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UK riots

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Qu'elle soit maudite ou crainte, la vérité interdite est l'insurrection en Grande-Bretagne. par John PILGER. Par une belle journée de printemps, alors que je me promenais dans le sud de Londres, j’ai entendu des voix autoritaires derrière moi. D’une fourgonnette de police ont déboulé six ou sept policiers qui sont passés en m’écartant. Ils ont entouré un jeune homme noir qui déambulait comme moi. Ils s’en sont saisis, lui ont fouillé les poches, examiné ses chaussures, inspecté ses dents. Leur brutalité confirmée, ils l’ont laissé partir en aboyant un avertissement qu’ils se reverraient une prochaine fois. Pour les jeunes en bas de la pyramide de richesses et d’assistanats et de misères qu’est devenue la Grande-Bretagne, surtout les noirs, les marginalisés et les amers, les envieux et les sans-espoirs, c’est toujours la même chose.

Leur relation à l’autorité fait partie intégrante de leur obsolescence en tant que jeunes adultes. Lorsqu’ils se sont précipités au parlement pour faire étalage de leur sectarisme et hypocrisie de classe, à peine une poignée de députés ont mentionné cette vérité. Émeutiers fantômes. Grâce aux hélicoptères, les images étaient parfaites. Dignes d’Hollywood. Scènes de pillages et pyromanes en action en pleine nuit. Des flammes hautes de plusieurs étages éclairant les façades d’immeubles de brique attaqués par des émeutiers protégés par leurs simples hoodies.

Quelques sirènes ici ou là. De rares lances à incendie. Et puis, au petit matin, des pâtés de maison entiers réduits en cendres. Médias traditionnels à la peine Car les médias traditionnels sont bien à la peine. Chaos et toute puissance Alors pour combler l’absence de sens, on doit se contenter d’images d’hélicoptères. Mais l’effroi nous prend également devant tant de désordres dans une ville si proche de nous. Mixité et inégalités sociales C’est également une ville en proie à la spéculation immobilière, à l’accroissement flagrant des inégalités, à la gentrification d’anciens quartiers ouvriers, à la mode Harlem. L’urbanisme parisien, sécuritaire avant tout… … et des voitures brûlées à quelques kms de l’Élysée. Emeutes: pourquoi la police a-t-elle perdu le contrôle ? ÉMEUTES À LONDRES • Les raisons de la colère. Depuis quelques jours, des troubles ont éclaté dans tout le pays. Ces violences s’inscrivent dans un contexte économique et social aggravé par les mesures d'austérité mises en place par les conservateurs de David Cameron.

Il y a un an à peine, la coalition composée des conservateurs et des libéraux-démocrates accédait au pouvoir. Depuis lors, le Royaume-Uni a vu se succéder des protestations étudiantes, des occupations de dizaines d’universités, de nombreuses grèves, des manifestations qui ont rassemblé près d'un demi-million de personnes. Maintenant, ce sont des troubles violents qui agitent les rues de Londres et de quelques grandes villes du pays. Tous ces événements n'ont certes pas la même origine, mais ils s’inscrivent tous dans un contexte marqué par des réductions budgétaires brutales et de lourdes mesures d’austérité. Les mesures mises en place depuis un an ont mis crûment en lumière le fossé entre riches et pauvres.

Londres : l’insondable péril jeune. Les jeunes sont-ils au cœur des émeutes ? Sans doute, puisque la police londonienne a arrêté un gamin de 11 ans. Mais le premier à plaider coupable, hier, était un homme de 31 ans travaillant comme assistant dans une école primaire. Poursuivi pour s’être trouvé dans un magasin pillé, sans rien voler, il a été relâché en attendant son procès. Le Highbury Corner Magistrates Court juge ainsi à la chaîne depuis mardi soir, nuit comprise, les centaines de personnes arrêtées lors des trois jours d’émeutes dans la capitale. Deux chambres correctionnelles sont mobilisées ; procureurs, juges et avocats y assurant une sorte de trois-huit. Suivait un étudiant de 19 ans coupable d’avoir piqué deux tee-shirts. Portrait-robot. Mehmet, 21 ans, qui tient avec son père un «Social Club» à Kingsland Road, a croisé une bande de «60 à 80» émeutiers qui assaillaient lundi soir son quartier de Dalston, après avoir tenté de brûler un bus.

Contradictions. Est-ce la bonne méthode ? Royaume-Uni. Émeutes de Londres: “ces jeunes savent qu’ils n’ont pas d’avenir” Un journaliste qui a grandi dans les quartiers de Londres aujourd'hui en flammes raconte les émeutes et s'interroge sur leurs origines. MAJ: Retrouvez la vidéo, sous-titrée en français, de Darcus Howe interrogé par la BBC. Ça ressemble à une scène de film d’horreur. Des jeunes en nombre envahissent les rues. Pillent, saccagent et détruisent Londres. La police, dépassée, tente de protéger les centres commerciaux alors que les jeunes continuent de faire ce qu’ils veulent. La question est : pourquoi ? Qu’ai-je à apporter au débat ? Lorsque j’ai grandi dans ce quartier, la criminalité était élevée, les adultes qui m’entouraient n’avaient pas de travail, je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais la zone rassemblait des immigrés du monde entier.

Agir ou subir Pour en revenir à mon histoire, lorsque j’étais adolescent, les gangs dominaient la rue. Mon histoire a commencé dans les années 1980 mais en 2010, trente ans plus tard, rien n’a changé. Des centaines de jeunes, pas un policier en vue. Photoshoplooter. Put your jazz hands in the air. Emeutes : Cameron durcit sa politique sociale. "Notre riposte sécuritaire doit être assortie d’une réponse sociale", a déclaré lundi David Cameron, à propos des émeutes qui ont secoué la Grande-Bretagne entre le 6 et le 10 août. Le gouvernement s’est montré d’une grande fermeté pour mettre fin à ces troubles, en étendant les droits des policiers, en appelant les citoyens à dénoncer les émeutiers et en faisant tourner les tribunaux en continu pour juger les 2.300 personnes interpellées.

Si les forces de sécurité restent très présentes – plus de 16.000 déployées à Londres -, les émeutes ont pourtant pris fin depuis plusieurs jours. L’heure est désormais à l’avenir, et c’est sur ce point que David Cameron s’est exprimé lundi, promettant une "révision" des politiques, notamment "sur les écoles, les prestations sociales et l’éducation des enfants", pour lutter contre "l’effondrement moral" de la société.

Pas d’allocations pour les émeutiers Eradiquer les gangs. "C'est la ségrégation sociale qui mène à l'émeute. Romain Garbaye est professeur de civilisation britannique à l’Université Sorbonne nouvelle-Paris-III. Il est l’auteur de « Emeutes vs intégration, comparaisons franco-britanniques », paru en janvier dernier aux éditions Les presses de SciencesPo. Il analyse les émeutes à la lumière du projet conservateur de "big society", où les citoyens prennent eux-mêmes en charge les services publics autrefois gérés par l'Etat. Depuis plusieurs mois, on fustige le multiculturalisme comme un échec au profit de ce que vous appelez « le néo-assimilationnisme »… Romain Garbaye. La Grande-Bretagne a connu une vague d’émeutes de grande ampleur, en 2001. Les villes concernées étaient des villes du nord de l’Angleterre -Bradford, Burnley, et Oldham- dans lesquelles des minorités le plus souvent d'origine pakistanaise ou bangladaise sont concentrés dans certains quartiers, et la grande majorité des émeutiers étaient des jeunes hommes d’origine pakistanaise.

Romain Garbaye. Romain Garbaye.