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L'autoroute

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(1) Merci Madame Kevin de m'avoir redonné envie !

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Le menton posé sur la balustrade, les yeux dans le vide créé par ces toits de bolides passant à toute allure, il rêvait. Depuis quand venait-il là au fait ? L'autoroute il l'avait vu naître il y a une dizaine d'années. À l'époque ses parents tenaient un resto-route sur la nationale. Celle qui va de la capitale départementale à celle de l'autre département (enfin on dit capitales pour faire bien hein ? Les gens du chantier avaient trouvé cette position pratique. Ah c'était vraiment le bon temps il n'y a pas à dire ! Et ils étaient arrivés. Mais quand le pont fut fini, son père posa LA question. Un silence de plomb s'abattit sur la salle. « Une aire ? Jamais il n'avait vu son père aussi abattu. (2) Car il était parti.

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Comme ça du jour au lendemain. Un matin, vers la fin du chantier, quand il s'était levé, il trouva sa mère assise au milieu du resto, fermé, vide des ouvriers et de leurs conversations (ou de leur silence du matin), une feuille de cahier (grands carreaux, format 21x29,7, comme écrit sur la liste pour la rentrée), les yeux rougis dans le vague. « il est parti... il ne reviendra pas... Mais qu'est-ce qu'on va devenir ? » Depuis ce matin-là, quand il voyait passer une voiture noire aux vitres teintées comme dans les films, sous son pont, il ne pouvait s'empêcher que c'était son père qui écumait encore et encore l'autoroute ! Depuis le départ de son père, sa mère n'était plus que l'ombre de la maman qu'il avait chérie.

Mais ce qui lui plaisait surtout quand il était là, c'était de regarder les voitures et les camions passer. «Le camion rouge et or s'arrêta dans un tonnerre assourdissant. Le conducteur se dirigea vars la porte du restaurant. Il se dirigea vers le bar. (3) Tous les jours il passait toujours un petit peu de temps sur son pont.

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Mais ce qu'il préférait, c'étaient les jours de départ en vacances ou en week-end. Il se mettait alors du côté du pont qui regardait la mer, là-bas, plein ouest. Et il laissait partir son imagination. Celle-ci passait de toit d'automobile, en casque de moto, tout en évitant pas les puissants semi-remorques qui sillonnaient l'autoroute en tous sens. Il sentait tous ces gens heureux et impatients de mettre le plus de distance entre leur vie de la semaine et leur destination du week-end. Leurs premiers mots furent de s'échanger les banalités habituelles (« comment tu t'appelles ? « Majda ! - j'arrive ! - Non... - Non quoi ? - On se reverra pas... - ben pourquoi ? - Non c'est juste qu'il y aura un autoroute, alors les voitures passeront plus au restaurant, d'ailleurs il existera plus le restaurant... - ah...

Ah Majda, peut-être est-ce ta voiture qui passe vite, sous lui. . « papa, tu te rappelles l'année dernière ? - oui ? (4)