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La pensée en philosophie (10/22)

08 mars 2013

La pensée en philosophie (10/22)

La pensée en philosophie

I. Définition des concepts

Pensée :

Définition :

A. Tout ce qui affecte la conscience (Le Nouveau Petit Robert Ed. 1994)

B. Activité psychique (Le Nouveau Petit Robert Ed. 1994)

Rien que dans le Petit Robert, le concept de “pensée” n’est pas très clair, puisque cela peut désigner soit la conscience, soit une activité psychique qui comprend donc des phénomènes inconscients.

En revanche le concept de “psychique” renvoie à (Petit Robert Ed.1994) : “qui concerne la pensée”

On est bien avancé : la pensée est une activité psychique, qui elle-même est une activité de la pensée... Plus loin, la définition du Petit Robert évoque le positionnement du concept “psychique” en opposition avec ce qui est organique, somatique. Doit on penser que la pensée serait séparée du corps, comme semblait le penser Descartes (René Descartes : Les Principes de la Philosophie, Paris 1644) il y a quelques siècles? Pourtant la faim, la soif et autres besoins d’origine en partie au moins somatiques peuvent affecter la conscience et peuvent donc être qualifiés de “pensées”. Ou alors, faut ilOù alors, faut-il considérer que la faim et la soif sont des phénomènes physiques, alors que la pensée de ces phénomènes est un phénomène psychique?

Peut-être pourrait on simplifier le concept de pensée comme étant tout ce qui est susceptible de devenir conscient, voir de devenir conscience, ou plus simplement encore : l’ensemble des processus mentaux ?

A noter que le mot “pensée” proviendrait du bas latin, et son origine remontrait au 12° siècle (Nouveau Dictionnaire Etymologique, Larousse, Paris, 1971), soit un mot somme tout assez récent dans l’histoire des langages humains.

Philosophie

Définition :

“Toute connaissance par la raison” (Le Nouveau Petit Robert 1994)

A noter que le même Nouveau Petit Robert donne pour définition de “raison” le terme “pensée”. Donc, la philosophie serait la connaissance par la pensée, et “la pensée en philosophie” serait “la pensée sur la connaissance sur la pensée”...Pour ne pas perdre la raison, il serait donc judicieux de se passer des définitions mais de considérer que ces expressions ne sont que des noms, des étiquettes, dont l’existence ne doit rien à la raison mais aux usages et aux coutumes.

Contrairement au terme “pensée”, le terme “philosophie” est très ancien puisque hérité du grec ancien signifiant “ami” du “sage”, traduit parfois par “amour de la sagesse”, ce qui semble introduire une connotation indiscutablement poétique, basé sur l’émotion et le sentiment. Jusqu'à la fin du 18° siècle, le concept “philosophie” semblait équivalent au concept “science” (Nouveau Dictionnaire Etymologique Larousse, Paris 1971). En particulier, ce qu’on appelle depuis le 18° siècle “psychologie”, voir même des disciplines comme l’astronomie ou les mathématiques étaient considérées jusqu’au 18° siècle comme faisant partie du champ de la philosophie.

De nos jours, la définition et le prestige de la philosophie semble s’être accoutumée de l’évolution, de la croissance et de la séparation hors du giron maternel des disciplines plus “scientifiques” et expérimentales, comme l’astronomie, les mathématiques, la biologie et même la psychologie.

Ainsi un professeur de philosophie (presque) contemporain peut être amené à énoncer que “la philosophie, c’est l’étude des philosophes” (communication personnelle).

La pensée en philosophie

Ainsi donc, le conceptétudier “la pensée en philosophie” revient à étudier comment différents philosophes, et donc différentes philosophies ont traitées le phénomène de la pensée :

“En fait il y a des philosophies ou plutôt.... en certaines circonstances bien définies, une philosophie se constitue pour donner son expression au mouvement général de la société” (J.P. Sartre cité dans Nouveau Petit Robert, Paris 1994), et de façon encore plus précise :

“ A mon avis, toute philosophie est une affaire de forme. Elle est la forme la plus compréhensive qu’un certain individu puisse donner à l’ensemble de ses expériences internes ou ou autres”(P. Valéry cité dans Nouveau Petit Robert, Paris, 1994)

« La pensée en philosophie ne pouvant pas être défini par la définition de ses termes constituants, il faut donc trouver une autre piste que le dictionnaire pour définir ce concept.

Une voie possible est de le situer dans son contexte :

1° Un enseignement de M. Marc NAGELS intitulé : « PST004 : Psychologie générale. Eléments de psychologie génétique CO » (que veut dire CO ?) du CNAM de Bretagne.

2° Le premier chapitre de cet enseignement s’intitule « Notions fondamentales : cognition, psychologie cognitive, approche sociocognitive »

3° Il s’agit du thème n° 9 dans la liste :

1. Historique de la psychologie cognitive

2 .La déontologie du psychologue

3. Le développement cognitif selon Piaget

4. La notion de schème selon Vergnaud

5. Les courants critiques : la cognition située, distribuée, incarnée

6. La théorie sociocognitive :Bandura, Zimmerman, etc.

7. La psychologie cognitive computationnelle

8. L’apport des neurosciences à la psychologie cognitive

9. La pensée en philosophie

10 La démarche scientifique de la psychologie cognitive

On peut donc postuler que le «concept » « la pensée en philosophie » pourrait désigner dans ce contexte ce que la discipline « philosophie » a pu apporter à la discipline « psychologie cognitive » concernant le concept « cognition » (cf. §II. « Etudes fondateurs »).

La psychologie cognitive se caractérise (se gargarise ?) de l’importance accordée au concept de cognition. L’histoire de cette discipline s’enorgueillit de références mathématiques, et en particulier des apports considérables des théories de l’information, de la cybernétique et de l’informatique, comme si ses pionniers auraient eu l’ambition d’expliciter le fonctionnement de la pensée par des procédures mathématiques, voir informatiques. Les modalités pédagogiques proposées par M. Nagels font d’ailleurs fortement appel à des outils informatiques, ce qui pourrait induire un biais dans la sélection des données pertinentes dans notre travail de recherche et d’analyse.

L’histoire de la philosophie, qui est aussi l’histoire des philosophes, semble dénoter une préoccupation très ancienne concernant le phénomène de la pensée et il est indéniable que leurs travaux ont du influencer les pionniers de la psychologie cognitive. Cependant, il semble que le développement des sciences dures et l’apparition des sciences cognitives soient contemporains de l’involution de l’importance et de l’aura de la philosophie.

Pourrait on imaginer que les sciences cognitives soient trop sûrs d’elles, trop ancrées dans des certitudes expérimentales et scientifiques, ce qui pousse son ancêtre la philosophie, très attachée au doute, au questionnement incessant et à la préservation de la part énigmatique et mystérieux du fonctionnement de l’esprit humain à se cacher, a entrer en résistance, dans un endroit désormais secret ?

II. Études fondateurs/auteurs importants

Par ordre chronologique :

Pythagore (580 - 495 avant JC) serait un des premiers philosophes (quelqu’un qui ne maîtrise aucun art selon Cicéron) et peut-être un des derniers prêtres du culte d’Orphée. Sa philosophie pourrait se résumer à l’idée que l’essence des phénomènes est un nombre.

Ainsi le plus ancien des philosophes se retrouve en accord avec l’aspect le plus moderne de la physique quantique pour laquelle la matière n’est que de l’énergie qui elle-même n’est qu’une fonction mathématique.

Héraclite (544 - 504 avant JC) est surtout célébré pour avoir attiré l'attention sur l'impermanence. Ses ouvrages sont dits ressembler à ceux de :

Lao Tzu (5° - 4° siècle avant JC), personnage mythique de l'histoire de Chine et auteur présumé du "Dao De Qing", livre taoistetaôiste ésotérique qui permet a peu près n''importe quelle interprétation. L'essentiel de sa doctrine est basé sur le concept de vacuité. Cette doctrine a été étouffée par l'emprise des théories de Confucius (551 - 479 avant JC) qui a établi le code moral extrêmement rigide qui a regnérégné en Chine pendant plus de deux millénaires

"Trente rais se réunissent autour d'un moyeu. C'est de son vide que dépend l'usage du char.

On pétrit de la terre glaise pour faire des vases. C'est de son vide que dépend l'usage des vases.

On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison. C'est de leur vide que dépend l'usage de la maison.

C'est pourquoi l'utilité vient de l'être, l'usage naît du non-être".

(Lao Tseu : Tao Te King, Livre 1, verset 9)

Platon (424 -348 avant JC)

nous a surtout légués le concept de “formes”, sorte d'archétypes mentaux des phénomènes observables du monde réel, décrit par Socrate dans le “Symposium”, ce que l’on pourrait appeler de nos jours “pensées”

Zenon de Cition (335 - 262 avant JC) poursuit l'étude de la connassanceconnaissance selon Pythagore, Socrate et Heraclite

Epictète (50 - 125) écrit dans son "Enchiridion" : "Les hommes sont perturbés pas par les phénomènes, mais par l'idée qu'il se fontqu’ils se font des phénomènes."

Nagarjuna, philosphe indien du 2° siècle après JC ou personnage mythique (, il aurait vécu 600 ans), et a été le principal théoricien de la Madhymika, la philosophie du milieu : " les phénomènes ne sont ni existants, ni non existants". Il aurait récupéré le texte de la "Prajnaparamita" (connaissance transcendante) qui décrit la vacuité, que le Boudha historique Siddharta Gautama, dit BoudhaBouddha Shakyamuni aurait caché au royaume des Nagas (serpents). L'enseignement de Nagarjuna sur la vacuité est encore enseigné tel quel dans les collèges philosophiques boudhistesbouddhistes de nos jours.

René Descartes (1596 - 1650) est souvent considéré comme le père de la philosophie moderne par son désir, certes timide (surtout après la condamnation de Galiléo), de s’affranchir de la tutelle de l’église et du dogme de la foi. Dans “Les Principes de la Philosophie”, il a postulé l’existence d’une séparation entre le corps et l’esprit, et la notion de conscience comme étant la pierre angulaire de la pensée.

Baruch Spinoza (1632 - 1677) devait être un homme génial, car il a été pourchassé par tous les religieux du moment. Dans son “Ethiques”, il a décortiqué les passions avec grande délicatesse et précision.

Thomas Hobbes (1588 - 1679) Dans son ouvrage princeps “Leviathan”, il considère l’homme comme une machine, régie par des formules mathématiques, un être constitué uniquement de matière, ce qui ravirait certains neurobiologistes actuels.

David Hume ( 1711 - 1776) Dans le “Traité de la nature humaine”, écrit alors qu’il résidait en France, il analyse la pensée de façon extraordinairement empirique, divisant les pensées en : impressions, idées, compréhensions et passions.

Immanuel Kant (1724 - 1804) affirme très synthétiquement dans “Critique de la Raison Pure” que les objets de notre monde ne sont pas connaissables. SeulSeule l’expérience que notre pensée en fait est connaissable. Il a ouvert la porte à l'étude de l'expérience subjective consciente.

Georg W.F. Hegel (1770 - 1831) a prolongé et développé les travaux de Kant. Il présente le principal intérêt d’avoir rédigé “la Phénoménologie de l’esprit”, qui a la capacité de venir à bout de n’importe quelle insomnie. Son deuxième intérêt est qu’il aurait inspiré Karl Marx.

Edmund Husserl (1859 - 1938) et Martin Heidegger (1889 - 1976) ont développés les travaux de Kant et Hegel concernant la subjectivité de l’expérience.

Bertrand Russell (1872 - 1970) est considéré comme le père de la philosophie analytique. Mathématicien hors pair (“Principia Mathematica”), militant pacifiste convaincu et efficace, il a su insuffler un esprit rationnel, scientifique dans des disciplines enclin au bavardage.

Noam Chomsky (1928 - ) est linguiste d’origine et militant anarcho-syndicaliste engagé. Ses travaux en linguistique “Structures syntaxiques” publié en 1957 sont venus étayer certaines intuitions, selon lequel c’est le langage qui permet de penser et non l’inverse (cf. le célèbre “l’inconscient est structuré comme un langage” de Jacques Lacan (1901 - 1981), et aussi “Lingua tertii imperii” de Victor Klemperer (1881 - 1960))

III. Travaux d’actualité

A l'époque actuelle, la philosophie pure semble avoir perdu de son importance et de sa valeur au profit de discplinesdisciplines plus "scientifiques", i.e. moins basée sur la raison pure :

- soit plus basée sur l'observation de la nature, qu'elle soit simple observation directe, ou observation guidée, orientée par la mise en oeuvre de protocoles expérimentaux se voulant reproductibles inter-expérimentateur.

- soit basée sur une application pratique immédiate (p.ex. sciences informatiques, intelligence artificielle, etc.)

Parallèlement, l'enseignement, et l'étude et la pratique de la philosophie pure sont en très forte régression, sans que l'on sache si ils’il s'agit de cause ou de conséquence.

Trois domaines très actuels méritent d’être individualisés à la fois comme héritiers de la tradition philosophique d’essayer de développer la connaissance par l’usage de la raison, mais aussi en légère opposition à l’évolution actuelle de la psychologie cognitive, qui se place résolument du côté des disciplines se voulant « scientifiques ».

1) Lutte anti-capitaliste

De nombreux philosophes se sont reconvertis à la lutte politique. Pourrait-on dire que les philosophes issus de courants de pensée revendiquant la liberté par rapport aux pensées ou concepts qui peuvent enfermer l'homme dans l'aéliénation et l'esclavage se retrouvent dans les rangs des militants anti-capitalistes?

Ainsi, Noam Chomsky est toujours en vie et ses travaux sont toujours d’actualité, même si la première publication de ses travaux en linguistique date de 1957 et que son activité présente semble porter plus sur l’action politique anti-capitaliste. Faut il y voir une manifestation que sa profonde compréhension de la nature de la pensée humaine l’ui ait fait amené à prendre conscience de la catastrophe planétaire vers laquelle le capitalisme, perversion de la pensée, poussaite l’humanité?

2) Psychothérapie cognitive

Quelle meilleurmeilleure définition de la santé mentale? L'esprit pour fonctionner doit être vide. Peu importe les concepts, les pensées, les cognitions, les émotions, les sentiments qui encombrent l'esprit et bloquent la personnalité, l'empêchant de s'adapter au monde, l'enferment dans des structures de pensée rigides et réalisent ainsi ce qu'on peut appeler 'maladie' ou 'symptôme'. La santé passe par la possibilité d'adaptation, la possibilité de faire le vide dans l'esprit, pour s'adapter au monde avec nuance et souplesse.

C'est une nécessité modalité de thérapie cognitive, qui ne se préoccupe pas des causes d'un dysfonctionnement, ni de la valeur morale d'une disposition mais propose simplement de 'désenfermer' et de l'ibérer la pensée de toute attitude figée. Ainsi une théorie née connue aussi bien dans la Grèce antique qu’en Oorient il a vingt cinq siècles est à la pointe de l'actualité scientifique psychiatrique.

Il semble intéresantintéressant de remarquer l'analogie avec les travaux politiques de Noam Chomsky dans le 1° ci-dessus : de même que la philosophie de la cognition amène à pourfendre le capitalisme qui réduit les peuples à l'esclavage par la mise en oeuvreœuvre de règles rigides (maximisation continu des profits), la psychothérapie cognitive lutte contre des concepts rigides qui bloquent le fonctionnement adaptatif de la personnalité.

Dans les deux cas, la connaissance des mécanismes de la cognition amène à souhaiter plus de liberté.

Contrairement à la psychologie cognitive ou aux sciences cognitives en général, la thérapie cognitive se confronte à l’homme malade, se confronte au désir, au minimum le désir de soulager cet homme malade. Dés lors qu’on veut prendre en compte le « désir » (qui semble être un petit être beaucoup plus espiègle que son cousin « cognition ») on est confronté au « réel », et ce réel a la particularité de résister, en particulier de résister à toute théorisation, tout protocole, toute explication par trop positiviste qui exclurait la part d’ « énigmatique » et le besoin de liberté (vacuité) dans le fonctionnement de la pensée.

3) Physique quantique

De même, les théories de Pythagore, de Lao Tseu et de Nagarjuna d'il y a vingt cinq siècles se retrouvent dans les théories actuelles en physique quantique et thermodynamique (p.ex. théorie de cordes). Il s’agit là encore de spéculations purement théoriques, que viennent parfois conforter certaines découvertes : p.ex. la spectaculaire découverte du boson de Higgs.