Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. A l'occasion de la sortie du livre A nos amis, du Comité Invisible, le Lieu-Dit a organisé à l'automne dernier une rencontre-débat entre Eric Hazan et Frédéric Lordon.
Le premier dirige La Fabrique, et se trouve être l'éditeur du Comité Invisible, depuis L'insurrection qui vient. Le second est philosophe (spinoziste) et économiste (hétérodoxe) : au delà de leur profonde amitié, ils ont, sur l'Etat et les stratégies de subversion que le Comité Invisible promeut, des opinions qui peuvent parfois diverger ; sans compter les questions et interpellations du public, vives... L'ensemble constitue un document passionnant qu'il nous a semblé essentiel de faire connaître. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Judith Bernard Voilà des années que j'entendais parler de ce texte : le Maître ignorant.
Certains l'avaient lu, et en étaient marqués à vie. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Judith Bernard Cela faisait longtemps que je voulais me pencher sur la Commune de Paris : cet épisode fascinant de l'Histoire de France, que l'école n'enseigne pas et qu'il faut découvrir par soi-même, comme si c'était trop beau (comme principe), ou trop honteux (comme massacre) a longtemps hanté nos mémoires et suscite désormais quantités d'ouvrages.
C'est Kristin Ross, qui publie ces jours-ci L'Imaginaire de la Commune, que j'ai eu envie de recevoir pour en parler. Parce qu'elle est prof de littérature comparée, et que cette entrée littérale dans le "texte" des Communards me paraissait une approche idéale pour un Dans le texte. Parce qu'elle est américaine, et que c'est inattendu et émouvant de se faire raconter sa propre Histoire par le regard de l'autre. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Judith Bernard Didier Eribon est sociologue, philosophe, écrivain aussi ; son passionnant texte Retour à Reims, paru en 2009, a constitué une oeuvre-clef de sa bibliographie, une "autosociobiographie" où le récit intime vient alimenter et reconfigurer l'élaboration théorique.
Il y interroge sa condition de "dominé" sur le plan social (il a grandi dans un milieu ouvrier qui ne le destinait pas à une carrière intellectuelle) et de "minoritaire" sur le plan sexuel - son récit évoque son parcours d'homosexuel, et la façon dont cette identité lui a peut-être permis d'échapper au verdict social... Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. La crise n'est pas seulement partout autour de nous : elle est en nous, au cœur de notre vie psychique, fracassée sur la certitude d'un monde absurde, toxique et finissant.
Face à l'expansion des pathologies caractéristiques de l'époque - dépression, xénophobie, alcoolisme, toxicomanie - de nouvelles thérapies ont vu le jour, qui, au delà de l'illusion d'une efficacité aussi immédiate que temporaire, parachèvent bien souvent la dislocation du sujet déjà très entamé par la post-modernité. Miguel Benasayag entreprend de faire le point sur l'état de notre subjectivité, celui de la psychanalyse aujourd'hui, et les conditions de possibilité pour que l'une et l'autre se retrouvent afin de renouer avec la puissance d'agir.
Miguel Benasayag est philosophe et psychanalyste ; né en Argentine où il a été un résistant guévariste, ce qui lui a valu la torture et quatre années de prison, il est arrivé en France en 1978, sachant très bien ce que vivre et lutter veulent dire. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Ça fait déjà un moment que je cite Bernard Friot partout où je peux.
Pour l’avoir entendu ici et là (essentiellement dans des conférences ou débats filmés, disponibles sur Internet) parler du salaire à vie pour tous dès 18 ans, insister pour que nous nous percevions TOUS comme des producteurs d’une valeur qui doit être reconnue par un salaire inconditionnel, j’étais emballée et je reprenais certaines de ses phrases comme des fétiches – « Il y a des institutions qui génèrent les capacités qu’elles postulent », « Il faut interdire la propriété lucrative et n’accepter que la propriété d’usage ». Je parlais sa langue, faisais circuler sa pensée… Mais je ne l’avais encore jamais lu ! Il était temps d’y remédier, et de lui consacrer un Dans le texte. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans.
Quand Frédéric Lordon publie un article sur son blog d'économiste, La Pompe à phynance, dans l'heure les réseaux sociaux sont en transe : l'article est salué dans des hourras, partagé des centaines de fois, cité comme un nouvel évangile, et la gauche critique s'en repaît jusqu'à réciter certains "lordonismes" par cœur.
Quand Frédéric Lordon publie un livre de philosophie - car il est philosophe, aussi - on se tient plus coi. Le pavé impressionne. La rigueur pétrifie. L'exigence intellectuelle méduse, inquiète, inhibe... Et beaucoup s'en retournent en ayant renoncé, échouant à trouver dans les pages souvent austères, et presque bilingues français-latin, les joies purement percutantes de ses articles de chroniqueur économico-politique. Et pourtant ses livres de philosophie sont l'essentiel : ils livrent à notre époque des outils d'une exceptionnelle robustesse pour identifier ses apories comme ses issues de secours.
Référence : Pistes bibliographiques : Ivan Segré, Le Manteau de Spinoza. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Judith Bernard Le féminisme a fait bien des conquêtes, et dans le droit (occidental), la plupart des luttes des femmes ont été gagnées.
Mais sur le champ de bataille esthétique, nous nous vautrons encore dans une longue défaite paradoxale. Certes, les femmes ne sont plus jugées sous l’angle de leur seul physique, et l’on apprécie enfin qu’elles aient un esprit et sachent s’en servir. Mais paradoxalement, au moment même où elles sont reconnues comme des êtres à part entière, les exigences du paraître se sont multipliées, enfermant les femmes dans une étrange tyrannie sans tyran : une « microphysique du pouvoir » (comme dirait Foucault), où chacune se fait le bourreau et la victime, relayant des normes d’autant plus impérieuses que celles qui y échappent n’apparaissent à peu près jamais dans l’espace public et médiatique.
C’est le fruit d’une longue histoire de la laideur féminine, retracée par le passionnant ouvrage de Claudine Sagaert, Histoire de la laideur féminine, parue chez Imago. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Pour se faire une idée du "champ de bataille" qu'est la nature, et plus généralement la question écolo, on peut convoquer le souvenir de la journée du 29 novembre à Paris : tandis que s'ouvrait la COP21 d'un côté (celui du Bourget), où les dominants du monde s'assemblaient à grands renforts de sponsors prompts au green washing, pour définir les termes d'un accord qui serait fatalement insuffisant pour lutter contre le réchauffement climatique, de l'autre côté (celui de place de la République) les gens ordinaires bravaient l'état d'urgence et l'interdiction de manifester pour faire entendre des aspirations autrement exigeantes - et se retrouvaient bientôt gardés à vue à ciel ouvert par centaines, au poste toute la nuit pour des dizaines d'autres.
Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. J'ai découvert "Qu'est-ce qu'un bon film ?
" sur les conseils avisés d'un abonné qui me suggérait d'inviter Laurent Jullier car il défendait en esthétique des positions diamétralement opposées aux miennes. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Le seul nom de Steven Spielberg et les superlatifs qui s'y rattachent (réalisateur le plus connu, le plus populaire, l'incarnation du cinéma) ne peuvent que nous inciter à nous méfier. Quel est ce réalisateur qui peut séduire et fasciner autant de publics à la fois voire la planète entière ?
On a le sentiment que cette séduction est affaire de « recette marketing », et pour une raison bien précise, c'est que Spielberg aura fait naître, avec Les dents de la mer, un terme problématique, qui nous ramène à l'impureté du cinéma comme industrie : celui de blockbuster. Derrière l'usine à rêves et les budgets faramineux (car les rêves sont des superproductions) se cache néanmoins un grand artiste, un immense metteur en scène qui dialogue étroitement et de manière privilégiée avec notre inconscient. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. En préparant mon entretien avec Catherine Breillat, je suis retombée sur son passage chez Ruquier au moment de la promotion de son roman « Bad Love ». En face d'elle Zemmour et Naulleau font preuve d'une effroyable condescendance qui consiste en substance à dire « on vous connaît mais de là à voir vos films... ».
En une réplique d'une effroyable bêtise, l'oeuvre de Catherine Breillat se retrouvait totalement atomisée. C'est en soi un paradoxe, de voir Breillat côtoyer les talk-shows alors même que ses films ne sont pas vus. Ici le spectacle ne retient d'elle que ce qu'il veut bien retenir : l'aspect sulfureux, l'affaire Rocancourt.
Cette présence médiatique, au lieu de servir son cinéma, le dissimule encore un peu plus derrière un vague parfum de scandale. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. C'est l'histoire d'un studio qui depuis vingt ans (Toy Story, 1995) nous raconte des histoires avec des voitures et des poissons parlants, des jouets qui s'animent derrière notre dos, des gros monstres poilus qui font peur aux enfants et des rats qui cuisinent très bien. Se figurer la réussite de Pixar, c'est se figurer une sorte d'aberration : d'aberration de l'imaginaire, qui semble enfin, grâce au numérique, aller là où il veut, c'est-à-dire n'importe où, pour finalement toujours raconter la même histoire : celle, abstraite (et c'est pour cela qu'elle peut prendre autant de formes aberrantes) et sentimentale, de notre propre humanité.
Dans son très bel essai, "Génie de Pixar" (éd. Capricci, 2011) Hervé Aubron, rédacteur en chef adjoint du Magazine Littéraire et critique de cinéma, revient sur la genèse du studio Pixar, qui mêle une utopie technique à un art, que dis-je, à une orfévrerie du récit. Avoir besoin de toons pour se sentir humain, ça fait un peu peur ? Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Autant vous le dire, ça va pas fort en ce moment... Je suis au bout du rouleau, grosse fatigue. J'ai envie de prendre de longues vacances lointaines. Quelque part en Papouasie Nouvelle Guinée. Dans une tribu sympa où je vivrais en harmonie avec la nature et les hommes. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans.
Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Dans les années 1970, des féministes marxistes comme Silvia Federici affirment que le travail ménager des femmes au foyer est un vrai travail, non pas "productif" mais "reproductif", et que par conséquent il mérite salaire. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Vous avez certainement entendu parler de lui cet été.
Vous savez, ce sociologue et philosophe “néo-stalinien” dont la “furie épuratrice” et “totalitaire” (pour reprendre les mots d’Elizabeth Levy) le conduit à vouloir envoyer Marcel Gauchet “au goulag”... Figurez-vous que Geoffroy de Lagasnerie ne se contente pas de perturber la tranquillité habituelle des Rendez-vous de l’Histoire de Blois en appelant au boycott. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Elle dénonce le détournement du concept de laïcité comme cache-sexe de l’islamophobie. Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans.
Il est partout : le masque Anonymous a pris place dans notre paysage visuel, dans les manifs, sur les réseaux sociaux – sans qu’on sache toujours d’où il vient ni ce qu’il "veut dire" exactement. Pour comprendre la genèse de ce signe politique, il fallait remonter à la source artistique, à sa matrice mythique : la figure du vengeur masqué. Au cœur de ce mythe moderne, il y a V pour Vendetta, une BD qui se souvient de Guy Fawkes, terroriste catholique du XVIIème siècle, il y a le film V pour Vendetta, qui se souvient du Comte de Monte Cristo, et toute une foule fantômatique de justiciers plus ou moins solitaires.
Hors-Série - Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans. Même si les bûchers où elles ont péri par dizaines de milliers se sont éteints depuis plusieurs siècles, nous n'en avons pas fini avec les sorcières - ni d'ailleurs avec leur chasse. Certes, le capitalisme triomphant du XXème siècle a fait mine de domestiquer complètement cette inquiétante figure de la puissance féminine, et l'a maquillée en fée du logis parfaitement inoffensive : "Ma Sorcière bien aimée" - "Bewitched", en VO - fut le nom de cette entreprise d'apprivoisement et de réconciliation qui inonda nos chaînes de télévision entre deux tunnels publicitaires.