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Best of Lordon

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« L’irréalisme, c’est eux ! », entretien avec Frédéric Lordon. Le journal fakir est un journal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous. Il ne peut réaliser des reportages que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné ! Aujourd’hui sort notre livre « Vive la banqueroute ! », ou comment la France a réglé ses dettes, de Philippe le Bel au général de Gaulle. Retrouvez ci-dessous en vidéo notre entretien avec l’économiste Frédéric Lordon, qui constitue la postface du bouquin. François Ruffin : Quand on écoute la radio, la télé, on entend en permanence qu’ « il n’y pas d’alternative au désendettement de l’État », qu’il n’y a qu’un seul remède c’est l’austérité. Donc nous, on a regardé dans notre histoire de France, et on a repéré plein d’autres solutions : des « taxes sur les aysés », la confiscation, la dévaluation, l’inflation… Et surtout, une mesure qui revient régulièrement : la banqueroute.

Précipitez-vous chez votre libraire préféré ou commandez le bouquin ici. Merci Patron ! Dans tous les bons cinés Niouzlaiteur. Ce qui est exigé, c’est une adhésion joyeuse | Le Journal de Jane. 2011 vu par Frédéric Lordon: "Les ingrédients du désastre" Voué à se perdre dans la prolifération des événements de première grandeur, comme seules les crises historiques en réservent, l’exercice de la rétrospective économique a tout d’une gageure. Si vraiment il fallait donner une cohérence à l’année 2011, il est possible que, d’abord entendu en son sens étymologique, et puis peut-être en son sens ordinaire, ce soit le mot d’apocalypse qui, appliqué à la construction européenne, convienne le mieux.

L’apocalypse, c’est la révélation, et ce que l’année 2011 aura révélé, visibles sans doute depuis longtemps mais à qui avait au moins le désir de voir, ce sont les irréparables tares de la monnaie européenne, désormais mises en pleine lumière, accablantes, incontestables aux yeux mêmes des plus bornés soutiens de "L’Europe", ce générique qui n’a jamais eu de sens sinon celui de rejeter dans l’enfer "nationaliste" des "anti-Européens" tous ceux qui avaient à redire, non pas à l’Europe, mais à cette Europe. "Tout ça ne pourra pas durer éternellement" « Il est très probable que toutes les banques viennent à tomber » (1/2)

Frédéric Lordon : Capitalisme, désir et servitude. S’il y a une spécificité du néolibéralisme c’est bien qu’il se donne pour vocation de coloniser intégralement l’intériorité des individus, des travailleurs, c’est-à-dire de refaçonner intégralement leurs désirs et leurs affects. Le régime de mobilisation néolibéral ne se contente pas de ce que des salariés viennent et accomplissent les actions qu’on leur a dictées d’accomplir, comme c’était le cas dans le fordisme. Le néolibéralisme exige que le salarié refaçonne entièrement ses dispositions pour être dans un état de mobilisation générique et permanente.

C’est-à-dire, non pas d’être simplement en état de faire précisément ce qu’on lui dit, selon une check-list analytique, mais d’avoir incorporé en soi, d’avoir fait sien, le désir-maître de l’entreprise de telle sorte que la coïncidence soit telle que la mobilisation soit quasi-parfaite. Puisqu’en s’activant au service du désir-maître, le salarié a en fait le sentiment de s’activer au service de son propre désir. Point technique : Frédéric Lordon : Capitalisme, désir et servitude. S’il y a une spécificité du néolibéralisme c’est bien qu’il se donne pour vocation de coloniser intégralement l’intériorité des individus, des travailleurs, c’est-à-dire de refaçonner intégralement leurs désirs et leurs affects.

Le régime de mobilisation néolibéral ne se contente pas de ce que des salariés viennent et accomplissent les actions qu’on leur a dictées d’accomplir, comme c’était le cas dans le fordisme. Le néolibéralisme exige que le salarié refaçonne entièrement ses dispositions pour être dans un état de mobilisation générique et permanente. C’est-à-dire, non pas d’être simplement en état de faire précisément ce qu’on lui dit, selon une check-list analytique, mais d’avoir incorporé en soi, d’avoir fait sien, le désir-maître de l’entreprise de telle sorte que la coïncidence soit telle que la mobilisation soit quasi-parfaite. Puisqu’en s’activant au service du désir-maître, le salarié a en fait le sentiment de s’activer au service de son propre désir. Point technique : Bonus et primes : le (résistible) chantage des « compétents » -

De la crise que connut la Grèce antique issue de la décomposition de la royauté mycénienne en la première agora, Jean-Pierre Vernant, citant Theognis, indique très clairement le germe : « Ceux qui aujourd’hui ont le plus convoitent le double. La richesse, ta chrémata, devient chez l’homme folie, aphrosunè » [2]. Et Vernant, décrivant l’état des mœurs de cette Grèce du VIème siècle en crise d’ajouter pour sa part : « Qui possède veut plus encore.

La richesse finit par n’avoir plus d’autre objet qu’elle-même (…), elle devient sa propre fin, elle se pose comme besoin universel, insatiable, illimité, que rien ne pourra jamais assouvir. A la racine de la richesse, on découvre donc une nature viciée, une volonté déviée et mauvaise, une pleonexia : désir d’avoir plus que les autres, plus que sa part, toute la part. La grande résurgence des inégalités Pendant la débâcle, l’enrichissement continue Totalement désinhibés « Sans bonus, les traders s’en iront » – et pourquoi pas ?...