La libération sexuelle : une supercherie pour exploiter sexuellement les femmes. L’idée à la mode était que la baise était une bonne chose, tellement bonne que plus il y en avait, mieux c’était.
L’idée à la mode était que les gens devaient baiser qui ils voulaient : traduite à l’intention des filles, cela signifiait qu’elles devaient vouloir être baisées – aussi continuellement qu’il était humainement possible. Pour les femmes, hélas, continuellement s’avère humainement possible s’il y a suffisamment de nouveaux partenaires. Les hommes pensent la fréquence en fonction de leurs propres rythmes d’érection et d’éjaculation. Les femmes se firent baiser bien plus que les hommes ne baisèrent. La philosophie de la révolution sexuelle date d’avant les années soixante. Les filles étaient de véritables idéalistes. Le radicalisme sexuel était alors défini de façon classiquement masculine : nombre de partenaires, fréquence des rapports, variété de sexe (par exemple, le sexe collectif), degré d’enthousiasme à y participer. Espérer cette égalité n’en fit pas une réalité. Comment nous en venons à avorter (nos vies sexuelles) - C. Delphy.
Par Christine Delphy, sociologue.
(paru dans le journal Le Monde daté du dimanche 22 octobre 2000) LE gouvernement a hésité à proposer au vote une réforme pourtant minimale de la loi de 1975 permettant l’avortement. C’est que l’opposition à l’avortement, ou plutôt à la légalité de l’avortement, est grande en ce pays. La tradition de l’hypocrisie s’y maintient : tout le monde le fait, mais personne n’en parle, comme c’était déjà le cas pour la contraception au début du siècle. Les traditions rhétoriques se maintiennent aussi : c’est au nom du « caractère sacré » de la vie que, régulièrement, des éditorialistes demandent que l’avortement soit limité, qu’il reste un « dernier recours », craignent qu’il ne soit « banalisé ».
Jamais la pression n’a été plus forte sur les femmes et les jeunes filles. Pas n’importe quelle sexualité cependant. D’autre part, la contraception est toujours tabou. Christine Delphy est sociologue (CNRS) La révolution sexuelle au rayon X. Née sous le signe du plaisir et de la joie, la révolution sexuelle vécue par le monde occidental dans les années 60 et 70 a apporté dans son sillage des libertés nouvelles : le droit à l’avortement, la visibilité des gays et des lesbiennes, la liberté du discours sur la sexualité.
Puisque nous vivons cet héritage, si nous souhaitons comprendre ce qui est en jeu aujourd’hui dans nos relations sexuelles et leurs représentations il nous faut aller au-delà de cette image bien connue. C’est alors qu’un autre dessin apparaît. Entre non-jugement affecté et normes strictes Vue de la manière la plus prosaïque, la révolution sexuelle correspond à l’apparition en masse de pratiques plus ou moins variées selon l’engagement dans l’avant-garde : triolisme, sexualité de groupe, sado-masochisme, pédophilie, sexe oral, sodomie, nécrophilie, etc. D’abord dans leur discours sur l’homosexualité. Inégalités hommes-femmes toujours d’actualité C’est que biologiquement, les femmes peuvent toujours d’adapter.