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Ce qu'Internet fait à la mémoire

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Mémoire vive contre mémoire vide. La mémoire vide des temps informatiques, c’est le titre d’un article important de Pierre Assouline dans le Monde des Livres (sera repris dans son blog lundi en accès libre, je suppose).

mémoire vive contre mémoire vide

En voici le passage central : Dans un texte de dix-sept pages encore inédit intitulé « Les archives de la création à l’âge du tout-numérique », Pierre-Marc de Biasi avance une explication à la désinvolture de l’époque vis-à-vis de sa mémoire : le court terme, le flux tendu, la rentabilité immédiate ont vaincu la notion même de durée et d’épaisseur du temps, avec toute la profondeur qu’elle suppose. « L’ère du parchemin avait été celui du palimpseste, l’âge du papier celui de la rature, voici venue l’ère du support sans repentir. » N’allez pas y voir la réaction affolée d’une corporation menacée de chômage technique : avec les archives encore inexploitées des XIXe et XXe siècles, les généticiens de la littérature ont de quoi s’occuper pendant quelques décennies. Politique de la mémoire. Méditation à partir du billet de François Bon: “mémoire vive contre mémoire vide“, qui réagit à un article de Pierre Assouline dénonçant, pour aller vite, “la désinvolture de l’époque vis-à-vis de sa mémoire”, en pointant du doigt l’outil numérique.

Politique de la mémoire

Je ne résume pas ici la discussion du Tiers Livre, elle est à tiroirs, puisque Assouline cite de Biasi, le “généticien” des textes, qui regrette évidemment la disparition des brouillons – à quoi Bon répond très justement sur le caractère daté de son modèle. Un chercheur qui dit a un auteur comment écrire pour pouvoir préserver sa méthode me paraît en effet signer sa faillite. Mais la question ne se limite pas à la mémoire de la littérature. Quels que soient les biais ou les erreurs de raisonnement des Assouline/de Biasi, je crois que leur diagnostic est globalement plutôt exact. Mis à part la tentative avortée d’Hypercard, la base de données grand public est restée lettre morte. Les révolutions de la mémoire à l'ère du numérique.  Internet, entre archivage et mémoire.

Marc Dumont La forte diffusion de l’usage d’internet, la progression plus exponentielle que linéaire des technologies qui lui sont liées — en particulier des capacités de stockage — produit une démultiplication des ressources multimédias disponibles.

 Internet, entre archivage et mémoire.

Cette évolution soulève régulièrement de nouvelles interrogations qui donnent lieu à de riches discussions concernant tant l’extension ou le réajustement de normes juridiques existantes (protection des mineurs, droit d’auteurs, dépôt légal…) que les implications cognitives, sociales et organisationnelles des nouvelles technologies (apprentissage à distance, télétravail, téléachat, chat…) ou encore les transformations radicales du statut des connaissances et du savoir dans nos sociétés contemporaines. Il est unanimement reconnu que l’émergence ou le renouvellement important d’une technologie joue le rôle d’opérateur de débats comme le souligne tout-à-fait la nouvelle guerre — pacifique !

Et là, paradoxe ! Archiver ou patrimonialiser le web ? Quand les mnémotechnologies questionnent notre mémoire. Origine « Avant d’interroger les écrits de réseaux, j’aimerais tout d’abord revenir sur l’histoire de l’outil, le statut médiatique de l’objet et la dimension textuelle de la « machine ordinateur » afin d’envisager la spécificité des pratiques de lecture et d’écriture qu’ils convoquent.

Quand les mnémotechnologies questionnent notre mémoire

De ce programme par trop vaste, je ne retiendrai toutefois que quelques aspects articulés autour de la question de la mémoire posée par ces nouvelles "mnémotechnologies". » C’est en ces termes qu’Emmanuël Souchier a débuté sa lecture de Lorsque les écrits de réseaux cristallisent la mémoire des outils, des médias et des pratiques lors du colloque Les défis de la publication sur le web, thème des Quinzièmes entretiens Jacques Cartier, à Lyon (9-11 décembre 2002).

Il est paru en première publication, le 3 février 2003, dans la revue électronique Interdisciplines. Pour le consulter, il suffit de cliquer ici : Histoire, technique et mémoire Le dispositif technique comme média. Le numérique est-il une menace pour la mémoire individuelle et collective ? Jean-Pierre Rioux, historien (1) : «Dans un monde où tout fait mémoire, il n’y a plus de mémoire» « La révolution numérique attaque la mémoire sous toutes ses formes, qu’elle soit individuelle ou collective.

Le numérique est-il une menace pour la mémoire individuelle et collective ?

Cela soulève immédiatement toutes sortes d’interrogations : qu’est-ce que l’archive ? Quelle trace garde-t-on ou non ? Les possibilités offertes par cette technologie font qu’elle est souvent vécue comme une chance de conservation “à l’identique et in extenso”. C’est bien là le problème. Une première question fondamentale – signalée dans de multiples rapports – porte sur la longévité de l’information conservée sous forme numérique, notamment en raison de l’évolution des supports. La question de “ce qui fait mémoire” est plus grave, parce que les individus, les collectivités, les réseaux baignent dans un océan de signes qui sont eux-mêmes aussitôt de l’archive. Nous sommes désormais dans un perpétuel présent où tout est à la fois créé et conservé.

Oubli numérique