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Méchant internet

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Contrôler les réseaux sociaux : La dernière tentation de l'UMP ? Le Web a mis fin à l'impunité de BHL, Finkielkraut, Ferry... Panique chez les intellectuels médiatiques. En quelques semaines, Alain Finkielkraut se voit cité dans le mémoire délirant du meurtrier norvégien Anders Breivik, Bernard-Henri Lévy est boycotté par des opposants syriens qu’il invitait à un meeting, et Luc Ferry accuse sans preuve un ministre d’actes de pédophilie. Les trois cas sont différents, mais ils ont en commun la crise du modèle de l’intellectuel médiatique, et révèlent l’agonie d’un rapport très français entre promoteurs d’idées (et beaucoup d’eux-mêmes) et médias.

Le Web est passé par là. Depuis la fin de son ministère en 2004, Luc Ferry peinait à retrouver sa place dans le monde médiatico-intellectuel. Il a cru y parvenir avec ses déclarations tonitruantes tenues le 30 mai 2011 au Grand Journal de Canal Plus : il affirme qu’un ancien ministre a eu des relations pédophiles à Marrakech. En pleine affaire DSK, son intervention se veut une parole politique dénonçant une omerta généralisée. Les idées se diffusent en un clic.

« Les possibilités de perversion sont multiples sur le net » Hortefeux porte plainte contre deux sites critiques envers la police. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé lundi avoir déposé plainte contre deux sites internet hostiles à la police. Hortefeux, qui était en déplacement avec son homologue espagnol Alfredo au commissariat de Dammarie-les-Lys cible d'une fusillade attribuée au groupe basque armé ETA, le 16 mars, n'a pas voulu citer ces sites «pour ne pas leur faire de publicité». Selon une source proche du ministère de l'Intérieur, il s'agit de juralibertaire.over-blog.com et grenoble.indymedia.org. Anarcho-autonome Le ministre a dit avoir déposé plainte pour «injure et diffamation publiques contre la police». Sur le portail du premier de ces deux sites, apparemment proche du mouvement anarcho-autonome, on peut notamment lire: «la police travaille... à l'apartheid social». (Source AFP) Apéros de masse : Facebook émissaire ou diversion utile ?

Droit dans l'actu: Ce qui se trouve sur le net doit il forc ment. Une recherche sur Google donne souvent des résultats surprenants. Parfois même très dérangeants. En ce moment, c’est la fonction Google Images qui crée la polémique, avec Michelle Obama: en effet, lorsque l’on tape le nom de la first lady, apparaît parmi les tous premiers résultats un photomontage la présentant avec un visage de singe.

D’autres recherches sur Google Images sont d'ailleurs tout aussi troublantes; en témoignent certaines images qui s’affichent parmi les premiers résultats de la requête «jew» ou «jewish» ... La fonction images n’est d’ailleurs pas la seule à faire polémique: la fonction «suggest» de Google (le moteur de recherche propose des suggestions de recherches à partir des premiers termes saisis dans le champ de recherche) a déjà fait l’objet de l’attention des tribunaux français. Ainsi, la société Direct Energie s’était émue de voir le mot «arnaque» accolé à son nom par Google via sa fonction «suggest».

Photo © Robert Galbraith / Reuters Réagissez à l'article. Internet, bouc. On croit rêver : un des principaux ministres de la République fait une plaisanterie raciste sous les regards d’une caméra de télévision, et le problème, ce serait... Internet ! Dans la déferlante des commentaires qui entoure l’« affaire Hortefeux » depuis deux jours, il n’y a rien de plus stupéfiant, de plus consternant à mon sens, que ces brillantes analyses qui ne voient qu’un seul coupable : le Web. Notre confrère Jean-Michel Blier, dans le journal Soir3 vendredi, en a donné l’exemple le plus caricatural, en opposant les « rumeurs » et le « caniveau » véhiculés par Internet, et « les informations vérifiées comme celles du journal télévisé ».

Pourquoi réagir à ce commentaire en particulier ? Transformer la réalité pour appuyer sa démonstration, ça s’appelle de la manipulation, pas de l’information. Internet ou la planète Mars ? Mais surtout, l’essentiel n’est pas là. . « D’un côté un espace pas vérifié, par légitimé, qui est Internet, de l’autre un espace légitime, qui est les médias. » TF1 et M6 excluent la presse web de leur conf. Petits fours (Brisbane Falling/Flickr). Fin août, début septembre, période bénie pour le rubricard télé tendance pique-assiette : les chaînes enchaînent les conférences de presse de rentrée dans une belle surenchère de petits fours, de champagne et de gigaoctets (c’est à celle qui offrira la clé USB la plus contenante). Le rubricard télé tendance sérieux, lui, peut aimer petits fours, champagne et clés USB. Mais ce qui l’intéresse surtout, c’est de savoir comment M6 affrontera TF1 et France 2 avec son premier JT de 20 heures, ou comment l’arrivée d’Axel Duroux à TF1 aidera, ou pas, la première chaîne à sortir de sa crise.

Pour le rubricard, les conférences de rentrée et les pince-fesses qui les suivent sont une mine d’infos et de contacts. Malheureusement, s’il travaille sur Internet, à Rue89 par exemple, il n’a pas droit de cité aux conférences de rentrée des deux chaînes privées. La palme de l’hypocrisie revient à TF1 : « Ah bon, vous n’êtes pas invité ? Juste - Lib ration. Internet, notre ennemi ? Voilà bien la manière la plus niaise de poser le problème de la création et de la presse en ligne.

Le réseau mondial porte en lui un tel progrès de civilisation - culture et information à la disposition de tous sur un simple clic - qu’il est ridicule d’invoquer cette dichotomie sommaire. Non, l’ennemi est plus insidieux, et plus dangereux : c’est le tout gratuit, en ligne ou ailleurs. Pendant des lustres, les ravis de la fausse modernité nous ont expliqué que la gratuité totale, par des sources principalement publicitaires, créerait son modèle économique.

On s’aperçoit aujourd’hui que cette prophétie n’a aucune réalité pour les producteurs de contenus culturels (musique, livres, cinéma, information…) Quelques géants, agrégateurs comme Google ou fournisseurs d’accès Internet, ont capté l’essentiel des revenus. Le libre marché a créé cette originale répartition des tâches : les créateurs de contenu supportent les dépenses, les diffuseurs perçoivent les recettes. La taxe Google vue des Etats-Unis : encore un imp t ! « Les autorités françaises, toujours contentes d’augmenter les impôts, voient en Google une source possible de cash pour financer la culture française en déclin. » Voilà comment le New York Post évoque le projet par Nicolas Sarkozy d’une taxe Google. Certes, ça vient du New York Post, figure de proue de l’agitation de la droite francophobe au moment de la guerre en Irak. Sans pousser la caricature jusque-là, même les médias plus avertis semblent surpris par le projet français.

Ce qu’ils en retiennent : la vision du méchant gros américain qui garde tout l’argent et va faire deux bouchées de la culture française. Le Los Angeles Times met des guillemets autour de l’expression les « géants américains de l’Internet ». Pour John Abell de Wired, qui illustre son article d’une image napoléonienne de Sarkozy, le projet du Président français est une « variation du populisme antinumérique que l’on entend chez les râleurs des anciens médias ».