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Je suis Charlie

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L’anthropologue Emmanuel Todd mal à l’aise avec le mouvement «Je suis Charlie» L’anthropologue et historien français Emmanuel Todd a confié au quotidien japonais Nikkei être mal à l’aise avec le mouvement «Je suis Charlie», né en France après l’attentat contre Charlie Hebdo, jugeant que les caricatures de Mahomet humilient les faibles de la société.

«Il y a un grand écart entre ce qui se passe actuellement en France et ce que je pense», a déclaré M. Todd au correspondant du Nikkei à Paris. «En France, si on ne touche pas à une personne en particulier, on considère qu’il est possible de tout caricaturer. Avant l’attentat, je critiquais les dessins satiriques de Charlie Hebdo. Je ne peux donc pas être d’accord avec la sanctification de cet hebdomadaire qui a publié des caricatures obscènes du prophète Mahomet», a-t-il ajouté selon des propos rapportés en japonais. Il pointe en outre les inégalités dont sont victimes les immigrés et leurs enfants, «qui ne peuvent recevoir un enseignement suffisant et ne trouvent pas de travail en période actuelle de crise économique. « On n’a pas le droit de nier un affect qui s’exprime. »

Michel Tozzi, chercheur, reposait la question d’un cadre à la réflexion et au débat, dans la classe et au-delà. Daniel Mercier lui répond. L’alternative dont parle Michel Tozzi est celle entre : la morale déontologique, régie par la logique de principes absolus non négociables : ici, le principe est que la liberté d’expression n’aurait de limite que l’atteinte à la personne humaine, comme par exemple l’incitation à la haine vis à vis de l’autre, le racisme, l’antisémitisme... On voit déjà que l’interprétation que l’on peut faire à propos de cette "atteinte" ou de ce "préjudice" peut être variable : nous pouvons penser qu’en droit la caricature du prophète ne s’en prend nullement à une ou plusieurs personnes mais à une religion, c’est-à-dire à une vision du monde et à une institution -contrairement au racisme et à l’antisémitisme- mais peut-on dénier le fait qu’un grand nombre de musulmans se sentent offensés ?

Daniel Mercier, le 22/01/2015 Dans la librairie des Cahiers Pédagogiques. “Les caricatures, dans l’histoire de la République, ont toujours bénéficié d’une grande tolérance” Plasticages, menaces… La presse française a régulièrement été confrontée à des intimidations, mais jamais à une telle attaque explique l'historien Christian Delporte. Avec un bilan à ce jour de 12 morts et 11 blessés, l'attaque à l'arme automatique contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, est un coup porté à la presse française d'une gravité sans précédent.

L'historien Christian Delporte, spécialiste des médias, revient sur les menaces, intimidations et attentats qui ont jalonné l'histoire du journalisme dans notre pays et sur la place très particulière qu'y tiennent la caricature et la presse satirique. Quels sont les attentats contre les médias, journaux quotidiens ou hebdo, dans l’histoire contemporaine, qui ont pu revêtir une signification politique d’une telle importance ? Il n’y a rien d’équivalent dans l’histoire de la presse. Liberté d’expression : la caricature est aussi une exception au droit d’auteur. Samedi et dimanche derniers, les manifestants se sont levés en masse pour défendre la liberté d’expression, gravement remise en question par les attentats contre Charlie Hebdo. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la caricature, la parodie et le pastiche, qui constituaient les moyens d’expression privilégiés des dessinateurs assassinés sont protégés par une exception au droit d’auteur, instaurée au titre de l’intérêt général par le législateur pour permettre le débat d’idées, la libre critique et la création artistique.

Alors qu’un nouveau numéro de Charlie Hebdo paraît aujourd’hui, avec une caricature de Mahomet signée Luz, on peut se souvenir que certaines des parodies qui ont illustré les unes du journal, détournant des personnages célèbres, s’appuyaient sur cette exception au droit d’auteur. C’est le cas de cette une de Charb ou de la suivante par Luz, détournant Astérix et Obélix. Pourtant les pratiques, elles, débordent déjà de toutes part !

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