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Usages politiques de l'histoire

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« Maison de l’histoire de France ». Enquête critique - Les études - Publications. Vous êtes dans : Accueil > Publications > Etudes > « Maison de l’histoire de France ». Enquête critique 18 Avril 2012 par Isabelle Backouche Vincent Duclert Télécharger le document (1,47 Mo) Le 12 septembre 2010, Nicolas Sarkozy annonce sa volonté de créer une « Maison de l'histoire de France ». Dès lors le projet avance à marche forcée, soutenu par une forte communication et étouffant les controverses légitimes. Synthèse : Télécharger la synthèse : synthese (pdf - 169,47 ko) Envisagée dès le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la décision officielle de créer la « Maison de l’histoire de France » et de l’installer dans le périmètre des Archives nationales à Paris (hôtels de Soubise et de Rohan) a été annoncée le 12 septembre 2010 par le président de la République.

Annexes : - Bibliographie (pdf - 219,11 ko) - travaux_de_recherche (pdf - 233,77 ko) - Chronologie_du_projet (pdf - 253,13 ko) Pour aller au compte rendu de la rencontre Thèmes : Culture | Politiques publiques | La loi sur le génocide arménien, une instrumentalisation de l'histoire. «Maison de l’histoire de France»: vraies questions et faux débat. La totalité ou presque des historiens français ainsi que la plupart des professionnels des musées et du patrimoine ont reçu un courrier du président du Comité d'orientation scientifique de la « Maison de l'histoire de France » appelant à participer à des « Rencontres régionales » pour débattre de l'avant-projet d'établissement avant que le texte définitif ne soit rendu au ministre de la Culture et de la Communication « à la fin de l'année 2011 ».

Cet avant-projet a lui-même été largement diffusé, par envoi papier ou diffusion électronique. La lettre de Jean-Pierre Rioux souligne l'occasion qui est donnée ici « de dialoguer ». Pourtant, les conditions d'un véritable dialogue ne sont pas réunies. Celui-ci ne porte que sur la discussion de l'Avant-projet (pour lequel il n'y a pas eu à notre connaissance de discussion à l'exception de celles qui ont eu lieu à l'intérieur du Comité d'orientation scientifique). Isabelle Backouche, historienne, maîtresse de conférences à l'EHESS. Douze Recommandations pour la création d'un musée d'histoire. Alors que le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand rencontre de grandes difficultés pour composer le conseil scientifique de la future « Maison de l'Histoire de France », alors que son directeur de cabinet enjoint aux agents des Archives nationales de cesser l'occupation de l'hôtel de Soubise où doit s'installer le musée contesté, un groupe de travail indépendant vient d'achever une étude sur l'ensemble de ce projet présidentiel.

Ces travaux appuient la déclaration ci-dessous : Douze Recommandations pour la création d’un musée d’histoire6 janvier 2011Les principes Argumentaire :La création, annoncée le 12 septembre 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, d’une « Maison de l’Histoire de France » fédérant neuf musées de France, et la décision de l’installer aux Archives nationales à Paris, dans le centre historique du Marais, contraignent les historiens comme l’opinion publique à réagir.

Les préfets de Sarkozy vont pouvoir vendre les cathédrales. Les journaux («Journal des arts», «Le Monde», «la Tribune de l’Art») qui évoquent l’affaire sont rares et semblent hélas inaudibles, puisque les réactions sont fort peu nombreuses et pourtant l’heure est grave et le péril imminent. Au détour de l’article 52 de la loi de finances 2010 se profile clairement la destruction par l’état sarkozyste de plus de deux siècles de protection du patrimoine national. C’est en effet en 1794 que l’abbé Grégoire, s’en prenant au vandalisme révolutionnaire (« Je créai le mot pour tuer la chose » disait-t-il), affirme l’existence d’un patrimoine collectif que la Nation a pour mission de protéger : « le respect public doit entourer particulièrement les objets nationaux qui, n’étant à personne sont la propriété de tous ». La Convention décide dans la foulée de protéger « les objets qui intéressent les arts, l’histoire et l’instruction ».

Lien vers la tribune de l’art : Intervention au Sénat de Yann Gaillard : La sécurité de Sarkozy n’est pas la sûreté de la Révolution. Interviewé sur France Inter le 23 août, le ministre de l’Immigration a ainsi défendu le tour de vis sécuritaire annoncé par Nicolas Sarkozy : «C’est comme ça que s’est construite la Révolution. Ce qu’on appelait […] la sûreté, aujourd’hui on dirait la sécurité, c’était bien la loi qui protège, l’Etat qui protège les faibles, les opprimés et les plus fragiles, et c’est toujours le cas dans notre société.» En établissant cette filiation, Eric Besson tente de démontrer que l’actuelle politique sécuritaire ne trahit pas les valeurs républicaines mais qu’au contraire, elle les garantit.

Ainsi présentées, les lois sur la sécurité annoncées cet été par Nicolas Sarkozy seraient même fidèles à l’esprit de la Révolution française, puisque selon Eric Besson, ces lois rappellent que le premier devoir de l’Etat est de protéger les citoyens les plus vulnérables. Le terme de «sécurité» ne s’est imposé que depuis les années 1980 pour désigner le droit à être protégé des violences civiles. Les usages de l'histoire dans le discours public de Nicolas Sarkozy. Le problème n’est pas tant que les politiques puissent « récupérer » les héros du passé pour tenter de grandir leur stature de présidentiable. Ce phénomène n’est pas nouveau. Il est même constitutif de la mémoire politique. Dans ce type de compétition, en effet, les candidats ne peuvent espérer l’emporter que s’ils glanent des voix au-delà de leur propre camp, ce qui les incite à parler au nom de la nation toute entière en cherchant des références historiques consensuelles.

Jaurès plutôt que de Gaulle Ce qui est inédit (à ma connaissance), c’est le fait que le leader de la droite ait pu se présenter publiquement comme l’héritier des chefs historiques de la gauche. Je ferai l’hypothèse que ce nouveau système de références historiques illustre les contraintes auxquelles les professionnels de la politique sont confrontés aujourd’hui, dans un monde où la « démocratie de partis » a cédé la place à la « démocratie du public » (pour reprendre les formulations du philosophe Bernard Manin).

La Maison de l'histoire de France, l'avant-poste de la présidentielle? Toute une histoire ! La Maison de l’histoire de France : essai de socio-histoire d’un projet, par Isabelle Backouche, maître de conférences en histoire, EHESS-CRH, 18 octobre 2010. « Un lieu attrayant. Un lieu vivant. L’endroit où il faudra être si l’on aime l’histoire. L’endroit qui fera aimer l’histoire » [1]. . Pour apprécier et contrer le projet en cours d’élaboration de Maison de l’histoire de France, la mise en œuvre de mes compétences d’historienne appliquées aux documents disponibles et au profil de leurs auteurs, semble le moyen le plus efficace pour faire pièce à un certain nombre d’affirmations, souvent fallacieuses ou erronées.

Historienne formée aux sciences sociales, je m’arrêterai tout d’abord sur un essai de mise en contexte du projet de la Maison de l’Histoire de France, convaincue qu’il n’est qu’une pièce d’un programme cohérent de destruction du savoir et de sa marchandisation dans notre société. Les motifs d’un projet Il s’agit peut-on lire de « redonner à l’histoire la place qu’elle a perdue » [6]. Autre dimension du projet : la valorisation de la recherche en histoire. Un généalogiste et un énarque Le métier d’historien. Maison de l'histoire de France: Le projet de Sarkozy inquiète les historiens. "Hôtel de Soubise occupé" : le siège des Archives nationales, dans le IIIe arrondissement de Paris, est investi par ses salariés depuis le 16 septembre. Objet du conflit : l’annonce par Nicolas Sarkozy, le 12 septembre, de l’implantation de son curieux projet de "Maison de l’histoire de France" sur le site. Cette "Maison" semble poser deux problèmes.

D’abord aux salariés qui craignent autant pour leur emploi que pour l’avenir de l’institution. "On est six ou sept à occuper les lieux chaque nuit. Le problème est ensuite idéologique : quelle orientation Sarkozy compte-t-il donner à cette "Maison de l’histoire de France" ? Hervé Lemoine, directeur du service des Archives de France au sein du ministère de la Culture, a tenté de faire interdire la prise de parole (menaces de sanctions et présence d’un huissier). Wladimir Susanj, de la CGT Culture, rappelle les enjeux : La salle applaudit sans réserve. "L’histoire devient un mécanisme d’adhésion à des projets" La Maison de l'Histoire de France : l'instrumentalisation de la science - par Isabelle Backouche, historienne à l'EHESS - Le Monde, 20 décembre 2010. Pour lire ce point de vue sur le site du Monde. Alors qu’ils ont été marginalisés, les historiens, sous diverses formes, ont pris la parole et la plume pour donner leur sentiment sur le projet de Maison de l’Histoire de France.

Cette mobilisation historienne repose sur leur capacité critique à propos des liens complexes qu’entretiennent le passé et le présent, selon des visions multiples et des articulations variables, qui toutes sont des constructions intellectuelles. Cette capacité critique peut s’appliquer à l’objet Maison de l’histoire de France, exercice au fondement de la vie démocratique de notre pays par ce qu’il met au jour à propos du fonctionnement de l’Etat aujourd’hui. Un rythme effréné peu propice à la concertation.

Après trois rapports de préfiguration rendus depuis 2008, le rythme s’accélère une fois l’annonce faite par le président de la République du lancement de l’opération en septembre. Alors pourquoi une telle précipitation ? De quoi s’agit-il ? Antoine Chollet • D’une mémoire apolitique. Antoine Chollet Dans l’ambitieux recueil collectif dirigé par Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson, les auteurs — historiens pour la plupart, mais on compte également des anthropologues, sociologues, politologues, spécialistes de l’éducation ou de l’information — ont cherché à interroger la problématique des « guerres de mémoires », en variant leurs objets, leurs perspectives et les durées historiques considérées.

Le résultat est un vaste panorama des questions mémorielles qui ont agité la France ces dernières années ou, pour quelques-unes des contributions, lors de séquences historiques plus anciennes. Comme l’indiquent les responsables de la publication, « cet ouvrage dessine pour la France une temporalité “mémorielle”, qui débute avec le Centenaire de la Révolution française en 1889 (à la veille des “affaires Dreyfus”), traverse tout le 20e siècle, et s’engage dans un nouveau siècle au carrefour de plusieurs “batailles de mémoires” » (p. 15). Bibliographie Note Résumé.