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Syndicats et syndicalisme

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Chacun son tour ! Sabrons les syndicats. Bon, maintenant que j'ai sabré les gauchistes, je vais pouvoir m'attaquer à nos syndicats, parce que vraiment, là, ils font forts. Alors que ces organisations sont parvenues à mobiliser rapidement et massivement les Français à deux semaines d'intervalle, voilà que les organisations représentatives sont en train de temporiser et de faire retomber le soufflé. Quelles actions à venir ? D'abord, une manifestation un samedi. Il s'agit, à priori, de pousser des gens qui ne font pas grève à se joindre aux cortèges. Cependant, en général, ces manifestations de week-end marchent moins bien que celles de semaine lorsqu'elles arrivent au milieu d'un mouvement, tout simplement parce qu'elles ne sont pas un signe fort de conflit. Ensuite, on laisse passer dix jours et on remet une journée de grève sur le tapis, alors que le projet de loi arrivera en séance au Sénat.

Au lendemain du 23, le Premier ministre a dit "non" aux manifestants. Or, il faut bien constater une chose. Il y a quand même un moment où il faut s'engager, bordel ! Je vais peut-être te surprendre, cher lecteur, mais pour une fois, je suis en total accord avec un billet de Didier Goux. "Quoi, toi, Privilégié, tu soutiens ce facho-réac sur une de ses soi-disant opinions ? " Oui, et je vais m'en expliquer. Depuis quelques jours, la blogosphère de gauche est animée par un débat assez vigoureux concernant l'opportunité de cette journée de grève et de manifestation du 23 septembre.

Le Monolecte a fait sur ce sujet le billet le plus offensif, mais il a ensuite été soutenu par d'autres. Quand on est un citoyen, il me semble qu'on a le devoir d'utiliser nos droits pour exprimer nos opinions. Cela se fait bien sûr lors du vote, mais aussi à d'autres occasions, même si certains aimeraient que l'on se cantonne à l'expression électorale. Quand je lis que les blogueurs de droite s'y opposent, je les comprends. Nombreux sont ceux qui ont annoncé ne pas vouloir soutenir la stratégie des syndicats. Le syndicalisme à la merci des employeurs. La manifestation parisienne du 1er mai ne fut pas fameuse, je ne peux que le reconnaître.

Pourtant, comme je l'indiquais ici, il n'y a à priori pas de raison que ce genre de rendez-vous échoue : on ne perd pas de journée de salaire à venir manifester, on peut profiter d'une belle balade dans sa ville de résidence ou de villégiature, le contexte social devrait aider... Et pourtant, après les grandes manifestations de l'an dernier, ces rendez-vous patinent. Dans un billet publié hier, Hypos rendait les syndicats responsables de ces échecs. Fondamentalement, elle a raison, mais sans doute pas pour les raisons qu'elle évoque. Pour moi, les responsabilités sont bien plus vastes, et d'autres acteurs sont responsables de la déroute du mouvement social, à commencer par l'État et les employeurs, publics comme privés.

Malheureusement, les salariés eux-mêmes sont profondément mêlés à cette évolution. La France vit en effet une situation assez schizophrène au plan social. L’évolution des relations sociales : du rien vers le presque rie. En France, les relations sociales n'ont jamais été faciles. Notre structure de décision est relativement simple, pourtant.

Qu'on soit dans le public ou dans le privé, en général, le patron prend une décision et l'impose aux salariés. Si la décision passe, tant mieux. Si elle ne passe pas, les syndicats provoquent un conflit social, qui aboutit à des négociations qui se soldent par une victoire d'un des deux côtés. Ce système avait l'avantage de permettre à un camp de s'imposer, et avait le désavantage de tendre sensiblement les relations au travail. Or, ces dernières années, un autre système s'est progressivement mis en place : la concertation. Cette méthode s'est largement étendue à la sphère politique. Ce système est d'autant plus avantageux que les syndicats ne peuvent bouder la concertation elle-même sans prendre le risque d'apparaître comme ceux qui refusent le dialogue.

On est passé du rien au presque rien. Bonne nouvelle : les syndicats vont devoir être transparents sur. Authueil nous apprend aujourd'hui une excellente nouvelle. Un décret vient de paraître, obligeant les organisations syndicales, qu'elles soient patronales ou d'employés, à publier leurs comptes. Je ne sais pas pourquoi Authueil trouve qu'il s'agit d'une bonne nouvelle (un homme de droite doit avoir plein de belles idées sur ces syndicalistes privilégiés) mais nous pouvons émettre quelques hypothèses. Evidemment, les salariés ne peuvent que se réjouir de l'obligation pour les organisations patronales de sortir leurs comptabilités. Ces syndicats sont puissants et représentent de véritables lobbies dont les capacités financières restent opaques. Nous serons ainsi quels sont les moyens mais surtout comment ces syndicats les dépensent.

Je me demande par exemple quelles sont les relations entre le MEDEF et l'UMP. Cependant, le véritable apport sera pour les syndicats de salariés. Forcément, le financement des syndicats a un lien avec cette situation. En tout cas, on peut l'espérer... Mon syndicaliste idéal. Les syndicats. Depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, les syndicats de l'éducation s'étaient structurés dans une stratégie d'action collective. Ils s'étaient réunis avec de nombreuses associations, dont la FCPE et les syndicats lycéens, dans le collectif « une école, un pays, notre avenir », qui avait obtenu quelques beaux succès l'an dernier, en parvenant à faire reculer le président de la République sur la réforme des lycées.

Ensuite, les syndicats avaient rallié la grande stratégie de la CGT et de la CFDT de manifestation importante mais ponctuelle, en janvier 2009. Progressivement, cette stratégie a fait long feu, avec son dernier avatar du 7 octobre. De leur côté, les syndicats enseignants n'ont plus réussi à créer de dynamiques propres. Depuis la rentrée, les syndicats semblaient dans l'attente.

Et puis, il y a quelques jours, il y a eu un événement. Cela signifie deux choses : Tout d'abord, l'intersyndicale de l'Éducation semble avoir vécue. En clair, on entre dans une période de conflit. La crise du s. La stratégie. Est-ce bien le moment de bouleverser le paysage des syndicats enseignants ? Lorsqu'on est enseignant, cher lecteur, il n'y a pas beaucoup de moyens de s'informer sur l'actualité politique de l'éducation.

La presse classique ne parle que peu de ce milieu, sauf lorsqu'un homme politique décide que le moment est opportun. Les blogs tenus par des profs et qui ne sont pas des sites de partage de séquences pédagogiques sont aussi très peu nombreux. Certes, j'ai pu en croiser quelques-uns dans ma courte carrière de blogueur, mais ils ne parlent souvent pas que d'éducation, voire pas du tout, ce qui peut paraître tout à fait sain par ailleurs. Heureusement, il y a le Café pédagogique. Le Café est loin d'être neutre. Ce syndicat reste très minoritaire dans le secondaire, mais il y est présent par son puissant syndicat des chefs d'établissement (le SNPDEN-UNSA) et il a une implantation plus forte dans le primaire. Ces recompositions signifient que le SE tente de faire exploser la FSU et de rattraper le SNUipp. Les syndicats enseignants n'ont jamais été aussi faibles qu'aujourd'hui...

Lorsque je lis la blogosphère de droite concernant la crise de l'Education nationale, on y trouve plus ou moins deux responsables à toute cette gabegie. Je vais te rassurer de suite, cher lecteur, il ne s'agit pas de la politique menée par les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis le milieu des années 1990. Soit mes camarades de droite accusent les syndicats enseignants, citadelles marxistes ne pouvant se remettre en cause et devenir modernes, soit ils condamnent un gouvernement inopérant dans sa lutte contre ces citadelles marxistes imprenables.

Finalement, si l'on synthétise la pensée globale de mes camarades de blogage, ce sont bien les syndicats, pesant de leur poids sur le système, qui cassent tout. Ce qui est assez mystérieux, c'est de corréler cette constatation avec l'évolution du pouvoir de ces syndicats. Aujourd'hui, que dire des taux de syndicalisation ?

Pourtant, les syndicats restent encore écoutés dans les salles des profs. Alors, qu'en conclure ?