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4 – Quelques exemples de recherches

Facebook Twitter

Là encore, il ne s’agit en rien d’une synthèse exhaustive, mais plutôt d’une compilation ordonnée, permettant de se rendre compte de la diversité des recherches conduites via le numérique.

On expose dans un premier temps en quoi les méthodes de travail se renouvellent avec le numérique, puis on décline des exemples dans divers champs.

Travailler autrement (perles 1 à 2)
Le numérique permet aux chercheurs de travailler autrement. Ils doivent tout d’abord coopérer avec des informaticiens qui vont traduire techniquement leurs hypothèses de travail. Ensuite, ils peuvent conduire des enquêtes totalement en ligne, soit en fouillant des données laissées par les utilisateurs d’Internet –de nombreux travaux portent par exemple sur les comportements des usagés des media sociaux (FaceBook, Twitter, etc.)–, soit en concevant des questionnaires en ligne. Autre méthode en plein développement : le repérage et la mise à contribution d’une communauté d’individus liés par une question commune (par exemple l’obésité) à qui on demande de s’exprimer sur un réseau social ad hoc. Le chercheur peut aussi les interroger par vidéo entretien et ainsi combiner en ligne et hors ligne. Quant au déroulé de son enquête, le chercheur dispose de nombreux outils qui lui permettent de rendre public un travail en cours par wiki, outils open, blogs, plateformes collaboratives… Et in fine publier des résultats en ligne, assortis de schémas, de cartes qui les traduisent visuellement.

« Just in time sociology » (perles 3 à 5)
Outre l’apparition de nouveaux outils qui contribuent à renouveler l’approche et les méthodes de travail en SHS, on assiste aussi à des tentatives pour accélérer le temps de la recherche et ainsi répondre « en direct » ou presque à des phénomènes sociaux. Ainsi, les émeutes et diverses révolutions, arabes notamment, ont fait l’objet d’analyses rendues possibles par l’étude des données présentes dans les smartphones et l’usage des médias sociaux qu’en ont fait leurs utilisateurs. L’étude proposée par Antonio Caselli et Paola Tubaro portant sur les émeutes londoniennes de l’été 2011 constitue un des premiers exemples de ce type de travaux. Le site Just-In-Time Sociology rassemble de très nombreux autres exemples.

Des recherches nouvelles portant sur des productions d’artistes (perles 6 à 9)
Si maintenant on se focalise davantage sur les résultats produits, parmi les très nombreux exemples de recherches, on peut mentionner celles qui portent sur des corpus artistiques. En effet, l’histoire de l’art, bien que plutôt rétive à l’émergence du numérique (cf Corinne Welger), atteste d’un renouvellement de ses travaux lorsqu’elle s’appuie sur le numérique. Ainsi, la numérisation des lettres de Vincent Van Gogh permet tout à la fois d’améliorer la visibilité grand public de ces documents, d’en faire un traitement analytique, de regarder à cette aune ses œuvres, etc. Une autre recherche portant cette fois sur les écrits de Jean-Jacques Rousseau est elle aussi très impressionnante par la diversité des résultats qu’elle pourra fournir.

Voir autrement les groupes sociaux et leurs conditions de vie (perles 10 à 13)
D’autres travaux prennent à bras le corps des problématiques anciennes, notamment sur les groupes sociaux et leurs conditions de vie, en proposant de nouvelles approches. Ainsi, l’approche de la vie ouvrière dans les usines de construction automobile se trouve-t-elle repensée par la recherche Usine3D. Dans un genre très différent, l’enquête Anamia porte elle sur les personnes en surpoids en les associant à la recherche. Autre perspective encore, celle des migrations, détaillée par le site et la recherche e-diasporas.

Analyser les réseaux sociaux (perles 14 à 17)
Enfin et sans prétendre nullement à une quelconque exhaustivité, ni même à un semblant de représentativité, nous mentionnons ici des recherches qui portent sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire l’ensemble des liens noués par des individus, notamment via des médias sociaux type Facebook ou Twitter.

Il y a en effet une croissance des études des réseaux vus à la fois comme un nouveau corpus de méthodes pour les sciences sociales, et permettant par ailleurs la définition d’un nouveau paradigme, cherchant à ouvrir une troisième voie entre une approche individualiste ou au contraire une approche globalisante. Par ailleurs, des outils comme Bringr, destinés aux entreprises, permettent relativement aisément, d’analyser l’attitude des internautes sur un média social relativement à une marque ou un produit. Pour une approche introductive à ces travaux, on peut se référer utilement à l’ouvrage de Pierre Mercklé « Sociologie des réseaux sociaux », édition : La Découverte, 2011. 1 – Comment les usages numériques transforment-ils les sciences sociales ? 1Nous allons voir ensemble comment les usages numériques impactent les sciences sociales.

Je précise que cette intervention se situera résolument dans un présent historique et historicisé des sciences sociales et des sciences en général. Je suis souvent mal à l’aise quand on me demande de faire des prédictions ou d’indiquer des tendances pour le futur. En effet, quand on parle d’usages numériques et, de façon plus générale, de technologies de l’information et de la communication, on a souvent tendance à s’installer dans un certain déterminisme technologique.

Or, s’il est vrai qu’il n’y a pas de lien de causalité directe, les technologies exercent une grande influence. 2Alors que les technologies s’installent, notamment les usages numériques, on assiste à une pénétration culturelle doublée d’une pénétration matérielle des usages informatiques dans nos métiers. 3Mais est-ce vraiment une question d’outils ?

L’idéoscope par Semion Korsakof 4 Dan Farrell & James C. 7 Antonio A. 2 – Les nouveaux outils numériques pour la recherche scientifique. Que vous soyez étudiants, chercheurs ou ingénieurs vous maîtrisez probablement à la perfection certains outils informatiques : powerpoint, éditeurs de texte, messageries électroniques. D’autres outils, moins utilisés, existent et ont chacun une utilité spécifique. En recherche comme dans de nombreux domaines, il est important d’organiser son emploi du temps et d’utiliser des outils pertinents et adaptés. Avez-vous besoin d’organiser votre veille bibliographique, d’échanger des fichiers volumineux ou bien d’optimiser votre travail d’équipe ? Les petits nouveaux se nomment : ResearcherID, Figshare, Prezi ou Sozi, les connaissez-vous ?

Voici un aperçu des outils numériques à utiliser pour la recherche scientifique. Une version en anglais de cet article est disponible : The new digital tools for scientific research Gestion bibliographique et veille scientifique La première étape de ce processus est la veille scientifique. La bibliographie à l'ancienne - Crédits : gadl/Flikr Les inclassables. 3 – Eléments pour une sociologie des émeutes britanniques. La censure des médias sociaux, prônée par David Cameron, empêcherait-elle les émeutes? Une simulation sociologique montre que cela ne ferait qu'augmenter le niveau général de violence, bien que réduisant l'acmé des crises. Les liens de cet article sont en anglais. Oh, sublime hypocrisie des médias traditionnels européens !

Les mêmes technologies, glorifiées pendant le “Printemps arabe” pour avoir fait chuter à elles seules des dictateurs, sont maintenant au cœur d’une panique morale sans précédent pour avoir soi-disant alimenté les émeutes britanniques d’août 2011. Dans un récent article, Christian Fuchs affirme avec justesse : Même la BBC s’est mise, le 9 août, à adopter un discours diabolisant sur les réseaux sociaux et à parler du pouvoir qu’ils ont à rassembler pas cinq, mais 200 personnes pour former un « gang » d’émeutiers [rioting « mob »].

Oh, le raffinement exquis de l’art ancestral du deux poids deux mesures! Le modèle de violence civile d’Epstein (revisité) Annexes gothick_matt. 4 – Antonio Casilli pour le TEDx Paris Universités. 5 – Just-In-Time Sociology : Understanding social phenomena as they unfold. 6 – Corinne Welger : une réflexion engagée sur ce que les technologies de l'information font aux musées. 7 – Numérisation des lettres de Vincent van Gogh. All the letters written and received by Vincent van Gogh are presented in this web edition: 902 letters and 25 'Related Manuscripts' (such as loose sheets and unsent drafts of letters). They can also be accessed by period, correspondent and place, or by selecting those containing sketches . The site can be searched using its simple or advanced search functions.

The website also contains essays by the editors about Van Gogh and his letters, detailing their content and context, the artist's writing style and relation to his correspondents, as well as biographical information about him and his family and the publication history of the letters The working method is explained in 'About this edition' . 8 – Jean-Jacques Rousseau online. 9 – Rousseau en Creative Commons. Infoclio.ch, portail suisse des sciences historiques a mis en ligne le site RousseauOnline.ch qui donne accès gratuitement à l’ensemble des oeuvres de Jean-Jacques Rousseau dans leur première éditon de référence publiée à Genève entre 1780 et 1789 soit plus de 10 000 pages. Les textes sont accessibles à la lecture en ligne et disponibles gratuitement au téléchargement au format PDF et au format Epub (smartphones, tablettes, liseuses, etc.).

RousseauOnline.ch : des ouvrages et textes téléchargeables en Creative Commons Les textes et les illustrations deRousseauOnline.ch sont placés sous licence Creative Commons (CC-BY). La licence Creative Commons autorise la copie, le partage et la réutilisation des textes, pour autant que leur source soit citée. Modules de recherche Le site Web est consultable et interrogeable via différents modules : Licence : Creative Commons by-nc-saGéographie : Europe Tags: auteur, Creative Commons, litterature, livre, site internet, Suisse.

10 – Usines3D : documenter l’histoire économique, sociale et technique des pratiques industrielles. 11 – La sociabilité "Ana-mia" : une approche des troubles alimentaires par les réseaux sociaux en ligne et hors ligne. « La sociabilité "Ana-mia" : une approche des troubles alimentaires par les réseaux sociaux en ligne et hors ligne » (ANAMIA), Convention de recherche en réponse à l’appel à projets 2009 du programme de recherche ALIA “Alimentation et Industries Alimentaires“ de l’ANR, 2010-2012. Partenaires : Centre Edgar Morin/iiAC (EHESS-CNRS), Paris : Claude Fischler, responsable scientifique du projet ; Centre Maurice Halbwachs (CMH), ENS Paris : Lise Mounier ; Centre de Recherche en Psychologie, Cognition et Communication (CRPCC), UBO, Brest : Estelle Masson ; Institut Telecom - Telecom & Management Sud Paris (Ethique Technologies Organisations Société) IT/TM SP (ETOS), Paris : Pierre-Antoine Chardel ; Groupement de Recherche en Economie Quantitative d’Aix-Marseille (GREQAM) : Juliette Rouchier.

Résumé : Dans les pays du nord du monde, le taux de mortalité de l’anorexie et de la boulimie a été estimé entre 5% et 10% par décennie - l’un des plus élevés pour de tels troubles. 12 – « Ma vie selon Ana-Mia » Episode 1. Elles sont jeunes et ont des blessures physique et psychologique qui les obligent à vivre différemment, qui les obligent à se détester tous les jours un peu plus, qui les entraînent inexorablement vers la mort. Seul exutoire qu’elles se sont trouvées : parler ouvertement de leur souffrance sur la Toile. Blogs, forums, réseaux sociaux, depuis quelques années, les jeunes filles, prônant les bienfaits de l’extrême maigreur, fleurissent partout sur Internet. Malgré un projet de loi visant à punir la promotion de la maigreur adoptée en 2008, les témoignages de ce que l’on appelle désormais les pro-Ana ou pro-Mia sont bel et bien visibles. A l’occasion d’une études lancée par les chercheurs de l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie Contemporain (*), petit tour des blogs et des autres réseaux qui font l’apologie de la maigreur.

Bienvenue chez Ana et Mia, bouche de l'enfer Ana et Mia sont les deux meilleures amies des troubles alimentaires. Un journal intime. 13 – Recherches et publications sur les diasporas. The e-Diasporas Atlas is a unique experiment in research on diasporas as well as in publishing, a first in the restitution of scientific findings and their presentation. Historically, the emergence of e-diasporas occurred in tandem with the diffusion of the Internet and the development of multiple online public services. At the end of the 1990s, a number of institutions joined forces with the new ‘e’-technologies (e-administration, e-democracy, e-education, e-healthcare, e-culture, e-tourism), which gave rise to the first presence on the Web of associations run by migrant populations.

If the earliest websites were produced by IT professionals, we soon saw the diffusion of the Web in all of the diasporic communities and at all levels. The last ten years witnessed the use of both Webs 1.0 and 2.0 in these communities as well as the widespread appropriation of the various social-networking platforms (Facebook, Twitter, LinkedIn, etc.). An e-diaspora is both ‘online’ and ‘offline’. Présentation de l'atlas e-diasporas. Les technologies de l'information et de la communication - téléphones portables, Internet, base de données informatisées - ont profondément transformé la vie des migrants. On observe en outre depuis une dizaine d'années une prolifération de sites, de blogs ou de réseaux sociaux créés par ou destinés aux diasporas.

Ces nouvelles pratiques communicationnelles et organisationnelles produisent sur la Toile un vaste corpus en mouvement dont l'analyse et l'archivage n’ont jusque ici jamais été entrepris. Résultat du travail de plus de 80 chercheurs et ingénieurs à travers le monde, cet e-Diasporas Atlas est le premier du genre, avec quelque 8 000 sites observés dans leurs interactions et archivés. Il constitue un objet éditorial unique, combinant diverses formes de supports : - trois cartes imprimées avec représentations graphiques d’une trentaine d’e-diasporas (présence sur le web des différentes e-diasporas à un instant T),

14 – L’analyse des réseaux sociaux – Yannick Rochat. Cet article situe l’analyse des réseaux sociaux au sein de la recherche scientifique en sciences humaines, en esquissant ses origines, ainsi qu’en évoquant quelques personnages-clés. On peut considérer qu’il fait suite à l’article de Martin Grandjean publié à la fin du printemps par Pegasus Data Project : "Analyse de réseaux et méthode quantitative en histoire". Il sera suivi d’un second article présentant les concepts les plus importants de ce domaine (centralité, communautés, équivalence structurale, liens faibles, …) en les illustrant. Puis d’un troisième article dissertant de la situation de la recherche aujourd’hui – soit comment l’analyse des réseaux sociaux s’est étendue à d’autres domaines de recherche (physique, biologie), quels sont les sujets en vue, etc. – et des applications faites au quotidien (tel l’algorithme PageRank, basé sur l’analyse de réseaux, ayant permis à Google de devenir le leader des moteurs de recherche).

Un extrait d’échanges lors d’un débat sur Twitter. 15 – Culture politique et ingénierie des réseaux sociaux. Résaux sociaux Culture politique et ingénierie des réseaux sociaux Bernard Stiegler et al. Collection du Nouveau Monde Industriel En libraire à partir du 5 janvier 2012 La dissémination des technologies numériques dans toutes les couches sociales de tous les pays industrialisés transforme inexorablement les relations entre les individus, les groupes, les générations et les nations. La croissance spectaculaire des réseaux sociaux affecte tous les milieux, et vient transformer les règles du jeu socio-économique dans son ensemble, tant pour les individus que pour les entreprises et organisations, et dans tous les domaines de la vie. Cet ouvrage, dirigé par Bernard Stiegler, propose les meilleures contributions aux Entretiens du Nouveau Monde Industriel sur les réseaux sociaux.

Il étudie leurs conséquences économiques et organisationnelles, et identifie les opportunités d’innovation sociale, les enjeux politiques et les menaces afférents à cette émergence du « social engineering ». Sommaire : 16 – Bringr : nouvel outil de veille et d’analyse sur les réseaux sociaux. 17 – Sociologie des réseaux sociaux – Pierre Mercklé. Aujourd’hui paraît la troisième édition du livre que j’avais consacré à la Sociologie des réseaux sociaux, et dont la première édition était parue en 2004 aux Editions de la Découverte, dans la collection « Repères ». Le livre avait alors été écrit dans un contexte particulier, celui de la montée, en France comme ailleurs, de l’analyse des réseaux à la fois comme nouveau corpus de méthodes pour les sciences sociales, et aussi comme nouveau paradigme, ambitionnant d’ouvrir une troisième voie « méso-sociologique » entre le holisme et l’individualisme méthodologique, et qui a pu aussi consister à opposer les réseaux sociaux aux classes sociales.

L’ambition de la sociologie des réseaux sociaux est donc de restituer aux comportements individuels la complexité des systèmes de relations sociales dans lesquels ils prennent sens, et auxquels ils donnent sens en retour. Que s’est-il donc passé au cours des dix dernières années, pour qu’on assiste à un tel retournement ?