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FEMINISME

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Nancy Huston, romancière et essayiste. On aime l’essayiste pour la sagacité avec laquelle elle démonte les antagonismes entre le corps et l’esprit, l’art et la vie, le réel et l’imaginaire, la création et la procréation, la nature et la culture, et pour sa capacité à nourrir sa réflexion de ce que lui inspirent ses sensations physiques, ou les tâches du quotidien, autant que les références littéraires.

Nancy Huston, romancière et essayiste

On aime la romancière pour sa sensualité, pour son talent à dire les éblouissements de l’amour et les beautés de la vie aussi bien que la violence, la folie, la perversion, la tragédie ; pour cette écriture qui fouille la chair de son lecteur autant que celle de ses personnages. . « Sorcière » : le mot revient souvent dans le parcours et les écrits de Nancy Huston. Au pluriel, c’était le titre de la revue féministe à laquelle, dans les années soixante-dix, étudiante canadienne fraîchement débarquée à Paris, elle confiait ses premiers textes. C’est aussi l’image qu’elle utilise pour faire l’éloge des pouvoirs de l’imaginaire. « Des paradis vraiment bizarres » En octobre 2010, Séverine Auffret et Nancy Huston avaient organisé au Petit Palais, à Paris, un colloque sur la coquetterie (on peut encore l’écouter sur le site de France Culture, première et deuxième partie).

« Des paradis vraiment bizarres »

Une journée chaleureuse et passionnante, atypique à la fois sur le fond — où d’autre aurait-on eu la chance d’entendre un exposé sur la symbolique de la boucle d’oreille ? — et sur la forme, musique et théâtre se mêlant aux communications plus classiques. Ma propre participation m’avait décidée à me lancer dans l’écriture de Beauté fatale.

Nancy Huston, elle, a prolongé sa réflexion dans un livre qui paraît le 2 mai chez Actes Sud : Reflets dans un œil d’homme. Malheureusement, à la lecture, la perplexité qu’on avait ressentie en l’écoutant ce jour-là se change en consternation. Au soin obsessionnel apporté par les femmes à leur apparence, elle fournit une explication : la nature. Le hareng est-il « un tigre pour le hareng » ? L’offensive de la psychologie évolutionniste. Doris Lessing’s The Golden Notebook. ZONES. La série brosse en particulier un tableau saisissant de la condition des femmes. Betty Draper, la mère au foyer, élevée dans le souci exclusif de son apparence et de sa beauté, qui a tout pour être heureuse selon les critères de son milieu, mais qui crève de solitude et d’ennui ; Peggy Olson, la jeune rédactrice volontaire – seule femme à occuper ce poste –, aux prises avec le dragon ultra-catholique qui lui sert de mère, furieuse à la fois de subir les mains baladeuses de ses collègues et d’être jugée trop menaçante pour correspondre à leur idéal amoureux ; Joan Holloway, la plantureuse secrétaire rousse, qui tente de faire une force de son statut d’objet sexuel, sans que cela la mette à l’abri de la frustration et de la déception : toutes, si différentes soient-elles, se débattent dans les limites que leur assigne la société américaine de cette époque.

Et, pourtant, on peut se demander si ce n’est pas cela, précisément, qui est en train de changer dans les mentalités.