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Roms, gens du voyage ...

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Avis de tempête sur la «route des Roms»… Par Jérome Larché, médecin, membre du conseil d’administration de Médecins du Monde – France. Lire l'intégralité des articles de Grotius.fr Avis de tempête sur la «route des Roms» : refuser la criminalisation de la précarité dans un contexte économique dégradé… Les récentes altercations bruxelloises liées à la désormais fameuse «circulaire du 5 août 2010», relative à l’évacuation des campements illicites et des expulsions de Roms[1], entre le Président français Nicolas Sarkozy et le Président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, ont peut-être occulté les enjeux soulevés par la présence des ces populations.

Depuis le discours présidentiel à l’Elysée du 28 juillet dernier, près de 200 campements ont été évacués et plusieurs milliers d’expulsions «volontaires» ont déjà été effectuées par les autorités françaises, par bus comme par charters. Jérôme larché. Nous ne débattrons pas de la « question Rom » Le sociologue Luc Boltanski est intervenu samedi 11 septembre à Montreuil (93), lors du rassemblement Les Roms, et qui d'autre?

Mediapart publie ici sa contribution. Il décrypte une «nouvelle forme de propagande, qui a assimilé les techniques de provocation, et vise aussi à prendre la critique en tenaille». Durant l'été, a été déclenchée, à l'encontre de personnes étiquetées et désignées à la vindicte publique sous le nom de Roms, l'offensive de propagande politique et d'action policière sans doute la plus cynique et la plus abjecte que ce pays ait connu depuis la fin de la Guerre d'Algérie, il y a cinquante ans. Il faut en effet remonter jusqu'à cette époque pour voir un gouvernement prendre officiellement des mesures discriminatoires et racistes à l'encontre d'une population présente sur le territoire français.

Lire aussi: Les Roms, et qui d'autre? Hortefeux, le racisme en circulaire. Michel Tubiana, Président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, dénonce la discrimination envers les Roms exprimée dans une circulaire du ministère de l'Intérieur à destination des préfets, en date du 5 août dernier. Que n'avons-nous entendu, quand nous avons dit et écrit que les pouvoirs publics, et le chef de l'Etat le premier, menaient une politique ouvertement xénophobe. Nous souvenons-nous de ce cœur des vierges, la main sur le cœur, nous affirmant que jamais le président de la République n'avait voulu stigmatiser une communauté, lors de la réunion qu'il avait convoquée en son palais le 28 juillet 2010? Propos excessifs et scandaleux, «gauche milliardaire», etc. Pourtant, les documents sont là, écrits sous la responsabilité du Ministre de l'Intérieur, faisant explicitement référence aux «objectifs précis (fixés), le 28 juillet dernier» par le président de la République.

Il y a quelque chose qui va bien au-delà du scandale dans ce verbe administratif. Pourquoi les Roms? … Ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L’empire familier des ténèbres futures. (Baudelaire, « Bohémiens en voyage ») Pourquoi les Roms? Pourquoi, aujourd’hui, en France, s’en prendre à ces populations qu’on résume d’un nom – « les Roms »?

La réponse, il ne faut pas la chercher de leur côté. La campagne contre les Roms, c’est justement un membre du gouvernement qui nous en révèle la logique. Le 25 novembre 2007, Brice Hortefeux répondait ainsi à une question sur les Roms. La nouveauté, c’est plutôt que la logique implicitement inscrite dans l’action gouvernementale, explicitée par le ministre au détour d’un entretien, est devenue pendant l’été 2010 le cœur du discours présidentiel, et la vitrine de son action. Il y a donc bien une circulation rhétorique : le projecteur se déplace, au gré de l’actualité, entre ces « Autres » multiples, c’est-à-dire entre ces groupes sociaux « altérisés ». C’est vrai des musulmans.

La logique est double. Inconséquence, voire hypocrisie ? Les Roms, et qui d'autre ? Parce que nous refusons le silence, parce que nous ne consentons pas à la politique menée en France à l’égard des Roms depuis cet été et depuis 2002, parce que nous condamnons la xénophobie des politiques migratoires, marquons notre opposition. Rassemblement contre le racisme d'État samedi 11 septembre 2010 à partir de 13h30 à Montreuil (93). Entrée libre et gratuite pour tous ! L'été a été particulièrement violent en matière de politique française, puisque le gouvernement a ostensiblement fait expulser des ressortissants de l'Union européenne vers la Roumanie et la Bulgarie, à raison de leur origine ethnique.

Les expulsions sont orchestrées au mépris du droit européen (principe de la libre circulation) et des valeurs les plus fondamentales. Ce racisme d'état, qui stigmatise une catégorie de population extrêmement congrue de France, permet d'occulter des problèmes réels qui ne sont ni roumains, ni bulgares, ni tsiganes, ni même européens mais bien français. D'après Van Gogh : le campement de gitans 2010. Holà Monsieur Hortefeux,"la Marseillaise n'est pas encore enrouée" ! Cet alexandrin de Victor Hugo,que j'avais emprunté pour titrer un de mes films,est l'apostrophe qui me parait s'imposer depuis les déclarations odieuses de Brice Hortefeux. Un Ministre de la République,qui semble avoir perdu tout sens de la mesure et de la dignité. En effet,comment l'un des plus éminents représentants de l'Etat peut-il stigmatiser une catégorie de citoyens français ?

Comment le Ministre de l'Intérieur peut-il désigner à la vindicte publique, dans un amalgame absurde, les Rom,les gitans,les "gens du voyage",bref un ramassis de rastaquouères et de "voleurs de poule" ? Afin de faire diversion pour mieux enfumer l'opinion accablée par l'affaire Bettencourt/Sarkozy,on a recours au vieux réflexe sécuritaire en prenant pretexte d'un fait divers pour cartonner un nouveau bouc-émissaire . Classique. Voulez-vous,Monsieur Hortefeux que l'auvergnat de Brassens,votre compatriote, ait désormais l'image d' un xénophobe atrabilaire ? Django Reinhardt,un voleur de poules. Mon pote le gitan. Il y a tout juste un an, s'éteignait, à 85 ans, le compositeur de Mon pote le gitan. C'était mon voisin. Un type fabuleux. Deux mots sur lui puis la vidéo de sa création chantée par Yves Montand... Jacques Verrières, de son vrai nom Podevin (on comprend pourquoi il avait choisi un nom de scène lié à ses pérégrination "manouches" à Verrières le Buisson) est décédé, en juillet 2009.

Jusqu'à sa mort, la musique l'a habité et il se produisait toujours, accompagné de deux jeunes, y compris dans les bars des quartiers populaires de la capitale. En dehors de ses créations, il chantait Brel, Ferré et Brassens. Tout le quartier d'Aligre où il avait élu domicile connaissait Jacques. C'était un de mes voisins. Un chouette type. Un pote. Un enfant de la balle... Voici l'oeuvre dont il était le plus fier en ces jours sombres pour "les gitans". Vers de nouvelles persécutions envers les Roms. On pouvait craindre le pire de la réunion interministérielle élyséenne consacrée ce jour (dixit) « aux problèmes que posent le comportement de certains ressortissants des communautés au regard de l'ordre public et de la sécurité ». Nous ne serons pas déçus. La répression va encore s'accentuer sur « les gens du voyage » et les Roms.

Arguant d'actions violentes à Saint Aignan dans le Loir-et-Cher, ce rendez-vous, dénoncé par toutes les associations de défense des droits de l'homme et par la totalité des partis de gauche débouche, évidemment, sur une stigmatisation à l'encontre d'une communauté éprouvée par une politique de rejet totalement assumée par Sarkozy. Ainsi, Brice Hortefeux a-t-il annoncé l'envoi prochain d' inspecteurs du fisc pour "contrôler la situation des occupants" dans les camps des Roms plutôt qu'à Neuilly ( !) A dégueuler... Au-delà des incantations et stigmatisations dangereuses : ce que vivent les Rroms. Çà y est "ils" leur ont déclaré la guerre. Une guerre "courageuse" menée par le gouvernement de la 5ème puissance mondiale à sa population la plus pauvre : les Rroms.

Une guerre qui me fait tout simplement honte. Au terme de la réunion voulue par Nicolas Sarkozy suite aux événements de Saint-Aignan la semaine dernière, le gouvernement annonce qu'il reconduira en Roumanie ou en Bulgarie tous les Roms ayant commis des atteintes à l'ordre public et qu'il démantèlera dans les trois mois la moitié des 600 camps illégaux installés en France par les gens du voyage… Mélange entre Roms bulgares et roumains et gens du voyage français depuis des générations, stigmatisation d'une population éperdument pauvre, politique du chiffre concernant les expulsions hors du territoire, expulsions de squats et de bidonvilles sans proposer aux familles de solutions de relogement…: tout ceci me révulse profondément. Les violences de Saint-Aignan. Il n'est pas question de les nier. Les gens du voyage. Roms, gens du voyage : l'obsession sécuritaire. A la veille de la réunion convoquée par Nicolas Sarkozy sur «les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms», Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l'homme et animateur du collectif Romeurope, rappelle qu'aucune autre catégorie de citoyens n'est autant entravée dans ses libertés civiques par des lois et dispositions discriminantes.

Lors d'un contrôle routier de nuit à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), un gendarme tire deux coups de feux. Atteint mortellement dans son véhicule, Luigi Duquenet, 22 ans, décède ce samedi 18 juillet et s'en suivent de violentes dégradations tout le week-end. Si ces débordements sont inexcusables, la justice devra faire toute la lumière sur ce qui demeure un dramatique fait divers.

De telles annonces témoignent d'une dérive très inquiétante du Président de la République par le ciblage ethnique des opérations envisagées, qui ne feraient qu'envenimer les choses en renforçant des préjugés racistes. Gens du voyage: «La société est méchante avec nous!» Çà commence... ou plutôt çà s'intensifie. Quand j'ai parlé de début de "guerre", il y a deux jours, je ne pensais pas qu'un nouvel épisode allait se dérouler à côté de chez moi (pas loin !)

, à Montreuil, aussi rapidement. Ce matin donc, à 7 h, la police française - accompagnée d'un policier roumain - est venue expulser une cinquantaine de Rroms roumains d'une vieille bâtisse, avenue du Président Wilson. À ce stade, voilà ce que j'ai appris : ils habitaient dans cette maison délabrée, dangereuse, depuis environ 8 mois.

Des voisins s'étaient plaints, à plusieurs reprises, auprès de la mairie. J'ai pu rapidement discuter avec l'une des mères : son bébé faisait la sieste sur un matelas posé sur le trottoir, à deux pas du carrefour de la Croix de Chavaux. Miracle : ici, contrairement à ce qui a pu se produire ailleurs, certains policiers ont été plutôt compréhensifs. À qui veut-on faire croire qu'un problème a été réglé ce matin à Montreuil ?