background preloader

Luc Chatel et l'éducation.

Facebook Twitter

La fin des recteurs professeurs d'université : c'est fait. Mediapart vient de m'apprendre une sacrée nouvelle : par un décret paru le 30 juillet, le gouvernement vient de décider d'ouvrir les postes de recteurs à des personnes n'ayant pas le plus haut grade universitaire, à hauteur de 20%.

En clair, 20% des recteurs seront, dans un futur très proches, des administrateurs civils. Cette évolution est passionnante à plus d'un titre. Elle marque d'abord la volonté du pouvoir de ramener l'Education dans une certaine normalité, alors que, depuis l'Empire, l'existence du recteur, nommé par le prince mais indépendant du reste de l'administration, marquait le côté extraordinaire du système éducatif. Surtout, le gouvernement vient de couper, de fait, la tutelle que l'université et ses chercheurs pouvaient avoir sur le primaire et le secondaire.

Or, le système français, en mettant traditionnellement en avant la maîtrise de leurs disciplines par les enseignants, impliquaient un lien très fort entre recherche et enseignement pour les enfants. Le gros flan de la sécurité dans les établissements. En ce moment, notre ministre de l'Education nationale s'est fortement mobilisé sur le terrain de la sécurité dans les établissements scolaires.

D'ailleurs, il s'agit de l'une des priorités du ministère pour l'année à venir. On peut trouver là les conséquences de l'intérêt brutal des médias pour la situation du lycée de Vitry-sur-Seine l'an dernier. Le président relançant la question de la sécurité, le sémillant porte-parole du gouvernement ne pouvait pas louper le coche. Dans cette optique, en route pour les déclarations martiales, le ministre a annoncé que les élèves seraient passé systématiquement en conseil de discipline et expulsé des établissements.

Ces déclarations vont totalement à l'encontre de la réalité que nous vivons tous les jours. Tout d'abord, le conseil de discipline a bien changé depuis une vingtaine d'années. Et puis, c'est une structure lourde. La tendance, devant cette complexité, est donc d'en faire le moins possible. Après, il y a une deuxième tendance lourde. C'est assez marrant, cette rentrée... C'est assez marrant, cette rentrée... Dans les médias, les journalistes ont beaucoup abordé la questions des manuels scolaires de seconde. En allant contre le droit (le code de l'éducation prévoit un délai de 14 mois entre la sortie des programmes et leur entrée en vigueur pour permettre aux éditeurs de préparer les manuels), le ministère a mis une belle pagaille, mais fondamentalement, dans les masses de réforme qui nous tombent sur la figure, cela ne me semble pas si grave.

On n'aura finalement qu'à faire des photocopies pendant quelques semaines, ce qui va coûter un peu d'argent public mais nous n'avons aucun choix... Pourtant, de nombreux acteurs râlent, les syndicats enseignants un peu (mais pas tant que ça finalement), les fédérations de parents beaucoup. Or, là encore, je ne vois pas bien pourquoi. Pourtant, les acteurs politiques ont senti qu'il y avait là une niche. En tout cas, beaucoup de bruit pour peu de choses. Etonnement sur les soi-disant fuites du ministère de l'Education. Depuis hier, la presse bruisse de l'horrible rumeur : le ministère de l'Éducation se préparerait à augmenter le nombre d'élèves par classe et le temps de travail des profs. Pour moi, enseignant, ces deux annonces sont logiques. Le gouvernement a épuisé toutes les voies pour tailler dans les postes.

Il a quand même supprimé la formation des profs, et la France va devenir l'an prochain le seul pays de l'OCDE à ne plus former professionnellement les personnels de l'éducation. C'est assez marrant. Il ne restait donc plus que ces deux possibilités, que le gouvernement a soigneusement contournées pour éviter de susciter des grèves ou des réactions négatives des parents d'élèves. Finalement, alors que l'Éducation nationale s'effondre sur elle-même depuis 2002 (même la Cour des comptes le dit), il est étonnant que nos médias ne commencent à s'inquiéter que maintenant.

Comme quoi, ce sujet n'intéresse vraiment personne... La perle de la réforme du lycée. Pour tester la nouvelle fonctionnalité de Pearltrees, voici ci-dessous l'ensemble des billets que j'ai pu produire sur la réforme qui se met progressivement en place dans le lycée depuis deux ans. Composée de trois sous-perles, vous avez là un panorama non-exhaustif mais assez précis de tout ce qui peut se passer. Tiens, les nouveaux programmes de seconde viennent de paraître. Finalement, les inspecteurs d'histoire-géographie ont été moins loin que ce qu'ils avaient annoncé au départ, mais les choses sont tout de même claires : nous n'avons plus la liberté de choix de nos manières d'aborder les problématiques proposées par les programmes.

La première partie nous impose même des documents à traiter avec les élèves (édit de Caracalla par exemple étendant la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'Empire). Je vous reparlerai sûrement bientôt de ce changement fondamental de notre manière de travailler et d'enseigner. Plus de remplaçant dans l'Education ? Mais l'explication est sim. Au lieu de se passionner pour les rumeurs sans intérêt, les journalistes feraient mieux de faire leur travail sérieusement et sans parti pris politique.

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, Luc Chatel s'est exprimé ce matin pour répondre à l'action entamée par des parents d'élèves, visant à attaquer le ministère de l'Éducation nationale qui ne parvient pas à remplacer les profs absents. Cette question est loin d'être nouvelle. Depuis que je suis en poste, en 2001, la situation n'a cessé de se dégrader. A mes débuts, les remplaçants existaient. Ces titulaires sur zone de remplacement (TZR) dans le secondaire étaient affectés à des groupements d'établissement et faisaient des remplacements de courte durée. Certes, ce n'était pas parfait, mais on finissait toujours par trouver quelqu'un, après quelques jours d'absence.

Cependant, j'ai pu rapidement observer la dégradation. De même, j'ai pu lire que les chefs d'établissement faisaient remplacer les profs à l'interne. Exerçons notre droit de retrait, et surtout sans préservatif. En ce moment, le gouvernement met en œuvre un processus simple que nous avons déjà vu en action. Je te le dévoile. Dans un établissement scolaire, quel qu'il soit, un acte de violence se produit. Je n'en discute pas ici l'origine : il peut venir des élèves eux-mêmes, d'un défaut de sécurité, d'un conflit avec un prof... Bref, en tout cas, un événement choquant arrive et bouleverse une communauté éducative. Les réactions sont très variées en fonction des établissements, et souvent, il ne se passera pas grand-chose. Et puis, d'autres violences surviennent, et un beau jour, les collègues choisissent de mettre un terme à la chose en exerçant leur droit de retrait.

Dans ce cas-là, les autorités pourraient réagir de trois façons : soit répondre aux demandes des profs, soit négocier pour leur faire comprendre que les solutions proposées ne seront pas efficaces, soit jouer l'épreuve de force et considérer les collègues non comme en retrait, mais comme grévistes. "Si les profs de Vitry étaient des Contis" ? En me remettant sur internet ce soir, j'ai découvert ce billet de Philippe Bilger.

J'aime bien lire les blogs sur la justice ou sur le droit, comme ceux d'Eolas, de Jules voire de Rubin (qui n'est pas qu'un blog de droit, mais ses articles sur le sujet sont intéressants). Aujourd'hui, Bilger traite du même sujet que j'abordais hier, c'est-à-dire le droit de retrait exercé par les collègues se trouvant en position difficile au niveau de la sécurité. Prenant prétexte de ce sujet, il se lance dans une diatribe contre les salariés de Continental, qui ont mené plusieurs actions violentes l'an dernier pour essayer de sauver leurs emplois. L'article se finit par une couronne de louanges à l'égard des enseignants qui respectent le droit, et une critique acerbe de nos autorités qui n'écoutent pas ces bons enseignants pendant que les Contis ressortent sans sanction de leurs actions violentes.

J'ai éprouvé un certain malaise à la lecture de ce billet, pour plusieurs raisons. Le débat sur. Alors que je me targuais, il y a quelques jours, de pouvoir échapper à ce pénible débat sur l'identité nationale, et que je conspuais la blogosphère de gauche qui tombait à pieds joints dans le piège du gouvernement, voilà que le débat m'est imposé ! Je l'apprend par Hypos aujourd'hui : Luc Chatel veut étendre ce débat aux écoles... Cela se fera dans les cours d'éducation civique, et le ministre fait bien sûr confiance aux enseignants pour mener les choses.

Étant professeur d'histoire-géographie, c'est encore sur moi que ce nouveau gadget va tomber. Après le "tous les enfants doivent admirer Guy Môquet", le "tous les enfants doivent voir les 200 films que j'aime" et le "tous les enfants doivent adopter un petit enfant juif mort dans les camps", voici maintenant le "tous les enfants doivent parler de l'identité nationale en cours". Comprend la Marseillaise, et tu l'aimeras.

Ce matin, par malheur, je suis tombé sur Eric Besson sur France Inter. Ce ministre me fascine : je m'étonne toujours qu'un homme soit capable d'avaler autant de couleuvres et de se tenir droit dans ses bottes. Dans quelques années, quand il aura disparu de la scène politique, j'aurai bien envie de l'interviewer. En attendant, le sémillant ministre a lancé encore un nouveau boulet sur l'Éducation nationale, qui n'en avait pas besoin.

Voilà que les résultats du débat sur l'identité nationale impacteront sur nos programmes et nos enseignements. Il ne manquait plus que ça. Ce matin, Éric Besson n'a rien dit, sauf qu'il a lâché que nous pourrions apprendre aux élèves le sens des paroles, pour qu'ils sachent que le sang impur n'est pas celui des étrangers mais des opposants à la Révolution. Étonnamment, je me suis senti concerné, car j'ai parfois mis en œuvre des séquences d'histoire sur ce sujet en seconde. La nouvelle s. Luc Chatel ex. Ce matin, grâce au Café Pédagogique, j'ai pu découvrir une dépêche AFP dans laquelle Luc Chatel, notre ministre qui le vaut bien de l'Éducation, s'exprimait sur l'orientation. Pour te résumer ce qui se passe à ce sujet dans notre administration, cher lecteur, la politique initiée depuis 2003 vise à supprimer progressivement le service public d'orientation, avec des personnels formés et compétents, pour faire assumer l'orientation par les enseignants, souvent non-compétents sur ces questions.

Les profs, s'ils connaissent le système dans son ensemble, sont souvent assez peu cultivés sur des questions très précises. Cette année, sur Créteil, il manque une cinquantaine de conseillers d'orientation, alors que cinq collèges vont expérimenter la nouvelle fonction de « chargé d'études », qui vont suivre des élèves pour construire un projet d'orientation. Ces chargés d'études seront des enseignants, payés sur leurs services ou en heures supplémentaires. Les décrets s. J'allais, cher lecteur, en ce retour de mes secondes vacances, t'asséner le traditionnel billet bilan du blog. Il fallait aussi que je te rédige un billet sur l'Aubrac, dont je reviens tout juste, et que je réponde à deux chaînes dont je suis la cible.

Enfin, il fallait que je relaie les annonces de Nicolas pour le 27 août. Or, l'actualité éducative vient de reprendre le pas… Quoi, en plein mois d'août ??? Eh bien, oui, Luc Chatel ayant décidé de montrer qu'il n'allait pas laisser traîner les dossiers. De plus, faire paraître des textes en août évite les discussions enflammées en salle des profs. Les décrets mettant en place la masterisation du recrutement des enseignants viennent de paraître. Au final, le ministre a choisi l'architecture suivante : Pour le CAPES, le CAPEPS, le CAPLP, le concours de recrutement de CPE et celui des professeurs des écoles, il faudra, pour s'inscrire, être titulaire d'une licence et être inscrit dans une seconde année de master.

Les questions. Le sujet de la masterisation du recrutement des enseignants n'a été que peu abordé sur ce blog. Il ne s'agit pas d'une gêne devant la complexité du sujet, mais devant la manière de le vulgariser à destination d'un public pas forcément enseignant, vu mes propres tiraillements sur le sujet. Or, la publication des décrets au tout début du mois d'août me pousse à tenter de rendre accessible cette question à l'ensemble de mes lecteurs. Comme je te l'avais indiqué, les nouveaux décrets mettent en place un recrutement après le master pour l'ensemble des corps enseignants. On peut se réjouir d'une telle évolution, puisque cela signifie que le niveau des profs va s'élever, ce qui devrait mécaniquement améliorer la qualité de l'enseignement lui-même. Or, les enseignants du secondaire sont très divisés sur cette question, et je voudrais, cher lecteur, tenter de te faire saisir les différents aspects du problème : Un jour, je te ferai, cher lecteur, un billet sur le statut de fonctionnaire.

Les décrets s. Ouh, le beau système de stage pour les enseignants que voilà ! L'organisation de la formation professionnelle des enseignants p. En fait, lorsqu'on lit la circulaire, signée par l'ancien recteur de Créteil, M. Blanquer, nouveau chef de la DEGESCO, c'est son incroyable flou. Comme je vous l'avais annoncé, cher lecteur, les enseignants-stagiaires se retrouveront bien à plein temps, avec une décharge d'un tiers de l'année pour effectuer sa formation à l'université. Le texte précise que des enseignants-titulaires pourront remplacer les absents, mais comme il n'y en a plus, il est sûr que des vacataires non-formés, et même des étudiants en master II, feront le boulot.

Ce texte met aussi une charge supplémentaire sur le dos des chefs d'établissement, qui vont devoir trouver un moyen de donner un minimum de niveaux différents (deux dans le secondaire) sur un service complet. On y découvre aussi que l'enseignant-compagnon, qui suivra le stagiaire, sera lui-même déchargé de cours pendant les six premières semaines de l'année, ce qui signifie encore des remplacements effectués par des personnels non-formés. Quelle augmentation ? Démontons la. Ah, les résultats du bac sont tombés. Chaque année, ils suscitent une multitude de commentaires de la part des autorités, et cette année particulièrement. Le rectorat de Créteil, à la pointe du soutien au gouvernement, comme d'habitude, a de suite annoncé que les excellentes performances de nos élèves, lors de cette session 2009, ne pouvaient être dues qu'à l'accompagnement éducatif développé par Xavier Darcos depuis deux ans.

Cet argument est assez drôle pour nous. Certes, l'accompagnement éducatif existe en collège depuis deux ans, mais cela signifie qu'aucun élève étant passé par ce système ne peut s'être présenté au bac cette année. En lycée, les différents stages de vacances et d'été n'ont été mis en place que dans 200 établissements, au niveau national, et seulement depuis un an, donc à destination d'une minorité de lycéens. On ne peut imputer cette victoire à ces réformes.

Ce n'est pas tout. Les résultats au bac 2010 sont en baisse. Luc Chatel co. La polémique. Demain, j’ai. Évaluation des profs : encore des approximations...