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L'Inconnu du Lac

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« L'inconnu du lac » : un magistral homo-polar. Un crime hitchcockien, une farce sociologique, des émois, des frissons, une Renault 25, la touffeur sauvage d’une plage du sud de la France : voilà ce que contient, en vrac, l’admirable homo-polar d’Alain Guiraudie.

« L'inconnu du lac » : un magistral homo-polar

Quel est donc cet « inconnu du lac » ? Un mélange arc en ciel de Mark Spitz, Magnum et Freddie Mercury sur lequel flashe un éphèbe baigneur d’une plage gay-naturiste. Problème (mineur) : ce beau moustachu est déjà pris. Problème (majeur) : le beau moustachu revient vite sur le marché des célibataires hédonistes en noyant littéralement son amant – l’éphèbe baigneur a tout vu sans être vu. "L'Inconnu du lac" : à l'ombre des jeunes hommes en sueur. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Jean-François Rauger Présenté au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard – où il reçut le prix de la mise en scène –, le nouveau film d'Alain Guiraudie, sans doute son plus abouti et son plus complexe, dévoile aux yeux du spectateur un monde unique, une sorte de théâtre dont l'irréalité est la preuve indiscutable de son existence, un lieu dont la trivialité est l'essence même de son intérêt, disons, théorique.

"L'Inconnu du lac" : à l'ombre des jeunes hommes en sueur

Ce lieu, c'est un lac autour duquel, dès les beaux jours, de nombreux hommes se rendent pour y nager, y bronzer (de préférence intégralement), mais aussi et surtout se frôler, se caresser, se consommer – action que Guiraudie filme sans détours superflus – dans les bosquets avoisinants. La critique de Libé. Sans que l’on puisse ici s’appuyer, hélas !

La critique de Libé

Sur des statistiques indiscutables, avançons qu’il est rare que les cinéastes sérieux (Cannes, Arte productions…), au seuil de leur film, exhibent aux spectateurs leurs parties intimes. Alain Guiraudie, tel un petit moine dévergondé jetant son froc aux orties, a choisi de s’allonger dans le plus simple appareil dès les premiers plans de l’Inconnu du lac. L’axe de la caméra - placée à hauteur des orteils en éventail, dans une perspective latérale et plongeante - offre à notre regard les cuisses bronzées, un bout de scrotum et la verge au repos de l’artiste rôtissant au soleil. Cette exhibition inaugurale n’est pas fortuite, de même que toutes celles qui vont jalonner un récit resserré dans un espace de drague gay lacustre et nudiste dans le Midi, entre eau, plage et fourrés. Dans ce théâtre de poche, qui va peu à peu révéler sa dramaturgie tendue de huis-clos à ciel ouvert, trois personnages se détachent.

Flibustière. Lustrale. La critique de Paris Match. Coup de chaud du Festival de Cannes, le nouveau film d’Alain Guiraudie a créé le choc avec son thriller “porno gay” à l’esthétisme très cru.

La critique de Paris Match

Dissimulé au cœur d’un bois de buissons aussi enchevêtrés que des poils pubiens, un lac discret et sauvage expose son eau douce comme la peau aux rayons caressants d’un soleil en vacances. Du parking improvisé, un petit chemin vous mène par la tong à une plage au sable d’une blancheur séminale. Alanguis sur la grève, quelques beach boys, aussi nus que des verres de vodka, absorbent leurs UV, cul sec. On s’arrache à la pesanteur de sa serviette de bain pour s’enfoncer, à la queue leu leu, dans le labyrinthe végétal du petit bois.

Derrière le paravent d’un bosquet, à même le sol jonché de Kleenex et de préservatifs, les partenaires se livrent à une indécente partie de plaisir des sens. Une certaine idée du paradis terrestre Poussant le bouchon homosexuel plus loin que dans « Le roi de l’évasion », le facétieux Alain Guiraudie propose un film radical. La critique de Critikat. Un parking sauvage.

La critique de Critikat

Un bois. Une plage de galets. Chaque jour, Franck traverse chacun de ces lieux pour retrouver, au bord d’un lac, des hommes venus comme lui abandonner leurs corps nus aux rayons du soleil et au regard d’autrui. Parmi les nombreux individus rencontrés au gré de ce rituel quotidien – dont certains feront l’objet d’une exploration intime dans les bosquets – deux vont prendre de l’importance aux yeux de Franck : Henri, quarantenaire bedonnant qui reste vêtu et à l’écart de tous, passant l’après-midi à regarder l’horizon ; Michel, grand moustachu au corps athlétique qui lui inspire au premier regard un désir foudroyant. Récompensé du prix de la mise en scène dans la section « Un certain regard » lors du dernier festival de Cannes et vainqueur de la Queer Palm, le nouvel opus d’Alain Guiraudie est une merveille.

À l’instar du lac où il nage si élégamment, la surface scintillante de Michel recouvre une intériorité bien sombre. La critique de Télérama. La critique de Chronic'art. La critique des Inrocks. Etonnant comment un chef-d’oeuvre de cinéma peut parfois sembler simple comme bonjour.

La critique des Inrocks