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EMI. Publicité cachée : le test sponsorisé des Inrocks - CLEMI. Un article ou un contenu partenaire ?

Publicité cachée : le test sponsorisé des Inrocks - CLEMI

Seules les deux URLs de ces articles permettent de faire la différence : www.lesinrocks.com/2015/11/29/medias/jeux-video/rise-of-the-tomb-raider-11790209 www.lesinrocks.com/2015/11/30/contenupartenaire/fallout-4-test-immense-excitantlibre-11789448 Dans un cas, on constate que l’article a été publié dans la catégorie « jeux vidéo ». Dans l’autre cas, l’article apparaît dans un espace intitulé « contenu partenaire ». Derrière le terme de « partenariat » se cache en réalité de la publicité cachée : c’est l’éditeur de jeu, Bethesda Softworks, qui a financé le test des Inrocks, lequel est évidemment très positif (« univers passionnant », une « atmosphère géniale, incroyable », une «expérience morale profonde », une « oeuvre esthétique totale, incroyablement aboutie »). L'illustration est une qualification de l’événement.

Soit une information ambiguë: le classement sans suite de la plainte de Tristane Banon par le Parquet de Paris, qui reconnaît néanmoins qu’il y a bien eu «agression sexuelle».

L'illustration est une qualification de l’événement

Cet énoncé produit deux lectures diamétralement opposées. Pour les avocats de DSK, celui-ci est «blanchi», alors que pour la défense de Banon, celle-ci voit son statut de victime «reconnu par la justice». On retrouve ce même balancement dans les titres de presse. Comme le note Arrêt sur Images, les titres du Monde (« Affaire Banon/DSK: le parquet de Paris classe la plainte sans suite ») ou de Libération (« Banon-DSK: affaire classée ») paraissent «incomplets». La présentation du même événement par Le Parisien (« Affaire Banon: DSK échappe aux poursuites ») ou France-Soir (« Affaire Banon: DSK a menti ») offre une vision très différente de l’affaire.

Le traitement iconographique suit rigoureusement ces options. Les appels de Une ci-dessus montrent que l’illustration est composée selon les mêmes règles. Les icônes du photojournalisme, ou la narration visuelle inavouable. «Images sacrées d’une société laïque », les icônes du photojournalisme sont, selon les chercheurs en communication Robert Hariman et John Louis Lucaites, des emblèmes qui s’imposent d’eux-mêmes à l’esprit du temps.

Les icônes du photojournalisme, ou la narration visuelle inavouable

Couronnement d’une tradition qui ne retient de la photographie de presse que ses succès les plus glorieux, l’ouvrage No Caption Needed (“Pas besoin de légende”) confirme la représentation selon laquelle l’image médiatique serait une nouvelle peinture d’histoire – mais une peinture spontanée, paradoxale, miraculeuse, dont on se borne à constater les effets. Comment la photographie, qui relève théoriquement de l’enregistrement documentaire, peut-elle produire ces allégories dignes des arts graphiques?

Une autre description est possible. L’Agence française de presse (AFP) diffuse plus de 2000 photographies par jour. Une telle quantité suggère la difficulté d’une analyse systématique. L’image, composante de la valeur scalaire de l’information Le problème de l’expressivité. L'Atelier des icônes. Discussion l’autre jour en séminaire sur la question du « pouvoir des images » .

L'Atelier des icônes

Faute d’avoir une page de journal sous la main, je noircis un petit carré sur une feuille et demande: si ce carré était une image, celle-ci aurait-elle un pouvoir sur nous? La question est mal posée, le dispositif à peine compréhensible. Une étudiante répond: — Oui. Voilà qui m’apprendra à bricoler des démonstrations au pied levé. En figurant une image ostensiblement « petite », je voulais éveiller le soupçon du rôle de la variation d’échelle – une fonction sémiotique typique du système médiatique. Soit le célèbre « Baiser » de Robert Doisneau, décliné sous deux occurrences éditoriales: la première, sa publication originale le 12 juin 1950 dans Life, au sein d’un reportage sur les couples parisiens qui s’embrassent dans la rue (ci-dessus, à gauche); la seconde en 1986, sous la forme d’un poster réédité par les éditions du Désastre (ci-dessus, à droite, cliquer pour agrandir).

L'illustration est une qualification de l’événement.