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Objectivité et informatique – L’affaire Rogoff – Reinhart. Il me semble assez clair que les politiques d’austérité, engagées dans l’Union Européenne, à partir de 2009, sous la direction principalement d’Angela Merkel, Jean-Claude Trichet (président de la BCE jusqu’à l’automne 2011), et Olli Rehn (commissaire européen aux affaires économiques), ont échoué. Voir le récent billet de pistes de lecture sur ce thème. Ces politiques d’austérité ont échoué à réduire les déficits et les dettes des pays concernés. Elles ont aussi échoué à relancer les économies des pays concernés.

Au contraire, elles les ont très efficacement massacrées. A part dans quelques cas très particuliers (en général, de tout petits pays complètement tributaires de facteurs extérieurs, par exemple la Lettonie), et dans le cas de l’Allemagne, qui s’est mise dans la situation d’être seule bénéficiaire du malheur de tous les autres (tout déboire ailleurs dans la zone euro attire un peu plus capitaux et travailleurs low-cost en République Fédérale). Ce ne sont pas des erreurs.

Les gens parfaits m’exaspèrent. Les gens parfaits m’exaspèrent. Plus précisément, les gens qui se croient parfaits, qui se disent parfaits, et qui assènent avec mépris leur perfection aux gueux, aux ratés, aux déviants. Les diverses manifestations de ces derniers mois, hostiles au mariage pour tous, et les dérapages associés, ont été l’occasion pour beaucoup de gens parfaits d’aller hurler leur mépris, voire leur haine, de certains "déviants" — en l’occurrence, les homosexuels.

Je connais personnellement quelques personnes ayant participé à ces manifestations. Ils m’écoeurent. Les gens parfaits ont fait les choses dans le "bon" ordre, ils en tirent une très grande gloire, tout en feignant de ne pas comprendre qu’on puisse faire les choses dans un "mauvais" ordre. L’ordre, dans la vie personnelle, c’est d’abord avoir une situation professionnelle stable, ensuite se fiancer, se marier, acheter un logement, puis faire des enfants.

Mais vous n’allez pas changer de gueule un jour ! "Si tout le monde faisait comme moi …" L’aveuglement est pire que l’ignorance. J’ai écouté aujourd’hui un podcast bien intéressant, l’épisode du 7 avril 2013 de l’émission "Géopolitique le débat". Cette émission est parfois inégale, mais certains épisodes sont très instructifs, je l’ai déjà évoquée. En ouverture, Xavier Raufer, auteur apparemment un peu controversé, auteur de "Géopolitique de la mondialisation criminelle. La face obscure de la mondialisation", s’est lancé dans un discours assez emballé sur les œillères de la société contemporaine. En particulier, l’incapacité du système médiatique contemporain à faire émerger une vision correcte du monde et des menaces — l’information remplacée par le divertissement, l’analyse remplacée par les clichés (Poutine est méchant), les journalistes se contentant de recopier les communiqués préparés par les attachés de presse des grandes groupes, etc.

Il a notamment insisté sur la formule suivante, sans préciser à qui il faut l’attribuer — je cite de mémoire : L’aveuglement est pire que l’ignorance. Bonne nuit. Like this: La question allemande et l’Histoire tragique. Je vois se multiplier les articles et discussions sur les déchirures de l’Europe se multiplier. Pas seulement dans l’ombre grandissante du centenaire de 1914. J’ai vu passer plusieurs articles parlant ouvertement du risque de guerre en Europe. Ainsi ce titre très explicite dans le Daily Mail (qui n’est pas que un tabloïd) du 13 mars 2013 : "Could Germany spark another war? I fear it’s all too possible". Article assez court, facile à lire, mais pas inutile. J’ai vu aussi réapparaître l’expression, la terrible expression, "la question allemande". Le long article du NewStatesman, daté du 14 mars 2013, intitulé "Cracked heart of the old world", mérite d’être lu, et amplement cité : A spectre is once again haunting Europe — the spectre of German power.

Le contenu précis de l’expression "question allemande" lui-même est variable. La "question allemande" est une terrible expression, parce qu’elle renvoie à une longue histoire de guerres. Une ère inédite semblait s’ouvrir. A suivre. Bonne soirée. Loin de l’Homme de Rio. Billet écrit en temps contraint. J’ai revu tout à l’heure le début du film "L’Homme de Rio".

Jean-Paul Belmondo, jeune (dire qu’il va avoir 80 ans bientôt !) , dans un rôle façon Tintin à la conquête du vaste monde, se retrouve piéton à Rio de Janeiro. Il est arrivé là complètement par accident, sans aucune préparation. J’ai été émerveillé de revoir ce film. Je suis sûr que j’ai rêvé, récemment encore, de promenade à pied vers l’inconnu reprenant des éléments du parcours de Belmondo à Rio.

En réfléchissant un peu, je dois pouvoir retrouver d’autres situations imaginaires analogues, dans des films, dans des romans, où le personnage se retrouve face à des lieux complètement inconnus, seul. Face à des lieux inconnus, comme face à une page blanche. Depuis combien de temps ne me suis-je pas trouvé dans une situation analogue ? Il y a quelques semaines, dans un grand domaine skiable des Alpes ? En vacances, l’été dernier ? Ou plutôt "prendre le risque de se perdre". Bonne nuit.

Like this: Bâtir un monde, comme Tolkien. J’ai lu "Le Seigneur des Anneaux" plusieurs fois. J’ai aussi lu "Le Silmarillion", les "Contes et Légendes Inachevés". Je ne me rappelle pas avoir lu "Le Hobbit". Comme des millions de gens, j’ai été fasciné par l’univers de Tolkien. L’univers imaginé par Tolkien, ou faut-il plutôt dire, l’univers bâti par Tolkien ? Entre 2001 et 2003, j’ai vu les trois films de Peter Jackson. Ça fait partie des DVDs que je mets dans le lecteur, tard le soir, de temps en temps, pour me tenir éveillé pendant le repassage. Comme je les connais bien, les bruits de la centrale vapeur et des jets de vapeur ne sont pas gênants.

Je peux identifier et discuter une bonne partie des écarts entre les films et les livres. Je n’arrive jamais à m’empêcher de relever les oublis, les éléments enlevés complètement, les étapes sautées ou abrégées. Je ne sais pas quand je verrai "Le Hobbit". Est-ce qu’avoir adapté cet univers au cinéma réduit l’imagination ? L’imagination c’est remplir une feuille blanche. Bonne nuit. J’aime les cartes. Billet écrit en temps contraint J’aime les cartes. Les cartes de géographie. J’ai parlé l’autre jour du "Seigneur des Anneaux", une de mes oeuvres préférées. Je suis arrivé à ce livre par ses cartes, ce sont ses cartes, insérées en général à la fin de l’ouvrage, qui m’ont donné envie de le lire.

J’ai très longuement contemplé les cartes de cet ouvrage dans l’édition qui était à la bibliothèque du collège. Avant toute autre chose, c’étaient ces cartes, ces quelques traits tirés sur le papier, qui m’avaient attiré, et qui avaient stimulé mon imagination. Les cartes ont précédé les mots. Je ne me suis décidé à lire le livre qu’en classe de seconde. En fait, il n’y a que deux cartes, la grande carte de la Terre du Milieu dessinée par Christopher Tolkien, et une plus petite carte de la Comté. Je suis arrivé au "Seigneur des Anneaux" par les cartes, parce que j’ai toujours aimé les cartes. Les cartes des atlas, avec des formalismes très variables. J’ai aimé les cartes dès mon plus jeune âge. Du globe aux cartes, exercices de relativité. Billet écrit en temps contraint Un globe terrestre est un bel objet. J’aime les globes, comme j’aime les cartes.

Un globe permet notamment de se rappeler le caractère déformant de toute carte du monde. Et la fragilité, ou la relativité, de certaines connaissances de base, et surtout de leurs conséquences. Prenons quelques exemples. La terre est ronde, c’est pour cela que les vols transatlantiques entre l’Amérique du Nord et l’Europe, pour aller au plus court, passent par le Nord, jusqu’à l’Islande et au Groenland selon les cas. La surface terrestre n’a pas de centre objectif, à part éventuellement les pôles, mais nous Européens sommes tellement habitués aux représentations euro-centrées. Le choix de la projection, le choix des formules mathématiques utilisées pour projeter à plat la surface d’une sphère, ont aussi une influence qu’on sous-estime.

Et puis, pourquoi mettre l’hémisphère nord en haut et l’hémisphère sud en bas ? Certaines erreurs ne sont plus là. Bonne nuit. Like this: Au fil des fleuves et des rivières. Dans les cartes, ce que j’aime le plus ce sont les lignes. Les traits qui relient des points à d’autres points. Les routes, les autoroutes, les voies ferrées, les canaux. Des lignes qui ont été construites, qui ont été dessinées, certaines au fil des siècles, sans projet d’ensemble initial, littéralement grattées dans la terre, arrachées à la terre.

D’autres plus récentes et très étudiées, dessinées sur des cartes avant d’être taillées par toute sortes d’engins, guidées au laser. D’un autre côté, les fleuves et les rivières. Tracés par des millions d’années de formation puis d’érosion des reliefs. Sur les cartes, notamment les cartes d’Europe, ces deux types de lignes se ressemblent assez. Pour être plus précis, pour parler d’une route que je connais un peu pour l’avoir réellement parcourue, j’aimerai comparer les cartes Michelin de différentes époques entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice, voir comment a évolué l’ancienne Route Nationale 90, N90 ou RN90. Bonne soirée. Like this: A quoi sert l’économie ? A quoi sert le système économique ?

Je pense qu’il y a plein de réponses positives à cette question. L’économie sert à trouver des débouchés aux producteurs, des approvisionnements pour les consommateurs, des usages à l’épargne excédentaire, des financements pour les affaires qui se montent, des emplois pour les travailleurs, etc. J’ai cité il y a quelques semaines Jacques Sapir présentant la divergence fondamentale entre l’Allemagne et la France : l’Allemagne doit fournir du travail chaque année à 280 000 jeunes, alors que la France doit fournir du travail à plus de 750 000 jeunes — ou "nouveaux arrivants sur le marché du travail". L’économie, ça doit servir à créer des emplois. L’économie, ça doit servir à ce que tout le monde puisse vivre de son travail, décemment. Mais je constate que ces réponses positives viennent de moins en moins spontanément à l’esprit.

Créer des emplois ? C’est ce qu’est devenue la science économique, comme le résume un article du Guardian à l’automne dernier : A quoi je sers – par mon travail ? Billet écrit en temps contraint. Dimanche soir. Demain lundi matin. Demain il faut retourner au travail. J’hésite à parler de travail dans ce blog, comme de quelques autres sujets, parce que je redoute de me laisser entraîner à des évocations trop personnelles, trop subjectives. C’est une inhibition comme une autre. Car le fait est que j’ai des choses à dire sur le travail.

J’ai été formé, formatté, et je me suis auto-formatté, pour attendre beaucoup du travail. Je fais partie des gens qui veulent (ou voulaient) s’incarner dans leur travail, se réaliser par leur travail, se révéler par leur travail, exister par leur travail. J’ai grandi, et je suis arrivé dans le monde professionnel, avec des incantations très fortes dans la tête, sur l’importance de ce qui est supposé se passer dans le monde du travail, de ce que le travail doit permettre d’accomplir. Pour aller vite, pour donner une idée, deux références. A quoi tu sers ? Qu’y a-t-il de l’autre côté du miroir ? You are not special. Ne travaillez jamais ! Je me suis intéressé jadis à Guy Debord. J’ai essayé de lire "La Société du Spectacle", il y a une quinzaine d’années. Le livre doit être là, sous mes pieds, dans un carton, à la cave, comme tant d’autres livres.

J’ai vieilli. J’ai la faiblesse aussi de penser que j’ai muri. Je peux dire la même chose de plusieurs autres livres. Si j’avais le temps, c’est maintenant qu’il serait pertinent que je les relise. Mais je n’ai pas le temps. Il y a plusieurs formules ou slogans de Guy Debord dont je me souviens néanmoins, ou que je revois passer de temps en temps, ici ou là. Ne travaillez jamais ! Comme j’ai commencé à l’évoquer, je fais partie de ces gens qui ont voulu croire que leur épanouissement personnel devait passer par un épanouissement dans le travail. Beaucoup de ces illusions ont disparu au fil des années. Il existe aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre. Qui a dit "Il ne faut pas perdre sa vie à la gagner" et assimilé ?

Bonne nuit. Like this: Le management moderne comme jeu vidéo. J’ai depuis longtemps un problème, en France, avec les mots "management" et "managers". Traduits littéralement en français, cela donnerait "gestion" et "gestionnaire", ou "gérant". Mais on ne traduit plus du tout ces mots, semble-t-il. Au contraire. On les assène en permanence, avec une prononciation variable, en général en essayant de se la jouer américain. Car, même si l’aura des Etats-Unis n’est plus ce qu’elle était, dix ans après la glorieuse "libération" de l’Irak, l’idée que l’Amérique est le pays de la puissance est toujours là.

Curieusement en France, les anciennes "écoles de gestion" ou "écoles de commerce", un temps tentées par la traduction en "business schools", se prétendent maintenant de plus en plus des "écoles de management", ce qui ne va pas sans controverse au sein même de la profession. Mon point de départ, dans les années 1990s, c’était "Le Défi Américain", le livre "visionnaire" de Jean-Jacques Servan-Schreiber paru en 1968.

La réalité m’a rattrapé. Bonne journée. Pourquoi les travailleurs français ne pensent-ils qu’à leurs vacances ? Cette année, il y a trois jours fériés dans les deux premières semaines de mai, selon le calendrier en vigueur en France : mercredi 1er mai, fête du Travail, mercredi 8 mai, Armistice de 1945, jeudi 9 mai, Ascension. Pour beaucoup de travailleurs de ce pays, c’est l’occasion de prendre des congés, de s’aménager des "ponts", d’espérer profiter du beau temps.

Et pour certains dirigeants de ce pays, c’est l’occasion de critiquer les travailleurs, plus ou moins ouvertement. Ainsi Valéry Giscard d’Estaing a-t-il déclaré le 25 avril 2013 : Nous ne travaillons pas, c’est pas compliqué. Un pays qui ne travaille pas, qui passe son temps à aller d’une vacance à une autre, d’un jour férié à un pont et ainsi de suite, ne peut pas avoir des résultats formidables.(…) On passe son temps à parler des vacances.

Il n’y a pas ce respect du travail qu’il y a en Allemagne. C’est une de leurs forces. C’est bien connu, les Français sont tous des feignants, des oisifs, des privilégiés. Prenons un exemple. Le culte du chef d’entreprise. Quand j’étais jeune, la notion de "culte du chef" était enseignée au collège et au lycée, en classe d’histoire-géographie, pour évoquer les dictateurs de divers régimes totalitaires du XXème siècle, Hitler, Staline, Mao, Tito, Franco, Ceaucescu et quelques autres. D’ailleurs, si vous tapez "culte du chef" sur Wikipedia, vous arrivez à peu près sur ces noms-là. Ces dernières années, c’est surtout pour les grandes entreprises privées qu’est pratiqué le culte du chef.

Le culte de l’entrepreneur, super-héros schumpéterien qui va sauver le monde. Le culte du grand chef d’entreprise, surhomme nietzschéen tout-puissant et infaillible. Le culte du "job creator", "créateur d’emplois", "wealth creator", "créateur de richesses", sauveur de la croissance et de l’emploi. Dans ce discours, les salariés, mais aussi les prestataires, les services publics, les infrastructures, ou encore les clients et les fournisseurs, bien évidemment, ils ne servent pas à grand’chose. I’m a very rich person. Like this: La disparition des élites. Pistes de lecture – Les voleurs fiscaux. Pistes de lecture – L’échec de l’austérité. Pistes de lecture – Les voleurs fiscaux. Fukushima et moi, confessions d’un ancien adepte du nucléaire. Le monde est lourd, vaste, fragile, tragique et compliqué.

Le temps en miettes pour empêcher de penser. Nous sommes tellement peu de chose. Définition : comprendre. Thatcher, c’est la guerre. Les tablettes et la fin d’une illusion pour la culture de l’écrit.