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Dossier - Présidentielle, la campagne de l'ennui

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Battre la campagne comme plâtre. Deux écueils contradictoires menacent la campagne présidentielle : l’ennui et l’agressivité. Quand les protagonistes sont sur le ring, on n’aimerait pas qu’ils se battent avec des gants en mousse, ni qu’ils s’affrontent à distance avec des carabines à bouchon. Faut que ça saigne, on veut des lions et des chrétiens. Pouvoir baisser le pouce impitoyablement, c’est pour ça qu’on vote. Mais on ne serait pas non plus ravis que le vainqueur du 6 mai entre à l’Elysée trop amoché, un bras dans le plâtre et un œil au beurre noir.

«Menteur» est une insulte somme toute modérée, de bon aloi. D’autant qu’on ne demande pas l’impossible aux hommes politiques, on n’attend pas d’eux qu’ils disent la vérité - on n’est quand même pas si cons. On serait bien avancés s’ils déclaraient : «Sur la tête de ma mère (ou de mon fils), dans six mois j’aurai supprimé le chômage et on aura récupéré le AAA.» Nicolas Sarkozy a aujourd’hui un aspect Assurancetourix, le barde d’Astérix. Mathieu LINDON. La campagne vous barbe-t-elle? La campagne présidentielle plaît moins que celle de 2007, même si elle aborde des sujets qui intéressent les électeurs, selon un sondage paru dans le Journal du dimanche. Invitées à comparer les deux campagnes, 63% des personnes interrogées répondent qu'elle leur plaît moins que celle de 2007. La réponse négative est plus forte chez les sympathisants UMP (67%) que chez ceux de gauche (53%). Une tout aussi large majorité estime que la campagne aborde des sujets qui intéressent (64%), qu'elle permet de bien comprendre les propositions et les différences entre les candidats (53%) et aide à faire un choix pour le premier tour (52%).

Seuls 30% des personnes interrogées jugent que la campagne se déroule dans un climat serein (33% à gauche et 26% à droite). Les électeurs s'ennuient-ils pendant cette campagne? Pourquoi? [Lire Les medias ont-ils tué les petits candidats?] Sondage IFOP pour le Journal du dimanche. Hollande/Sarkozy : pourquoi s'ennuie-t-on dans cette campagne présidentielle. Si la présidentielle de 2007 nous avait habitué au style flamboyant de candidats connus pour leur charisme et leur coups d’éclat permanent à l’image d’une Ségolène Royal jamais avare d’une proposition originale ou d’un propos surprenant et d’un "Sarkozy 1" toujours en mouvement, 2012 apparait à l’inverse comme une campagne retenue parce que très tactique entre un François Hollande, maître de son avantage et du temps, et d’un "Sarkozy 2" qui, tel le lièvre de la fable de la Fontaine, enjambe les haies pour rattraper son retard en se gardant à chaque instant d’une chute qui lui serait fatale.

Nicolas Sarkozy et François Hollande au dîner du CRIF à Paris le 8 février 2012 (C.GUIBBAUD/SIPA) Si on devait filer une métaphore sportive, on parlerait de "Hourra football" en 2007 quand chacun se faisait le spécialiste fantasque de la "triangulation", tandis qu’en 2012 on assiste à un – ennuyeux ? - "cattenacio" (ce style de jeu italien caractérisé par une défense à outrance). Oui, la campagne est bien vivante ! Il faut arrêter ! Aucune campagne présidentielle n'a jamais trouvé grâce aux yeux des commentateurs, des journalistes, des passionnés de politique.

Toujours ce même refrain : elle n'est pas au niveau, elle ne traite pas les sujets de fond, elle ennuie. Pourquoi celle de 2012 échapperait-elle à cette fatalité du discours et de la récrimination alors même qu'elle est agitée, stimulante, parfois excitante, en tout cas vivante ? Certes on peut légitimement regretter — apparemment c'est une impression dominante — que les médias tirent trop rapidement les conclusions de sondages laissant entendre que deux favoris se détacheraient nettement dans la course présidentielle et que Marine Le Pen et François Bayrou seraient définitivement distancés.

Et Jean-Luc Mélenchon viendrait de dépasser les 10% ! Les débats de fond au centre du débat Du même auteur Le discours du Bourget par François Hollande. Halal, #SarkoCensure, « j’l’emmerde » : la campagne qui pue. (Flickr - Woodleywonderworks - cc- C’est une affiche qui en dit long. La une du Point de cette semaine, avec les deux concurrents François Hollande et Nicolas Sarkozy en portrait et cette mention-choc : « Qui ment le plus ? ». Cette publicité brutale pour le newsmagazine à couverture rouge nous ramène à un constat implacable : ce ne sont pas seulement cinq années qui séparent 2007 et 2012 ; c’est un univers, entre deux campagnes qui n’ont rien à voir. Bienvenue dans la gonzo-campagne, comme on parle de journalisme gonzo ou de porno gonzo.

Les candidatures en carton Frédéric Nihous, Hervé Morin, Christine Boutin : après avoir juré les grands dieux qu’il était impensable qu’ils n’aillent pas jusqu’au bout de leur démarche, après avoir, parfois, dit pis que pendre du président sortant, ils se rallient à lui sitôt son entrée en campagne réalisée, en le découvrant tout d’un coup paré des plus grandes qualités. Les faux débats et les questions secondaires qui occupent le terrain Du même auteur. Dans le monde ordinaire, à l'ombre de la campagne...

(Grigny - HADJ/SIPA) Du même auteur Au sombre et à l'excité de la campagne présidentielle, j'ai envie d'opposer Ibrahim de Grigny. Ce n'est pas une histoire à l'eau de rose, elle se déroule au Méridien, un quartier de la cité de la Grande-Borne à Grigny, et concerne Ibrahim, un gardien d'immeuble. On ne peut pas dire qu'elle soit enthousiasmante mais pourtant, dans la grisaille de ces jours que la politique envahit, elle représente un contrepoint à celle-ci, mettant en exergue courage et espoir. Retrouvez Philippe Bilger sur son blog. Surprise, Guaino et Cohn-Bendit se font la bise sur l'Europe, et pas seulement. Sarkozy, une campagne qui vole de plus en plus bas.

(N. Sarkozy - LANCELOT FREDERIC/SIPA) Pour l’instant, cette campagne présidentielle est très décevante. Outre des temps de parole qui sont bien loin de l’équité théorique demandée par le CSA, l’équipe au pouvoir semble avoir fait des coups bas contre l’adversaire sa stratégie, à défaut de pouvoir convaincre sur son bilan ou ses idées. Les snipers de la Sarkozie En regardant Nathalie Kociusko-Morizet sur Dimanche Plus, on comprend que le président de la République fait de l’attaque sa meilleure défense. Les attaques contre la violence verbale du PS font doucement rire tant les coups sont plus bas du côté de l’UMP. Une campagne extrêmement décevante Du même auteur Au final, le spectacle politique offert par les deux grands partis qui trustent 60% du temps de parole est bien décevant devant les enjeux actuels.

Pourquoi la campagne fait pschitt.