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L’école après Charlie : on a mis le doigt dans un engrenage pervers

L’école après Charlie : on a mis le doigt dans un engrenage pervers
Tribune C’est sans doute la première fois de ma carrière que je me sens inquiet, et peut-être même menacé, dans l’exercice de mon métier de professeur de philosophie. Par qui suis-je inquiété ? Par des élèves, souvent présentés comme incultes et enfermés dans leurs préjugés ? Qui donc est alors responsable de ce « sentiment d’insécurité » qui m’empêche d’exercer sereinement mon métier ? Après les attentats des 7, 8 et 9 janvier, notre ministère et ses administrateurs ont brutalement pris conscience du fait que l’école n’était peut-être pas qu’un outil de formation technique des futurs travailleurs, mais qu’elle pouvait aussi, éventuellement, jouer un rôle dans le développement de l’homme et du citoyen. J’ai un scoop pour Mme la ministre Mme Vallaud-Belkacem et ses conseillers se sont soudainement écriés d’une seule voix : « Il faut trouver des moyens d’inculquer aux élèves et aux professeurs (incompétents) les valeurs de la République ! Comme face à une copie farfelue Related:  En parler à l'école

«Apologie du terrorisme» : un prof de philo suspendu Après les meurtres perpétrés par Coulibaly et les frères Kouachi, la plupart des enseignants, souvent démunis, ont voulu faire circuler la parole, organiser des débats, poser des mots sur ces événements glaçants. Dans le même temps, la ministre de l’Education nationale prévenait : tous les élèves ou les enseignants qui tiendraient des propos discutables seraient sanctionnés, voire signalés à la police. Un exercice difficile qui pourrait coûter cher à Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers. Il s’est vu reprocher d’avoir «tenu des propos déplacés» lors de la minute de silence (à laquelle il assure cependant n'avoir pas assisté), jeudi 8 janvier, en hommage aux victimes, rapporte la Nouvelle République. «Je suis arrivé un matin à 8 heures et la chef d'établissement m'a fait signer l'arrêté [de suspension] comme c'est la procédure, a expliqué Jean-François Chazerans, joint par téléphone, à Libération.

Entendu à 8 ans pour apologie du terrorisme : que s'est-il vraiment passé ? L'audition d'un enfant de 8 ans mercredi dans le cadre d'une audition libre au commissariat de Nice (Alpes-Maritimes) pour "apologie d'acte de terrorisme" suscite la polémique, jeudi 29 janvier. Pourquoi un élève de CE2 s'est-il retrouvé interrogé par des policiers ? Qu'a-t-il vraiment dit ? Quelle a été l'attitude de son père, qui fait l'objet d'une plainte de l'école ? Eléments de réponse. # Qu'a dit précisément l'enfant ? Le 8 janvier dernier, un débat est organisé dans une classe de CE2 de Nice après l'attaque survenue la veille à "Charlie-Hebdo". Interrogée sur BFMTV, Fabienne Lewandowski, directrice-adjointe de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, assure que l'enfant a ajouté : "Il faut tuer les Français. Selon le rectorat, il aurait également refusé de participer à la minute de silence en mémoire aux victimes. # Que s'est-il passé ensuite ? La version du rectorat Interrogé, le rectorat donne une version des faits très succincte. La version de l'avocat # Et maintenant ?

« Charlie, ils l’ont bien cherché » : le « témoignage » choc était inventé Le témoignage de Moahamed Kacimi, écrivain et dramaturge publié dans de très bonnes maisons d’édition, faisait froid dans le dos. Le 12 janvier dernier, il racontait sur Facebook sa rencontre avec des étudiants du Lycée Michelet dans le 94 et leur apologie du terrorisme très inquiétante. Charlie Hebdo « l’a bien cherché » Voici les propos qu’il est censé avoir échangé avec ces élèves au sujet des attentats contre Charlie Hebdo : « Bon je vois que le théâtre ne vous passionne pas beaucoup, pouvez vous me dire comment vous avez vécu les.... événements du journal... satirique.Un frisson parcourt les deux classes : – Vous parlez de Charlie ? – Oui c’est ça.– Vous l’avez vécu comment, vous monsieur ? Il concluait enfin son récit par l’avertissement d’un des lycéens : « Monsieur, faut que je vous dise une chose, c’est la guerre, ça va être la guerre nous les musulmans et les autres, les juifs et les chrétiens, la guerre à mort. » Cité sur France 2 par Finkielkraut Kacimi avoue un « condensé »

A 8 ans au commissariat : le retour de l’école-caserne | Journal d’un prof d’histoire Najat Vallaud-Belkacem, en conférence de presse, le 22 janvier 2015 à Paris (ERIC FEFERBERG/AFP) Un enfant de 8 ans dénoncé à la police par son école et auditionné pour une affaire d’apologie de terrorisme... Bien sûr que c’est grotesque, pathétique, sidérant mais ce n’est pas une bavure, ce n’est pas le fruit d’un malencontreux cafouillage administratif. A Nice, chacun des protagonistes n’a fait que son devoir, qu’obéir aux consignes. Et c’est bien là le problème. « Pan ! Quelles que soient les paroles entendues dans la bouche d’un enfant, on pourrait attendre de la part d’un éducateur un minimum de discernement, de distanciation, un réflexe professionnel qui lui ferait remettre en contexte et évaluer à sa juste valeur une attitude enfantine, somme toute banale compte tenu de son âge. Dans le cas présent, ce n’est pas ce qui se passe dans la tête du garçon incriminé qui fait problème mais ce qui se passe dans celle des adultes. Des questions « insupportables » ? « Dialogue éducatif »

Après les attentats, l’école mise au pas | Journal d’un prof d’histoire Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem, à l’école Jean-Moulin (77) le 23 janvier 2015 (AFP Photo / Joël Saget) Vendredi dernier, Manuel Valls, désormais ministre auto-promu de l’Education nationale, accompagné de son adjointe, Najat Vallaud-Belkacem, se rend en visite promotionnelle dans un lycée de Seine-et-Marne pour une réception digne d’un village Potemkine. Les élèves, soigneusement cornaqués, sont autorisés à « dialoguer » avec lui, à condition, bien sûr, que les questions lui fassent plaisir. Heureux effet des attentats – parmi d’autres – personne n’aura songé à l’interpeller sur le chômage des jeunes ; on ne va quand même pas importuner un chef de guerre ni troubler l’union nationale avec de telles futilités. Patriote et disciplinée, c’est ainsi que, dorénavant, l’Education nationale rêve la jeunesse. Un tri dans les valeurs républicaines La république a fait son tri. Laïcité très contrôlée Mouche ton nez et chante ta Marseillaise Quelle guerre contre quel ennemi ?

Autour de l’école, le jeu trouble des élites dirigeantes | Journal d’un prof d’histoire Parallèlement à la charge débridée lancée contre l’école, les attentats de janvier ont fait resurgir dans le débat public le sentiment très ambivalent qu’une partie de l’opinion entretient avec la jeunesse. Plutôt que de se remettre eux-mêmes en cause, les politiques quasi unanimes, complaisamment relayés par les sondages et les médias, ont trouvé leur bouc émissaire. Par un de ces détournements qui n’ont pas fini d’étonner, l’éducation s’est ainsi trouvée chargée ces dernières semaines d’une responsabilité tacite, sinon dans l’accomplissement direct d’un acte de violence, du moins dans on ne sait trop quelle faillite intellectuelle et morale dont elle serait l’expression : les réticences de certains élèves face au rituel forcé d’une communion quasi religieuse, grossièrement gonflées, ont ainsi été dénoncées comme le signe d’un défaut d’intégration de toute une classe d’âge à une hypothétique communauté nationale, assimilée un peu vite à la société. La vie en société s’apprend à l’école

Actualités - Liberté de conscience, liberté d'expression : outils pédagogiques pour réfléchir avec les élèves Comment parler d'un drame de l'actualité aux élèves ? Quelques principes Moduler son attitude pédagogique selon l'âge des élèves : à l'école maternelle, du début à la fin de l'école élémentaire, au collège...Accueillir l'expression de l'émotion des élèves, sans sous-estimer, y compris chez les très jeunes enfants, leur capacité à saisir la gravité des situations ;Rassurer les élèves : l'école est un espace protégé ; l'évènement s'est déroulé dans un lieu et un temps circonscrit, même si les média en parlent et diffusent plusieurs fois les images ;Etre attentif au « niveau de connaissance » que les élèves ont de l'évènement : certains élèves peuvent n'en avoir aucune connaissance ; d'autres ne disposer que d'éléments partiels, voire erronés, provenant de sources variées. Pour aller plus loin : Aborder un événement collectif violent Quelques repères pour agir à l'école primaire Aujourd'hui, le périmètre touché est beaucoup plus important. Distinguer les situations S'appuyer sur le collectif

Islamophobie ou prolophobie ?, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, février 2015) Au lendemain des assassinats perpétrés à Charlie Hebdo et dans le magasin Hyper Cacher, des élèves ont refusé d’observer la minute de silence en hommage aux victimes. Un des arguments avancés par les récalcitrants touchait aux « deux poids, deux mesures » de la liberté d’expression en France : pourquoi parle-t-on autant de cette tuerie alors que des gens meurent dans l’indifférence au Proche-Orient ? Pourquoi Charlie Hebdo pourrait-il injurier une figure sacrée de l’islam quand Dieudonné se voit interdire de critiquer les juifs ? La question est jugée si cruciale que Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a estimé, le 15 janvier dernier, qu’il était nécessaire de former les enseignants pour y répondre. Ce fonctionnement de la liberté d’expression est interprété de diverses manières. La situation actuelle des juifs et des musulmans fait écho, par certains aspects, à celle des migrants russes et arméniens de l’entre-deux-guerres. Les Arméniens, par exemple.

« Les propos de certains de mes élèves paraissent outranciers ? Écoutons-les Ce billet n’a pas été simple à écrire. Il rassemble à la fois mes interrogations, celles de mes élèves, ce que j’en comprends et ce que j’en ai tiré comme réflexions. Pas de conseils ici, mon expérience seulement. Que leur dire… Le prof, c’est un être humain qui gère de l’humain, et l’histoire de chacun donne une coloration à la manière dont nous dialoguons à chaud avec nos élèves sur des événements tragiques comme ceux survenus en cette semaine de rentrée. Mon histoire, c’est la sidération pendant les trois jours qu’ont duré les attentats de Bombay en 2008, qui ont laissé la ville groggy pendant des mois ; ceux aussi de 2011 qui ont tué à quelques centaines de mètres de chez moi. Mon histoire, ce sont aussi les cris « Vive Al-Qaeda, vive Ben Laden ! Un peu plus d’expérience m’a appris qu’ils étaient surtout des adolescents ; qui plus est, des ados élevés au pied d’un HLM du Val-d’Oise, enfermés dans un microcosme dont ils savaient déjà pertinemment qu’ils ne sortiraient jamais. … Rien.

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