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Débat: révolutions 2.0 ou pas?

Facebook Twitter

Les révolutions 2.0 n’ont pas eu lieu. « Révolution 2.0 », « révolution Facebook », « révolution Twitter » : de quels qualificatifs n’a-t-on pas usé pour mettre en évidence la participation des technologies de communication à la chute des régimes de Ben Ali ou de Moubarak ? Au risque d’ériger les vertus démocratiques d’Internet en passe-partout trop commode. En rupture avec ces visions, au fort parfum de déterminisme technologique, nous avons intitulé ce dossier « Les révolutions 2.0 n’ont pas eu lieu », pour souligner le fait que ces bouleversements politiques, loin d’être le résultat de la prétendue force libératrice des réseaux, sont d’abord et surtout l’aboutissement de mobilisations sociales. Si ces révolutions ne constituent pas, fondamentalement, des « e-révolutions », le rôle qu’y ont joué (et que continuent d’y jouer) les technologies mérite d’être analysé : c’est l’objet des articles publiés ici. La révolution en Egypte aurait-elle pu avoir lieu sans Facebook ?

La révolution arabe, fille de l'Internet ? Quel rôle ont joué les nouveaux médias dans la chute des régimes autocratiques de Tunisie et d’Egypte ? Faut-il prêter à Facebook, et aux réseaux sociaux en général, la capacité de mobiliser des foules et de susciter des mouvements d’opposition ? Enseignements politico-médiatiques de révoltes puis de révolutions « en ligne ». Le régime d’Hosni Moubarak a commis l’acte le plus liberticide du monde au regard de l’accès à Internet, selon le quotidien Libération du 28 janvier. Ni la Birmanie en 2007, ni la Chine en 2008, ni l’Iran en 2009 ne seraient allés aussi loin que l’Egypte face à la contestation sur la toile. Seul le pays du raïs despote a totalement coupé l’accès au réseau, pour les neuf dixième des 23 millions d’internautes égyptiens ayant un accès occasionnel ou régulier au Web — dont cinq millions d’inscrits au réseau social Facebook.

Cette coupure n’a pu empêcher la chute d’Hosni Moubarak. L’impossible black-out Revenons d’abord à cette fameuse coupure d’Internet. Le printemps arabe et le futur politique des réseaux sociaux. Dans les pays les plus avancés sur le plan technologique, les hommes politiques se sont déjà emparés des outils internet avec grand profit – l’exemple le plus connu en est la levée de fond de Barack Obama pour la campagne présidentielle de 2008, qui a atteint près de 750 millions de dollars, dont beaucoup récoltés en ligne –, mais la révolution tunisienne et, en Egypte, les manifestations qui ont entraîné la chute du président Hosni Moubarak montrent que les réseaux sociaux sont, sur le plan politique, beaucoup plus puissants qu’on ne l’imaginait auparavant. Les révolutions naissent avec les moyens du bord, et selon les spécialistes de l’Afrique du nord, pour les Tunisiens et les Egyptiens, un certain nombre de circonstances particulières ont fait des réseaux sociaux, et en particulier de Facebook, une arme de premier choix.

D’abord, parce que les citoyens de ces deux pays apprécient le web en tant que source d’information non censurée. Facebook est aussi populaire en Tunisie. Medias et Internet: quel rôle dans le printemps arabe? Podcast: Lire dans une autre fenêtre | Embed Invités : Mohammed El Oifi, politologue, enseignant à Sciences Po, spécialiste des médias arabes.Habib Sayah, étudiant tunisien en droit à l’Université Paris-Sorbonne, co-fondateur de La Voix des tunisiens, journal clandestin d’informations sur la Tunisie fondé en 2006 et distribué aujourd’hui dans les facultés parisiennes et dans plusieurs autres institutions (parmi lesquelles : l’Institut du Monde Arabe) Entretien: Hamit Bozarslan, directeur d’études en sciences politiques à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales, au sujet de son récent ouvrage : Sociologie politique du Moyen-Orient, La Découverte, Repères, 2011.

Chroniques : Revue de PUF (Presses Universitaires de France) : La Révolution Tunisienne, Olivier Piot, Les Petits Matins, Paris, 2011.Comment draguer avec Mohammed Arkoun (1928-2010), philosophe et historien de l’Islam, ex-professeur d’Histoire de la pensée islamique à La Sorbonne (Paris III) et décédé l’année dernière.