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Traitement médiatique

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Sommet sur l’enseignement supérieur - Les médias ont-ils failli à la tâche? Les médias ont consacré énormément de temps et d’espace au conflit étudiant du printemps 2012. Les citoyens ont consommé cette information avec avidité et passion, mais sans vraiment comprendre les « enjeux de fond », que les médias n’ont pas su assez approfondir. Il y a maintenant un an que l’on discute de la hausse des droits de scolarité, du financement et de la gestion des universités.

Les médias accorderont encore une place importante aux mêmes questions lors du Sommet sur l’enseignement supérieur de la semaine prochaine. Les citoyens comprendront-ils mieux les enjeux pour autant ? Il est permis d’en douter, à la lumière des travaux réalisés par le Centre d’études sur les médias (CEM) au cours des derniers mois, dont des groupes de discussion avec des citoyens et une table ronde d’observateurs attentifs des médias lors de la crise étudiante. Expliquer le sens du conflit. Nicolas Langelier et le Printemps érable. [Deuxième texte d’une série sur les livres du Printemps érable. Pour une liste de ces textes, voyez ici.] Atelier 10 lançait hier le deuxième titre de sa collection «Documents», Année rouge. Notes en vue d’un récit personnel de la contestation sociale au Québec en 2012, de Nicolas Langelier. Le sous-titre décrit parfaitement l’ouvrage. S’y croisent des citations (de la Presse canadienne, de la Presse, du Devoir), des allusions de l’auteur à sa vie (amis, amours, vie professionnelle, vieillissement), des réflexions sur les grèves étudiantes de 2012, dans le contexte local, mais pas seulement (mouvement Occupy, l’Espagne, la Grèce, etc.), des listes, des bouts de conversation, etc.

On y trouve néanmoins des éléments qui scandent le texte. Langelier ne s’en cache pas : il était du côté des «carrés rouges», ces «enfants d’une ère dépolitisée» dont il fait lui-même partie. De son livre, on retiendra plutôt deux aspects, étonnants l’un et l’autre, mais pas pour les mêmes raisons. Références. Les journaux ont-ils été trop partisans pendant le conflit étudiant? L’impression se confirme. Le Devoir appuyait les étudiants en grève tandis que les autres quotidiens de Montréal les traitaient défavorablement.

Selon une étude universitaire dévoilée ce samedi matin, les textes diffusés par Le Devoir ont été globalement plus favorables au mouvement étudiant contre la hausse des droits de scolarité pendant le conflit du printemps par rapport au traitement proposé par les trois autres quotidiens de Montréal. Le Devoir a aussi publié des reportages et des commentaires beaucoup plus critiques à l’endroit du gouvernement. Par contraste, Le Journal de Montréal (JdeM) et The Gazette ont fait preuve d’un négativisme à peu près semblable à l’endroit des étudiants en grève tandis que La Presse affichait une orientation négative moins marquée. Ces trois journaux ont aussi été critiques du gouvernement, mais dans une moindre mesure. L’étude a été réalisée par le Centre d’études sur les médias (CEM) de l’université Laval.

Voici d’autres faits saillants de l’enquête : La démocratique invisibilité de la matraque – Mouvements sociaux – Marc-André Cyr. 28 août 2012 11h29 · Marc-André Cyr Opération de paix menée à l'UdeM ce matin. Photo: Alexandre Guédon C’est reparti… À l’Université de Montréal, des policiers antiémeutes obligent des enseignants à donner leur cours, filment les étudiants, font des menaces, des séquestrations et des arrestations[1]. Ils prennent même en souricière une assemblée générale et interdisent l’accès aux journalistes. Ceux et celles qui ont suivi la grève de près ont désormais l’habitude de ces scènes… Pourtant, et nous connaissons également très bien cette rhétorique de larbins, ce sont les étudiants qu’on accuse, encore une fois, de « violence et d’intimidation ». Dans cette espèce de circulaire qui tache les doigts, le Journal de Montréal, on affirme ce matin « À l’UdeM, malgré la présence policière aux abords du pavillon Jean-Brillant, au moins quatre cours ont été perturbés par des groupes de manifestants.

Un groupe d’étudiants s’est même barricadé dans un local de l’établissement. Passer ou ne pas passer Notes. Les filtres idéologiques et la crise étudiante. Dans ma série de chroniques consacrées à la couverture médiatique de la crise étudiante, j’ai tenté de mettre en lumière les distorsions, manipulations et effets de loupe assimilables au discours propagandiste. L’initiative semble avoir choqué certains et m’a valu quelques critiques, mais aussi de bonnes blagues, dont la meilleure à ce jour demeure un portrait présumé de ma personne, coiffé d’un chapeau en aluminium qui évoque la folie et le délire paranoïaque, et publié sur l’agrégateur de nouvelles Reddit.

Je n’ai pourtant rien inventé et mon travail s’est tout juste limité à appliquer le modèle de propagande élaboré par Edward S. Herman et Noam Chomsky dans Manufacturing Consent à un cas de figure précis : le journal La Presse. Il existe des facteurs structurels qui expliquent cette propension naturelle à la désinformation et qui n’ont rien à voir avec un hypothétique complot.

Nul besoin d’en appeler au complot: une fois mis en place, le dispositif opère tout seul. « Le féminisme, l’activisme, le machin… » | Les Chihuahuas de la démocratie. Hier après-midi, à l’émission Attendez qu’on se souvienne animée par René Homier-Roy à la radio de Radio-Canada, il était question du classique Les Invasions barbares du cinéaste Denys Arcand. Se reconnaissant dans une célèbre scène du film en question, Nathalie Petrowski s’exclamait : Le féminisme, l’activisme, le machin, tout ça, on a tous été là-dedans pis après on s’est tous trouvés un p’tit peu épais (écouter ici). Ce « on », c’était celui de sa génération; celle dépeinte par Denys Arcand, et non celui de la communauté journalistique. Cela dit, allergique au paternalisme dont font preuve certains chroniqueurs, je n’ai pu m’empêcher de mettre ses propos en relation avec ceux du sondeur et chroniqueur au Journal de Montréal Jean-Marc Léger, qui écrivait récemment dans un texte traitant du conflit étudiant : « C’est vrai qu’ils sont un peu trop à gauche, mais il faut que jeunesse se passe.

Quelques exemples Les médias ont formidablement révélé ce paternalisme durant les derniers mois. Volée de Boisvert contre les carrés rouges. Alors que je me demandais justement par quoi commencer, dans ma série de chroniques sur les ratés des médias face à la crise étudiante, avec comme cas d’école le journal La Presse, la réponse m’est venue en lisant un article de David Desjardins dans le Voir du 14 juin, où l’auteur reconnait en la personne du chroniqueur Yves Boisvert « la voix de la raison », un souci de baser ses opinions sur des « faits en béton», une éloquence certaine et une solide structuration des arguments. Je reconnais volontiers que Yves Boisvert travaille très fort pour donner à ses chroniques une apparence de mesure et de rigueur logique, mais il aura beau faire, il arrive que son jupon idéologique dépasse.

Je ne prétends pas me situer moi-même en dehors de l’idéologie, au contraire : j’ai les deux pieds dedans et je l’assume. Le phénomène n’est pas exclusif à ce journal, et Noam Chomsky (Manufacturing Consent. Réfutation, stigmatisation et marginalisation de la position des étudiants : Deux… Cent… Cinquante… Net… Dormez citoyens, La Presse veille! J’ai, dans mon entourage, des amis qui sont convaincus que la désinformation n’existe pas au Québec et qu’il faut souffrir d’une forme particulièrement aiguë de paranoïa pour y croire.

Je voudrais les rassurer (ou achever de les inquiéter) sur ces deux points en précisant ma pensée. La propagande médiatique est rarement le fruit d’un effort concerté. Le plus souvent, elle participe d’une tendance naturelle chez nos médias à favoriser l’embauche d’éditorialistes et de chroniqueurs aux idées conservatrices. Pour faire bonne mesure et éviter la pensée unique, on engagera aussi quelques voix dissidentes. L’astuce consiste cependant à préserver un ratio qui avantage toujours le point de vue de droite, et pour une Michèle Ouimet et, à l’occasion, un Patrick Lagacé qui ont pu exprimer leur sympathie envers la cause étudiante, La Presse a donné carte blanche à André Pratte, Alain Dubuc, Yves Boisvert, Lysiane Gagnon et Mario Roy pour dire n’importe quoi.

C’est ainsi que la désinformation opère. Presse-toi à droite! Polémiquons. Lit-on La Presse parce qu’on est de droite ou est-on de droite parce qu’on lit La Presse? La question est subjective, voire tendancieuse, même si on reconnait intuitivement un fond de vérité à ce chiasme. Mine de rien, en posant cette question, j’ai procédé à une « restriction de champ», postulant implicitement que La Presse loge à droite du spectre politique et que ce parti pris influe sur sa couverture de l’actualité. C’est une évidence pour peu qu’on l’ait lue, et malgré la présence de quelques voix dissidentes pour se donner bonne conscience, mais en toute justice, je dois admettre que je prends ici un raccourci argumentatif.

Je m’en confesse volontiers parce que c’est justement ce que je reproche à La Presse de faire sans le reconnaitre : prendre des raccourcis et découper le réel pour servir son propos. Admettons un instant que ce soit vrai. Pratte, Roy, Dubuc Boisvert et Gagnon défendent un point de vue de droite dans leurs éditoriaux et leurs chroniques? « Ah! La trahison des médias. Si Albert Camus a eu un jour raison de dire « un journal, c’est la conscience d’une nation », il est plus que temps, au Québec, d’examiner sérieusement de quoi est faite la nôtre pour mériter les journaux que l’on a. L’un des constats les plus douloureux de la crise étudiante fut sans conteste la couverture tendancieuse des médias de masse. On l’aura vue venir, certes, sachant bien que le milieu est largement dominé par des éditorialistes et chroniqueurs de droite, mais on a très vite dépassé le cadre habituel du débat entre « lucides » et « solidaires » pour verser dans une campagne de dénigrement et de sapage systématique des revendications étudiantes.

Comment expliquer cette terrible déroute qui a conduit une partie du peuple à mépriser ses propres enfants? Par le recours à une arme de désinformation massive: la propagande grise. La propagande grise est beaucoup plus insidieuse, car elle provient d’une source réputée neutre. Richard Martineau, je pense à vous.