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Du malaise

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Le suicide relève aussi du fait social. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Nicolas Renahy, directeur de recherche à l'INRA de Dijon (Centre d'économie et sociologie appliquées à l'agriculture et aux espaces ruraux) Réagissant au suicide de Djamal Chaar le 13 février devant une agence Pôle emploi de Nantes, le président socialiste François Hollande a dès le lendemain renvoyé l'acte à un "drame personnel".

Le suicide relève aussi du fait social

La perte d'emploi, l'expérience du chômage et de l'instabilité constituent effectivement une profonde remise en cause individuelle, quels que soient la situation professionnelle antérieure et le milieu considéré. Le travail constitue toujours dans notre société la principale source de reconnaissance, le perdre fait courir le risque de l'inexistence sociale. Est-ce prendre toute la mesure du sens donné à l'immolation publique de Djamal Chaar que de rapporter son suicide à une fragilité intime ou psychologique ? Le suicide est un phénomène que les sociologues éclairent à leur mesure de longue date. Stigmatisation des salariés. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Danièle Linhart, sociologue du travail ; directrice de recherche émérite au CNRS En France, la perte d'emploi comme le mal-être au travail peuvent conduire à un même désespoir.

Stigmatisation des salariés

Si les immolations par le feu choquent particulièrement, les suicides de chômeurs et de salariés font désormais partie de notre quotidien. A ce désespoir prend sa part un discours selon lequel les Français auraient un rapport malsain au travail. Peu enclins à travailler, ceux-ci auraient tendance à se laisser assister et, lorsqu'ils travaillent, ils seraient surtout occupés à défendre leurs acquis. Ce discours s'est imposé en 1984 autour d'une émission d'Antenne 2 intitulée "Vive la crise" avec Yves Montand et reprise dans un numéro spécial de Libération. On aurait tort de sous-estimer l'effet délétère de cette situation sur ceux qui perdent pied dans le marché du travail ou dans les entreprises. Conforama, le pays où les salariés rebelles sont fichés. Un smiley tué pour les « mauvais » vendeurs, du rouge pour les syndicalistes...

Conforama, le pays où les salariés rebelles sont fichés

Trois listings, inspirés de la stratégie des alliés, ont été trouvés chez le leader du meuble. A côté du nom des vendeurs qui n’ont pas atteint leurs objectifs, un smiley, le front perforé d’une balle. Le tableau, affiché dans le couloir du personnel d’un magasin Conforama, a été pris en photo en mars 2012. Force ouvrière a porté plainte contre le numéro 2 du meuble en France.

Un de ses délégués syndicaux, David Malesieux, est encore choqué par cette image : « Quand vous arrivez le matin et que vous voyez vos performances affichées avec ce genre de symbole très violent, c’est très difficile à vivre. Après la diffusion du document en question dans un reportage d’« Envoyé spécial », en février dernier, la direction a regretté cette « initiative inacceptable et isolée ». Capture d’écran du document dans « Envoyé spécial », France 2, février 2013 « Dans le viseur de la direction » « L’outil est dévoyé. Suicide d'un haut-fonctionnaire, sous-directeur des affaires financières de la PJ parisienne. Souffrance au travail : de plus en plus de médecins censurés sur demande des employeurs. Les médecins du travail devront-ils s’autocensurer ?

Souffrance au travail : de plus en plus de médecins censurés sur demande des employeurs

Selon l’Ordre des médecins et sa chambre disciplinaire de la région Centre, la réponse est oui. L’Ordre vient de condamner à une « peine d’avertissement » le docteur Dominique Huez, médecin du travail d’EDF sur le site de la centrale nucléaire de Chinon. Sa faute ? Avoir accepté en urgence en décembre 2011 de recevoir un ouvrier, en état de stress avancé, travaillant pour un sous-traitant d’EDF, Orys. Cette filiale du groupe Ortec fournit des services à l’industrie pétrolière et nucléaire. Le salarié quitte la consultation. Une offensive concertée du patronat ? Ce type de plaintes se multiplie. Porter plaine devant l’Ordre des médecin leur permet de faire ainsi discrètement pression sur la profession. « Le projet des employeurs est de subordonner à leurs intérêts les écrits d’un médecin qui font le lien entre santé et travail », analyse Dominique Huez.

Les patients exclus des procédures de conciliation Posture idéologique.