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Coquard - Ceux qui restent

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BALLAST • Benoît Coquard : « Milieux ruraux et banlieues ont beaucoup en commun » 27 janvier 2023 Entretien inédit | Ballast La gauche mili­tante et uni­ver­si­taire s’est long­temps tenue à l’é­cart du monde rural. Le vote FN/RN y pro­gres­sait et, fin 2018, les gilets jaunes se sou­le­vaient dans toute la France contre la vie chère. Les tra­vaux de socio­lo­gie sur les espaces ruraux et péri­ur­bains se mul­ti­plient et on a vu, à l’oc­ca­sion des der­nières élec­tions légis­la­tives, la NUPES s’in­ter­ro­ger — voire se divi­ser — sur le thème de la « France péri­phé­rique ».

Une notion désor­mais célèbre, et ample­ment dis­cu­tée. Pendant plu­sieurs années, le socio­logue Benoît Coquard a mené dans le Grand Est une enquête sur les per­sonnes qui habitent des cam­pagnes en déclin. Vous uti­li­sez l’expression de « cam­pagnes en déclin » ou d’« espaces sociaux en déclin » : qu’est-ce que ça recouvre plus exactement ? J’ai employé cette expres­sion pour mar­quer le fait que toutes les cam­pagnes ne se valent pas. Vous par­lez de déclin éco­no­mique et démo­gra­phique.

Ceux qui restent - Benoit Coquard. Les campagnes en déclin, ces villages où tous les commerces ont disparu et où la population ne cesse de diminuer d'année en année, sont-elles aussi "mortes' qu'elles n'y paraissent ? Comment s'organise la vie sociale des jeunes, dans ces zones désertées, où l'emploi est rare et les difficultés économiques nombreuses ? Le sociologue Benoît Coquard livre les résultats d'une enquête ethnographique au long cours riche d'enseignements à ce sujet.

Depuis 2010, il s'est immergé au sein de "bandes de potes' dans ces zones rurales populaires du Grand-Est, dont il est originaire. "L'envers des faits" (c'est le titre de la collection dans laquelle il est publié) est éloquent : s'il n'y a plus d'usines, de bars, ni d'associations dans ces espaces minés par la désindustrialisation, d'autres formes d'intégration et de solidarités se tissent, entre amis, chez "les uns les autres'. Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte, 2019) 1L’ouvrage de Benoît Coquart donne à voir le quotidien de jeunes ruraux vivant dans les anciennes régions industrielles du Grand Est de la France marquées par la baisse continue des emplois, la fermeture des services et des équipements, un exode massif des jeunes, en particulier des diplômés. Alors que les producteurs de représentations médiatiques imposent, du fait de points de vue surplombants et domino-centrés, des visions caricaturales des classes populaires rurales, oscillant entre misérabilisme et populisme, Benoît Coquart propose une approche ethnographique des « campagnes en déclin », approche qui le conduit à se mêler aux jeunes ouvriers, employés et chômeurs qu’il observe, afin de révéler, suivant une approche inductive, ce qui est invisible à un regard distant. 2Le premier chapitre, consacré au mouvement des Gilets jaunes, permet à l’auteur de relier ce qu’il observe et entend sur les ronds-points à ce que son enquête a précédemment mis au jour.

Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin. 1Une « bande de potes » s’amuse sur un matelas gonflable. L’un d’entre eux, resté sur le chemin terreux qui jouxte le cours d’eau, les observe. La photo de couverture est belle. En partie trompeuse, toutefois. Ce sont bien les cas de jeunes ruraux, principalement des hommes, du Grand-Est de la France que Benoît Coquard traite dans cet ouvrage.

Mais c’est davantage dans les intérieurs de maisons qu’il les croque, « chez les uns et les autres », ou dans les rues de ces « campagnes en déclin » qu’il arpente en voiture. 1 Cette expression métonymique désigne, en raison des gilets de haute visibilité de couleur jaune qu’ (...) 2Le livre, qui se divise en sept chapitres, s’ouvre sur la courte séquence politique des « gilets jaunes »1, avant de plonger le lecteur dans le temps dilaté de l’enquête. 3La forme d’ouvrage est ainsi au diapason de l’opération de tri qui divise la génération sociale au cœur de l’enquête. Bonne feuilles : « Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin » Ils se nomment Vanessa, Karim, Lorenzo ou Tiphaine. Ils vivent quelque part dans ce « Grand-Est » d’une France dépeuplée mais dont les dynamiques sociales, économiques et historiques demeurent souvent absentes des discours officiels et surplombants, plus enclins à les analyser par le prisme émotionnel.

Ces Français de nos « campagnes en déclins » s’expriment sous la plume de Benoit Coquard dans « Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin » publié aux éditions La Découverte. L’ouvrage, issu d’une recherche de presque dix ans, fait comme un clin d’œil au roman du prix Goncourt 2018 Nicolas Mathieu « Leurs enfants après eux ». Extraits choisis et remaniés de l’introduction. « Qui va lire un bouquin qui parle de nous ?

» me demande Vanessa, employée trentenaire résidant dans l’un des cantons dépeuplés du Grand-Est de la France. Cette expression qui a fait florès depuis 2014 a été unanimement critiquée par les chercheurs. La France éloignée des grandes villes « Déjà, nous » Coquard Benoit Ceux qui restent. Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, La Découverte, Paris, 2019, 280 p. - Tomasella_Recension_Coquard_Ceux qui restent.pdf. Recension - Ceux qui restent, Faire sa vie dans les campagnes en déclin, de Benoît Coquard - À travers un récit prenant, émaillé d’exemples saisissants, Benoît Coquard fait entrer dans le quotidien des habitants des zones en déclin démographique du Grand-Est.

Fruit d’une dizaine d’années d’enquête immersive dans la région, dont il est originaire, le travail du sociologue de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), publié en octobre 2019, s’appuie sur les échanges qu’il a eu et sur les situations qu’il a vécues pour présenter – à rebours des clichés – toute la complexité des milieux populaires ruraux. « Qui sont ces hommes et ces femmes qui continuent d’habiter dans les campagnes en déclin ? Certains y fantasment le « vrai » peuple de la « France oubliée », d’autres y projettent leur dégoût des prétendus « beaufs » racistes et ignorants ». De fait, à la différence des campagnes riches – situées proches des villes, des littoraux touristiques et des vignobles, les cantons enquêtés sont peuplés majoritairement de classes populaires – ouvriers et employés. Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte, 2019) Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin.

Rester à la campagne, en partir ou y revenir. En s’intéressant à Ceux qui restent, Benoît Coquard éclaire la réalité des jeunes issus des milieux populaires dans les « campagnes en déclin » de l’est de la France. Il souligne les difficultés démographiques et migratoires de ces territoires par une enquête en immersion ; les analyses statistiques permettent d’en préciser l’ampleur et les caractéristiques. Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin est le titre du livre de Benoît Coquard consacré aux jeunes adultes restés dans les campagnes de l’est de la France. Il est paru à l’automne 2019 aux éditions La Découverte (collection « L’Envers des faits »), quelques mois après le climax du mouvement des Gilets jaunes et l’attribution du prix Goncourt à Nicolas Mathieu (2018) pour son roman Leurs enfants après eux, qui évoque « une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde (industriel) qui meurt », « quelque part dans l’Est ».

L’ouvrage a déjà donné lieu à des comptes rendus universitaires. Figure 1. Figure 2. BALLAST • Benoît Coquard : « Milieux ruraux et banlieues ont beaucoup en commun »