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Usine d'Aulnay : le temps du bilan

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PSA, trois fois victime de l'Europe. (Aulnay-sous-Bois, juillet 2012 - ANTONIOL ANTOINE/SIPA) Il ne faut pas négliger la responsabilité des politiques européennes dans les annonces faites hier par PSA. En premier lieu, le trou d’air des principaux marchés de PSA (France, Espagne, Italie) doit beaucoup aux politiques absurdes mises en place par les gouvernements de ces pays. Les politiques d’austérité sauvage poussent les consommateurs de ces pays à repousser le renouvellement de leurs voitures, provoquant un effondrement des ventes, dont PSA n’est qu’une victime. Ensuite, PSA est aussi la victime du libre-échange anarchique mis en place sur le territoire européen. Alors que tous les constructeurs asiatiques peuvent encore compter sur un marché protégé de la compétition internationale pour leur assurer des marges leur permettant d’affronter le retournement des marchés, les constructeurs européens dépendent d’un marché ouvert à tous les vents.

Enfin, PSA est également une victime de l’euro cher, qui le rend moins compétitif. PSA et vie privée : Hollande a voulu se montrer ferme. (François Hollande, 14 juillet 2012 - ALFRED/SIPA) PSA : grosse voix et petits bras Sur le dossier PSA – comme Arnaud Montebourg jeudi soir sur France 2 – le président de la République a procédé en trois temps. Il a commencé par exprimer son émotion, évoquant un « choc », disant que « l’Etat ne peut pas rester indifférent ». Puis, dans un second temps, il s’est fait très dur contre la direction, évoquant un « mensonge » sur la date de l’annonce.

Martial, il « considère ce plan inacceptable » et qu’il « doit être renégocié » pour réduire le nombre de suppression d’emploi. Toutefois, de facto, quand François Hollande annonce que « nous pouvons faire en sorte qu’Aulnay reste un site industriel » et parle simplement d’une réduction du « nombre de suppressions d’emploi », il est bien évident qu’il accepte indirectement la fermeture du site par PSA (en espérant qu’il trouvera un repreneur). Les affaires privées se règlent – un peu – en public.

Le déclin de l'industrie française est-il une fatalité ? (Entrée de l'usine PSA à Janais, 2012 - David Vincent/AP/SIPA) Il faut d’abord dire que si la crise ne favorise pas les ventes automobiles, elle défavorise surtout les voitures moyennes-gamme. Le bas de gamme ne se porte pas trop mal, mais ne rapporte pas grand-chose et, de fait, nécessite des coûts de production bas, à l’étranger. Ainsi, les petits véhicules et les véhicules bas de gammes sont plus ou moins condamnés à être délocalisés. À ce petit jeu, Renault a devancé PSA : il ne produit que 23 % de ses voitures en France contre 44 % pour PSA.

L'échec du haut de gamme PSA et du développement international Dans ces conditions, seul le haut de gamme peut être produit en France. La direction de PSA est-elle en cause ? Semi-échec du virage qualité, échec du virage haut de gamme, échec du développement international, le bilan n’est pas fameux pour l’actuel PDG. Ces faibles résultats provoquent l’éviction de Streiff au profit de Philippe Varin, encore aujourd’hui à la tête du groupe. Les sous-traitants, la face cachée du plan social PSA. De quoi l'usine d'Aulnay est-elle le nom ? Thibault Camus/AP/SIPA Les journalistes et les experts qui les entourent dans les médias ont une propension certaine à égréner la météo de la veille. Vendredi matin 13 juillet sur les quatre radios publiques et périphériques, la compassion très ostentatoire envers ces « pauvres familles ouvrières d'Aulnay » voisinait avec la critique « experte » de la stratégie de PSA. un air de déjà vu, comme disent les Anglais... « En annonçant le 12 juillet son intention de supprimer près de 8 000 emplois sur l’ensemble du groupe Peugeot-Talbot, et déposant auprès des autorités un dossier, la direction PSA mettait le gouvernement au pied du mur.

Le gouvernement feint la surprise... et se donne deux mois pour examiner le dossier, avec la nomination d’un expert pour évaluer la situation du groupe Peugeot*. » Question à dix euros : de quand date ce bulletin d'informations ? Du même auteur. PSA et le gouvernement, cinq ans d'aides et de promesses.