La Friendzone. Les enfants ne sont pas des distributeurs de bisous. C’est la preuve, s’il en fallait une, que l’éducation est un terrain au moins aussi glissant que la liberté d’expression ou le droit au respect de la vie privée des politiques.
Depuis plusieurs jours, la presse et les réseaux sociaux britanniques se déchirent autour du kiss-gate. Tout est parti d’une étude publiée au début du mois de janvier dans une parution destinée aux enseignants et réalisée par le Sex Education Forum, une association qui milite en faveur d’une meilleure éducation sexuelle des enfants et des adolescents. Le clitoris, on n'y connaît rien : d'où vient cet obscurantisme sexuel.
Clitoris - 1836 Flourens & Deschamp La connaissance de la sexualité en général et surtout de la sexualité féminine accuse beaucoup de retard par rapport au reste du corps humain.
Le phénomène des femmes-fontaines n’est par exemple toujours pas scientifiquement élucidé – c’est scandaleux ! La connaissance du clitoris, quant à elle, est très limitée. Je pensais qu’il s’agissait d’un manque d’information. Mais je me trompais ! Procréation politiquement assistée. En termes biologiques, affirmer que l’agencement sexuel d’un homme et d’une femme est nécessaire pour déclencher un processus de reproduction sexuelle est aussi peu scientifique que l’ont été autrefois les affirmations selon lesquelles la reproduction ne pouvait avoir lieu qu’entre deux sujets partageant la même religion, la même couleur de peau ou le même statut social.
Si nous sommes capables aujourd’hui d’identifier ces affirmations comme des prescriptions politiques liées aux idéologies religieuses, raciales ou de classe, nous devrions être capables de reconnaître l’idéologie hétérosexiste mobilisant les arguments qui font de l’union sexopolitique d’un homme et d’une femme la condition de possibilité de la reproduction. Derrière la défense de l’hétérosexualité comme seule forme de reproduction naturelle se cache la confusion fallacieuse entre reproduction sexuelle et pratique sexuelle.
Mais les cellules haploïdes ne se rencontrent jamais par hasard. La vulve – porno seulement. À la fin du mois d’août dernier, le journal étudiant de l’Université de Sydney s’est vu censurer et retirer des bacs pour avoir osé présenter sur leur une une mosaïque de vulves.
Dix-huit vulves, appartenant toutes à des femmes de l’université, et présentées de la manière la plus neutre possible. C’était l’idée : « The vaginas on the cover are not sexual. We are not always sexual. The vagina should and can be depicted in a non-sexual way » justifiaient les quatre membres du comité éditorial du journal, dans une lettre ouverte publiée sur le site du Guardian. Montrer pour dédramatiser. . « We are tired of having to attach anxiety to our vaginas. Voilà qui est intéressant. Peut-être avez-vous même déjà vu le fabuleux documentaire « The perfect Vagina », réalisé en 2011 par une cinéaste britannique. Mais revenons-en à la censure de ce journal étudiant australien.
Le Prude Shaming - Les Hystériques. Les vierges femmes, ou les filles plus réservées de façon générale sur leur activité sexuelle, ont elles aussi leurs stéréotypes : une vierge est forcément un fleuron d'innocence passive, une Cécile de Volanges, qui ne connaît rien au sexe, qui attend qu'un homme conquérant vienne tout lui apprendre.
Elle est passive. Douce. Innocente. Sauf que non, ça ne marche pas comme ça. Dans la vraie vie, on peut être vierge, sex positive et très bien éduqué sur la question du sexe, faire des blagues sur la question, être complètement à l'aise avec le sujet même sans avoir rien fait. J'en ai par-dessus la tête des stéréotypes sur les vierges, y compris dans la pop culture. Slut shaming versus & Prude Shaming Tu as eu des partenaires sexuels, tu aimes ça, tu t'habilles court, etc. ? Bref, il n'y a pas vraiment de moyen de gagner. (Notez que je mets ces guillemets parce que j'ai horreur de ces termes) Pareil : en termes d'asexualité, les asexuels peuvent morfler.
Et c'est vraiment trop con. L'invention de l'hétérosexualité. La culture hétérosexuelle n’est qu’une construction parmi d’autres.
Si elle domine dans les représentations des sociétés occidentales, elle n’est ni forcément naturelle ni universelle. Depuis des siècles, des milliers d’ouvrages ont été consacrés au mariage, à la famille, à l’amour ou à la sexualité des hétérosexuels. En fait, l’hétérosexualité en tant que telle n’apparaissait guère dans ces écrits, en général point de vue, donc point aveugle de toute vision. Dès lors, l’absence de réflexion sur l’hétérosexualité est en elle-même un fait remarquable, quoique rarement remarqué.
Pourtant, le monde qui nous entoure est tout entier obsédé par l’imaginaire du couple hétérosexuel : les contes de l’enfance, les romans des adultes, le cinéma, les médias et les chansons populaires, tout célèbre à l’envi le couple de l’homme et de la femme. La sexualité des adolescents n'a pas besoin du consentement des parents. Un couple d'adolescents amoureux (McAveen/flickR/cc).
On a beau prétendre que l’époque est au dialogue et à la démocratisation de l’information, la sexualité des adolescents met souvent les parents dans une situation délicate. En tant que parent, j'ai essayé d'y réfléchir. Ça n'a pas été facile. Et une chose est sûre : tout cela me paraît bien difficile à théoriser, et à gérer au quotidien. Et cela semble également complexe à gérer en milieu scolaire.