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Dossier : Les secrets du langage dans le monde vivant

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1 : Les secrets du langage dans le monde vivant. 2 : Langage et communication. GeorgesChapouthier Biologiste Philosophe Il est, bien sûr, extrêmement fréquent que deux entités complexes interagissent et les êtres vivants ne font, bien évidemment, pas exception à cette règle.

2 : Langage et communication

Par exemple, les végétaux effectuent entre eux, dans le sol, une “guerre chimique” en sécrétant des molécules, toxiques pour les végétaux environnants, qui empêchent leur germination ou réduisent leur croissance. 3 : Langage et protolangage. GeorgesChapouthier Biologiste Philosophe Si l'on s'en tient à cette définition, il peut y avoir, comme pour les communications, des langages simples, dont tout élément de conscience est absent, et des langages plus élaborés où, comme le formule Joëlle Proust, est aussi présente “l’intention avec laquelle le locuteur produit (le) message” .

3 : Langage et protolangage

Le premier cas correspond à ce qu’on a appelé le “langage des abeilles”, le second peut sans doute être attribué aux langages que l’on peut apprendre, en laboratoire, à certains anthropoïdes comme les chimpanzés ou les gorilles, et, bien sûr, aux langues humaines. © Tous droits réservés L’abeille qui, comme le formule Joëlle Proust, “ne peut communiquer qu’une orientation précise dans un référentiel spatial circonscrit une fois pour toutes” ne communique vraisemblablement pas avec une intention élaborée.

4 : Culture et langage. GeorgesChapouthier Biologiste Philosophe Le langage est une part importante de ce qu’on appelle les cultures humaines.

4 : Culture et langage

On appelle “culturels” des éléments de comportements qui se transmettent indépendamment du bagage génétique. 5 : Construction en mosaïque du langage. GeorgesChapouthier Biologiste Philosophe Mais, au delà de cet ancrage des langages dans l’édifice protoculturel des animaux, je voudrais montrer, sur un plan plus philosophique, que le langage est construit de la même manière que d’autres phénomènes du vivant.

5 : Construction en mosaïque du langage

J’ai pu montrer ailleurs que les êtres vivants étaient construits par l’application répétée, au cours de l’évolution des espèces, de deux grands principes, que j’ai nommés “principe de juxtaposition” et “principe d’intégration” (Chapouthier, 2001, 2003). Le premier permet l’association d’entités toutes semblables, comme les perles d’un collier. Le second amène à des différences entre les “perles” et à leur intégration dans une structure d’ordre supérieur. Principe de la construction des mosaïques. Pour définir, de manière imagée, ces caractéristiques des êtres vivants, j’avais proposé le terme métaphorique de “mosaïque”

. © Wikipedia La même analyse peut être effectuée sur les ensembles génétiques. 6 : Le langage mosaïque. Venons-en au langage qui nous intéresse ici, en développant notre notion de mosaïque.

6 : Le langage mosaïque

Le langage humain – les langues – a la même structure que de nombreux autres traits biologiques : une structure « en mosaïque », où le « tout » laisse une large autonomie à ses parties. Le langage apparaît, chez l’homme, si l’on en croit la linguiste Stéphane Robert (Robert, 2003), comme la capacité à énoncer, d’une manière linéaire et analytique, des concepts qui appartiennent à un monde (celui de la pensée) qui, lui, est non linéaire et multidimensionnel. Ainsi on peut remarquer que l’interprétation des énoncés linguistique par l’auditeur est évolutive (ou encore émergente) : la signification d’un message particulier n’émerge que progressivement, au fur et à mesure que les mots sont prononcés. Comme le rappelle Stéphane Robert " les mots sont en effet des déclencheurs de représentations complexes... leur combinaison en un énoncé est un processus dont le produit n’est pas nécessairement stable ". 7 : Le langage humain, fruit de l'évolution. GeorgesChapouthier Biologiste Philosophe Comme d’autres traits « culturels » des êtres vivants, comme le maniement d’outils ou de symboles, comme la morale ou les choix esthétiques, le langage a été façonné par l’évolution des espèces animales.

7 : Le langage humain, fruit de l'évolution

Il existe un enracinement très fort du langage humain dans les phénomènes de la vie. Pour terminer, et sans mettre bien entendu en cause cet ancrage profond qui fait que, comme toute manifestation du vivant, le langage est un fruit de l’évolution des espèces, interrogeons-nous sur les spécificités des langages humains. Car si l’être humain reste un proche cousin du chimpanzé (au point, on le sait, de partager avec lui, près de 98 % de ses gènes), il reste clair que l’homme est très porté sur le langage, beaucoup plus que ne l’est son cousin, dont on a évoqué, plus haut, le protolangage relativement limité. L'évolution de cette famille a été marquée par des modifications anatomiques, morphologiques et culturelles. 8 : Georges Chapouthier - Kant et le chimpanzé.

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8 : Georges Chapouthier - Kant et le chimpanzé

Nous, êtres humains, sommes issus d’une longue évolution, minérale et cosmique d’abord, biologique et terrestre ensuite. Pour certains, nous aurions définitivement rompu avec un héritage ancestral qui faisait de nous des bêtes. Nous seuls serions capables du sens du bien et du sens du beau. Ou bien, au contraire, faut-il considérer que la morale et l’esthétique chez l’homme plongent leurs racines dans le terreau de la nature ? En s’appuyant sur les connaissances les plus actuelles de l’ éthologie et de la biologie, l’auteur s’attache à démontrer ce que nous devons à l’animalité et ce qui fait notre être propre.