background preloader

Mayotte

Facebook Twitter

Dossier spécial COMORES & PROCES DENARD. Pragmatisme Ad nauseum Lecture du jugement Nous savions que le procès de Bob Denard et son équipe, pour avoir destitué le président Djohar en septembre 1995, s’interdirait d’éclairer les vraies responsabilités, de découvrir les commanditaires, et surtout de remonter les financements de l’opération. Il restait un petit suspens : allait-on condamner quelques lampistes ? Le cuisinier du bateau par exemple. Contentons-nous de collecter les éléments de preuve de ce que chacun savait : ce coup d’État réussi par la France a été déguisé en coup d’État raté par Denard, sur fond de guerre des réseaux.

Le coup d’État récurent Mais la sensation qui nous submerge en lisant les éléments du jugement, c’est la nausée que provoque le pragmatisme des stratégies de " ceux qui contribuent à déstabiliser l’ordre public international ". Pour parfaire les apparences, puisqu’on a arrêté les putschistes, il s’agissait de les juger... sans précipitation : la décennie s’imposait. Sur fond de guerre des réseaux. Comores-France : l’insoutenable légèreté du pouvoir. « Tant que je serai encore le Président de ce pays, aucune discussion de quelque nature que ce soit, ne doit avoir lieu [avec la France] avant l’annulation du visa qui a fait de la portion de mer qui sépare Mayotte d’Anjouan, le plus grand cimetière du monde ». Voilà ce qu’affirmait, avec un aplomb sarkozien, Ahmed Abdallah Sambi, le président de l’Union des Comores, le 30 septembre 2010, à quelques mois de la fin de son mandat non renouvelable. Il venait de revendiquer à nouveau à l’Assemblée générale de l’ONU la restitution de Mayotte, passant par une phase répondant au principe « un pays, deux systèmes », en soulignant que « s’il s’avérait que le droit et la légalité internationale devaient être constamment ignorés et l’intégrité territoriale des Comores continuellement bafouée, toute [la] crédibilité [de l’ONU] serait mise en cause ».

Élections, expulsions et extraditions Sambi joue d’un autre levier, sur d’autres contentieux. Départementalisation Mettre la République au tapis. Mayotte « Au nom de la départementalisation, je te déshumanise ! - Oui, Missié ! » « Refaire une Afrique nouvelle ; rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème, Europe le résoudra... Allez, peuples, emparez-vous de cette terre. Prenez-là. A qui ? A personne ! Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne cette terre aux hommes.

Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Ce discours inaugural de Victor Hugo sur la spoliation des terres africaines tenu le 18 mai 1879 sera érigé par les gouvernements français en maxime. Longtemps après l’abolition de l’esclavage, longtemps après les colonisations, notre pays, la France, a encore du mal à regarder Mayotte, une partie de son territoire, une composante de son peuple – à moins que je ne me fasse des illusions –, comme une partie d’elle-même avec une population affranchie. La face cachée de la départementalisation La traduction pratique de cette instruction a déjà fait ses preuves dans le domaine de l’économie.

On tue l’agriculture vivrière, on tue la pêche des petites gens, sans rien proposer à la place. . [4] J.J. Mayotte se rebelle. Entamé le 27 septembre, ce mouvement social réclame simplement la baisse des prix des produits de consommation courante, leur alignement sur ceux pratiqués à La Réunion. Pourtant, les reportages tardifs évoquant le sujet ont eu le soin de souligner la « mauvaise foi des syndicats. » Lorsque le poulet est toujours étiqueté 29 euros la caisse à Mayotte, vendu deux fois moins cher en Métropole, quelques pièces seulement au Cameroun, faut-il de la mauvaise foi pour protester ? Les propositions faites le 1er octobre pour répondre aux revendications contre la vie chère ont plus sûrement mis le feu aux poudres puisqu’il s’agissait de baisser de 10 % le prix des sardines et du sac de riz, et de fixer à moins de 20 euros la caisse de 10 kg d’ailes de poulet... pendant un mois.

Des réseaux d’importation verrouillés C’était début 2009, pendant la campagne sovietoïde à Mayotte pour dire « oui » au statut de « département ». La fausse aubaine du statut Des Mahorais spoliés de leur terre. Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale. Dossier noir n°19, édition actualisée Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale de Pierre Caminade Survie, éditions Agone En 1975, lors de la décolonisation des Comores, la France viole le droit international en arrachant Mayotte à son archipel. Condamnée plus de vingt fois par l’ONU, avec l’approbation de nos partenaires européens, cette occupation reste illégale. Depuis 1995, les Comoriens des trois autres îles se sont vu imposer un visa les empêchant de se rendre librement à Mayotte – situation qui sera encore renforcée par la départementalisation de l’île en 2011. Ce « Dossier noir » propose un examen des motivations à la présence – notamment militaire – française dans cette région où passent deux tiers du pétrole exporté du Moyen-Orient.

Il analyse le processus de « domtomi sation » puis ses conséquences, notamment pour le reste de l’archipel, chasse gardée d’une clique de mercenaires, feu Bob Denard en tête. Mayotte assiégée par les gueux, par Christophe Wargny. Lorsqu’une île des Comores devient département français Les îles « francophones » de l’océan indien, à l’est du continent africain, sont à leur tour en ébullition.

A Madagascar, un mouvement populaire soutenu par les Eglises chrétiennes a porté au pouvoir en février dernier le maire d’Antananarivo, l’homme d’affaires Marc Ravalomanana, en tête au premier tour de l’élection présidentielle du 16 décembre 2001. De spectaculaires manifestations presque quotidiennes dans la capitale, suivies d’une grève générale, puis de l’autoproclamation d’un nouveau chef de l’Etat et de la formation d’un gouvernement bis, ont progressivement vidé de son contenu le régime du président Didier Ratsiraka, au pouvoir depuis vingt-cinq ans (lire « Les racines culturelles de la crise malgache »).

Cependant, la résistance de ses partisans, au sein de l’armée comme dans plusieurs provinces, a paru menacer l’unité même de la Grande Ile. Par Christophe Wargny, avril 2002 Aperçu Vous êtes abonné(e) ? A Mayotte, départementalisation à la pelleteuse, par Rémi Carayol. Nichée au sommet d’une falaise, une somptueuse maison domine la baie de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. Sur la barge qui relie Grande Terre à Petite Terre, les deux îles habitées du tout nouveau département français, un homme désigne la villa à son voisin : « Tu as vu cette baraque ?

C’est celle de l’une des plus grandes fortunes du coin. » La propriétaire de la demeure se nomme Ida Nel. Elle est venue d’Afrique du Sud dans les années 1980, lorsque le secteur privé était embryonnaire. La grande distribution, l’automobile et l’immobilier ont fait sa richesse. Alors que Mayotte est officiellement devenue le 101e département français le 31 mars 2011, la colère gronde. « Nous, les gens d’ici, on nous chasse de nos terres.

En effet, la marche vers la départementalisation s’est accompagnée d’une mise en conformité progressive du droit local avec les normes métropolitaines. Taille de l’article complet : 1 158 mots. Vous êtes abonné(e) ? Vous n'êtes pas abonné(e) ? Accès sans abonnement.