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Concert a emporter

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Delta Spirit. Quel est le seul monument mobile de tous les Etats-Unis ? Allez, réfléchissez un peu ! Vous donnez votre langue au chat ? Et bien c’est le tramway de San Francisco. J’ai toujours eu envie d’y tourner un Concert à emporter, mais nous devions d’abord trouver un groupe dont la musique collerait au bruit, au tangage et au roulis des wagons eux-mêmes. Voici donc Delta Spirit, un groupe originaire de San Diego connu pour souffler complètement le public lors de leurs performances live. C’est après deux chansons, pendant lesquelles nous avions déjà traversé la moitié de la ville, qu’on a dit au revoir aux touristes du tramway.

Après le bazar du tramway, rien de tel qu’une petite ballade tranquille. Traduction par Nora. The Spinto Band. Deux petits gars chétifs et fatigués sont arrivés, ils nous ont suivis sans trop se réveiller. L’un d’eux portait une guitare noire c’était Nick. L’autre un anorak orange et une petite valise arrondie bien plus vieille que lui, c’était Thomas. C’était une boîte à merveille, cette valise : nous leur avons brossé le tableau, Thomas l’a posée à terre et l’a ouverte. Papillons, magie, un kazoo accroché à un vieux cintre rose désarticulé, un petit clavier, un melodica bleu clair, je ne sais plus quoi. Mais ça allait trop bien avec son anorak. Nous avons arpenté les couloirs des sous-sols de la maison de disque, exploré la salle de ventilation, trouvé un petit coin au fond où jouer un premier morceau. Dix minutes plus tard, nous étions dans la rue, cherchant un bar sympathique à Porte de Clignancourt. Concert à emporter. Noah and the Whale.

C’est la vie de bohème. Débarquer à Paris pour jouer dans un festival dont on ne sait rien, arriver à la gare du Nord et être accueilli par une bande de Frenchies croisés quelques semaines auparavant, qui décident de vous prendre en charge, de vous trimbaler dans les rues, dans les cours, les appartements, de vous guider jusqu’à votre hôtel puis jusqu’à la salle en faisant trente détours, en portant les valises et les caisses, en sortant les guitares et les pocket pianos des valises et des caisses, en vous filmant, et vous demandant de jouer partout.

Tu parles d’une sinécure… Ils n’ont jamais cessé de sourire. On aime les Noah & the Whale depuis belle lurette, on rêvait de faire quelque chose avec eux depuis longtemps, encore plus depuis que Moon les avait filmés à Austin, pendant le festival SxSw, avec la ferme envie de recommencer. L’occasion, c’était une venue express à Paris pour une soirée Inrocks / Sony. On leur a proposé de passer l’après-midi avec eux. The National. Réal : Vincent Moon Tourné à Perpignan, 01 09 2007 Difficile de parler de The National , ils m’ont accompagné ces dernières années à travers divers projets, quelques clips… Surtout un long métrage que je termine actuellement, visible d’ici 2-3 mois, après la sortie de leur nouvel album Boxer (prévue pour le 22 mai), évolution évidente et chef-d’oeuvre à venir d’une musique qui a connu beaucoup de moments de doute et de remise en question.

En progression toujours. Les moments passés avec les National ont rythmé beaucoup d’histoires, personnelles ou plus lointaines. Leur musique a cette capacité à s’insinuer dans le quotidien plus que n’importe quelle autre, s’imposant en douceur après quelques écoutes rapides où l’on ne perçoit souvent pas la profondeur de chaque chanson. Mais eux mêmes vous le diront: les mélodies qui sont évidentes à la première écoute ne le sont plus autant à la dixième. ‘Start a War’ fait partie de ce nouvel album. Beirut. «Chryde, this is Zach from beirut. I was extremely excited to hear of the possibility to fly out to paris to play a show…but alas, the timing is off. on may 31st I’ll be in the midst of preparing a tour with a live band around the east coast….But I was hoping that you keep me in mind, and if I were to go out to europe later this year, Some extra help in paris would be ideal…Its been about a year since I was last there. probably my favorite place in all western europe.»

C’était en avril 2006. Gulag Orkestar venait de sortir. Sans savoir trop pourquoi, j’avais écrit à Zach Condon, avec dans l’idée de le faire venir jouer à Paris. Cette histoire pourrait être écrite sur des pages. Beirut, c’est aujourd’hui plus que Zach Condon. Et au milieu, il y a Zach. Il nous fallut une demi-heure supplémentaire pour trouver un bar qui accepte de nous accueillir (merci l’Ave Maria!) Ce n’était que le début de l’histoire. Cocoon. Keren Ann. La première fois que j’ai vu Keren Ann, il faisait sombre. La caméra tremblait un peu, c’était un effet : elle se promenait dans les petites ruelles avec Taddéi, elle racontait son enfance, elle racontait Paris, c’était la nuit. Elle avait l’air douce, intéressante, un peu dans la lune.

La seconde fois, c’était au Bataclan. Je me souviens, j’étais à gauche, juste avant la fosse. Elle faisait la première partie de Goldfrapp, elle n’en menait pas large. Elle avait l’air timide, fragile, et sa tentative de reprise de Marylin, gimmicks compris avait un charme gauche, un charme fou. D’autant plus a posteriori, lorsque nous dûmes supporter la suffisance de mademoiselle Alison Goldfrapp. La troisième fois, c’était là. Keren Ann avait plein d’idées et peu de temps, nous avions une idée fixe et tout le temps nécessaire.

Et nous avons joué dans la nuit. Et puis elle a fini. The Shins. Tout nous apparaissait si compliqué. Tout fut si simple. On nous avait dit que ce serait infaisable, que le groupe ne voudrait jamais. Mais les Shins ont bien voulu, sans que nous sachions vraiment ce qui les avait décidés. Nous avions peur de ce manager, vieux roadie tatoué qui rechignait à nous laisser emmener le groupe en promenade. Nous avions peur de cette attente, du retard du groupe, qui nous a dépassé, est monté dans ses loges, nous a laissé poireauter. Que nous étions bêtes. Rue des Trois Frères, Montmartre. La foule fut même patiente. En trois quart d’heure, les Shins n’ont en fait cessé de jouer, ne se sont jamais vraiment posé de questions. Ce concert à emporter, cinq morceaux enchaînés naturellement, entamés sur une petite place, terminés dans un appartement baigné de soleil, ressemble aux Shins, ressemble à leur musique, une pop décomplexée, joyeuse, et familère, qui semble aller de soi.