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Illouz

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Eva Illouz : pourquoi nos émotions nous gouvernent. Vous creusez depuis près de vingt ans un sillon original en sociologie, qui consiste à montrer la place centrale qu’occupent les émotions dans les sociétés modernes. Qu’est-ce qui vous a poussée vers cet axe de recherche inédit ? De nombreux chercheurs vont chercher dans leur biographie les sujets qui les préoccupent. En ce qui me concerne, c’est sans doute lié au fait d’avoir vécu dans quatre ou cinq pays : au Maroc, en France, aux États-Unis, en Israël et de façon plus épisodique en Allemagne.

Cela m’a appris que, si les cultures diffèrent, c’est d’abord dans leur style émotionnel : à quelles émotions pense-t-on, quelles émotions sont régulées, quel danger représentent-elles ? Alors que chez Aristote, l'homme vertueux doit exercer sa colère, le problème étant de savoir choisir les circonstances appropriées, cette émotion devient inintelligible et illégitime – dans les relations professionnelles mais aussi et au sein du couple. Nos projets de vie sont devenus émotionnels Pas du tout. Eva Illouz et l’irruption de la culture thérapeutique dans la société américaine. 1 . Eva Illouz (2008), Saving the Modern Soul. Therapy, Emotions, and the Culture of Self‑Help, Be (...) 1Comment comprendre l’irruption du « discours thérapeutique » dans notre vie quotidienne ? C’est à cette question que la sociologue Eva Illouz, professeur de sociologie à l’université hébraïque de Jérusalem, a consacré un livre intitulé : Saving the Modern Soul.

Therapy, Emotions, and the Culture of Self‑Help, paru en 20081. 2La question à laquelle tente de répondre Illouz est ambitieuse. 3Dans cet ouvrage, Illouz refuse tout autant de céder à l’argument du « déclin culturel » qu’à ce qu’elle nomme une « épistémologie de la suspicion » (p. 4). 2 . 5Le premier temps de l’exposé d’Illouz est consacré à la popularisation des théories psychanalytiques freudiennes. 6La personnalité charismatique de Sigmund Freud est un premier élément de réponse. 7Les thèses de Freud ont continué de s’imposer bien après sa mort. 11À ses yeux cependant, l’essentiel est ailleurs. 3 . 4 . 5 .

Eva Illouz: Pourquoi l'amour fait souffrir - 15 novembre 2012 - Bibliobs - L'Obs. BoOks Depuis près de vingt ans, vous travaillez sur la place centrale des sentiments dans la vie contemporaine. Mais les sociétés modernes sont-elles vraiment plus «émotionnelles» que les sociétés traditionnelles? Eva Illouz En tout lieu et en tout temps, les humains ont ressenti des émotions. Mais le rapport social aux sentiments ne ressemble à rien de ce que nous avions connu jusque-là. La société moderne conçoit fondamentalement la vie bonne comme une vie émotionnelle, équation qui n’allait pas du tout de soi jusqu’à présent. Réussir aujourd’hui, ce n’est pas tant avoir de l’argent et un certain niveau de confort – jusqu’à un certain point. Cette réalité n’entre-t-elle pas en contradiction avec l’extrême rationalité des sociétés modernes? Justement pas !

Est-ce la raison pour laquelle vous évoquez dans votre dernier livre, «Pourquoi l’amour fait mal», le spectre du désenchantement de l’amour? S’il est désenchanté, refroidi en somme, pourquoi l’amour fait-il encore mal? La fabrique de l’âme standard, par Eva Illouz (Le Monde diplomatique, novembre 2011) «Un réveil sonne. Dans son appartement de New York, Michael Galpert, 28 ans, entrepreneur du Net, saute de son lit. Il retire le bandeau qui enregistre, pendant la nuit, ses ondes cérébrales et étudie la courbe des phases de son sommeil. Il gagne la salle de bains, mesure son poids et sa masse musculaire avec un instrument numérique qui met les données en ligne. » Plus tard, M.

Galpert s’installe à son bureau. « Un Britannique déroule un graphique de douze pieds [3,65 mètres] identifiant les fluctuations de son humeur au cours de l’année précédente. (…) Déplacement, sueur, caféine, souvenirs, stress, sexe et rencontres : tout peut être rapporté à une statistique. Et si l’instrument nécessaire n’est pas encore inventé, il le sera très certainement dans les prochaines années ». Ce glissement des passions de l’âme aux émotions définies comme une série d’éléments (...) Taille de l’article complet : 1 854 mots. (3) Philip Roth, Indignation, Gallimard, Paris, 2010.

Eva Illouz : « La souffrance amoureuse a des causes sociales » Entretien Eva Illouz,sociologueVotre dernier livre (1) montre que la souffrance amoureuse a des racines sociales et pas seulement psychologiques. Pourquoi cela ne nous saute-t-il pas aux yeux ? Eva Illouz : Il existe aujourd’hui une croyance profondément enracinée selon laquelle nos malheurs amoureux sont le fruit direct de notre histoire psychique. La vulgate freudienne, dans laquelle nous baignons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous a habitués à l’idée que la cause de nos échecs amoureux est en nous, dans notre histoire personnelle, notre inconscient… J’ai voulu contester cette vision.

L’individualisme rend les individus extrêmement vulnérables en amour. Pourquoi ? Dans l’Europe pré-capitaliste, les hommes et les femmes se rencontraient dans un univers où ils étaient émotionnellement et moralement protégés par le fait que le groupe était présent. Aujourd’hui, c’est le risque et l’incertitude qui prédominent… Oui. Je n’en sais rien et ce n’est pas faute d’y avoir réfléchi !