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Industrie : barils en la demeure. Si elle est rarement médiatisée, l’accidentalité industrielle est un phénomène courant en France.

Industrie : barils en la demeure

Tous les accidents et incidents sont, en théorie du moins, communiqués, et répertoriés. Leur nombre est effrayant - chacun pourra se faire son idée en consultant la base de données Aria du ministère de la Transition écologique, mais cela permet peut-être de remettre l’accident rouennais dans un contexte plus vaste. Historiquement, en France, le développement des industries s’est accompagné d’une croissance urbaine particulière : les ouvriers doivent habiter le plus près possible de leur lieu de travail.

On invente les corons, les cités, des lieux de vie se créent, des villages… Cette tendance ne se fait pas dans l’ignorance des risques. On sait depuis longtemps que les industries sont aussi le lieu d’accidents, et de ce qu’on appellera plus tard des pollutions. Dilemmes quasi insolubles En France, un tournant majeur est pris juste après l’accident d’AZF à Toulouse, en 2001. A Rouen, la mise en pièces d’une identité verte. Le 24 septembre, deux jours avant l’incendie de l’usine Lubrizol, un quotidien régional titrait «Pour les élections municipales de Rouen, tous les candidats seront écolos».

A Rouen, la mise en pièces d’une identité verte

Une telle unanimité politique répond aux attentes des électeurs du centre-ville de plus en plus verts - dans la commune de Rouen, ils sont plus de 18 % à avoir voté Europe Ecologie aux européennes. Depuis plusieurs années, les ambitions vertes ont donc été déclinées à tous les échelons de la politique locale et sous toutes les formes : une COP 21 et un Giec locaux ont vu le jour, ainsi qu’un plan d’urbanisme intercommunal se donnant pour objectif de densifier la ville afin d’y améliorer les possibilités de desserte en transports en commun. Reconquête Parmi les symboles de cet élan figure la reconquête des berges de la Seine entamée dans le centre-ville il y a plus de vingt ans avec le programme «Seine Cité». A lire aussiRouen : de la suspicion dans l’air Fragilité (1) «La métropole performative ? Pour une approche à odeur d’hommes. Rien n’y a fait, ni la pluie, ni le filet de vent.

Pour une approche à odeur d’hommes

L’odeur est là, pesante, comme incrustée. Les conférences de presse du préfet ou la visite en escadrille de plusieurs ministres n’y changent rien, l’odeur ne disparaît pas. Elle rôde. Elle imprègne certains quartiers, et les mémoires. Les relevés de qualité de l’air ont beau être «bons», l’air que l’on respire «sans risque», la persistance de l’odeur dans les muqueuses est bien réelle. A lire aussiIndustrie : barils en la demeure Le site de Rouen, dans les méandres de la Seine, offre un paysage classique de vallée, avec des versants de plateaux et un fleuve qui paresse dans son lit.

Le géographe est longtemps resté frileux avec les odeurs, préférant l’analyse des paysages, donnant à la vue un rôle considérable (1) . (1) Géographie des odeurs, sous la direction de Robert Dulau et Jean-Robert Pitte. . (2) Le communiqué quotidien propose une carte des signalements d’odeurs dans l’agglomération de Rouen. Louis Marrou. Les gens du voyage, victimes invisibles de Lubrizol. Tribune.

Les gens du voyage, victimes invisibles de Lubrizol

L’usine Seveso Lubrizol brûle. Dans les vapeurs chimiques, à seulement 500 mètres du foyer de l’incendie se trouve une aire d’accueil des gens du voyage où vivent 25 familles. Malgré le classement à haut risque du site, les habitants de l’aire d’accueil de Rouen/Petit-Quevilly ne disposent d’aucun local de confinement, en infraction à la réglementation Seveso. Ils n’ont pas non plus été évacués. Leur seul contact avec l’extérieur : le gardien de l’aire d’accueil qui leur a conseillé de rester dans leur caravane et de porter un masque. La situation géographique de l’aire de Petit-Quevilly n’est pas une exception : de nombreuses aires d’accueil des gens du voyage sont implantées dans des franges urbaines, éloignées des centres-villes et reléguées aux abords de zones industrielles à risque, notamment des usines Seveso comme à Rouen. Une espérance de vie de quinze ans inférieure au reste de la population A lire aussiNotre live Rouen Des vies en danger.

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