Les impacts des collectifs sur l'agriculture sont abordés d'un point de vue des sciences sociales.
Mouvements paysans dans l’altermondialisation. Mondialisation, altermondialisation?
Le phénomène de mondialisation n’est pas inédit. Ainsi que le souligne à juste titre l’économiste Jean-Louis Mucchielli (2004 : 672) : « L’histoire en dénombre déjà trois du même ordre : le “big bang” de 1492 avec la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le développement du commerce mondial (multiplié par six entre 1860 et 1914) au XIXe siècle, et la phase de mondialisation actuelle ». Alter-mondialiste. Le Larzac à l’heure de l’aménagement - Persée. SAFER, syndicats), soit directement chez les paysans du plateau, ce qui nous amena à nous organiser en «commission d’installation ».
Le premier travail de cette commission a été de choisir rapidement des candidats afin d’occuper le maximum de terrain et de rendre ainsi irréversible la décision d’abandon du camp militaire. L’activité de la commission se référait aux principes développés dans la «charte pour de nouvelles installations agri¬ coles sur le Larzac » (cf. Nouvelles Campagnes n°16, pp. 72-74), à savoir : installation du maximum d’agriculteurs pour permettre une vie sociale meil¬ leure, privilégier les formules associatives d’entraide et de solidarité, recher¬ cher un mode de développement adapté au plateau, favoriser les initiatives antiproductivistes et d’économie des moyens.
Larzac et regroupement. L'agriculture durable : utopie ou nécessité ? 1Sur les 6,4 milliards d’individus qui occupent aujourd’hui la planète, 1,3 milliard sont des actifs agricoles.
On ne saurait oublier que la course à l’intensification qui a connu une ultime accélération en Occident au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est en crise totale et qu’elle a laissé à l’abandon l’immense majorité de ceux qui travaillent encore aujourd’hui la terre à l’aide d’outils rudimentaires. Dans ce contexte, il semble nécessaire de prendre au sérieux les alternatives à l’intensification sans fin des rapports nourriciers de l’humanité à la terre qu’elle cultive. 2 L’agriculture héritée des années soixante est en crise.
Des paysans environnementalistes ? 1À partir des années 1960, des paysans contestent la politique agricole du gouvernement, mais aussi les directions du syndicalisme agricole majoritaire jugées favorables aux grands exploitants et proches de la droite.
Comment ces paysans contestataires, souvent qualifiés de nouvelle gauche paysanne, se sont-ils emparés de la question écologique ? Ce courant rompt, dans un premier temps, avec la droite et le syndicalisme majoritaire sur la question sociale. Gagner en autonomie grâce à la Cuma. Expériences d’éleveurs laitiers français à l’ère de la dérégulation et de l’agroécologie. 1En France depuis 2013, des politiques publiques visent à développer l’agroécologie, dont la définition législative intègre l’enjeu d’autonomisation des exploitations (ministère de l’Agriculture, 2014).
L’observation de la mise en œuvre des instruments de ces politiques révèle l’importance des initiatives collectives en élevage poursuivant l’objectif d’autonomisation vis-à-vis des marchés d’intrants. Pour ce faire, deux types de pratiques sont particulièrement mis en avant : l’agriculture de conservation des sols et le développement des légumineuses (Alim’agri, 2017 ; Lamine et Barbier, 2017). Le même mouvement s’observe au sein des Cuma avec une augmentation des acquisitions d’équipements permettant de développer ces pratiques (Garcia-Velasco, 2017). 3Cet article rend compte d’un travail de recherche à l’interface entre sociologie et agronomie, mené en partenariat entre la Fédération nationale des Cuma et l’INRA-SAD, et associant d’autres organisations agricoles. 1.
CUMA. Les gouvernances plurielles de la terre. Périphérie de Brasilia (Brésil) en novembre 2009.
Photo: Y. Sencébé 1 Ces systèmes ont été décrits par P. Colomb [1988] comme un ensemble dont les codes, les arrangemen (...) 1Ce numéro interroge le renouvellement contemporain de la question foncière à travers l’idée de gouvernances plurielles de la terre. Gouvernance plurielle. Terre de Liens, un levier foncier militant au service d’un projet politique pour l’agriculture. 1L’extension de la propriété privée foncière depuis la Révolution française s’est traduite par le renforcement des droits individuels et l’affaiblissement des droits d’usages collectifs des terres, en France (de Crisenoy, 1988) et en Europe (Brown, 2006).
Ce droit de propriété absolue accompagné d’une mise en marché des terres limite aujourd’hui l’accès au foncier des candidats à l’installation considérés comme « atypiques » (Pibou, 2016 ; Horst et Gwin, 2018). Deux dynamiques contraignent ces derniers : la concentration foncière, opérée par la branche moderniste de la profession (Barral et Pinaud, 2017) et l’artificialisation des sols. Terre de liens.
Les collectivités locales à la recherche d'une agriculture de proximité. 1Au moment où l’actualité croise les débats sur la PAC de 2014 et ceux sur la réforme des collectivités territoriales françaises prévue aux mêmes échéances, il est particulièrement pertinent de s’interroger sur l’ampleur et la spécificité des politiques agricoles locales en France. 2L’agriculture étant à la croisée de nombreuses politiques (foncière, économique, environnementale…), elle est affectée ou susceptible de l’être, volontairement ou non, par l’ensemble des échelons territoriaux agissant dans leur bloc de compétence ou via la fameuse clause générale de compétence.
Les collectivités agissent sur l’agriculture d’au moins quatre manières : 3Plutôt que d’analyser les politiques constatées à chaque échelle territoriale, il paraît plus pertinent d’identifier les points d’ancrage de l’agriculture au territoire et à ses habitants et, de là, les politiques menées pour chacun d’eux par les différents niveaux de collectivités. 13Ces politiques foncières amènent quelques constats : Mobiliser et animer des collectifs d'agriculteurs. 1On entend de plus en plus fréquemment dire que le travail collectif n’est plus un mode pertinent d’accompagnement des agriculteurs.
Ceux-ci seraient demandeurs de conseil individuel, ils auraient tendance à considérer comme ringard le travail en groupe, les Ceta et autres Geda de leurs parents. Nous avons pourtant la conviction que, pour certaines thématiques ou certains publics, le travail collectif reste un mode d’accompagnement extrêmement pertinent. C’est ce que montre notamment l’étude-action sur l’organisation du travail conduite par Vivea en Rhône-Alpes en 2006 et la Rape. 2Il est probable que le problème se situe plutôt du côté des conseillers qui n’ont pas toujours en main les outils pour constituer et animer des collectifs efficaces.
Animer des collectifs d'agriculteurs. De la désolation à la production d’un monde commun. 1La question du travail est au cœur des préoccupations des sociétés contemporaines.
Elle doit être replacée dans une histoire longue qui montre que le rapport au travail a varié suivant les époques et les sociétés. En ce sens, le travail n’est pas un invariant anthropologique, une catégorie figée de l’histoire des sociétés humaines. Néanmoins, avec l’avènement du capitalisme industriel, le travail devient le propre des sociétés modernes dont l’archétype est le travail salarié réalisé par l’ouvrier d’usine. Dans le contexte de développement du capitalisme et de l’intégration de l’agriculture au cycle de l’industrie, le travail est donc le plus souvent réduit à une catégorie économique qui dévalorise, voire rend invisibles, toutes les activités qui ne relèvent pas de cette rationalité, à commencer par les activités paysannes. Du singulier au collectif.
8Un trait essentiel commun à ces deux mouvements relève d’une affirmation constante de la vocation singulière de leur activité, en rupture avec ce qu’ils considèrent comme un modèle de développement descendant, standardisé et standardisant. Dans la mutation qu’ils appellent de leurs vœux, les pratiques formatées, faites de connaissances génériques, d’objets normés, d’agriculteurs exécutants, devraient laisser place à des objets et des agriculteurs singuliers, formant dans chaque situation un couple sociotechnique particulier. 9Les mouvements étudiés associent le retour de la nature à celui de la diversité et du particulier. Collectifs d’échanges de pratiques pour écologiser l’agriculture : éclairer les difficultés d’une approche volontaire.
1 En 2017 seulement 7,5 % de la SAU française est en agriculture bio (Agence bio, 2018) et les évolu (...) 1Les façons de se passer des intrants chimiques, si elles peuvent encore progresser, sont déjà connues dans le milieu professionnel agricole, et ne sont pourtant adoptées que par une minorité d’agriculteurs1. Comme Pluvinage (2013), nous pouvons, aujourd’hui encore, nous demander : « comment procéder pour passer d’une population de producteurs, estimée approximativement à moins de 10 % de l’ensemble des agriculteurs, qui ont bien compris l’intégration des enjeux écologiques dans la production, à une transformation de la manière de produire des 90 % restants ?
». 2 Groupes du réseau Dephy, collectifs lancés dans le cadre du plan Ecophyto avec pour objectif de dé (...) 3 GIEE : Groupement d’intérêt économique et environnemental. 4 Entretien avec un conseiller de la chambre d’agriculture. Les AMAP : une alternative socio-économique pour des petits producteurs locaux ? 1 Charte Alliance 2003, www.reseauamap.org/docs/chartedesamap.PDF. 2 Déposé à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). 3 URGENCI : Réseau Urbain-Rural : Générer de échanges nouveaux entre citoyens. 1Les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) sont des réseaux alimentaires de proximité inspirés des Community Support Agriculture (CSA) nées aux États-Unis dans les années 1990 et proches des Teikei créés au Japon dans les années 1970. Une AMAP est un collectif de consommateurs, réunis autour d’un agriculteur, s’engageant pour six mois minimum à payer un approvisionnement hebdomadaire de produits alimentaires livrés sous la forme d’un panier.
La première AMAP a vu le jour en 2001, sous l’impulsion d’un producteur en lutte pour le maintien de son activité et de la petite agriculture locale, qualifiée d’agriculture paysanne. Un marché de producteurs biologiques en Auvergne … – Anthropologie et Sociétés. Introduction Le marché concret[1] bouscule nos cadres ordinaires d’analyse. Sur le plan temporel, il dit tout à la fois la longue durée (c’est une des pratiques commerciales les plus anciennes dans l’histoire), le temps court (la journée ou les quelques heures dédiées à la vente), et l’instantanéité (le bref moment de la transaction). Sur le plan spatial, les places marchandes ou les foirails furent, dans l’histoire, l’un des seuls lieux de rencontre entre gens des villes et gens des champs. Aujourd’hui encore, lorsque les producteurs sont présents, le marché donne à voir les multiples inscriptions matérielles d’une économie agricole locale.