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Anaïs Bohuon, Le Test de féminité dans les compétitions sportives. Une histoire classée X ? Le sport de compétition est l’un des objets les plus propices à l’analyse critique de la dualité des sexes et de la façon dont celle-ci est mise à mal face à la réalité diversifiée des corps. Dans son livre, Anaïs Bohuon retrace l’histoire des tentatives multiples du Comité International Olympique (CIO) pour mettre en place un dispositif scientifique permettant de reconnaître les « vraies femmes ». Elle y met en lumière l’incapacité du monde institutionnel sportif à s’accommoder de cette réalité qu’est la diversité des traits genrés selon les individus ; sous couvert de garantir une « égalité de chance », celui-ci exclut des compétitions les femmes qui ne correspondent pas aux critères médicaux – historiquement variables – de la féminité. L’apport historique majeur du livre se trouve dans le deuxième chapitre qui relate en détail l’histoire passionnante des tests de féminité imposés lors des Jeux Olympiques.

JO LONDRES 2012. Les tests de féminité : une pratique humiliante et discriminatoire. La Sud-Africaine Caster Semenya (à droite) a subi des tests de féminité en 2009 (O.MORIN/AFP). Les tests de féminité sont inacceptables et discriminatoires. C’est un procès de virilisation que l’on fait à certaines sportives dont on n’accepte pas les performances "hors norme".

Mais pourquoi les femmes devraient-elles être les seules à subir ce type de jugement ? Lorsque ces tests ont été mis en place de manière systématique dans les années 1960, c’était parce que l’on soupçonnait certaines athlètes qui se démarquaient dans des épreuves de force – comme le lancer de marteau – d’être des hommes dissimulés. Mais, depuis que ces testent existent, on n’a jamais trouvé un seul homme. Le prétexte est donc totalement injustifié et les résultats étaient beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît. Les cas intersexués discriminés Cette pratique est humiliante et inacceptable C'est encore différent en ce qui concerne les transsexuels. Une hypersexualisation des sportives. J.O et tests de féminité : « les sportives au 21ème siècle sont toujours sommées de faire la preuve de leur sexe. » 1ère partie: le cas Caster Semenya Les prouesses de Caster Semenya aux championnats du monde d’athlétisme de Berlin (2009) ont remis sur le devant de la scène une pratique ancienne du monde sportif et très critiquée: la vérification du sexe d’une athlète.

La question des “tests de féminité” est ainsi toujours d’actualité pour les jeux Olympiques de Londres. 2ème partie: Un test de féminité, pourquoi faire ? Utilisé entre 1968 pour les Jeux olympiques de Mexico et 2000 pour ceux de Sydney, l’objet de ce test est alors de déterminer que les femmes athlètes sont bien porteuses de deux chromosomes X. Il repose donc sur le postulat simple qu’il n’existe que deux sexes chromosomiques, féminin (XX) et masculin (XY) ; si une sportive ne réussit pas ce « test de féminité », cela voudrait donc dire qu’elle n’est pas XX et donc forcément XY. 3ème partie: le règlement sur l’hyperandrogénisme féminin L’hyperandrogénisme féminin désigne un excès de sécrétion d’hormones mâles, comme la testostérone. JO: tester la testostérone pour déterminer le sexe d'une athlète est-il juste?

Temps de lecture: 8 min Le Comité international olympique (CIO) a mis en place une nouvelle politique pour déterminer qui a le droit de concourir en tant que femme. Le but est d’éviter une réédition du scandale suscité par la médaillée d’or sud-africaine Caster Semenya, au 800 mètres femme des Championnats du monde de 2009.

Le sexe de la coureuse était devenu un grand point d’interrogation sur fond de spéculations à propos de son physique plutôt masculin. Elle a été interdite de compétitions pendant près d’un an. Et puis cette interdiction a été levée sans que l’on sache trop pourquoi. Tout le monde veut éviter qu’un pareil épisode se reproduise. Femme + testostérone = disqualification possible Voici ce que prévoit le CIO [PDF]: les femmes dont les résultats des tests de testostérone se situent dans les plages de valeurs masculines et dont le corps réagit à cette hormone peuvent ne pas être autorisées à concourir en tant que femmes.

Un mauvais calcul Cela ne sert strictement à rien. JO Londres 2012 : le "test de féminité" fait polémique. Championne ou champion ? Lors de sa victoire dans la finale du 800 mètres féminin au championnat du monde d’athlétisme de Berlin en 2009, la sud-africaine Caster Semenya a vu brutalement son identité sexuelle remise en cause, questionnée et examinée. Avec ce cas très médiatisé, la question du « test de féminité » des athlètes est revenue au premier plan et les instances sportives, comme la Fédération internationale d’athlétisme, ont été une nouvelle fois critiquées pour leur piètre gestion de l’affaire (lire Peut-on tester le genre des athlètes?). Afin que cela ne se reproduise pas aux Jeux Olympiques de Londres, le Comité olympique international a donc élaboré en juin un nouveau règlement relatif à l’hyperandrogénie féminine (1).

Celle-ci désigne un excès de sécrétion d’hormones mâles (comme la testostérone), condition typique d’athlètes intersexuées (2), précise le CIO. La mesure du taux de testostérone en cas de résultats litigieux Les tests servent-ils à quelque chose ? « Laissez les sportives concourir ! » Anaïs Bohuon est maître de conférences en STAPS (Sciences et techniques des activités sportives, université Paris-Sud). Spécialiste des questions relatives au corps, au sport et au genre, elle est l’auteure du livre Le Test de féminité dans les compétitions sportives : une histoire classée X ?

Aux éditions iXe. Elle réagit aux récentes informations relayées dans La Dépêche sur l’étude menée aux CHU de Montpellier et de Nice, à la demande du CIO (Comité international olympique). Ce travail, qui n’a pas encore été publié par une revue scientifique mais devrait l’être, selon La Dépêche, dans Journal of Clinical Endocrinology & Metabolims, montre que certaines athlètes sont porteuses du chromosome Y. Sciences et Avenir : On postule généralement qu’il n’existe que deux sexes chromosomiques : le féminin (XX) et le masculin (XY).

Le fait que des sportives puissent être XY est-il une découverte ? Anaïs Bohuon : Non, absolument pas. Quels étaient ces tests de « féminité » ? La raison invoquée ?