Le résumé. Ce mercredi matin, c’est le barouf chez Skyrock. Le nouveau directeur général ne pouvait pas rentrer, tandis que l’ancien y avait passé la nuit. Les animateurs et salariés occupent l'antenne, tandis que les messages de soutien affluent par milliers sur les réseaux sociaux et le site de la station. Mais que s’est-il passé? Axa Private Equity, fonds d’investissement actionnaire de la station à 70%, a décidé de prendre la main sur la gestion, de changer la direction opérationnelle de la station (Pierre Bellanger garde son titre de président du Conseil d’administration) et de mettre Marc Laufer à la direction générale du groupe.
Qui est Pierre Bellanger? L’homme pour lequel se battent actuellement les auditeurs et les animateurs est un personnage sulfureux. Pourquoi une telle mobilisation pour Skyrock? C’est la deuxième radio musicale, et la sixième radio française, selon les résultats Mediamétrie de novembre-décembre, avec une audience cumulée de 7,6 % (en hausse de 0,1 % par rapport à 2010). Insurrection à la radio. Ce mercredi matin, Marc Laufer devait prendre la direction opérationnelle de Skyrock. Impossible: «Un petit comité d'accueil» l'a empêché d'entrer. Depuis la décision du conseil d’administration (le fonds Axa Private Equity détient 70% du capital) le 12 avril, de nommer Marc Laufer directeur général du Groupe et de ne préserver à Pierre Bellanger que le titre de Président du conseil d’administration, Skyrock se rebiffe. Réduction de coûts «Dans un élan de soutien et pour sauver Skyrock, la radio de la libre expression de la jeunesse populaire, l’antenne de Skyrock et ses auditeurs se mobilisent», explique ainsi un communiqué envoyé par le service de presse de l’antenne.
Et de fait, aux déclarations de soutien des animateurs, se sont ajoutées celles des internautes, sur des pages Facebook créées pour l’occasion, sur Twitter… C’est à la fois l’indépendance de la radio, sa ligne éditoriale, et la personne de Pierre Bellanger qui fédèrent. Mise en vente de Skyrock: la mobilisation enfle. Soutient devant la radion. Skyrock revendique 33,5 M de blogs. Les politiques se bousculent pour défendre Skyrock. Les politiques sautent sur la polémique Skyrock pour parler aux jeunes. Marc Laufer n’a manifestement pas su rassurer en promettant, mercredi, que la ligne éditoriale de la station n’allait pas changer avec son arrivée au poste de directeur général. Au lendemain de l'annonce de l'éviction du directeur général Pierre Bellanger par Axa Private Equity, sur les ondes, sur Facebook et dans les rangs des politiques, la levée de boucliers est massive pour « défendre la liberté de Skyrock ».
Difool évoque déjà la plus grande manifestation virtuelle de tous les temps sur le réseau social. Dès mercredi soir, dans l’émission Planète Rap, le candidat aux primaires socialistes François Hollande intervenait pour défendre la radio des « musiques de jeunes » et dire qu’elle doit « continuer à être ce qu’elle a été.» Hollande considère en effet « qu’une radio n’appartient pas seulement à ses actionnaires mais à ses auditeurs ». Lang est prêt à descendre dans la rue Même son de cloche ce jeudi matin en direct avec Jack Lang.
Rama Yade tweete son indignation. Que peut faire le CSA ? Même si Skyrock n'est pas leur tasse de thé, les sages du CSA ne peuvent rester indifférents à la situation insurrectionnelle qui prévaut sur les antennes de Skyrock. Le CSA écoute attentivement l'antenne et étudie les possibilités d'intervenir, avec délicatesse, dans le conflit qui oppose Pierre Bellanger, le turbulent fondateur de la station, encore propriétaire de 30 % du groupe Orbus (la holding), à son actionnaire, le fonds d'investissement Axa Private Equity, détenteur de 70 % des parts sociales. Premier axe d'intervention possible : le coup de sifflet ! Le désordre de l'antenne, le fait que Pierre Bellanger ait fait donner la charge pour mobiliser ses auditeurs, peut être considéré comme une utilisation abusive de l'autorisation d'émettre à des fins personnelles.
Dans ce cas, le CSA pourrait mettre en demeure Skyrock de cesser le chahut. Les sages ne doivent pas ignorer qu'ils auront peu de chances d'être entendus et ne souhaitent pas jeter de l'huile sur le feu. Affaire Skyrock : Internet, arme de mobilisation massive. Skyrock, ton avenir est sur Facebook. Interview de Marc Laufer. Mercredi, vous avez été empêché de rentrer dans les locaux de Skyrock? Oui, effectivement, il y avait un comité d’accueil pour me signifier que je n’avais pas le droit d’entrer. Disons que l’ambiance est assez particulière et la réaction des collaborateurs de la station très émotionnelle.
Vous ne vous attendiez pas à ça? Je dirais qu’on peut s’attendre à beaucoup de choses dans un contexte aussi particulier. Vous avez pu parler à Pierre Bellanger? Non, nous ne nous sommes pas vus ni parlés de la journée. Ce que je tiens à souligner c’est qu’il est toujours président, simplement, je suis directeur général et j’ai donc la main sur tout… sauf l’accès aux locaux (rires). L’Express a annoncé la mise en vente de Skyrock… Je confirme que l’ensemble des actionnaires, dont Pierre Bellanger fait partie, ont mandaté deux banques pour la vente. Pour des observateurs du dossier, le départ de Pierre Bellanger serait une condition sine qua non pour une vente effective… Propos recueillis par Anne Kerloc’h. Pierre Bellanger veut racheter Skyrock. "Mon objectif est de constituer un pôle majoritaire accompagné d'acteurs soucieux de respecter le format Skyrock", a expliqué le fondateur de la radio.
Mardi soir, le conseil d'administration de Skyrock a décidé de démettre Pierre Bellanger, le fondateur de Skyrock, de ses fonctions de directeur général. L'actionnaire principal, le fond de pension Axa Private Equity qui contrôle 70% du groupe éditeur de la station rap, a désigné Marc Laufer comme nouveau patron opérationnel tout en maintenant Pierre Bellanger au poste de président.
Ce dernier détient par ailleurs les 30% du capital restants. D'autre part, les deux actionnaires ont décidé de mandater une société pour retrouver un éventuel repreneur. Depuis ces différents événements, le personnel de Skyrock, certains éditeurs et plusieurs personnalités politiques sont montés au créneau pour faire obstacle aux décisions d'Axa.