec est dans une situation différente -il rembourse effectivement ses emprunts- car il n'a plus accès aux marchés financiers. Mais cela n'a rien à voir avec la situation française. Un manque à gagner de 10,50 euros par adulte

Alexis Tsipras se retrouve au pied du "mur de l'argent" Le 21 juillet 1926 au matin, le président du Conseil français Edouard Herriot, qui vient de former un gouvernement, reçoit une lettre d'Emile Moreau, gouverneur de la Banque de France qui est alors une institution privée et indépendante. Cette lettre enjoint au président du conseil de réclamer un vote explicite du parlement pour augmenter le plafond des avances accordées par la Banque au gouvernement. Faute de quoi, la Banque cessera immédiatement ses paiements pour le compte du Trésor. La France sera alors immédiatement en faillite. Aussitôt connue, cette lettre provoque un vent de panique chez les épargnants qui, craignant un impôt forcé sur les dépôts, se ruent aux guichets. Le franc s'effondre, il faut 235 francs pour une livre sterling (contre 25 avant la guerre et 179 un mois avant). Un souvenir de 1926... On ignore si Mario Draghi connaît cet épisode de l'histoire de France qui a donné naissance à une expression, le "mur de l'argent". La BCE, acteur politique Un jeu de bluff

Grèce : le coup de force de la BCE La BCE met la pression sur la Grèce. Ce mercredi soir, l'institution de Francfort a levé l'éligibilité des obligations d'Etat grecques comme collatéraux pour les opérations normales de refinancement dans la zone euro. Ceci signifie que, pour venir retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques ne pourront plus donner comme garanties les titres grecs. Exception levée Cette décision lève en fait une exception qui avait été accordée à la Grèce sous la condition qu'elle suive le programme de la troïka. Athènes ayant refusé de collaborer avec la troïka, la BCE, considérant de son propre chef qu'il n'y a pas de perspectives que le programme soit poursuivi, suspend l'exception. Le dernier fil entre la Grèce et la zone euro : l'ELA Pour le moment, la BCE ne « coupe » pas le robinet à la Grèce. Coup de tonnerre Cette décision de la BCE est un coup de tonnerre : elle signale à la Grèce qu'elle n'est plus tenue dans la zone euro que par un fil, celui de l'ELA. 25 jours pour trouver un accord.

Chypre : l'autre défi de la troïka A Chypre aussi, la troïka est désormais contestée. Vendredi 6 février, les envoyés de la Commission européenne, de la BCE et du FMI à Nicosie ont annoncé qu'ils n'avaient pas pu trouver d'accord avec le gouvernement chypriote durant la visite. Le point d'achoppement a été la loi sur les saisies immobilières. Cette loi est une pomme de discorde non pas entre la troïka et le gouvernement chypriote, mais entre ce dernier et le parlement chypriote. Plus de majorité au parlement Les créanciers de l'île demandaient la mise en place d'une loi qui favorise les saisies immobilières afin que les banques puissent estimer précisément leurs pertes. Le gouvernement a fortement critiqué cette décision, mais il ne dispose plus de la majorité absolue au parlement depuis février 2014, date à laquelle la petite formation centriste Diko a quitté la majorité pour protester contre l'ouverture de discussions avec les autorités de la partie de l'île occupée par la Turquie. La troïka bloque la tranche d'aide

Zone euro: qui a le plus à perdre d'une sortie de la Grèce? Dans le bras de fer (à distance et via l'Eurogroupe et la BCE) qui se joue, ces jours-ci, entre la Grèce et l'Allemagne, la clé qui décidera in fine de tout, sera la peur du Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro. Sur le papier, personne ne veut de ce scénario, mais dans les faits, tout le monde joue avec la peur de l'autre. Le 4 février, en mettant le système bancaire grec sous perfusion quasi-exclusive de l'aide à la liquidité d'urgence (ELA), la BCE a envoyé ce message aux négociateurs que le Grexit n'était pas qu'une hypothèse d'école. Bref, chacun joue avec les nerfs des autres. Qui peut provoquer le Grexit ? Avant tout, il est utile de rappeler que le Grexit ne peut être provoqué que par la BCE. Athènes n'étant pas demandeuse et ayant fait des propositions concrètes pour demeurer dans la zone euro en respectant une grande partie de son programme électoral, l'initiative du Grexit ne peut venir d'elle. La balle est donc dans le camp de la BCE et de l'Eurogroupe. Jouer la montre

«La Grèce peut forcer l’Europe à changer» Pourquoi avez-vous décidé de vous engager en politique avec Syriza ? Pendant très longtemps, je n'étais pas proche de Syriza. J'ai conseillé, avant qu'il ne devienne Premier ministre en 2009, George Papandréou. Si Syriza gagne, pensez-vous mettre réellement en œuvre ces recommandations ? Non, la seule certitude que l'on a en Grèce, c'est l'incertitude. Comment comprenez-vous les pressions de la Troïka sur votre pays en cette période de campagne électorale ? La Troïka tente de nous asphyxier et de faire pression sur le choix démocratique en nous disant : ou vous suivez nos exigences, ou vous serez jetés en enfer. Comment y répondre ? Pour ma part, j'aime à croire que la meilleure arme que l'on peut opposer à la Troïka est de disposer d'un gouvernement élu avec une bonne majorité. La crise de 2008 est une crise comparable à celle de 1929 et l'on se souvient que cette dernière crise a libéré des forces qui ont détruit l'Europe. En réalité, il n'a jamais essayé. C'est évidemment faux. Repères

Le bras de fer entre Athènes et Berlin s'engage Le jeu d'échec se poursuit. Alors qu'Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec, et son ministre des Finances Yanis Varoufakis font la tournée des capitales européennes pour présenter leur plan de restructuration de la dette, l'Allemagne contre-attaque. Reuters dévoile ce mercredi 4 janvier, en effet, un document qui devrait être présenté ce jeudi à des officiels des ministères des finances européens lors d'une réunion destinée à définir quelles réponses devraient être apportées aux demandes helléniques. Berlin inflexible Dans ce document, la position allemande est très ferme : on demande au gouvernement grec de renoncer à toutes ces promesses et de revenir aux demandes de la troïka. C'est une réponse très dure aux propositions helléniques. La Grèce maintient la hausse des retraites et du salaire minimum La Grèce, elle, a fait déjà quelques avancées. Bras de fer La BCE calme le jeu En attendant, la BCE commence à montrer des signes de pacification.

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