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Alain Gresh Le Monde Diplomatique

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DÉBAT - Proche-Orient : Comment mettre un terme à l'escalade de violence ? Il rejoint FRANCE 24 en 2006, comme chroniqueur et commentateur de l’actualité internationale, toutes régions du monde confondues ! Il a animé le Débat et présente régulièrement l’Entretien, en plus d’apporter son éclairage dans les JT. A quoi servira la reconnaissance par la France de la Palestine. Ne nous y trompons pas. Les récentes « fuites » sur d’éventuelles sanctions contre Israël — organisées par Israël lui-même à travers les Etats membres de l’Union européenne qui le soutiennent inconditionnellement — ne sont que de la poudre aux yeux. Il s’agit d’un simple projet que les pays membres n’ont pas vraiment discuté et qui n’a, dans le contexte actuel, aucune chance d’être appliqué.

Quant à la reconnaissance de l’Etat de Palestine, elle perd beaucoup de sa signification si elle ne s’accompagne pas de mesures coercitives contre la partie qui refuse la paix depuis longtemps, le gouvernement israélien. A plusieurs reprises, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius a déclaré que, le moment venu, Paris reconnaîtrait l’Etat palestinien. Ces déclarations se sont faites plus insistantes après que le Parlement britannique a voté une résolution (symbolique) en ce sens et que le gouvernement suédois a officiellement reconnu la Palestine.

« Terrorisme » à géométrie variable. Vous trouverez ici la version en arabe de cet article. « Une guerre mondiale contre le terrorisme » : c’est le mot d’ordre de la communauté internationale. Depuis treize ans, cette guerre a abouti à une augmentation de la violence dans la région, et au chaos. Cette fois, la campagne rassemble à peu près tous les pays du monde, des Etats-Unis à l’Arabie saoudite, de la France à la Chine, de la Russie à l’Egypte, du Qatar au Maroc.

Le seul problème est que personne n’est d’accord sur les objectifs de cette guerre, ni sur ce que recouvre ce mot — « terrorisme ». Je l’ai écrit souvent, dès le début de ce blog en 2006, le « terrorisme » est un concept vide de sens. Lire « “Guerre contre le terrorisme”, acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014, en kiosques.Nous en avons eu ces derniers jours deux confirmations. Autre exemple — en dehors de la région qui nous occupe —, le Nigeria. Lire Jacques Derrida, « Qu’est-ce que le terrorisme ? Alain Gresh : « Ceux qui pensent que l’intervention militaire est une solution politique devraient réfléchir. Spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, Alain Gresh doute de la réelle puissance de l’État islamique et redoute les conséquences d’une nouvelle guerre – pour l’Irak et pour toute une région déchirée par les intérêts locaux et internationaux. Regards. Sommes-nous en train de voir exploser les frontières établies en 1916 définissant les contours de la Syrie et de l’Irak ?

Alain Gresh. Je ne suis pas sûr… On peut toujours parler de l’artificialité de ces frontières. C’est vrai et relatif à la fois. La région mésopotamienne est de longue date unifiée et il existe une identité irakienne. Pouvons-nous revenir au point de départ ? Associez-vous ce recul des États avec la montée des conflits religieux ? Il est difficile de définir la place de chaque facteur et leurs interactions.

. « Sans doute Obama pense-t-il qu’il faut tenter de sauver quelque chose de l’Irak. Qui est EI, l’État islamique ? On gonfle la dangerosité d’EI. . « Il y a une certaine désespérance après l’espoir de 2011 » Il y a cinquante ans naissait l'Organisation de libération de la Palestine. Les surenchères du jeune régime irakien contribuent à pousser Nasser. Renvoyant dos à dos le Raïs et le roi Hussein de Jordanie, Kassem lance, en décembre 1959, l’idée d’une « République palestinienne immortelle ».

Il affirme que les Palestiniens doivent suivre la voie algérienne, celle de leur propre libération, sans attendre une hypothétique unité arabe. L’indépendance algérienne en 1962 le confirmera dans ses positions. Il fut le premier chef d’État arabe à proposer la création d’un État palestinien indépendant, qui selon lui doit s’effectuer en deux étapes : d’abord en Cisjordanie et à Gaza, territoires sous contrôle arabe, ensuite dans toute la Palestine. Bien que sans portée concrète — l’Irak est très loin du « champ de bataille » —, l’écho de ces appels est considérable chez les Palestiniens. Le renversement de Kassem en février 1963, à la suite d’un coup d’État, n’arrêta pas le mouvement.

Les juifs d'Afrique du Sud, Israël et Gaza. L’engagement de la population sud-africaine aux côtés des Palestiniens, notamment de Gaza, n’est pas nouveau. Déjà, lors de l’opération Plomb durci de 2008-2009, il s’était exprimé avec force. A nouveau, des centaines de milliers de sud-africains ont manifesté pour Gaza cet été. Cette solidarité s’explique par différents facteurs : le parallèle que nombre de militants de la lutte contre l’apartheid font entre leur histoire et la situation actuelle des Palestiniens ; la coopération étroite entre Pretoria et Tel-Aviv durant toute la période de l’apartheid. Et personne là-bas n’oublie cette déclaration de Nelson Mandela : « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. » Lire « Gaza l’insoumise, creuset du nationalisme palestinien », dans Le Monde diplomatique d’août 2014, en kiosques.La communauté juive d’Afrique du Sud compte environ 100 000 membres.

Elle est très largement sioniste et, dans sa grande majorité, n’a pas condamné le régime de l’apartheid. Israël élu à la commission de décolonisation de l'ONU. En juin 1967, dans un texte qui devait devenir célèbre, écrit pour un numéro des Temps modernes, la revue dirigée par Jean-Paul Sartre et consacrée au conflit israélo-arabe, le célèbre orientaliste Maxime Rodinson posait une question iconoclaste résumée par le titre : « Israël, fait colonial ? ». Il fallait un certain courage pour formuler une telle interrogation, à l’heure où la majorité des médias français se déchaînaient contre le président égyptien Gamal Abdel Nasser et voyaient dans la défaite de celui-ci une revanche de la guerre d’Algérie. A l’heure, aussi, où l’on discutait doctement du socialisme supposé d’Israël, et où des milliers de jeunes Français, juifs et non juifs, découvraient la vie communautaire dans des kibboutz.

Qu’écrivait Maxime Rodinson en substance ? Dans ce livre, j’évoquais également un épisode de la fondation des Nations unies. C’est à un événement du même type mais moins médiatisé que l’on a assisté ce mois-ci. Critique de l'article de Marianne Laïcité, il est temps de se ressaisir ! « Il y a urgence ! » Dans son numéro du 27 juin, l’hebdomadaire Marianne embouche, une fois de plus, les trompettes guerrières face aux barbares qui menacent la République et publie un appel d’intellectuels, de politiques et d’acteurs de la société civile, « Laïcité, il est temps de se ressaisir ! ». Il s’agirait de renouer avec la tradition républicaine — rien de moins. Pourtant, le texte, comme ses signataires, montre qu’il s’agit avant tout de combattre les musulmans, qui représenteraient une menace pour notre société, pour notre mode de vie. La seule chose surprenante concernant cet appel c’est que Marine Le Pen ne l’ait pas signé (elle le fera peut-être). En tous les cas, elle ne pourra qu’applaudir ceux qui, parfois en prétendant la combattre, font le lit de ses idées et puis, un beau matin, pleurent sur sa progression aux élections.

Comme je l’ai fait à plusieurs reprises, je publie le texte de Marianne intégralement, accompagné de quelques commentaires. Feiglin, Hitler et Netanyahou : compétition au Likoud. « Faisons du Pays des Juifs un Pays Juif. » Cette fière devise surplombe le site Manhigut Yehudit (« Leadership juif »), dont le fondateur est Moshe Feiglin, un député du Likoud. Le 31 janvier, il affronte Benyamin Netanyahou pour le leadership du parti. Que cet homme qui vit dans une colonie de Cisjordanie, condamné à six mois de prison (commués en travaux d’intérêt général) pour sa campagne de désobéissance civile contre les accords d’Oslo de 1993, puisse briguer la direction du principal parti d’Israël en dit long sur la dérive fascisante de ce pays.

On connaissait déjà Avigdor Lieberman, le ministre des affaires étrangères, que ses thèses racistes auraient rendu persona non grata dans n’importe quelle démocratie qui se respecte. On a maintenant Feiglin, qui n’a pas hésité à faire l’éloge d’Adolf Hitler. On ne peut en tout cas pas lui reprocher de cacher ses opinions. Dans un entretien au quotidien Haaretz, en 1995, il disait : « Hitler était un génie militaire inégalé. Oui à Briand et à Jaurès, non à Guéant et à Valls (I) « En le votant [le projet de loi de séparation des Eglises et de l’Etat], vous ramènerez l’Etat à une juste appréciation de son rôle et de sa fonction : vous rendrez la République à la véritable tradition révolutionnaire et vous aurez accordé à l’Eglise ce qu’elle a seulement le droit d’exiger, à savoir la pleine liberté de s’organiser, de vivre, de se développer selon ses règles et par ses propres moyens, sans autre restriction que le respect des lois et de l’ordre public. » Aristide Briand, rapport sur le projet de loi de séparation des Eglises et de l’Etat, 4 mars 1905.

Une des plus grandes escroqueries intellectuelles du débat sur la laïcité est la manière dont certains prétendent renouer avec l’histoire de la République, alors qu’ils l’ignorent ou la trahissent. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat votée en 1905 (et qui ne contient pas le mot laïcité) a été adoptée dans un contexte qui n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui. . « Art. 1er. Art. 2. Gaza : pourquoi les médias occidentaux sont pro-israéliens. Après 15 jours d’intenses bombardements d’Israël sur Gaza, la situation ne semble pas s’apaiser. Plus de 600 Palestiniens ont été tués depuis le début du conflit, et les attaques se sont intensifiées sur l’enclave palestinienne. Malgré cela, la plupart des hommes politiques occidentaux semblent encore soutenir la politique israélienne, dans le sillon des médias.

Journaliste au Monde Diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, Alain Gresh revient sur le traitement médiatique autour de ce conflit. Nous vivons un conflit asymétrique entre Israël et le Hamas. N’est-on pas également dans un traitement médiatique asymétrique dans les médias occidentaux ? On peut le dire. Pourquoi une telle différence de traitement ?

N’y a-t-il pas une partialité même dans les mots utilisés ? Il y a clairement une propagande pro-israélienne qui fonctionne très bien dans les médias. En France, François Hollande défend une vision proche des Etats-Unis sur le conflit israélo-palestinien.