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« Il y a la famine en Hongrie » Entretien avec Victor Lugosi, historien à l’université Lornd-Eötvös de Budapest et rédacteur en chef de la revue de gauche « Esmélet » (conscience). Il décrypte le pouvoir d'Orban et la contestation naissante en Hongrie. Pour vous, quelles sont les raisons des manifestations ? A la fois la modification de la constitution et la situation économique et sociale. C’est un rassemblement de différentes forces de la société de Budapest.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les Hongrois descendent dans les rues : les méthodes et l’arrogance du pouvoir qui irritent les gens. Cette année sera catastrophique pour une grande partie de la population. Ce nouveau texte est-il une réminiscence des heures sombres de la Hongrie et si oui, en quoi ? Oui !

Les partis de gauche peuvent-ils aujourd’hui fédérer ? Jusqu’ici, il n’y a aucune alternative crédible, viable, en Hongrie, qui porterait un projet et des propositions. Quelles sont vos attentes envers les instances européennes ? Oui ! La droite hongroise fait déferler ses manifestants pour soutenir Orbán. Viktor Orbán, Ubu roi de Hongrie. La démocratie hongroise en danger. Hongrie: mobilisation sans précédent de l'opposition contre Viktor Orban. La Hongrie dans le collimateur de Bruxelles.

Orbán met la Hongrie en coupe réglée. Le lâche silence de l’Union européenne. Repères. Hongrie. Viktor Orbán ou le fascisme postmoderne. Bruxelles se réveille face aux dérives d’Orbán. Budapest sommée de modifier rapidement ses lois contestées. L'Union européenne compte menacer mardi la Hongrie de poursuites en justice si elle ne modifie pas dans un très bref délai des lois qui donnent au gouvernement de Viktor Orban des pouvoirs controversés sur la banque centrale et les juges notamment. Une réunion des commissaires européens est prévue en début d'après-midi à Strasbourg, en marge d'une session du Parlement européen, pour entériner l'envoi à Budapest de trois lettres de mises en demeure, selon des sources européennes. Viktor Orban y sera sommé de modifier "à très bref terme" des réformes constitutionnelles relatives aux nominations dans la banque centrale, au statut des juges et à l'autorité hongroise de protection des données.

Il s'agit de la première étape d'une procédure d'infraction pouvant déboucher sur des poursuites devant la Cour de justice européenne. L'exécutif européen ne doit plus que trancher sur le délai à lui donner, de quinze jours à un mois, selon une source européenne. Répercussions financières. Hongrie : Orbán, premier supporteur des ultras. Un Parlement européen timoré et paralysé. Viktor Orbán peut dormir tranquille : les Etats membres n’ont aucune intention de le mettre au ban de l’Union européenne sous prétexte qu’il a adopté quelques lois «liberticides». Ni la droite, qui dirige 22 Etats sur 27 et domine de la tête et des épaules la Commission et le Parlement européen, ni même une majorité de socialistes n’ont envie de lui livrer une guérilla, de peur de renforcer le nationalisme magyar et de faire le jeu de l’extrême droite du Jobbik.

Le Premier ministre hongrois, et c’est une première dans l’histoire européenne, a néanmoins décidé de se rendre à Strasbourg cet après-midi pour assister au débat organisé sur son pays : «Nous ne permettrons pas à la gauche d’accuser la Hongrie sur la scène internationale, avec des mensonges et des calomnies infondées», a prévenu son porte-parole. «Accusation». Seuls les écologistes, une partie de la gauche et les libéraux, en pointe sur la question des libertés publiques, devraient lui chauffer les oreilles. «Erosion».

En Hongrie, Orbán prêt à modifier ses lois controversées. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a annoncé mercredi avoir reçu par écrit l'assurance du Premier ministre hongrois Viktor Orban qu'il allait «modifier» ses textes de loi controversés. «Aujourd'hui, j'ai reçu une lettre du Premier ministre (Viktor) Orban réagissant aux trois décisions prises par la Commission» mardi, lorsque l'exécutif européen a décidé de déclencher des procédures d'infraction à la législation de l'UE au sujet de trois textes de loi, a déclaré M. Barroso devant le Parlement européen. «Il m'a indiqué son intention de modifier les législations concernées et de travailler avec la Commission européenne au cours des prochains jours afin de trouver des solutions juridiques aux questions soulevées», a-t-il ajouté.

Les procédures d'infraction peuvent conduire à terme à la saisie de la Cour de justice européenne, si Budapest ne fait pas ce qui lui est demandé. Respect des principes de démocratie. Europe centrale : «Il y a un fort désenchantement sur l'Union européenne» Catherine Perron, chargée de recherche au Ceri-Sciences-Po, spécialiste de «l'impact de l'Union européenne sur les nouveaux pays membres», estime que les tensions entre la Hongrie et l'Union européenne traduisent en général en Europe centrale un sentiment de dépossession du pouvoir politique, plus de vingt ans après la fin du communisme.

L'Union européenne menace la Hongrie de poursuites, pourquoi avoir mis autant de temps ? Il y a une absence d'unité tant pour l'Union européenne que pour les pays d'Europe centrale en général. Quand on regarde ce qui s'est passé au niveau de l'UE, des divisions dramatiques apparaissent. D'un côté, la Commission a d'abord essayé de placer le débat sur un plan assez technique, sans vouloir politiser la question. De l'autre, au Parlement, le parti de Viktor Orbán appartient au PPE, le parti populaire européen, majoritaire. On parle beaucoup du très menaçant article 7, qui permet de sanctionner un Etat membre... Cette mesure a été extrêmement critiquée.

Hongrie : contre les dérives, l'article de la dernière chance. De nombreux eurodéputés demandent l'activation contre la Hongrie de l'article 7 du traité de l'UE, qui permet de suspendre un Etat de ses droits de vote en cas de «violation grave» des valeurs européennes, une «arme nucléaire» difficile à mettre en oeuvre. Cet article 7 avait été introduit en 1997 par le traité d'Amsterdam dans la perspective de l'élargissement, pour éviter tout retour en arrière sur le plan démocratique d'un Etat ayant rejoint l'Union européenne. Mais il n'a jamais été utilisé à ce jour. Cet article donne pouvoir à un tiers des Etats, au Parlement européen ou à la Commission européenne de constater dans un premier temps «qu'il existe un risque clair de violation grave» par un Etat des valeurs européennes.

Le Conseil, où siègent les Etats, entend ensuite l'intéressé. A l'unanimité moins la voix de l'Etat concerné, les gouvernements doivent ensuite constater «l'existence d'une violation grave et persistante» de ces valeurs dans cet Etat. Le cas autrichien. Le «Viktator» plaide sa cause à Strasbourg.

A15 heures, le site internet du Parlement européen est tombé en panne. Les Hongrois n’ont donc pas pu suivre en direct le débat entre leur Premier ministre, Viktor Orbán, accusé de dérive autoritaire, et les eurodéputés. Trop de connexions. Toute la Hongrie - et pas seulement - voulait suivre le débat. A l’image de l’intérêt et des réserves que suscite, en Europe, celui que l’opposition hongroise surnomme «Viktator». Comme c’était prévisible, il a fait, à Strasbourg, patte de velours. Extrême droite.

Seuls la gauche, les Verts et les libéraux l’ont violemment critiqué, l’accusant, comme Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe Vert, de prendre le même chemin que «Chávez, Castro et tous les régimes totalitaires et autoritaires de ce bas monde». Quant aux socialistes européens, plutôt moins durs que les libéraux, ils ont rappelé que la Hongrie, avec cette Constitution, n’aurait pas pu adhérer à l’Union. Fausse note. Jean QUATREMER BRUXELLES (UE), de notre correspondant.