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Camus et le droit

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Camus et la peine de mort. Il se leva dans la nuit pour se rendre au supplice, à l’autre bout de la ville, au milieu d’un grand concours de peuple. Ce qu’il vit ce matin là, il n’en dit rien à personne. Ma mère raconte seulement qu’il rentra en coup de vente, le visage bouleversé, refusa de parler, s’étendit un moment sur le lit et se mit tout à coup à vomir. Il venait de découvrir la réalité qui se cachait sous les grandes formules dont on la masquait. Cet épisode de la vie du père que Camus n’a pas connu et repris dans le Premier homme a sans doute marqué l’engagement abolitionniste du philosophe de l’absurde.

Cet engagement abolitionniste où se rejoignent précisément le philosophe et l’homme. Camus a dénoncé la peine de mort dans ses réflexions sur la guillotine plus encore que dans l’Étranger. Camus conteste, d’abord, l’exemplarité du châtiment. Il faut tuer en public ou avouer qu’on ne se sent pas autorisé à tuer. La peine capitale sanctionne sans prévenir. Reste l’élimination pure et simple. Like this: Peut-on jamais être innocent ? À la suite d'un coup de gueule que j'ai piqué sur Facebook, un débat est né sur ce support qui m'a fait réaliser à quel point un malentendu pouvait exister chez certains de mes concitoyens. J'exprimais ma colère à l'égard du comportement de ceux qui, à l'occasion de la mort d'un artiste mondialement connu, ressortent des accusations sur des tendances perverses à l'égard des mineurs qu'il aurait eues de son vivant.

Au-delà de l'inélégance du propos (car il n'y a rien de plus urgent, quand ceux qui aimaient une personne sont encore frappées par le deuil, que de jouer au sycophante sur la dépouille), il pose un problème éthique plus profond. Cette personne non seulement n'a jamais été condamnée, mais en plus, elle a fait l'objet de poursuites pour dix chefs d'accusation qui ont tous aboutis à un acquittement le 13 juin 2005 après six mois de débats. Il ne s'agit pas de constater une évidence : la force du préjugé. À lire cela, mon sang se glace. Vous imaginez la conséquence ? Camus et la peine de mort. Camus, l'homme tumultueux. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Macha Séry Le 4 janvier 1960, la France est sous la neige.

Albert Camus rentre à Paris avec son éditeur Michel Gallimard. Sur la banquette arrière, il a posé le manuscrit inachevé du Premier Homme qui marque le début d'un troisième cycle de création. Au Petit-Villeblevin, dans l'Yonne, la RN5 est sinueuse et un arbre planté comme un gros sceptre dans un virage. Sous le choc, la tôle se froisse aussi facilement que du papier.

Avec la mort d'Albert Camus s'éteint - pour un temps - une certaine idée du bonheur et un sens de la justice tenu comme gouvernail dans la tempête. Il estimait que la charge de l'écrivain est motivée par un double devoir, " le refus de mentir sur ce que l'on sait" et "la résistance à l'oppression". Albert Camus (1913-1960) savait que sa génération ne referait pas le monde, mais pouvait au moins, disait-il, s'employer à ce que celui-ci ne se défît pas. Dans sa vie privée aussi, Camus est piégé dans un conflit de loyauté. France inter > émissions > 2000 ans d'histoire.